Définition de CHAIRE
Prononciation : chê-r'
DÉFINITIONS
1
Siége élevé d'où l'on parle, enseigne ou commande, et, particulièrement, espèce de tribune à dais d'où le prêtre adresse la parole aux assistants. Chaire de bois, de marbre, sculptée, etc. Ce mandement fut lu en chaire dans toutes les églises.Ce qui obligea le curé de monter en chaire
de Blaise PASCAL dans Prov. 15
Ils ne montent pas dans les chaires pour y faire de vains discours
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Par. de Dieu, 1
Si nous sommes soigneux de former des prêtres que Louis puisse choisir pour remplir nos chaires
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Ce que cette chaire, ce que ces autels, ce que l'Évangile que j'annonce, et l'exemple du grand ministre dont je célèbre les vertus, m'oblige à recommander plus que toutes choses, c'est les droits sacrés de l'Église
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Les autres [prêtres] à l'État rendus plus nécessaires, Ont éclairé l'Église, ont monté dans les chaires
La chaire évangélique ou la chaire de vérité, la chaire où l'on prêche l'Évangile.
À présent que je suis assis dans la chaire de Jésus-Christ et des apôtres, et que vous m'écoutez avec attention
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans la Vallière
Être assis dans la chaire de mensonge, de pestilence, etc. professer l'hérésie.
Lucifer assis dans sa chaire infernale
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. XI
Vous, malheureux, assis dans la chaire empestée Où le mensonge règne et répand son poison
de Jean RACINE dans Ath. III, 4
Des femmes de la société, de graves philosophes avaient des chaires d'incrédulité
L'éloquence de la chaire, nom générique qui comprend toutes les sortes de discours qui sont ou peuvent être prononcés dans les églises, savoir : les panégyriques, les oraisons funèbres, les sermons, les prônes, les conférences, etc.
Sémantique : Fig. La prédication. Les orateurs de la chaire.
Avec quel succès le grand art de la chaire est cultivé à Genève
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Dédic.
2
Tribune où siége un professeur dans les écoles publiques. Le professeur est en chaire.Sémantique : Fig. L'enseignement même ou la place du professeur. Une chaire de littérature française. Ce professeur a obtenu la chaire qu'il désirait.
Le peuple ne donne ni chaires, ni pensions, ni places d'académie
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. v.
Le rhéteur Eumènes tenait à Rome une chaire d'éloquence
de François René CHATEAUBRIAND dans Mart. 115
3
Siége qu'a l'évêque au haut du choeur. L'évêque, étant dans la chaire, donna la bénédiction au peuple.Les évêques à qui ils avaient laissé une chaire
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 13
Sémantique : Fig. La chaire apostolique, la chaire de saint Pierre, la chaire d'unité, termes qui désignent le siége apostolique, la papauté.
4
Chaire curule, ou, absolument, chaire, chaise curule.Des chaires, des licteurs, des faisceaux
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
5
Sémantique : Terme de marine. Grand bateau plat pour charger et décharger les vaisseaux.REMARQUE
1
1. Du temps de Vaugelas, l'identité de chaire et de chaise (voy. CHAISE) était encore si présente qu'il indique les cas où il faut se servir de l'un ou de l'autre. Aujourd'hui l'emploi de ces deux mots, qui sont le même mot différemment prononcé, est tellement spécifié qu'il n'y a plus lieu à aucune remarque de ce genre.2
2. Th. Corneille dit : " J'ai vu plusieurs ouvrages de poésie où l'on faisait rimer chaire avec affaire ; ce qui marque qu'il y a des provinces où l'on prononce ce mot comme le féminin de l'adjectif cher. D'autres le font rimer avec guerre, ce qui est mal, quoique la prononciation de chaire en approche davantage. " Ces nuances n'existent plus pour notre oreille ; et chaire rime avec affaire, chère et guerre.HISTORIQUE
1
XIIe s.Le povre [il] sache [tire] del femier, od les princes le fait sedeir ; chaere de glorie li fait aveir
dans Rois, 7
2
XIIIe s.Cil qui ci est en une chaiere entre nous
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LXVII
Un riche chevalier estoit mort, et li avoit l'en fet une grant fosse large en terre, et l'avoit l'en assis moult noblement et paré en une chaere
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 266
3
XVe s.Respondit tanstost messire Guillaume de Fermiton et dit : Dites à Jean de Chastel-Morant qu'il s'en voise reposer un petit en sa chaiere
de Jean FROISSART dans II, II, 81
Le duc de Berry, frere du roy, presidoit assis en chaire
de Philippe de COMMINES dans I, 8
Ladicte demoiselle estoit en sa chaire et le duc de Cleves à costé d'elle
de Philippe de COMMINES dans V, 14
4
XVIe s.S'eslançant d'une chaire où elle estoit assise
de Michel de MONTAIGNE dans III, 181
ÉTYMOLOGIE
1
Saintonge, Berry et norm. chaire, chaise ; bourguig. cheire, chaise ; picard, cahière, cahielle, kielle, chaise ; wallon, chèïre, chaise ; namurois, chèière, chaise ; rouchi, caière, kèière, chaise ; provenç. cadera, cadeira ; catal. cadira ; anc. espagn. cadera ; portug. cadeira ; ital. cattedra ; du latin cathedra, siége, du grec, sur et siége, dont le radical est le même que le radical latin sed dans sed-ere (voy. SEOIR). Plusieurs patois ont conservé des formes analogues à la forme ancienne chaere, c'est-à-dire non contractée ; chaere, dans les anciens textes, était toujours de trois syllabes.