L'oeuvre De l'esprit géométrique de Blaise PASCAL
Ecrit par Blaise PASCAL
Date : 1656
Citations de "De l'esprit géométrique"
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Utilisé pour le mot | Citation |
AMPLITUDE | L'un est force et l'autre est amplitude |
ARTISTEMENT | Un autre verre plus artistement taillé |
BINAIRE | Deux binaires font le quaternaire |
CLARTÉ | Les uns et les autres sont dans une extrême clarté naturelle |
CONSOMMER | On va achever et consommer la démonstration |
CORRESPONDANCE | On trouvera une correspondance parfaite entre ces choses |
CRÉANCE | Ceux qui demeureront dans la créance que l'espace n'est pas divisible à l'infini |
DÉFINITION | On ne reconnaît en géométrie que les seules définitions que les logiciens appellent définitions de nom, c'est-à-dire que les seules impositions de nom aux choses qu'on a clairement désignées en termes parfaitement connus |
DESTITUER | Après avoir clairement désigné une chose, on lui donne un nom que l'on destitue de tout autre sens |
ENFLURE | Il ne faut pas guinder l'esprit ; les manières tendues et pénibles le remplissent d'une sotte présomption par une élévation étrangère et par une enflure vaine et ridicule au lieu d'une nourriture solide et vigoureuse |
EXCELLER | La géométrie excelle en ces trois genres |
EXPÉRIENCE | L'expérience que j'ai de la confusion des disputes |
FAMILIARISER | S'ils trouvent étrange qu'un petit espace ait autant de parties qu'un grand, qu'ils regardent le firmament au travers d'un petit verre, pour se familiariser avec cette connaissance, en voyant chaque partie du ciel en chaque partie du verre |
FAMILIER, IÈRE | Dans les discours familiers et dans les discours de science |
GÉOMÈTRE | Il n'y a point de géomètre qui ne croie l'espace divisible à l'infini |
GÉOMÉTRIE | On ne reconnaît en géométrie que les seules définitions que les logiciens appellent définitions de nom, c'est-à-dire que les seules impositions de mot aux choses qu'on a clairement désignées en termes parfaitement connus |
GÉOMÉTRIQUE | Et parce que cet art consiste en deux choses principales, l'une de prouver chaque proposition en particulier, l'autre de disposer toutes les propositions dans le meilleur ordre, j'en ferai deux sections, dont l'une contiendra les règles de la conduite des démonstrations géométriques, c'est-à-dire méthodiques et parfaites, et la seconde comprendra celles de l'ordre géométrique, c'est-à-dire méthodique et accompli |
GRANDEUR | Euclide définit ainsi les grandeurs homogènes : les grandeurs, dit-il, sont dites être de même genre, lorsque l'une étant plusieurs fois multipliée peut arriver à surpasser l'autre |
GUINDER | Il ne faut pas guinder l'esprit ; les manières tendues et pénibles le remplissent d'une sotte présomption |
HÉTÉROGÈNE | On trouvera un pareil rapport [comme celui de zéro à une quantité] entre le repos et le mouvement, et entre un instant et le temps ; car toutes ces choses sont hétérogènes à leurs grandeurs, parce qu'étant infiniment multipliées, elles ne peuvent jamais que faire des indivisibles |
HEURE | Il arrive à toute heure, dans les discours familiers et dans les discours de science, des occasions.... |
HOMOGÈNE | Euclide, qui, pour des raisons particulières, ne mettait pas l'unité au rang des nombres, avait une définition spéciale des grandeurs homogènes : Euclide définit ainsi les grandeurs homogènes : les grandeurs, dit-il, sont dites être de même genre, lorsque l'une, étant plusieurs fois multipliée, peut arriver à surpasser l'autre (par opposition à l'unité qui, multipliée par elle-même, donne toujours un) |
IMPOSITION | On ne reconnaît en géométrie que les seules définitions que les logiciens appellent définitions de nom, c'est-à-dire, que les seules impositions de nom aux choses qu'on a clairement désignées en termes parfaitement connus |
INCAPABLE | Il y a des mots incapables d'être définis |
INCONCEVABLE | Il [l'homme] est toujours disposé à nier ce qui lui est incompréhensible ; au lieu qu'en effet il ne connaît naturellement que le mensonge, et qu'il ne doit prendre pour véritables que les choses dont le contraire lui paraît faux ; et c'est pourquoi toutes les fois qu'une proposition est inconcevable, il faut en suspendre le jugement et ne pas la nier à cette marque, mais en examiner le contraire ; et, si on le trouve manifestement faux, on peut hardiment affirmer la première, tout incompréhensible qu'elle est |
INDIVISIBLE | Comment pourrait-il se faire que ces moitiés [d'un espace divisible, quelque petit qu'il soit] fussent indivisibles ? |
