Définition de NIGAUD, AUDE,

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : ni-gô, gô-d'

DÉFINITIONS

1
Qui est sans finesse d'esprit. Il est bien nigaud.
Substantivement, un nigaud, une nigaude.
Ne pouvoir faire un pas sans trouver des nigauds qui vous regardent et se mettent à rire
Et de tout votre bien revêtir un nigaud Pour six mots de latin qu'il leur fait sonner haut
Ah ! monsieur, je m'en souviens, Margot avait si bonne grâce à faire comme cela la nigaude
Le bailli présenta à Mlle Saint-Yves un grand nigaud de fils qui sortait du collége
2
Le nigaud, espèce de petit cormoran, ainsi nommé parce qu'il est encore plus paresseux et plus lourd que les autres cormorans.
3
Jeu de cartes qu'on nomme aussi patience russe.
Au jeu de la loterie, le nigaud, la carte qui n'a pas de lot.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Et qui pis vaut, S'aucun briffaut Vient en leur gaine, Tantost il faut Qu'il soit nigaut, En brief espace
dans le Blason des faulses amours, p. 274, dans LACURNE
2
XVIe s.
Nigaud, badin et plusieurs autres noms

ÉTYMOLOGIE

1
Origine inconnue. Diez, arguant de la finale aud, ald, qui indique d'ordinaire une provenance germanique, forme un type niwald, qu'il rapporte à l'anc. haut-ll. niuwi, niwi, neuf, novice. Faut-il le rapprocher du normand nichot, nijot, nigeou, vétilleux, lambin, nijoter, faire le paresseux, d'origine d'ailleurs inconnue, à moins qu'on n'y voie un dérive de nice ? Le mot populaire niguedouille, qui a à peu près le même sens, paraît de même radical. Enfin on doit citer comme très singulier mais voisin nigosseurement qui se trouve dans un texte du XVe siècle :
Icellui Petit au suppliant : veez cy une lettre bien nigosseurement faicte. Et lors le dit suppliant demanda pourquoy ; et le dit Petit lui dist qu'il y avoit beaucoup plus de terres declarées dedans qu'il n'en estoit contenu au nombre d'icelles
Quant je ne voudroie si sotement niquenocquer
dans Quintilien censeur, p. 184, dans LACURNE

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
NIGAUD. - ÉTYM. Ajoutez : M. Eugène Ritter (les Noms de famille, p. 15), citant les noms propres Nicard, Nicaud, Nigon, Nigaux, comme dérivés de Nicolas, demande si l'adjectif nigaud en est dérivé, comme benêt de benedictus. " Un sens défavorable, dit-il, est attaché à certains noms propres ; le changement de c en g n'est pas rare, témoin les noms de famille Glaudeau, Glaudin, Glaudon ; enfin la finale aud a été appliquée à beaucoup de noms et de mots qui ne sont pas, comme elle, d'origine germanique, et justement avec un sens péjoratif dans courtaud, lourdaud, rougeaud, rustaud, etc. " Cette dernière remarque est opposée à Diez, qui, à cause de la finale germanique aud, voyait dans nigaud un mot germanique. Les formes Nicaud, Nigon, Nigaux, donnent un certain crédit à la conjecture de M. Eugène Ritter.