Définition de RUMEUR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ru-meur

DÉFINITIONS

1
Bruit sourd et général, excité par quelque mécontentement, annonçant quelque disposition à la révolte, à la sédition. Exciter de la rumeur. Apaiser la rumeur. De sourdes rumeurs. Des rumeurs menaçantes.
En ce temps un petit écrit de Luther mit en rumeur toute l'Allemagne
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. IV, 1
Toute la ville est en rumeur ; toutes les bouches crient vengeance
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Crimes.
Sémantique : Fig.
Des passions en vous les rumeurs ont cessé
de SAINTE-BEUVE dans Ép. à Lamartine.
2
Bruit qui s'élève tout à coup, et qui a pour cause un accident, un événement imprévu.
Tout le monde était aux fenêtres, il semblait qu'il y avait eu une rumeur, ou quelque accident considérable
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 11e part.
3
Bruit confus de plusieurs voix.
Destin allait commencer son histoire, quand ils entendirent une grande rumeur dans la chambre voisine
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 12
En nos murs tout remplis d'une rumeur guerrière
de BRIFF. dans Ninus II, III, 4
4
Réunion des opinions ou des soupçons du public contre quelqu'un. La rumeur publique l'accusait de cet assassinat.
Cependant la rumeur commençait ; on brûla le livre je ne sais où
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. XI
5
Bruits qui courent, qui se répandent.
J'avouerai les rumeurs les plus injurieuses
de Jean RACINE dans Brit. III, 3
Quoi ! monsieur, une rumeur odieuse [contre Marie de Médicis] l'emportera sur les pièces authentiques du procès de Ravaillac !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Philos. Cons. à M. Bergier.
De sorte que huit rumeurs, qui ne sont qu'un écho d'un bruit mal fondé, peuvent devenir une preuve complète ; et c'est à peu près sur ce principe que Jean Calas fut condamné à la roue
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. Comm. délits et peines, procéd crim.
Ne jugez pas Timon d'après de faibles rumeurs accréditées par ses ennemis, mais d'après ces effusions de coeur que lui arrachait l'indignation de la vertu
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 73
Ces petits intérêts, ces nouveautés futiles, Qui des grandes cités composent les rumeurs
de Jacques DELILLE dans Convers. Prolog.
6
Il se dit quelquefois de quelque grand bruit physique.
Bientôt je distinguai, confuses et voilées, Deux voix dans cette voix [la voix de l'océan] l'une à l'autre mêlées, De la terre et des mers s'épanchant jusqu'au ciel.... Et je les distinguai dans la rumeur profonde, Comme on voit deux courants qui se croisent sous l'onde
de Victor HUGO dans Feuilles d'automne, 5

HISTORIQUE

1
XIe s.
De quinze liues en ot [ouit] hom la rimur
dans Ch. de Rol. LXIII
2
XIIIe s.
Ti oil [tes yeux] soient sans legiereté, et tes riz [ton rire] sanz huchier, et ta voiz sans cri, t'aleure sans rumor
de Brunetto LATINI dans Trésor, p. 385
Quant il [les mangonneaux] furent dreciez, si furent tenduz ; si getterent chascun une pierre dedens la cité, et feurent les pierres aux maisons, et rompirent et confondirent tout, et firent moult remour et grant tempeste
de MARC POL dans p. 472
3
XVe s.
Jehan de Lille et Gilles Marcel Furent mors et occis ce jour Semblablement en la rumour, Comme le prevost [Marcel] dessus dit
de Eustache DESCHAMPS dans Miroir de Mariage, p. 150
4
XVIe s.
Tellement que la servante du sieur Fagoet entendant ce rumeur d'une chambre haute....
de LE SIEUR DE BOUFFLERS dans dans FR. MICHEL, Argot
Aristippus establit des opinions si hardies en faveur de la volupté et des richesses, qu'il meit en rumeur toute la philosophie à l'encontre de luy
de Michel de MONTAIGNE dans II, 124

ÉTYMOLOGIE

1
Prov. rumor, rimor ; espagn. rumor ; ital. romore, rimore ; du lat. rumorem.

Synonymes de RUMEUR

Termes proches de RUMEUR