Définition de MUTINER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : mu-ti-né

DÉFINITIONS

1
Jeter dans la révolte, soulever, irriter.
Je ne vous dirai point qu'il commande au tonnerre, Qu'il fait enfler les mers, qu'il fait trembler la terre, Que de l'air qu'il mutine en mille tourbillons, Contre ses ennemis il fait des bataillons
de Pierre CORNEILLE dans Illus. comique, I, 1
Un peu de jalousie et de confusion Mutinait mes désirs et me soulevait l'âme
de Pierre CORNEILLE dans Agés. II, 7
Bénissez-le, foudres, orages, Frimas, neiges, glaçons, grêles, vents indomptés, Qui ne mutinez l'air et n'ouvrez les nuages Que pour faire ses volontés
de Pierre CORNEILLE dans Trad. du ps. CXLVIII
Vous ne feriez que mutiner son amour-propre
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
2
Se mutiner, Nature : v. réfl. Faire le mutin, se porter à la révolte.
Mais d'ailleurs les deux camps se mutinent
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 2
Quel était donc ce gouvernement si sage et si vanté de Philippe II, lorsqu'on voit dans ce temps-là même ses troupes se mutiner en Flandre, faute de payement, et saccager la ville d'Anvers ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 164
Avec ellipse du pronom se.
Acaste nouveau roi fait mutiner la ville
de Pierre CORNEILLE dans Médée, I, 1
3
Se dépiter, s'irriter.
J'avais commencé à me mutiner de ce que vous ne m'aviez point fait de réponse
de Vincent VOITURE dans Oeuv. t. II, p. 51, dans POUGENS
Cinna seul dans sa rage s'obstine, Et contre vos bontés d'autant plus se mutine
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, IV, 1
Je l'ai fait votre égal ; et, quoiqu'on s'en mutine, Sachez qu'à plus encor ma faveur le destine
de Pierre CORNEILLE dans D. Sanche, I, 3
On ne se mutine guère contre la nécessité
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
Je m'en affligeais et je ne m'en mutinais pas
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. I

REMARQUE

1
Voltaire dit : " On ne se mutine point de ; mutiner est un verbe qui n'a point de régime, Comm. Corn. Rem. Rodogune, IV, 1. " Cette observation ne se fonde ni sur la grammaire qui ne repousse pas se mutiner de, ni sur l'usage ; car les exemples ci-dessus le montrent employé par plusieurs auteurs.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Son coeur enflé de rage au dedans se mutine
de Philippe DESPORTES dans Angélique, 1
Craignant que les reitres ne se mutinassent par faute de payement
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 687
Quant au menu populaire, il le mutinoit aussi, en lui donnant à entendre que ce n'estoit qu'un songe que la liberté qu'on leur avoit promise
de Jacques AMYOT dans Thésée, 40
Les Gaulois en furent si mutinez et si courroucez qu'ils ne voulurent plus aucunement dilayer, ains marcherent en toute diligence devers Rome
de Jacques AMYOT dans Cam. 29
On traitte des moyens pour mutiner les villes, Pour nourrir les flambeaux de nos guerres civiles
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Tragiques, Princes.

ÉTYMOLOGIE

1
Mutin.

Synonymes de MUTINER

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