Définition de POLITIQUE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : po-li-ti-k'

DÉFINITIONS

1
Qui a rapport aux affaires publiques.
Il est certain, et les peuples s'en convaincront de plus en plus, que le monde politique, aussi bien que le physique, se règle par poids, nombre et mesure
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Montmort.
Qu'on ne dise donc plus que nos législateurs, Pour nous donner un frein devenus imposteurs, Nous ont transmis d'un Dieu la fable politique
de BERNIS dans Relig. veng. III
Lorsque l'Esprit des lois parut en 1750, les ouvrages de Melon, de Dutot, de Cantillon, de l'abbé de Saint-Pierre étaient les seuls livres français sur les sciences politiques qui fussent entre les mains des gens de lettres
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Polit. et lég. Préface des éditeurs (éd. de 1785).
Je serais d'avis de ne donner au public qu'une partie des instructions de Louis XIV au roi d'Espagne ; je voudrais que le public ne vît que les conseils vraiment politiques dignes d'un roi de France et d'un roi d'Espagne
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Noailles, 28 juill. 1752
Et ne sais-je pas, ajoute-t-il, que militairement Moscou ne vaut rien ? mais Moscou n'est point une position militaire, c'est une position politique ; on m'y croit général, quand j'y suis empereur
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. VIII, 10
L'intérêt politique, Pour lui, comme pour tous, est un mot sans réplique
de Casimir DELAVIGNE dans Popularité, III, 1
Droit politique, les lois qui règlent les formes du gouvernement.
Droits politiques, droits en vertu desquels un citoyen participe au gouvernement.
Domicile politique, voy. DOMICILE.
Économie politique, voy. ÉCONOMIE.
Arithmétique politique, voy. ARITHMÉTIQUE.
2
Qui résulte de l'opinion sur les affaires publiques. Parti politique. Haines politiques.
Les premiers comiques latins hasardèrent la satire personnelle, mais jamais la satire politique
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. VI, p. 155
J'aime à fronder les préjugés gothiques Et les cordons de toutes les couleurs ; Mais, étrangère aux excès politiques, Ma liberté n'a qu'un chapeau de fleurs
de Pierre Jean de BÉRANGER dans le Nouveau Diogène.
Un serment politique est toujours un serment
de Casimir DELAVIGNE dans la Popularité, I, 8
Je suis, et je m'en pique, Son père, entendez-vous ? son père politique : Je suis son électeur
de Casimir DELAVIGNE dans ib. I, 11
Qui s'occupe des affaires publiques, qui y prend part, en parlant des hommes.
Les hommes politiques ont aussi leur coquetterie : un front en coupole, un regard fascinateur, une attitude dominatrice, un teint pâle attestant des veilles ; tels sont les mâles attraits qu'ils aiment à exhiber
de CH. DE BERNARD dans Un homme sérieux, § IV
3
Sémantique : Par extension, qui a rapport à la conduite des affaires privées.
Dites-moi un petit mot de mes affaires ; êtes-vous toujours dans le même raisonnement politique qui vous fit préférer le receveur au fermier ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Guitaut, 20 avr. 1683
4
Sémantique : Fig. Qui est fin et adroit, prudent et réservé.
Les dominicains sont trop puissants, me dit-il, et la société des jésuites est trop politique pour les choquer ouvertement
de Blaise PASCAL dans Prov. II
Il est politique, mystérieux sur les affaires du temps
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
Quoique je fusse bien aise au fond de l'âme de devenir page d'un grand, je fus assez politique pour cacher ma joie
de Alain René LESAGE dans Estev. Gonz. X
Il se dit aussi des choses.
Ils couvrent leur prudence humaine et politique du prétexte d'une prudence divine et chrétienne
de Blaise PASCAL dans Prov. V
Le chancelier Séguier, par sa politique conduite, s'assura pour toujours la faveur de la reine
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 9, 105
5
Vers politique, vers usité chez les Grecs de l'époque byzantine et de l'époque moderne, et qui se mesure non par la quantité, mais par le nombre des syllabes.
6
Nature : S. m. Celui qui s'applique à la connaissance des affaires publiques, du gouvernement des États.
Peut-être qu'après tout ces croyances publiques Ne sont qu'inventions de sages politiques
de Pierre CORNEILLE dans Poly. variante, IV, 6
Un roi qui s'y résout est mauvais politique
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. I, 2
Les politiques ne se mêlent plus de deviner ses desseins [de Louis XIV]
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Que ne lui promit-on pas dans ces besoins ! mais quel fruit lui en revint-il, sinon de connaître par expérience le faible des grands politiques, leurs volontés changeantes ou leurs paroles trompeuses ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Content de remarquer des actions de vertu dont les sages auditeurs puissent profiter, ma voix n'est pas destinée à satisfaire les politiques ni les curieux
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
J'admire le langage des politiques : à les entendre, c'est toujours la raison, c'est l'équité toute pure qui les conduit ; à les voir agir, il est clair que l'intérêt seul ou l'ambition est leur règle et leur guide
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuvr. t. V, p. 504, dans POUGENS
Il n'y a que le faible qui trompe ; le vrai politique est celui qui joue bien et qui gagne à la longue ; le mauvais politique est celui qui ne sait que filer la carte, et qui tôt ou tard est reconnu
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans l'ABC (12e entretien).
7
Membre d'un parti formé pendant la ligue par des personnes qui, écartant la question religieuse, ne demandaient, disaient-elles, que des réformes politiques.
S'est dit aussi d'un parti qui était guidé par ces mêmes principes, pendant les troubles d'Angleterre.
8
Celui qui a une conduite adroite, prudente, rusée.
Ces fins politiques [les jésuites] se gardèrent bien de réclamer....
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 86, 121

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Une fortitude appellée politique ou civille
de Nicolas ORESME dans Eth. 83
2
XVe s.
Les princes, les seigneurs et capitaines, qui ont les citez et les grans peuples en gouvernement, ont charge politique
dans le Jouvencel, f° 3, dans LACURNE
3
XVIe s.
Ceux qui estoient plus politiques preschoient à haute voix qu'il n'y avoit rien plus dangereux en une republique que la nouveauté de religion
de CASTELN. dans 79
Il n'est pas qu'en nos derniers troubles le party catholique ne fut encore subdivisé en politique (que l'on estimoit de pire condition que le huguenot, parce qu'il plaidoit pour la paix) et le ligueur
de Étienne PASQUIER dans Rech. VIII, p. 739, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. politicus, le grec vient de ville, cité ; sanscrit, pur, Nature : s. f. pura, s. n. purî, s. f. ville, rapportés à la racine pri (i long), emplir, qui est dans puru et dans le grec, beaucoup. Du grec, ville, voudrait donc dire la foule, la multitude.

Synonymes de POLITIQUE

Termes proches de POLITIQUE

Phonétiquement proche de POLITIQUE