Définition de ESTOC

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : è-stok

DÉFINITIONS

1
Sémantique : Terme d'eaux et forêts. Souche. Couper un arbre à blanc estoc, le couper au pied sur la souche. Faire une coupe à blanc estoc, la faire sans laisser de baliveaux.
Sémantique : Fig. Être réduit à blanc estoc, être entièrement ruiné.
2
Sémantique : Terme de palais. Souche considérée métaphoriquement comme l'origine d'une famille. Être de bon estoc. Les biens qui viennent de son estoc.
Je lui [à son fils, Charles de Sévigné] mande de venir ici, je voudrais le marier à une petite fille qui est un peu juive de son estoc, mais les millions nous paraissent de bonne maison
Cette fabrication se fait dans les hôtels des monnaies, par des officiers en titre et d'estoc et de ligne, c'est-à-dire de père en fils
dans Dict. des arts et mét. Monnoyeur
Sémantique : Terme de pratique ancienne. Biens de côté estoc et ligne, biens propres de ligne
Sémantique : Fig. Cela ne vient pas de son estoc, cela ne lui vient pas naturellement.
Dites-vous cela de votre estoc ? Dites-vous cela de vous-même ?
3
Estoc volant, bâton ferré que l'on pouvait cacher sous ses habits.
Brin d'estoc, bâton ferré en pointe par les deux bouts.
4
Sémantique : Par extension, ancienne épée droite et fort longue.
La pique dans le poing et l'estoc sur le flanc
Grande épée d'argent doré, bénite par le pape et accordée comme marque de considération.
5
La pointe d'une épée. Coup d'estoc. Frapper d'estoc et de taille.
Sémantique : Fig. D'estoc et de taille, de quelque manière que ce soit.
N'importe, parlons-en et d'estoc et de taille, Comme oculaire témoin
6
Vase aplati sur lequel le faïencier empile la terre molle.
Instrument avec lequel il arrondit les vases sur le tour. Si la pièce est délicate, il l'égalise avec une espèce de lame de bois appelée estoc, Dict. des arts et mét. Porcelaine.
7
Sémantique : Terme d'argot de jeu. Faire l'estoc, faire passer dessous la carte de dessus sans qu'on s'en aperçoive.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Bon ente en bon estoc deit bien fructifier
dans Th. le mart. 128
2
XIIIe s.
Renart, qui moult estoit soutis [subtil], Sur un estoc [tronc d'arbre] s'estoit asis
dans Ren. 1982
Il n'estoit nus vivans qui peust savoir le premier estoc dont li heritage vint
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLIV, 8
Ferir de pointe, que les Franczeis appellent ferir d'estoc
de Jean Chopinel, dit Jean DE MEUNG dans Végèce, I, 12
3
XIVe s.
Selon ce que il sont plus près ou plus loing de la premiere racine ou souche, ou estoc
Lors assalent païens : chil [ceux-ci] qui ont lons bastons Les frapoient d'estoc, parmi les haubergons
dans Baud. de Seb. v, 204
4
XVe s.
Or m'est avis que c'est grand ennui de piteusement penser et aussi considerer que ces grands bourgeois et nobles bourgeoises et leurs beaux enfants, qui d'estoch et d'extraction avoient demeuré, et leurs devanciers, en la ville de Calais, devinrent [après le siége de Calais]
Estoc d'oneur et arbres de vaillance, La flour des preux et la gloire de France
de Eustache DESCHAMPS dans Sur la mort de Guesclin.
Lequel d'estoc et de taillant Endure mainte passion D'amours qui le vont assaillant
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 80
Haches pareilles desquelles ils combattront d'estoc de mail ou de taille
dans Jehan de Saintré, ch. 48
Là devant en estoc [tout droit] pendoit un escu blanc, et y avoit appuyé deux glaives [lances] et deux espées
dans Lancelot du Lac, t. III, f° 60
Les monnoieurs d'estoc et de ligne
dans Ordonn. mars 1483
Les pires sont les plus heureux Qui prennent de taille et d'estoc
dans Rec. de farces, etc. p. 129
5
XVIe s.
Et combien que de son propre estoc il eust grande dignité de noblesse, pour estre de la race et maison des Servius
de Jacques AMYOT dans Galba, 3
Il fut à la fin rembarré d'un coup d'estoc qui luy donna droit dedans la bouche par telle violence, que la poincte de l'espée luy vint à ressortir par derriere au chinon du col
de Jacques AMYOT dans Cés. 59
Il y en a [des contes] de tous bois, de toutes tailles, de tous estocs, à tous prix et à toutes mesures, fors que pour pleurer
Le meslier ou nefflier se plaist d'estre enté, voir sur divers estocs : sur soi-mesme, sur poirier, sur pommier, sur coignes et sur aubespin
de Olivier DE SERRES dans 694
[Les piqueurs] Suyvant de près la meute, et sans se soucier De fossé, ni d'estoc, ni d'espineux roncier
dans Plaisir des champs, p. 159

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, stock, tronc d'arbre ; génev. et lorrain, estoc, esprit, imagination ; provenç. estoc ; espagn. et portug. estoque ; ital. stocco ; de l'allem. Stock, bâton ; mot qui se trouve aussi dans le celtique : gaélique, stoc, bâton. En Normandie, les forestiers prononcent blanc étoc. Brin d'estoc est une altération (voy. BRIN) de l'allemand Spring stock, bâton qui aide à sauter, à franchir ; on aurait dû au moins écrire brind-estoc.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Armes d'estoc, armes qui agissent spécialement par la pointe ; armes d'estoc et de taille, armes qui peuvent agir par le tranchant et par la pointe.

Synonymes de ESTOC

Termes proches de ESTOC