Définition de PTRACEAU
Prononciation : pré-fé-ré. La syllabe fé prend un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette : je préfère ;
DÉFINITIONS
1
Se déterminer en faveur d'une personne, d'une chose plutôt que d'une autre.Et n'a-t-il pas raison [l'Ecclésiaste] de préférer la simplicité d'une vie particulière.... aux soucis et aux chagrins des avares, aux songes inquiets des ambitieux ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Maintenant qu'elle a préféré la croix au trône, et qu'elle a mis ses malheurs au nombre des plus grandes grâces
Vous pensez sans doute comme Julien, ce grand homme si calomnié, qui disait que les amis doivent toujours être préférés aux rois
Celui qui préfère la vérité à sa gloire peut espérer de la préférer à sa vie
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. 2e préf.
Qu'on ne demande pas s'il faut préférer l'agriculture aux manufactures, ou les manufactures à l'agriculture ; il ne faut rien préférer : il faut s'occuper de tout
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Comm. gouv. I, 29
Nature : Absolument.
On n'aime qu'après avoir jugé, on ne préfère qu'après avoir comparé
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
Préférer n'est pas sentir, c'est se déterminer, c'est agir
de Charles BONNET dans Ess. anal. âme, X
Préférer avec l'infinitif, sans préposition. Il préfère mourir.
Préférer avec de et l'infinitif.
J'ai préféré de payer mes dettes
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 juin 1685
Je préférerais de prononcer le discours funèbre de celui à qui je succède, plutôt que de me borner à un simple éloge de son esprit
de Jean de LA BRUYÈRE dans Disc. à l'Acad. fr.
Je [czar Pierre Ier] préférerai de les transmettre [mes peuples] plutôt à un étranger qui le mérite, qu'à mon propre fils qui s'en rend indigne
Préférer avec que et le subjonctif.
Je préfère qu'il parte
dans Dict. de l'Acad.
2
Se préférer, Nature : v. réfl. Se donner la préférence à soi-même. C'est un égoïste qui se préfère à tout.REMARQUE
1
1. Laveaux a voulu établir une distinction entre préférer suivi d'un infinitif sans préposition, et d'un infinitif et de la préposition, disant que, quand l'infinitif est seul, il ne faut pas de préposition, et qu'il en faut une dans le cas contraire : ainsi on mettrait : il préfère mourir ; mais on mettrait : je préfère de mourir avec vous plutôt que de vous trahir. Cette règle est arbitraire : de peut être mis ou supprimé.2
2. Je préfère beaucoup ou de beaucoup l'honnête à l'utile. Les deux se disent et sont bons.3
3. Il ne faut pas traiter préférer comme un comparatif, et dire : je préfère sortir que rester à la maison. En ce cas on remplace préférer par aimer mieux.HISTORIQUE
1
XIIe s.N'i a donne [dame] tant riche [qui] ne la requiere, De ses ovres à fere ne la profiere
dans Gerart de Ross. p. 362
2
XIVe s.Il n'i ot nul en toute la juvente romaine qui par nul art li peust estre comparez ou preferez
de Pierre BERCHEURE dans f° 20, recto.
Elle [verité] doit estre preferée et honorée plus que l'oppinion de son ami
de Nicolas ORESME dans Eth. VI, 10
3
XVe s.Le bien commun [le prince] doit sur touz preferer
de Eustache DESCHAMPS dans Des vertus nécess. au prince.
Le roy René le prefera [son neveu] devant ledit duc de Lorraine, qui estoit fils de sa fille
de Philippe de COMMINES dans VII, 1
4
XVIe s.Par quoy je dy, tout propos debatus, Qu'il n'est vivant qui ores le prefere [soit préférable] D'honneur et los
de Jean des Mares ou Des Marets, dit Jean MAROT dans V, 261
Encore que l'on ne luy feist point de tort de preferer Pompeius à luy
de Jacques AMYOT dans Crassus, 10
Nous nous preferons aux aultres animaux
de Michel de MONTAIGNE dans II, 205
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. et espagn. preferir ; ital. preferire ; du lat. praeferre, altéré par les bouches romanes en praeferire ou praeferare ; de prae, en avant, et fêrre, porter.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Se préférer. Ajoutez :L'a-t-on jamais vu [Corneille] se préférer à aucun de ses confrères ?
de Jean RACINE dans Disc. acad.