Définition de GANT
Prononciation : gan ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des gan-z en peau
DÉFINITIONS
1
Partie de l'habillement qui, couvrant la main, couvre aussi chaque doigt séparément. Des gants, blancs. Gants d'homme. Gants de femme. Gants de Grenoble. Gants d'Espagne. Une paire de gants. Gants de cuir ouvrés et non garnis de soie, et gants parfumés d'Espagne, la douzaine de paires payera une livre, Tarif, 18 sept. 1664.Elle avait ôté ses gants
Les gants de Martial [nom d'un marchand] étaient fort à la mode dans ce temps-là
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 7
Quoi ! Martial fait-il des vers ? je croyais qu'il ne faisait que des gants
Il trouva ce conquérant [Charles XII] vêtu d'un habit de gros drap bleu, avec des boutons de cuivre doré, de grosses bottes, des gants de buffle qui lui venaient jusqu'au coude, dans une chambre sans tapisserie
Gants de peau, gants de daim, de chamois, gants de chien, gants de fil, gants de soie, de laine, etc. gants faits avec ces différentes matières.
Gants d'ambre, gants de fleur d'orange, gants de jasmin, gants parfumés avec ces différentes odeurs.
Gants fourrés, ceux qui sont faits de peaux auxquelles on a laissé, dans l'intérieur, le poil ou la laine de l'animal, ou ceux qui ont à l'intérieur une ouate ou un tricot quelconque recouvert par la peau.
Gant bourré, gant dont on se sert dans les salles d'escrime.
Sémantique : Terme de fauconnerie. Gant d'oiseau, gant que le fauconnier met à la main dont il porte l'oiseau.
Prendre ses gants, se disposer à sortir.
Et, voyant arriver chez lui le damoiseau, Prend fort honnêtement ses gants et son manteau
Les gants jaunes, sobriquet donné quelquefois aux dandys.
2
Jeter le gant, se disait autrefois d'un chevalier qui jetait effectivement son gant quand il défiait au combat un autre chevalier, qui, le relevant, acceptait le combat.Le roi [Charles VI] voulait empêcher ses chevaliers de relever le gant et de ressentir ces insultes particulières
Sémantique : Fig. Aujourd'hui, jeter le gant, défier quelqu'un au combat ou à toute autre lutte.
Relever, ramasser le gant, accepter le défi.
3
Sémantique : Fig. et familièrement. Être souple comme un gant, être d'une humeur facile, accommodante, se laisser manier sans peine.Voyez, elle se rend Plus douce qu'une épouse et plus souple qu'un gant
de Pierre CORNEILLE dans le Ment. IV, 6
Tout vous rit, votre femme est souple comme un gant
de Jean de LA FONTAINE dans Coupe.
Être souple comme un gant, se dit souvent en mauvaise part, en parlant d'une complaisance servile.
Rendre quelqu'un souple comme un gant, le rendre traitable, de difficile qu'il était.
4
Nature : Au plur. Gants se disait jadis pour bonne main, et se dit encore en quelques circonstances quand il s'agit de femmes ; locution qui vient de l'Espagne où l'on donne pour avoir des gants, para guantes, tandis qu'en France on donne pour boire.On dit en proverbe, quand un homme apporte une nouvelle qu'on sait déjà, qu'il n'aura pas les gants, pour : le présent qu'on donne aux messagers qui apportent quelque bonne nouvelle
de FURETIÈRE dans Dict.
Sémantique : Fig. Avoir les gants d'une chose, en avoir la première idée, ou le mérite, ou le profit.
M. de Bouillon me dit que je ne devais pas avoir au moins seul les gants de ma proposition
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans II, 388
En un sens contraire. Vous n'en avez pas les gants.
....C'était pièce assez fine Pour en devoir l'exemple à d'autres gens ; J'ai grand regret de n'en avoir les gants
de Jean de LA FONTAINE dans Troq.
Certainement il n'y a que l'art, et la nature est une chimère ; vous avez raison, me répondit M. Sidrac ; mais vous n'en avez pas les gants, cela a été dit
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oreilles, 2
Avoir les gants d'une chose, c'est, proprement, recevoir la gratification d'une chose qu'on annonce, et n'avoir pas les gants d'une chose, c'est ne pas recevoir la gratification pour une chose qu'on annonce, attendu qu'elle a déjà été annoncée.
