Définition de FICTION

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fi-ksion ; en vers, de trois syllabes

DÉFINITIONS

1
Invention de choses fictives.
Elle y perdait [dans la lecture de l'histoire] insensiblement le goût des romans et de leurs fades héros ; et, soigneuse de se former sur le vrai, elle méprisait ces froides et dangereuses fictions
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
La poésie épique.... Se soutient par la fable et vit de fiction
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Et de vos fictions le mélange coupable Même à ses vérités [du christianisme] donne l'air de la fable
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib.
Et vous qui vous plaisez aux folles passions Qu'allument dans vos coeurs les vaines fictions
de Jean RACINE dans Esth. Prol.
Mais, dit-on, si l'on proscrit entièrement les noms des divinités païennes et les fictions fabuleuses, que deviendra la poésie ? et surtout à quoi se réduira le poëme épique, le plus beau de tous les poëmes ?
de Charles ROLLIN dans Traité des Ét. liv. II, ch. 1
La mort finit la scène et la représentation ; chacun dépouille la pompe du personnage et la fiction des titres
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Dauphin.
Que de terres encor restent à découvrir ! La fiction surtout est un pays immense
de LAMOTTE dans Fabl. IV, 3
Le roi [Charles II], à qui Waller venait, selon l'usage des rois et des poëtes, de présenter une pièce farcie de louanges, lui reproche qu'il avait fait mieux pour Cromwell ; Waller répondit : Sire, nous autres poëtes, nous réussissons mieux dans les fictions que dans les vérités
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Roi.
Celui qui ajouterait des fictions aux batailles d'Arbelles et de Pharsale glacerait le lecteur au lieu de l'échauffer
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 7 avr. 1777
Sémantique : Terme de jurisprudence. Fiction de droit, fiction légale, fiction de la loi, fiction introduite ou autorisée par la loi en faveur de quelqu'un.
De fiction, par convention. Le papier monnaie est une valeur de fiction.
L'or et l'argent sont une richesse de fiction ou de signe
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XXI, 22
2
Mensonge, dissimulation.
Et comme la jeunesse est vive et sans repos, Sans peur, sans fiction, et libre en ses propos
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. I
Comme tout ce discours n'était que fiction, Je cachais mon retour et ma condition
de Pierre CORNEILLE dans Ment. V, 6

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Car fiction ne renardie à Dieu ne plaisent n'à Marie
dans Queue de Renart
2
XIVe s.
Se il est aussi deceu par la simulacion et par la fittion de l'autre, adonques est ce chose juste que il accuse celui qui l'a deceu
de Nicolas ORESME dans Eth. 264
Fiction poetique
de Nicolas ORESME dans Thèse de MEUNIER.
3
XVe s.
Si on fait quelque fiction [comédie] Le jour du sacrement, l'un d'eux Jouera l'annonciation
de COQUILLART dans p. 175, dans LACURNE
Il veit illec un chevalier dormant, lequel par fiction ou autrement s'estoit couvert de son escu
dans Perceforest, t. III, f° 117
Il faut respondre que fortune n'est rien, fors seullement une fiction poetique
de Philippe de COMMINES dans IV, 12
4
XVIe s.
Tu crains, pour vrai, que mon affection Soit composée avecque fiction
de Clément MAROT dans I, 366
Ainsi qu'il est traicté bien au long en l'hystoire de Troye, combien qu'il y ait aucunement de la fixion poetique
dans Rozier hist. II, 1

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. ficxio, fiction ; espagn. ficcion ; ital. fizione ; du lat. fictionem, de fictum, supin de fingere, feindre (voy. FEINDRE).

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