Définition de EMPARER (S')
Prononciation : an-pa-ré
DÉFINITIONS
1
Se saisir de quelque chose. S'emparer d'un héritage. L'ennemi s'empara de la ville.Après s'être emparé des droits de ma naissance
de Pierre CORNEILLE dans Oedipe, II, 2
Et je n'envierai plus le rang dont il s'empare
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. I, I
T'emparer d'une reine en son propre palais
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 4
Sémantique : Terme de chimie. Il se dit des substances qui se combinent avec certaines autres, lorsqu'elles se trouvent en présence. Le fer s'empare de l'oxygène.
2
Sémantique : Fig. S'emparer de la conversation. S'emparer des derniers moments de quelqu'un.Bientôt l'amour, fertile en tendres sentiments, S'empara du théâtre ainsi que des romans
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Il est aisé de s'emparer de l'esprit de M. de Richelieu
de Mme DE CAYLUS dans Souvenirs, p. 133, dans POUGENS
Je m'empare aussitôt de ce grand mouvement
de RAYNOUARD dans États de Blois, IV, 1
Comme un reste de vie se retire vers le coeur à mesure que la mort s'empare des extrémités
3
Prendre possession de l'âme, en parlant des passions et émotions.Une juste fureur s'empare de mon âme
de Jean RACINE dans Iph. V, 2
De vos sens étonnés quel désordre s'empare ?
de Jean RACINE dans Athal. III, 5
Mais d'où vient que mon coeur frémit d'un saint effroi ? Est-ce l'esprit divin qui s'empare de moi ?
de Jean RACINE dans ib. 7
La mollesse et la volupté s'emparent de mon coeur
REMARQUE
1
Saint-Simon a supprimé le pronom personnel :Pour rendre la guerre plus animée et plus durable, [Louvois] fait brûler Worms, Spire et tout le Palatinat jusqu'aux portes de Mayence dont il fait emparer les troupes du roi
2
2. Emparé ne peut pas s'employer absolument au participe, il faut dire s'étant emparé ; et il y a une faute contre l'usage ou du moins un archaïsme dans ce vers :Son génie emparé de la nature entière
de VIENNET dans Épître à Fontanes
HISTORIQUE
1
XVe s.Celuy an emparerent [fortifièrent] les Anglois la ville de Sainct Jame de Beuron, laquelle chose ils ne devoient faire
de Alain CHARTIER dans Hist. de Ch. VII
2
XVIe s.Donnons licence de fortifier et emparer le dit bourg
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans arcaturia....
Vous ne seriez point honorée Simplement d'une pomme ronde, Mais auriez la main emparée De la monarchie du monde
de ST-GELAIS dans 179
On a beau clorre et de clefs s'emparer [se remparer], On ne saurait les desirs separer
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans 200
Depuis, l'ambition est survenue, laquelle a emparé les hommes mortels des despouilles qu'elle avoit ravi à Dieu
de Jean CALVIN dans Inst. 69
Le vice adhere tousjours aux entrailles de celuy qui s'en est une fois emparé
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. espagn. et portug. amparar ; ital. imparare, apprendre ; de in, en, et parare, disposer, préparer (voy. PARER). Le sens propre de ce mot est rendre prêt, fortifier, et, par suite, saisir.