Définition de ABUS

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-bu

DÉFINITIONS

1
Usage mauvais qu'on fait de quelque chose. Abus de la force. La Grèce a dû sa ruine à l'abus de la liberté. Tout commence par la nécessité et finit par l'abus. Ils font abus de nourriture.
De quoi les hommes savent-ils user sans abus ? Comme il y a dans les conditions élevées plus de faux désirs, plus d'abus de son âme que dans les états inférieurs, les grands sont sans doute de tous les hommes les moins heureux
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Nature des anim.
Qu'est-ce de communier indignement ? quel abus du saint même des saints !
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. III, p. 314
Laisser impunie une profanation est un abus si énorme
de Louis BOURDALOUE dans ib. p. 362
Un superflu qui me deviendrait pernicieux et nuisible par l'abus que j'en ferais
de Louis BOURDALOUE dans ib. t. II, p. 77
Je sais que dans l'amitié dont je parle il y a divers degrés d'abus et de désordres
de Louis BOURDALOUE dans ib. p. 259
Les ministères publics sont des assujettissements perpétuels et très réels, à moins qu'on ne veuille, par un abus énorme, en négliger toutes les fonctions et en abandonner tous les devoirs
de Louis BOURDALOUE dans ib. p. 486
Le peu qu'on en cite est un abus du texte
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Avert.
Voilà le plus grand abus qu'on ait jamais fait de l'Évangile
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans IV, écrit, 30
Mais qui peut arrêter l'abus de la victoire ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Alz. I, 1
Ne prends point pour vertu l'abus de la victoire
de SAURIN dans Spartacus, V, 5
2
Coutume, usage mauvais qui s'introduit. Telle est la force des abus. Un abus qui s'introduit depuis quelque temps. On a retranché ces abus. Cet abus subsiste, comme tant d'autres, par la raison qu'il est établi.
Ils réforment tous les abus
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 4
Comment ils doivent reprendre et réprimer les abus
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 6
Les abus du gouvernement
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 12
Tenir les abus nécessaires dans les bornes précises de la nécessité qu'ils sont toujours prêts à franchir, les renfermer dans l'obscurité à laquelle ils doivent être condamnés, et ne les en tirer pas même par des châtiments trop éclatants
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Argenson.
Nous préservent les cieux d'un si funeste abus, Berceau de la mollesse et tombeau des vertus
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brut. II, 4
Philippe Auguste saisit le temporel des évêques d'Orléans et d'Auxerre pour n'avoir pas rempli cet abus devenu un devoir [conduire leurs vassaux à la guerre]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 50
Les bons mots ne sont qu'un abus ; Pourtant, messieurs, permettez-nous d'en dire
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Gourmands.
Trinquer est un plaisir fort sage Qu'aujourd'hui l'on traite d'abus
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Trinquons.
3
APPEL COMME D'ABUS, appel interjeté d'une sentence rendue par un juge ou supérieur ecclésiastique, qu'on prétend avoir excédé ses pouvoirs ou contrevenu aux lois.
C'est une assez faible consolation que celle des appels comme d'abus
de Blaise PASCAL dans Pensées, Pape, 7
Le bruit se répandit que le procureur général appellerait comme d'abus de tout ce que le pape pourrait faire au préjudice des libertés de l'Église gallicane
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 502, 82
Ce qu'il y eut de plus intéressant, ce fut l'appel comme d'abus que le parlement introduisit
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 75
4
En jurisprudence, abus de pouvoir se dit quand un fonctionnaire outre-passe le pouvoir qui lui est confié et fait des actes qui ne lui sont pas permis.
5
Abus de confiance, délit dont on se rend coupable en abusant de la confiance qui avait été accordée.
6
Sémantique : En termes de grammaire, abus des mots, sens détourné et forcé qu'on leur donne.
7
Erreur. C'est un abus de croire.
Lourd et grossier abus ! croyance ridicule !
de Jean de ROTROU dans Bélis. V, 8
Qu'un si charmant abus serait à préférer A l'âpre vérité qui vient de m'éclairer !
de Pierre CORNEILLE dans Hér. III, 1
Et semant de nos noms un insensible abus
de Pierre CORNEILLE dans Hér. IV, 4
Mais il faut renoncer à des abus si doux
de Pierre CORNEILLE dans Pulch. II, 1
Dans les moments où Dieu vous a affligé, vous vous êtes adressé à lui ; vous avez ouvert les yeux sur l'abus de ce monde misérable
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carème
Prospérités temp. Que sais-je si, au premier jour, votre fin soudaine et surprenante ne fournira pas à ceux qui m'écoutent de grandes mais d'inutiles réflexions sur l'abus du monde et de ses espérances
de ID. dans ib. Impénitence finale
Travailler serait un abus : J'ai cinquante écus
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Cinquante écus.
8
Proverbe. Le monde n'est qu'abus et vanité.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Et aucuns se delettent en abus de deliz [plaisirs] charnels
de Nicolas ORESME dans Eth. 203
2
XVIe s.
S'il est question de corriger quelques abus...
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 85
Les appellations comme d'abus ont lieu quand il y a contravention contre les saints decrets, libertés de l'Église gallicane, arrest des cours souveraines, jurisdiction seculiere ou ecclesiastique ; et tient-on qu'elles sont de l'invention de messire Pierre de Cugnieres, ores qu'elles semblent plus modernes
de Antoine LOYSEL dans 888
En appelant d'Atropos trop irée Comme d'abus
de Clément MAROT dans II, 272

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. abus ; espagn. et ital. abuso ; de abusus, de ab, indiquant perversion, et usus, usage (voy. US).

Synonymes de ABUS

Phonétiquement proche de ABUS