Définition de QUANT
Prononciation : kan ; le t se lie : quant à moi, dites kan-t à moi
DÉFINITIONS
1
Pour ce qui est de.Donnons ordre au présent ; et, quant à l'avenir, Suivant l'occasion nous saurons y fournir
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. II, 4
Quant à l'heureux Sylla, je n'ai rien à vous dire
de Pierre CORNEILLE dans ib. III, 2
Il n'est, pour voir, que l'oeil du maître ; Quant à moi, j'y mettrais encor l'oeil de l'amant
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 21
C'est [une réfutation] ce qui m'oblige à me défier de tout ce que je viens de proposer ; l'abbé de Saint-Pierre disait qu'il ne faut jamais avoir raison ; je suis de son opinion, quant à présent
2
Nature : S. m. Le quant-à-moi, le quant-à-soi, l'indépendance, la fierté qu'on se réserve.Il ferait trop du quant-à-moi ; Il me ferait couper ma jupe
de Paul SCARRON dans Virg. IV
Je suis très aise, madame, que vous approuviez mon quant-à-moi sur le sujet de M. de Guitaut ; et en effet, quand, avec le cordon bleu, il aurait encore l'ordre de la Toison et celui de la Jarretière, il n'y aurait pas de comparaison de lui à moi
de Roger de RABUTIN, Comte de Bussy, dit BUSSY-RABUTIN dans Lett. à Mme de Sév. du 14 oct. 1678, dans SÉV. t. V, p. 494, éd. RÉGNIER
Celui qui le premier a mis les colonies dans le cas de prendre leur quant-à-moi, est un fou
de Denis DIDEROT dans Lett. d'un fermier.
Tenir, garder son quant-à-soi, ou son quant-à-moi, se tenir sur son quant-à-soi, ou son quant-à-moi, tenir sa gravité et sa fierté, prendre un ton, un air qui marque de l'autorité, faire le renchéri.
Et quel était le personnage Qui gardait tant son quant-à-moi ?
de Jean de LA FONTAINE dans Joc.
Quand nous avons quelque différent ma soeur et moi, si je fais la froide et l'indifférente, elle me recherche ; si elle se tient sur son quant-à-moi, je vas au-devant
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, II, p. 140
Voyez comme en silence il tient son quant-à-moi
de Thomas CORNEILLE dans D. Cés. d'Avalos, V, 4
Je ne vous dis pas qu'il faille être sévère, et garder son quant-à-soi avec ses enfants
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât, d'éduc. la Lingère, I, 7
Se mettre sur son quant-à-moi, sur son quant-à-soi, faire le suffisant, le hautain.
Même aux plus avancés demandant le pourquoi, Il se mit sur le pied et sur le quant-à-moi
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
REMARQUE
1
Ménage dit : " M. de Vaugelas permet quant à nous, quant à vous, et condamne seulement quant à moi, à cause de se mettre sur son quant-à-moi. Je suis plus sévère : toutes ces façons de parler ont vieilli, et ne sont plus du bel usage. " L'usage a rétabli ce que l'usage avait détruit, si tant est que Vaugelas et Ménage fussent ici les véritables interprètes de l'usage.HISTORIQUE
1
IXe s.In quant Deus savir et podir me dunat [donne]
dans Serment
2
XIIIe s.Mès contraignance pas n'y fait, Ne quant à soi ne quant as hommes
dans la Rose, 17573
Quant à ce que ja plus en sache Nus hom....
dans ib. 4299
Si tost comme il est pris de cele maladie [lèpre], il est mors quant au siecle
de Philippe de BEAUMANOIR dans LVI, 2
3
XIVe s.Et quant à present soit determiné de science en ceste maniere....
de Nicolas ORESME dans Eth. 174
Quant est de politicques, c'est la science par quoy l'en sçait ....
de Nicolas ORESME dans ib. Prol.
4
XVe s.Je treuve, quant à moy, que les gens sont bien bestes, Qui ne se font plustost au vin rompre les testes, Qu'aux coups de coutelas, en cherchant du renom
de BASSELIN dans 19
5
XVIe s.Quant est de vostre renson, je vous la donne entierement
de François RABELAIS dans Garg. I, 46
Quant est à moy, je suis bien d'advis que....
de Jacques AMYOT dans Sertor. 14
Il faisoit bien le quant à moy
dans Contes d'Eutrapel, p. 104, dans LACURNE
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. quant, quan, cant ; espagn cuanto ; ital. quanto ; du lat. quantum (voy. QUANT 1).