Se donner les gants d'une chose, s'en attribuer l'honneur mal à propos.
Se donner les gants de quelque chose : l'espagnol n'a pas cette expression ; le français a saisi d'abord le ridicule de la hâblerie, et l'a caractérisé par l'image d'un homme qui s'offre à lui-même un pourboire
de GÉNIN dans Récréat. t. I, p. 415
5
Elle a perdu ses gants, s'est dit jadis, dans un langage libre, d'une fille qui a perdu sa virginité.Ceux de son temps disent que, la première fois qu'elle sortit du logis, elle trouva à dire ses gants et son pucelage
Mainte fille a perdu ses gants, Et femme au retour s'est trouvée, Qui ne sait la plupart du temps Comme la chose est arrivée
de Jean de LA FONTAINE dans Fianc.
6
Fil à gants, espèce de fil bis ou écru que l'on tirait de Lille.7
Gant de Notre-Dame, nom de différentes plantes : ancolie, digitale, gantelée.PROVERBES
1
L'amitié passe le gant, se disait lorsqu'en se saluant on se touchait la main sans se donner le loisir de se déganter par politesse ; le sens est : l'amitié permet le gant.2
Exemple : Cela me va comme un gant, c'est-à-dire très bien, parce que les gants doivent être très justes.HISTORIQUE
1
XIe s.Livrez m'en ores le guant et le baston [signes qu'on chargeait quelqu'un d'un message]
dans Ch. de Rol. XVII
2
XIIIe s.Ot ambdeus [les deux] cousues ses manches, Et, pour garder que ses mains blanches Ne halaissent, ot uns blans gans
dans la Rose, 565
Il y a tex [telles] viles là où on ne doit que deus deniers de saisine.... et de teles où on doit trois deniers de gans ou douze deniers de vin
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXVII, 6
Aus festes et aus diemanches, Ne metoit ganz, ne vestoit manches, Tant que midis estoit passez
de RUTEBEUF dans II, 164
3
XIVe s.Ainsi, sans coup ferir, ne sans perdre un seul gant [un seul homme], Arons-nous des pourceaux assez de remenant
dans Guesclin. Variante du vers 1220
Quarante huit boutons d'or pour deux paires de gants de chien, couvers de chevrotin, garnis au bout de IV boutons de perles
de Léon de LABORDE dans Émaux, p. 327
4
XVe s.Uns autres petits gants à prelat, de broderie sur champ d'or, et sont tous plains à esmaux, et y faut plusieurs perles
de Léon de LABORDE dans ib.
Ceux du Franc de Bruges estoient armés.... d'hauquetons et de gands de baleine
de Jean FROISSART dans II, II, 193
Dangier, je vous gecte mon gant.... Car vous m'avez mainte saison Fait douleur à tort endurer
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 43
Ung petit paquet de gans de Parpeignan à usaige de femme
dans Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 363
5
XVIe s.Quand les seigneurs investissoient et ensaisinoient les acquereurs de quelque fond, ils se servoient toujours de gans qui restoient au sergent des seigneurs, et dans la suite, ces formalitez s'estant abolies, les gants ont esté dus aux sergents en argent et ont fait partie des droits seigneuriaux
de LAURIÈRE dans Gloss. du droit fr.
L'espée et le coustel et lance pour jouster, et riche bacinet, et gans à broiches de fer qui bien faisoient à doubter
de MENARD dans Hist. de du Guesclin, p. 55, dans LACURNE
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. gan, guan ; catal. guant ; espagn. guante ; ital. guanto ; bas-lat. wantus, dans un texte de Bède ; du germanique : suédois, wante, anc. scand. vöttr.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Les gants jaunes, les hommes qui portent des gants jaunes, les muscadins.Les gants jaunes, selon l'expression d'un journaliste du temps, applaudissaient à la résistance
de E. TÉNOT dans Paris en décembre 1851, p. 220
2
Sémantique : Fig. Les gants en la main, mollement, sans force ni énergie.L'entreprise n'est point petite ; il y faut aller d'autre façon que les gants en la main
de François de MALHERBE dans Lexique, éd. L. Lalanne.