Définition de GUET

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ghè ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire

DÉFINITIONS

1
Action par laquelle on observe, on épie ce qui se passe, ce qui se fait. Le guet dura longtemps. Le guet pendant une nuit obscure.
Fais bon guet
de Pierre CORNEILLE dans Illus. com. IV, 2
Une compagne y devait faire Le guet autour de nos amants
de Jean de LA FONTAINE dans Nic.
Tu fais le guet pour eux et les laisses surprendre
de Thomas CORNEILLE dans Baron d'Albikrac, III, 1
Je vais faire le guet ; Qu'il est doux de garder ce qu'on aime !
de FAVART dans Cherch. d'esprit, 16
Sémantique : Fig.
Un savantas.... qui veut rentrer à toute force dans la conversation, et qui est toujours au guet pour prendre au bond l'occasion de se remettre en danse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 511
Il n'est point de moment où l'on ne soit au guet Pour y [à la cour] mettre à profit les faux pas qu'on y fait
de BOURSAULT dans Ésope à la cour, IV, 2
Avoir l'oeil, l'oreille au guet, regarder, écouter attentivement ce qui se passe.
[Il] A l'oeil toujours au guet pour des tours de souplesse
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. V
Tout le jour il avait l'oeil au guet....
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 2
Aie aussi l'oeil au guet, Nérine, et prends bien garde qu'il ne vienne personne
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans M. de Pourc. 13
2
Il se dit de quelques animaux. Le chat est au guet. Ce chien est de très bon guet.
3
Sémantique : Particulièrement. Surveillance exercée pendant la nuit dans une place de guerre pour se défendre des surprises, dans une ville pour y veiller au bon ordre (acception qui a vieilli). Dans cette ville ce sont les bourgeois qui font le guet.
Anciennement, guet de mer, obligation de monter la garde sur les côtes. Les habitants des paroisses sujettes au guet de mer, Ordonn. août 1681, IV, 6, 6.
Sémantique : Terme de féodalité. Garde et guet, droit qui obligeait les vassaux à faire le guet dans le château, et qui fut changé en une redevance en argent.
4
Troupe chargée de la surveillance pendant la nuit dans une ville.
Ils contrefont le guet et de voix magistrale : Ouvrez de par le roi ! tout de bon le guet vint
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
Sur la bonne foi seule on vit en assurance, Et le guet ne fait point le calme de nos bois
de CHAUL. dans Stances sur la retraite.
On ne bat plus le guet à Paris, on ne casse plus de lanternes
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Impromptu de Surênes, sc. 6
Te voilà pris comme un sot ; le guet à cheval est à la grande porte, et le guet à pied à celle de derrière ; regarde par où tu veux sortir
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans la Femme d'intrigues, V, sc. dern.
On voit par les registres du parlement que le guet de cette ville [Paris] était réduit alors à quarante-cinq hommes mal payés et qui même ne servaient pas
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XIV, 2
Chevalier du guet, chef de la compagnie du guet ; commandant des archers du guet.
Mot du guet, mot donné a ceux qui sont du guet pour qu'ils puissent se reconnaître, et, en général, mot convenu entre certaines gens pour se reconnaître.
Gardez-vous sur votre vie D'ouvrir que l'on ne vous die Pour enseigne et mot du guet : Foin du loup et de sa race
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 15
fig. Familièrement. Ils se sont donné le mot du guet, c'est-à-dire ils sont d'intelligence.
5
Se disait autrefois d'un soldat placé en sentinelle pour faire le guet. Asseoir le guet. Poser le guet.
Guet chez le roi, signifiait le détachement des gardes du corps qui demeurait, la nuit, près de la personne du roi pour le garder.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Li mestre et li juré devant dit sont quite du guet por la paine et por le travail que il ont de guarder le mestier de talemelerie [boulangerie]
dans Liv. des mét. 13
Lors estoit chas cuns aseür, Car li siens gaiz [le guet du surveillant] valoit un mur
de RUTEBEUF dans 45
2
XIVe s.
Parmi les quatre qui alerent avoec les wes des portes
de CAFFIAUX dans Abattis de maisons, p. 9
Pour la ville garder moult très bien s'apresterent, Et firent moult bon gait, celle nuit le doublerent
dans Guesclin. 18576
3
XVe s.
Le capitaine s'eveilla soudainement, qui toute la nuit avoit dormi et fait trop povre gait, tant qu'il le compara [paya] [surprise du château de Bervich par les Écossais]
de Jean FROISSART dans II, II, 13
Nostre guet estoit de cinquante lances qui se te noient vers la grange auz merciers
de Philippe de COMMINES dans I, 8
Revenons à nostre guet [guetteur], lequel, quand il aperçut tout ce qui fut fait, se leva de son guet, et s'en alla sonner sa trompette
de LOUIS XI dans Nouv. LXXIII
4
XVIe s.
Or donques mettons nous en ordre ; Nabuzardan vous sera pour mot du guet
de François RABELAIS dans Pant. IV, 39
Me tenant au guet de ces grandeurs extraordinaires, j'ay trouvé que ce sont des hommes comme les aultres
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 48
Avoir l'oeil au guet, l'oreille aux escoutes
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 386
On y mit un guet tel, que les pauvres gens, qui ne pensoient en nul mal, furent surpris
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans Nouv. XL.
C'estoit un guet [piége] qu'il dressoit à Metellus bien mal aisé à eschapper
de Jacques AMYOT dans Marius, 51
Ils entendoient six tambours battre la garde et les trompettes sonner au guet
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. II, 447
Faire le guet à Montfaucon [y être pendu]
de Randle COTGRAVE dans
Bon gué chasse malaventure
de Randle COTGRAVE dans
Il est bien vray qu'il [le connétable de Bourbon] fut fort bien compris dans le traité de Madrid ; mais le roy [François 1er] le rompit tout à trac, quand il fut de retour en France, si bien que M. de Bourbon fut du guet [fut la dupe] et eut la cassade
de Pierre de Bourdeille, seigneur et abbé de BRANTÔME dans Capestrang. t. I, p. 212

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. gach, guach, gag, gayt, s. m, gaita, gacha, s. f. ; du germanique : anc. h. allem. wahta ; allem. mod. Wacht, guet, garde.

Synonymes de GUET

Phonétiquement proche de GUET