Définition de POINDRE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : poin-dr'

DÉFINITIONS

1
Piquer.
Sémantique : Fig.
Le regret du passé cruellement me point
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Plainte.
Et quand la faim les point
Et moi chétif, de vos suivants le moindre, Combien de fois, las ! me suis-je vu poindre De traits pareils !
Voir avorter tous ses projets de nom et de rang d'arrière-petit-fils de France, c'est ce qui la poignait dans le plus intime de l'âme [la duchesse d'Orléans]
Sémantique : Fig.
Quel taon vous point ?
de Jean de LA FONTAINE dans Gag.
2
Nature : V. n. Commencer à pousser comme une pointe.
On voyait des violettes et des primevères ; les bourgeons des arbres commençaient à poindre
Sémantique : Fig.
De tous les maux on vit poindre l'engeance
de BENSER. dans dans GIRAULT-DUVIVIER
On m'assure qu'elle [Mme de Coulanges] est très bien, et que les épigrammes recommencent à poindre
Exemple : Le poil commence à lui poindre au menton, se dit d'un jeune garçon à qui la barbe commence à venir.
3
Il se dit de la lumière qui commence à paraître.
Le jour venant à poindre
de Jean de LA FONTAINE dans Berc.
Il [le roi] demanda en s'habillant : le jour point-il déjà ? puis me fit l'honneur de s'adresser à moi, pour me demander s'il fallait dire point-il ou pointe-t-il ?
Y entrant à mesure que la lumière y poignait, et s'en éloignant à mesure que les ténèbres s'y reformaient
Sémantique : Fig.
La spiritualité commence en l'homme, où la lumière de l'intelligence et de la réflexion commence à poindre
Laissez former le corps jusqu'à ce que la raison commence à poindre : alors c'est le moment de la cultiver

REMARQUE

1
Fréd. Soulié, Mém. du Diable, t. I, p. 263, 1837, a dit : L'effroi avait poigné son coeur. C'est un barbarisme. Poignant vient de poindre ; il n'y a point de verbe poigner.

HISTORIQUE

1
XIe s.
As-vous poignant [piquant des éperons] Malprimes de Brigant
dans Ch. de Rol. LXIX
[Il] Puint le cheval, laisse courre ad espleit
dans ib. CCLIX
2
XIIe s.
Le scorpiun [ils] resemblent al chief e al partir, Qui vult [veut] derriere puindre e devant conjoïr
dans Th. le mart. 85
3
XIIIe s.
Que erbelete poignent et pré sont reverdi
dans Berte, I
Dont passent oultre pour leur poindre parfornir
de H. DE VALENC. dans XXVI
Et en orent à cel poindre li Englois le piour, Chr. des Rains, p. 76. Tout le monde par parole oignent, Mès lor losenges les gens poignent Par derriere dusques as os
dans la Rose, 1046
4
XIVe s.
Il cuidoit un peu poindre et il a navré
Plus vault amy qui poinct que flatteur qui oingt
de LE CHEV. dans DE LA TOUR, Instr. à ses filles, f° 46, dans LACURNE.
5
XVe s.
Quand ceux de Calais qui s'appuyoient et estoient sur les murs, les virent premierement poindre et apparoir sur le mont de Sangattes
6
XVIe s.
...Mais le cas viendroit mieux à point, Si je disois : adieu jeunesse ; Car la barbe grise me poinct
de Clément MAROT dans II, 189
Non que je sois ennuyé d'entreprendre D'avoir le fruit dont le desir me poinct
de Clément MAROT dans Épigr. de oui et nenny.
Le matin si tost que le jour commencea à poindre, Fabius se meit à suivre son ennemy à la trace
de Jacques AMYOT dans Fab. XVIII
Ceste parole poignit Philippus au vif, et lui fit recognoistre sa faulte
de Jacques AMYOT dans Alex. X
Douleur cuisante et poignante
de Ambroise PARÉ dans VI, 14
Charité oingt, et peché poinct
de Randle COTGRAVE dans
Qui contre esguillon recule deux fois se poind
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. punger, ponjer, poigner ; cat. punyir ; espagn. pungir ; ital. pungere ; du lat. pungere.

Synonymes de POINDRE

Termes proches de POINDRE