Définition de RANCUNE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ran-ku-n'

DÉFINITIONS

1
Ressentiment tenace et qu'on n'oublie pas.
De mon côté, moi, j'ai une vieille rancune contre le financier
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Foire de Besons, sc. 13
Ce qui me retient, c'est la peine que cela vous fera, c'est la rancune que vous en prendrez contre moi
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 4e part.
Bien rosser et garder rancune est aussi par trop féminin
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Mar. de Figaro, V, 8
Les rancunes de l'amitié sont plus durables que toutes les autres ; elles survivent à la colère
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Voeux témér. t. III, p. 133, dans POUGENS
J'ai de la rancune de prince ; Mon bon roi, vous me le paierez
de Pierre Jean de BÉRANGER dans M. jours gras.
Sans rancune, ou point de rancune, c'est-à-dire oublions le passé, oublions nos sujets de plainte. Amour.... Qui fut (soit dit sans rancune) Si sujet à caution, CHAUL., Voyage de l'amour et de l'amitié.
Rancune tenant ou tenante, se dit pour signifier qu'on se rapproche tout en gardant son inimitié.
Comptez sur moi comme sur vous-même dans ce moment, mais rancune tenant toujours
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Socrate, II, 8
Rancune à part, se dit lorsque, n'étant pas bien avec quelqu'un, et ayant néanmoins un intérêt commun avec lui, on oublie de part et d'autre pour un temps les griefs réciproques.
Sémantique : Fig. et en forme de dicton populaire, en parlant d'une étoffe, d'un cuir, etc. : C'est de la rancune de prêtre, ou c'est fait en rancune de prêtre, ça durera toujours, c'est inusable.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Diz cops il fiert par duel [deuil] e par rancune
dans Ch. de Rol. CLXVIII
2
XIIIe s.
Et se descovri lors aparantment la rancune
dans Hist. occid. des crois, t. II, p. 348
Amors a tele nature, Que sa joie fait torner à rancure
dans Ms. de poésies franç. avant 1300, t. I, p. 51, dans LACURNE
3
XIVe s.
Li rois fut de mal cuer et de felon coraige, Et fut pleins de rancune, de corroux et de raige
dans Girart de Ross. V. 3191
4
XVe s.
Et estoit tenu Pietre du Bois en paix parmi tant qu'il avoit juré qu'il ne traiteroit jamais ni ne procureroit nulle guerre ni rancunes des bonnes gens de Gand envers le duc de Bourgogne
de Jean FROISSART dans II, II, 241
5
XVIe s.
Ame exempte de vengeance et de rancune
de Michel de MONTAIGNE dans I, 402

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, rancure ; prov. rancura ; anc. espagn. rencura ; ital. rancura ; du lat. rancus, rance, avec la finale ura ou una.

Synonymes de RANCUNE

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