Définition de LOQUENCE
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Prononciation : é-lo-kan-s'
DÉFINITIONS
1
Facilité à s'exprimer.2
Sémantique : Par antonomase. L'art, le talent d'émouvoir et de persuader par le bien dire.Vive source autrefois d'amour et d'éloquence
de Jean de MAIRET dans Sophon. V, 9
Je hais les pièces d'éloquence Hors de leur place et qui n'ont pas de fin
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IX, 5
À ces mots, il se couche ; et chacun, étonné, Admire le grand coeur, le bon sens, l'éloquence Du sauvage ainsi prosterné
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XI, 7
L'éloquence est un art de dire les choses de telle façon, 1° que ceux à qui l'on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir ; 2° qu'ils s'y sentent intéressés, en sorte que l'amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion ; elle consiste donc dans une correspondance qu'on tâche d'établir entre l'esprit et le coeur de ceux à qui l'on parle d'un côté, et de l'autre les pensées et les expressions dont on se sert
L'éloquence est un don de l'âme, lequel nous rend maîtres du coeur et de l'esprit des autres
de Jean de LA BRUYÈRE dans I
Que dis-je ! en ce moment Calchas, Nestor, Ulysse, De leur vaine éloquence employant l'artifice
de Jean RACINE dans Iphig. II, 7
L'éloquence est un art sérieux et qui ne joue point un personnage ; jamais un homme de génie, pour faire parade d'éloquence, ne perdit son temps à invectiver Tarquin ou Sylla, ou à s'efforcer d'engager Alexandre à vivre en repos
de TURGOT dans Ébauche du 2e disc. Progrès de l'esprit humain, p. 302
Cicéron, qui d'un traître a puni l'insolence, Ne sert la liberté que par son éloquence
Si nous avons d'autres lois de physique que celles de votre temps [le temps de Cicéron], nous n'avons point d'autre règle d'éloquence ; et voilà peut-être de quoi terminer la querelle entre les anciens et les modernes
Mais de la poésie usurpant les pinceaux, Et du nom de vertus sanctifiant sa prose, Par la pompe des mots l'éloquence en impose
de Nicolas GILBERT dans XVIIIe siècle
Ils ont senti que l'éloquence était une puissance dont il fallait se défier comme de toutes les autres
Venez, votre éloquence, auguste, charitable, Peut-être amollira cette âme impitoyable
de LEMERC. dans Frédég. et Bruneh. IV, 5
C'est après soixante ans que, par curiosité, par étude, ouvrant un livre [de J. J. Rousseau] dont les pages sont encore animées d'une éloquence qui ne passera pas....
de VILLEMAIN dans Littér. Tabl. du XVIIIe siècle, 2e partie, 2e leçon.
Le dieu de l'éloquence, Mercure.
Il [Jupiter] part avec son fils, le dieu de l'éloquence
de Jean de LA FONTAINE dans Phil. et Bauc.
L'éloquence du coeur, langage éloquent, qui émeut, qui persuade, et qui est suggéré non par l'esprit, mais par le coeur.
Croyais-tu que son coeur.... Pour la persuader trouvât tant d'éloquence ?
de Jean RACINE dans Bajaz. III, 3
Ah ! que la vérité nous donne d'éloquence !
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, I, 1
Sémantique : Par extension. La physionomie, le geste ont leur éloquence.
On dit qu'une chose a de l'éloquence, quand l'aspect seul parle pour ainsi dire. Les faits ont leur éloquence.
Puis il regagna Maloiaroslavetz, où le vice-roi lui montra les obstacles vaincus la veille ; la terre elle-même en disait assez : jamais champ de bataille ne fut d'une plus terrible éloquence
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 4
3
Il se dit d'un genre d'élocution. L'éloquence de la chaire, du barreau, de la tribune.4
Eloquence est quelquefois pris dans le sens de rhétorique. Quand on parle des règles de l'éloquence, c'est d'une science qu'il s'agit, non d'un talent ou d'une disposition innée.5
Dans quelques circonstances l'éloquence s'oppose à la poésie, et signifie l'ensemble des ouvrages en prose écrits dans une langue. Un cours d'éloquence latine.SYNONYME
1
ÉLOQUENCE, RHÉTORIQUE. L'éloquence est proprement l'art ou le talent de parler ; la rhétorique est l'ensemble des préceptes ou des exemples qui font apprendre cet art.HISTORIQUE
1
XIIe s.Si esteit de grant eloquence, Et parleit par grant sapience
de WACE dans Vierge Marie, p. 3
2
XIIIe s.Ki [celui à qui] Deus ad doné en science De parler la bone eloquence, Ne s'en deit taisir ni celer
de MARIE dans Prologue.
3
XVe s.Il me semble que autres fois vous ay veu ailleurs que cy. Sire, dist Estonne, que pensez-vous que je soye ? Certes, sire, à vostre eloquence [parler], il m'est advis que vous estes Estonne, le conte des deserts d'Escosse
dans Perceforest, t. III, f° 55
4
XVIe s.Je ne douteray de donner ici à chacun d'eux son eloquence [éloge]
ÉTYMOLOGIE
1
Provenc. eloquencia, eloquensa ; espagn. eloquencia ; ital. eloquenzia ; du latin eloquentia, d'eloquens (voy. ÉLOQUENT).