Définition de BRAIRE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : brê-r'

DÉFINITIONS

1
Nature : V. n. Crier, en parlant de l'âne. L'âne se mit à braire.
Sémantique : Fig. et familièrement. Cet homme ne chante pas, il brait.
Et puis viens-t'en me braire, Viens me conter ta faim et ta douleur
de Jean de LA FONTAINE dans Jum.
Il faut hurler avec les loups, d'autres disent braire avec les ânes
2
Nature : Substantivement.
Il [l'homme] traite notre rire et nos discours de braire
Le prince de Conti avait un rire qui eût tenu du braire dans un autre

REMARQUE

1
D'après l'Académie, ce verbe est usité seulement à l'infinitif : braire ; aux troisièmes personnes du présent de l'indicatif : il brait, ils braient ; du futur : il braira, ils brairont ; et du conditionnel : il brairait, ils brairaient. Cela est trop sévère. D'abord un fabuliste, faisant parler des ânes, pourrait employer sans hésiter les autres personnes : je brais, tu brais, nous brayons, vous brayez ; de même au futur et au conditionnel. Puis rien n'empêche de se servir de l'imparfait : il brayait ; et des temps composés : il a brait, il avait brait, etc.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Et homes braire, contre terre mourir
dans Ch. de Rol. CCLV
Cil d'Ociant i braient et henissent
dans ib. CCLVII
2
XIIe s.
Mort [il] le trebuche sans braire et sans crier
dans Ronc. p. 62
Que que li felun l'unt feru e detrenchié, E del ferir se sunt durement esforcié, N'aveit brait, ne groni, ne crié, ne huchié, Ne pié ne main n'aveit à sei trait ne sachié
dans Th. le mart. 150
3
XIIIe s.
Au temps que les cornoilles braient, Qui por la froidure s'esmaient....
de RUTEBEUF dans II, 66
Cil qui de chanter se fait cointe, commence de rechief à brere
dans Ren. 7283
Quant les enfans aus Sarrasines breoient, elles leur disoient : tai toy, tai toy, ou je irai querre le roy Richart qui te tuera
Grant pitié estoit d'oïr brere les gens parmi l'ost, auxquiex l'en copoit la char morte
4
XIVe s.
Du car [char] le [la] piour roe [plus mauvaise roue] ot-on bien souvent braire
dans Baud. de Seb. I, 10021
5
XVe s.
Si fut il bien en la porte, toudis huyant et brayant et faisant signe, bien une heure
Tantost fist.... les arbalestriers tirer druement sur cele chiennaille, qui là brayoient comme enragés
dans Bouciq. II, ch. 21
6
XVIe s.
J'ay icy longuement repeu mes yeulx, mais mon estomach brait de male raige de faim
Les Papistes, contre la defense de l'Apostre, chantent et brayent de langue estrange et incognue, en laquelle le plus souvent ils n'entendent pas euxmesmes une syllabe
Mais comme ilz ne cessassent point pour cela de crier et de braire contre luy, il se meit à leur faire ce compte
de Jacques AMYOT dans Phoc. 12
Ils brament comme les cerfs, ils brayent comme les asnes
de Ambroise PARÉ dans Anim. 25

ÉTYMOLOGIE

1
Normand, picard, wallon, braire, crier, pleurer ; provenç. braire, crier. Il y a dans le bas-latin bragire, hennir, d'où braire aurait été fait, comme l'ancien français muire de mugire, bruire du bas-latin brugire ; de bragire on rapproche l'irlandais breas, cri, bragain, crier ; le bas-breton breûgi, braire ; le kymri bragal, crier ; le gaél. bragain, crier. À côté de bragire, Diez propose de considérer plutôt braire comme raire (voy. RAIRE) fortifié par un b : b-raire. On remarquera que dans l'ancien français, dans le provençal et dans nos patois, braire a le sens général de crier, sens qui ne s'est limité que tardivement au cri de l'âne.

Synonymes de BRAIRE

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