Définition de ESTIME

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : è-sti-m'

DÉFINITIONS

1
Sentiment qui attache du prix à quelqu'un ou à quelque chose.
Nous avons une si grande idée de l'âme de l'homme que nous ne pouvons souffrir d'en être méprisés, et de n'être pas dans l'estime d'une âme ; et toute la félicité des hommes consiste dans cette estime
Il est important de se conserver dans l'estime de son confesseur
Qu'un voisin malicieux à vous ruiner s'apprête, Ou menace votre tête Par des crimes supposés, L'estime a les bras croisés ; Qu'il vous faille pour ressource Un prompt secours de sa bourse Dans quelque péril urgent, L'estime n'a point d'argent
de Paul PELLISSON dans Recueil de pièces galantes, dans RICHELET
Elle n'en parle pas avec beaucoup d'estime
Quel spectacle de voir et d'étudier ces deux hommes [Condé et Turenne], et d'apprendre de chacun d'eux l'estime que méritait l'autre !
Tous les métiers étaient en estime
Sait-il en sa faveur jusqu'où va votre estime ?
Vous devez avoir une haute estime pour Idoménée
La véritable estime est celle qui est distribuée par des hommes dignes d'être estimés eux-mêmes
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Ess. sur la soc. des g. de lett. Oeuvres, t. III, p. 102, dans POUGENS.
L'estime est un sentiment tranquille et personnel
de Jean-François MARMONTEL dans Fragm. philos. mor. gloire
Estime de soi-même, la juste opinion de soi que donne une bonne conscience. La source de toutes ses consolations est dans l'estime de lui-même.
L'estime de soi-même est le plus grand mobile des âmes fières ; l'amour-propre fertile en illusions se déguise et se fait prendre pour cette estime
Faire estime, estimer, faire cas.
Et faire les choses sans art Est l'art dont ils font plus d'estime
de François de MALHERBE dans VI, 10
Vous méprisez trop Rome, et vous devriez faire Plus d'estime d'un roi qui vous tient lieu de père
Et quelle estime, mon père, voulez-vous que nous fassions du procédé irrégulier de ces gens-là ?
Certes de Spartacus c'est faire grande estime Que d'oser en mon camp vous commettre à ma foi
de SAURIN dans Spart. III, 4
Voltaire a critiqué cette locution ; mais elle est suffisamment justifiée par l'usage et par l'analogie (comparez FAIRE CAS).
Être perdu d'estime et de réputation, passer pour un homme sans probité et sans honneur.
Être en grande estime, jouir d'une grande réputation.
2
Estime au sens passif, pour l'estime qu'on inspire, bonne réputation, gloire.
Mon estime ne dépend point de vous
de Claude Favre de VAUGELAS dans Observ.
Ainsi vous me rendrez l'innocence et l'estime, Lorsque vous punirez la cause de mon crime
Il faut le délivrer du péril et du crime, Assurer sa puissance et sauver son estime
....Pour éviter le crime D'employer à te peindre un pinceau sans estime
de Pierre CORNEILLE dans Remerc.
au roi, en 1663, La grande estime que vos bonnes qualités vous ont donnée a déjà fait le coup le plus important de cette affaire
Et qu'il eût mieux valu pour moi, pour mon estime, Suivre les mouvements d'une peur légitime
L'estime de modération qu'il avait même parmi les nôtres
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Réfut. du cat. de Ferry.
Son estime ne sait que trop bien éclater ; Sa gloire va si loin qu'elle est à redouter
de QUINAULT dans Bellér. I, 3
Mettre en estime, mettre en réputation, rendre digne d'estime.
Par quels faits valeureux N'as-tu mis ta gloire en estime ?
de François de MALHERBE dans IV, 5
Et pense auprès de vous se mettre en haute estime
J'y vois la haute estime où sont vos grands exploits
La guerre en quelque estime avait mis mon courage
Voltaire a critiqué cet emploi d'estime ; sa critique, qui n'est pas valable contre le XVIIe siècle, prouve facilement qu'au XVIIIe cet emploi était en désuétude. Mais, à présent, rien n'empêche d'utiliser cette acception, qui, du reste, appartient aussi au XVIe siècle.
3
Opinion, jugement, appréciation.
J'ai mal connu César ; mais puisqu'en son estime Un si rare service est un énorme crime....
C'est de mon jugement avoir mauvaise estime, Que douter si j'approuve un choix si légitime
Un médisant ne peut réussir, s'il n'est en estime d'abhorrer la médisance
En quelle estime est-il, mon frère, auprès de vous ? - D'homme d'honneur, d'esprit, de coeur et de conduite
Voyons ce que c'est ; suivant l'espèce de la chose, je ferai l'estime de votre silence
4
Évaluation approximative, surtout en termes de mer.
Le tailleur [un homme dont on avait démoli la maison pendant son absence] les suit [les arbres] à l'estime, puis croise et ne trouve plus sa maison
Les déterminations astronomiques de plusieurs points qui n'étaient connus auparavant que par des estimes
La géographie est bien éloignée de ce degré de perfection : la position d'une grande partie des villes, le cours des fleuves, la forme des côtes, tous ces objets ne sont connus souvent que par des observations grossières, des estimes de voyageurs, des détails d'itinéraires, des comptes inexacts

HISTORIQUE

1
XVe s.
Et y mourut trente ou quarante gentilshommes d'estime
de Philippe de COMMINES dans VIII, 16
2
XVIe s.
On ne fait pas moins de tort à l'homme en lui ostant sa bonne estime [réputation] qu'en le despouillant de sa substance
Tout ce que les oeuvres ont de valeur et estime, elles l'ont au regard de l'obeissance que nous rendons à Dieu, laquelle seule il regarde
de Jean CALVIN dans ib. 957
Nous devons avoir en estime leur exemple
de Jean CALVIN dans ib. 1006
L'ouvraige, par estime de tous, excedoyt en prix la matiere
Xenagoras ne prit pas ceste mesure à la volée, ny par estime seulement, ains seion les regles de l'art
de Jacques AMYOT dans P. AEM. 25
Desquels fonds ils font quatre ou cinq prix appellés estimes ; mettans les plus fertiles et gras à la premiere
de Olivier DE SERRES dans 12

ÉTYMOLOGIE

1
Voy. ESTIMER ; wallon, astème, astome, supputation ; provenç. et espagn. estima ; italien, stima.

Synonymes de ESTIME

Termes proches de ESTIME

Phonétiquement proche de ESTIME