INEXPLICABLE | Ils embrouillent toutes choses, et, perdant tout ordre et toute lumière, ils se perdent eux-mêmes et s'égarent dans des embarras inexplicables |
INFERTILE | Les mêmes pensées poussent quelquefois tout autrement dans un autre que dans leur auteur : infertiles dans leur champ naturel, abondantes étant transplantées |
LIVRE | Les meilleurs livres sont ceux que ceux qui les lisent croient qu'ils auraient pu faire : la nature, qui seule est bonne, est toute familière et commune |
LOGIQUE | La logique a peut-être emprunté les règles de la géométrie sans en comprendre la force |
MENSONGE | C'est une maladie naturelle à l'homme de croire qu'il possède la vérité directement.... en effet il ne connaît naturellement que le mensonge |
MENTALEMENT | Substituer mentalement la définition à la place du défini |
MÉTHODE | Si l'on sait la méthode de prouver la vérité, on aura en même temps celle de la discerner |
MÉTHODIQUEMENT | Les géomètres et tous ceux qui agissent méthodiquement n'imposent des noms aux choses que pour abréger le discours, et non pour diminuer ou changer l'idée des choses dont ils discourent |
MILIEU | Cet ordre [le raisonnement géométrique]... consiste non pas à tout définir ni à tout démontrer, ni aussi à ne rien définir ou à ne rien démontrer, mais à se tenir dans ce milieu de ne point définir les choses claires et entendues de tous les hommes, et de définir toutes les autres |
MOT | Il y en a qui vont jusqu'à cette absurdité d'expliquer un mot par le mot même ; j'en sais qui ont défini la lumière en cette façon : la lumière est un mouvement luminaire.... on voit assez de là qu'il y a des mots incapables d'être définis |
MOT | [Montaigne] s'arrête à faire entendre qu'il ne faut pas juger de la capacité d'un homme par l'excellence d'un bon mot qu'on lui entend dire |
MOUVEMENT | Combien y a-t-il de personnes qui croient avoir défini le temps quand ils ont dit que c'est la mesure du mouvement, en lui laissant cependant son sens ordinaire ! et néanmoins ils ont fait une proposition, et non pas une définition |
NATURE | Rien n'est plus commun que les bonnes choses, il n'est question que de le discerner.... la nature, qui seule est bonne, est toute familière et commune |
NÉANT | Quelque mouvement, quelque nombre, quelque espace, quelque temps que ce soit, il y en a toujours un plus grand et un moindre ; de sorte qu'ils se soutiennent tous entre le néant et l'infini |
NIAISER | Il est fâcheux de s'arrêter à ces bagatelles [sophismes sur l'indivisibilité], mais il y a des temps de niaiser |
NIER | C'est une maladie naturelle à l'homme de croire qu'il possède la vérité directement ; et de là vient qu'il est toujours disposé à nier tout ce qui lui est incompréhensible |
NOM | On ne reconnaît en géométrie que les seules définitions que les logiciens appellent définitions de nom, c'est-à-dire que les seules impositions de nom aux choses qu'on a clairement désignées en termes parfaitement connus |
NOMBRE | La géométrie ne peut définir ni le mouvement, ni les nombres, ni l'espace ; et cependant ces trois choses sont celles qu'elle considère particulièrement |
OMETTRE | N'omettre à demander aucun des axiomes parfaitement évidents et simples |
OPINION | Personne n'ignore qu'il y a deux entrées par où les opinions sont reçues dans l'âme, qui sont ses deux principales puissances, l'entendement et la volonté |
ORDRE | Il paraît que les hommes sont dans une impuissance naturelle et immuable de traiter quelque science que ce soit dans un ordre absolument accompli ; mais il ne s'ensuit pas de là qu'on doive abandonner toute sorte d'ordre |
PERDRE | Quel avantage pensait nous procurer Platon, en disant que c'était [l'homme] un animal à deux jambes sans plumes ?... puisqu'un homme ne perd pas l'humanité en perdant les deux jambes, et qu'un chapon ne l'acquiert pas en perdant ses plumes |
PERDRE | Ce présent perdait son prix par son abondance |
PERDRE | Ils embrouillent toutes choses, et, perdant tout ordre et toute lumière, ils se perdent eux-mêmes et s'égarent dans des embarras inexplicables |
PERSUADER | L'art de persuader a un rapport nécessaire à la manière dont les hommes consentent à ce qu'on leur propose, et aux conditions des choses qu'on veut faire croire |
PERSUADER | Les unes [propositions] se tirent, par une conséquence nécessaire, des principes communs et des vérités avouées ; celles-là peuvent être infailliblement persuadées |
