Définition de ENCRE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : an-kr'

DÉFINITIONS

1
Liqueur ordinairement noire dont on se sert pour écrire, pour imprimer. L'encre pour écrire la plus employée est un tannogallate de protoxyde de fer mêlé de gomme, d'indigo ou de sucre pour lui donner du brillant. Encre indélébile.
Aussi bien de penser rendre cet homme-là plus coupable qu'il ne s'est fait lui-même, ce serait jeter de l'encre sur le visage d'un More
Je soutiendrai mon opinion jusqu'à la dernière goutte de mon encre
Mais je vois venir sur le soir Notre astronomique Émilie, Avec un vieux tablier noir, Et la main d'encre encor salie
Encre rouge, bleue, etc. liquides colorés dont on se sert quelquefois pour écrire.
Encre d'imprimerie, pâte liquide qui consiste en un mélange de noir de fumée et d'huile de lin cuite.
Encre lithographique, encre servant à l'impression lithographique et à peu près semblable à l'encre d'imprimerie.
Encres autographiques, encres avec lesquelles on écrit sur un papier préparé pour transporter les caractères sur les pierres lithographiques.
Sémantique : Fig.
Mille soupçons plus noirs que l'encre s'emparèrent de son imagination
Suer de l'encre, être dans un embarras extrême.
M. de Beauvillier, dont le rang d'opiner était le pénultième des ministres, suait de l'encre d'entendre Torcy
Écrire de la bonne encre ou de bonne encre à quelqu'un, lui écrire sans ménagement, vertement.
C'est la bouteille à l'encre, se dit d'une affaire compliquée et rendue obscure ; et, en parlant d'une personne, se dit d'une personne qu'on ne comprend pas et qui ne se comprend pas elle-même.
Être dans la bouteille à l'encre, être dans le secret d'une affaire, d'une intrigue. On dit plus ordinairement être dans la bouteille.
2
Encre de chine, composition sèche qu'on emploie en détrempe et surtout au pinceau ; elle nous est venue de Chine, où elle est en grand usage.
3
Encre sympathique, encre sans couleur, qui se colore et devient visible quand on traite le papier par la chaleur ou par quelque agent chimique.

REMARQUE

1
Encre a été longtemps d'un genre indécis ; Chifflet, Gramm. p. 248, dit qu'il est des deux genres. Étymologiquement, il devrait être masculin ; mais la terminaison, qui est féminine, l'a emporté.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
De l'anel de son doit seela ceste lettre ; De son sang les escrist, autre enque n'il fist metre
de RUTEBEUF dans II, 105
2
XIVe s.
Et se ce ne velt [veut] faire, je manderai mes hommes ; Tant en ferai venir par parchemin et aincre, Que mater le porrons et en bataille vaincre
dans Girart de Ross. v. 1235
3
XVIe s.
Le roi et la roine en escrivirent de si bonne ancre qu'on le laissa poursuivre
Le sang qui a signé la guerre n'est pas encore sec par les champs ; et aussi peu seche l'ancre qui vient de signer la paix
En descrivant pathetiquement la douloureuse tragedie qui a pali mon ancre de mes larmes
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. III, 537

ÉTYMOLOGIE

1
Génev. encre, s. m. ; wallon, enche ; provenç. encaut ; espagn. encausto ; ital. inchiostro ; anc. vénitien, incostro ; sicilien, inga ; angl. ink. L'origine de ces mots est le latin encaustum, en grec, le terme se traduit par encre rouge avec laquelle les empereurs grecs signaient (ce terme provient de deux mots dont l'un signifie brûlé, voy. ENCAUSTIQUE). Le mot latin et le mot grec s'accentuaient différemment ; le latin avait l'accent sur la syllabe cau, et, comme dans tous les mots tirés du grec où l'accentuation nationale était en conflit avec l'accentuation étrangère, la prononciation de encaustum était tantôt latine : encaústum, tantôt grecque : éncaustum ; du moins c'est ce que montrent les langues romanes qui reproduisent les unes éncaustum (le français, ses patois et le sicilien), les autres encaústum (le provençal, l'espagnol et l'italien).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Plante à encre, coriaria thymifolia (Nouvelle-Grenade), plante dont le suc est excellent pour l'écriture.

Synonymes de ENCRE

Termes proches de ENCRE

Phonétiquement proche de ENCRE