Définition de MSITIQUE
Prononciation : chô - mé
DÉFINITIONS
1
Ne pas travailler parce qu'on solennise une fête. Les dimanches on chôme.Profitons, s'il se peut, d'un si fameux exemple ; Chômons ; c'est faire assez qu'aller de temple en temple, Rendre à chaque immortel les voeux qui lui sont dus
de Jean de LA FONTAINE dans Filles de Minée.
2
Ne pas travailler par manque d'ouvrage. Un bon ouvrier chôme rarement. Les ouvriers chôment bien souvent dans les saisons rigoureuses, dans les crises industrielles.Ne pas travailler pour une raison quelconque.
Nous suons, nous peinons comme bêtes de somme ; Et pour qui ? pour lui seul : nous n'en profitons pas ; Notre soin n'aboutit qu'à fournir ses repas ; Chômons, c'est un métier qu'il veut nous faire apprendre
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 2
Ne t'attends pas que je t'aide un seul brin, Ni que par moi ton labeur se consomme ; Je t'ai jà dit que j'étais gentilhomme, Né pour chômer et pour ne rien savoir
de Jean de LA FONTAINE dans Papef.
3
Sémantique : Par extension. Ce moulin, ce canal chôme, ils ne travaillent pas. La monnaie chôme, les ateliers de monnayage ne travaillent pas. La terre chôme, elle est en jachère. L'argent chôme, il ne produit pas d'intérêt.4
Chômer de, manquer de. Chômer de besogne. N'épargnez pas le bois, on ne vous en laissera point chômer. Partez, vous ne chômerez pas d'argent pour votre voyage.5
Nature : V. a. Solenniser par la cessation du travail.Constantin établit que l'on chômerait le dimanche
Au lieu de chômer les saints et de faire pénitence
de Paul Louis COURIER dans I, 211
Qu'on me révère et qu'on chôme ma fête
de Jean de LA FONTAINE dans Diable.
Mais à quoi sert Bacchus qu'à causer des querelles ?... Et nous irons chômer la peste des humains !
de Jean de LA FONTAINE dans Filles de Minée.
Vierge n'était, martyr et confesseur Qu'il ne chômât
de Jean de LA FONTAINE dans Cal.
Tous les voisins chômèrent la défaite De ce démon
de Jean de LA FONTAINE dans Papef.
PROVERBES
1
Il ne faut point chômer les fêtes avant qu'elles ne soient venues, il est imprudent de se réjouir de ce qui est à venir, et aussi il ne faut pas s'affliger d'un mal qui n'est pas encore venu et qui peut-être ne viendra pas.Laissons venir la fête, avant que la chômer
2
Exemple : C'est un saint qu'on ne chôme plus, se dit d'un homme qui a perdu crédit, pouvoir, réputation.L'honneur est un vieux saint que l'on ne chôme plus
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XII
REMARQUE
1
1. Régnier écrit chommer, ainsi que La Fontaine : [la goutte] S'étend à son plaisir sur l'orteil d'un pauvre homme, Disant : je ne croïs pas qu'en ce poste je chomme, Fabl. III, 8. Cette orthographe et cette prononciation sont tout à fait hors d'usage.2
2. L'orthographe et la prononciation chômer reproduit non la plus ancienne orthographe qui est chomer, mais celle qui s'introduisit durant le XVIe siècle et le XVIIe siècle, chaumer.HISTORIQUE
1
XIIIe s.Menage fait prendre mal somme ; Menage hait celui qui chome Et rien ne fait
dans Choses qui faillent en menage
À grans trais boivent vin d'Auchuerre, Pour miex chomer desor le fuerre
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans chomare.
2
XIVe s.Car ilz sçavent que telz metaulx Sont tous morts (ici point ne faulx), Que jamais plus ne reprendront Substance et vie, ains chomeront, Et l'un à l'autre n'aydera
dans Traité d'alch. 566
3
XVe s.Je vous prie, vous qui estes par de là, avisiez à fraper un beau coup sur le duc de Bourgogne.... et j'espere faire si bonne diligence par deçà que vous connoissiez que je n'ay pas chomé tant que j'y auray demeuré
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Preuv. de Louis XI, p. 399, dans LACURNE
Et si lui dirent les maistres [maçons à un prince qui faisait bâtir un château] que le demourant estoit legier, mais qu'il fist finance de la couverture, car il n'avoit que chommer
dans Perceforest, t. VI, f° 93
4
XVIe s.Ainsi sans doubte il chommera moins [sera moins oisif] que les aultres
de Michel de MONTAIGNE dans I, 182
Mon corps ne me laisse pas une heure, ny dormant, ny veillant, chomer d'instructions de mort
de Michel de MONTAIGNE dans III, 306
Nous nous investissons des facultez d'aultruy et laissons chomer les nostres
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 219
Ce pendant Aemilius ne chommoit pas de son entendement, et ne laissoit à tenter et essayer expedient quelconque pour tascher à faire quelque chose
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 20
Il ne laissoit pas pour cela chommer ses gens, ains les contraignoit de travailler
de Jacques AMYOT dans Sylla, 36
La pluie survenant, ou les gelées cheans dessus [les oliviers], faut avec patience chommer de ce labeur [la cueillette]
de Olivier DE SERRES dans 706
Les jectons du cep sortent plus tost à travers la terre molle que par la dure qui aura chomé
de Étienne de LA BOÉTIE dans 343
Quant je chomme, je ne besongne pas
de G. DU GUEZ dans dans PALSGR, p. 1014
Mieulx vault chomer que mal besogner
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 347
Des lors qu'il se mist aux guerres, il ne chauma pas d'en apprendre de bonnes leçons
Tant y a qu'il ne chauma pas en sa captivité [il n'y demeura pas]
de Pierre de Bourdeille, seigneur et abbé de BRANTÔME dans Dragut.
Il vaut mieux perdre que chomer
dans Div. leçons de P. Messie, f° 89, dans LACURNE
ÉTYMOLOGIE
1
Berry, chômer, chaumer, tarder ; Saintonge, chomer, manquer ; génev. chogner ; bourguig. chomai. Diez le tire du même radical que calme ; mais cela donnerait chaumer, non chomer, qui est l'ancienne orthographe ; l'allemand saümen, suédois suma, islandais soema, hollandais zuymen, tarder, agir avec lenteur, est plausible, sauf la difficulté du changement de l's en ch, laquelle cependant n'est pas absolue. Reste le celtique qui réunit le plus de probabilité : bas-bret. choum, s'arrêter, cesser ; gaél. cum, arrêter.