PHYSIQUE | Je sais combien il y a de différence entre écrire un mot à l'aventure.... et apercevoir dans ce mot une suite admirable de conséquences.... et en faire le principe ferme et soutenu d'une physique entière, comme Descartes a prétendu le faire |
PORTE | Je ne parle que des vérités de notre portée ; et c'est d'elles que je dis que l'esprit et le coeur sont comme les portes par où elles sont reçues dans l'âme |
PRÉTENDRE | Ceux qui ne seront pas satisfaits de ces raisons [sur la divisibilité de l'espace à l'infini].... ne peuvent rien prétendre aux démonstrations géométriques |
PUISSAMMENT | Rien n'éloigne plus promptement et plus puissamment les surprises captieuses des sophistes.... |
QUATERNAIRE | Deux binaires font le quaternaire, et dix dizaines une centaine |
RECEVOIR | Jamais une démonstration dans laquelle ces circonstances [partir de principes certains et substituer le défini à la définition] sont gardées n'a pu recevoir le moindre doute |
RÈGLE | Ce n'est pas que je ne croie qu'il y ait des règles aussi sûres pour plaire que pour démontrer.... mais j'estime.... qu'il est impossible d'y arriver |
RELATIF, IVE | Le mouvement et le temps sont relatifs l'un à l'autre |
RENCONTRER | J'en ai vu quelques-uns, très habiles d'ailleurs, qui ont assuré qu'un espace pouvait être divisé en deux parties indivisibles, quelque absurdité qui s'y rencontre |
RESTE | Hors ceux-là [les termes primitifs], le reste des termes qu'elle [la géométrie] emploie y sont tellement éclaircis et définis, qu'on n'a pas besoin de dictionnaire pour en entendre aucun |
SAINT, AINTE | Au lieu qu'en parlant des choses humaines on dit qu'il faut les connaître avant que de les aimer, les saints, au contraire, disent en parlant des choses divines, qu'il faut les aimer pour les connaître |
SECTION | Et parce que cet art [la démonstration] consiste en deux choses principales, l'une de prouver chaque proposition en particulier, l'autre de disposer toutes les propositions dans le meilleur ordre, j'en ferai deux sections dont l'une... |
SENTENCE | Les saints disent en parlant des choses divines, qu'il faut les aimer pour les connaître, et qu'on n'entre dans la vérité que par la charité ; dont ils ont fait une de leurs plus utiles sentences |
SUPPLÉER | Ils [les géomètres] prétendent que l'esprit supplée toujours la définition entière aux termes courts qu'ils n'emploient que pour éviter la confusion que la multitude des paroles apporte |
SYLLOGISME | Sans s'arrêter aux règles du syllogisme qui sont tellement naturelles qu'on ne peut les ignorer |
TEMPS | Il y a bien de différentes opinions touchant l'essence du temps : les uns disent que c'est le mouvement, d'une chose créée ; les autres, la mesure du mouvement |
TENDU, UE | Il ne faut pas guinder l'esprit ; les manières [de raisonner] tendues et pénibles le remplissent d'une sotte présomption |
TRAITER | D'où il paraît [de l'impossibilité de démontrer les axiomes] que les hommes sont dans une impuissance naturelle et immuable de traiter quelque science dans un ordre absolument accompli |
UNITÉ | La seule raison pour laquelle l'unité n'est pas au rang des nombres est qu'Euclide et les premiers auteurs qui ont traité d'arithmétique, ayant plusieurs propriétés à donner qui convenaient à tous les nombres hormis à l'unité, pour éviter de dire souvent qu'en tout nombre, hors l'unité, telle condition se rencontre, ils ont exclu l'unité de la signification du mot de nombre, par la liberté qu'on a de faire à son gré des définitions |
VÉRITÉ | On peut avoir trois principaux objets dans l'étude de la vérité : l'un, de la découvrir quand on la cherche ; l'autre, de la démontrer quand on la possède ; le dernier, de la discerner d'avec le faux quand on l'examine |
VÉRITÉ | Il y a un art pour faire voir la liaison des vérités avec leurs principes |
VÉRITÉ | Toutes ces vérités [axiomes] ne se peuvent démontrer ; et cependant ce sont les fondements et les principes de la géométrie ; mais, comme la cause qui les rend incapables de démonstration n'est pas leur obscurité, mais au contraire leur extrême évidence, ce manque de preuve n'est pas un défaut, mais plutôt une perfection |
VOLONTÉ | Personne n'ignore qu'il y a deux entrées par où les opinions sont reçues dans l'âme... l'entendement et la volonté |
ZÉRO | Le zéro n'est pas du même genre que les nombres, parce qu'étant multiplié, il ne peut les surpasser ; de sorte que c'est un véritable indivisible de nombre, comme l'indivisible est un véritable zéro d'étendue |
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