Définition de CERTES
Prononciation : sèr-t'
DÉFINITIONS
1
Certainement, en vérité, à coup sûr.En quoi certes personne ne le surpassa jamais
de Claude Favre de VAUGELAS dans dans BOUHOURS
Certes, messieurs, le barreau n'a vu que trop de ces malheureux
de PATRU dans Plaidoyer, dans BOUHOURS, Nouv. rem.
Mais certes c'en est trop d'aller jusqu'à la joie
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 1
Certes l'exemple est rare et digne de mémoire
de Pierre CORNEILLE dans ib. IV, 2
Certes les chrétiens ont d'étranges manies
de Pierre CORNEILLE dans Poly. IV, 5
Certes plus je médite, et moins je me figure Que vous m'osiez compter pour votre créature
de Jean RACINE dans Brit. I, 2
REMARQUE
1
On trouve peu d'exemples de certes écrit sans s ; Ménage en rapporte un de Michel Marot : J'ai trouvé certe une chose bien rare Au cabinet de mon père Marot. En voici un de Molière : Cela certe est fâcheux. - Oui, plus qu'on ne peut dire, Tart. IV, 5. Cette licence a été prise aussi par V. Hugo : Certe on peut parler de la sorte, Quand c'est au canon qu'on répond, Orient. 35.HISTORIQUE
1
XIe s.Non ferez certes, dist li quens Oliviers
dans Ch. de Rol. XVIII
2
XIIe s.Certes, dit Charles, trop avez mal talent
dans Roncisv. 14
Certes, dame, moult s'honneure Qui courtois est contre tort
dans Couci, IV
Diex ! tant avons esté preus par huiseuse [oisiveté] ; Or verra on qui à certes ert [sera] preus
de QUESNES dans Romanc. 94
Par Dieu, vassal, jel [je le] di pour vous gaber ; Cuidiez-vous donc qu'à certes [je] le vous die ?
dans ib. 108
Certes, seigneur, dist-il, trop tost le saura on
dans Sax. XX
3
XIIIe s.La royne me pria si à certes comme elle pot
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 171
4
XVe s.La fille lui respond : Certes, mere, nenni
de LOUIS XI dans Nouv. XI
Vous voyez bien que c'est à certes [pour tout de bon], quand de rechef s'est apparu l'ange vers moi
de LOUIS XI dans ib.
Chargeant à chacun, par exprès et bien à certes, qu'il ne faille pas à son heure assignée
de LOUIS XI dans ib. XXXIV
5
XVIe s.Aucuns personnages m'ont amiablement, mais acertes, adverty que....
de Martin DU BELLAY dans 311
Socrates avoit seul mordu à certes au precepte de son Dieu : de se cognoistre
de Michel de MONTAIGNE dans II, 62
J'en vaulx certes bien mieulx
de Michel de MONTAIGNE dans II, 83
Il ne pouvoit croire qu'ils eussent parlé à certes [sérieusement] d'une si vaine matiere
de Michel de MONTAIGNE dans II, 239
Quand Platon escript selon soy, il ne prescrit rien à certes
de Michel de MONTAIGNE dans II, 244
Quand il vit qu'ilz parloient à certes, il leur monstra du doigt le camp des Romains
de Jacques AMYOT dans Lucull. 19
Elle luy respondit magnanimement certes, sans se troubler ny estonner
de Jacques AMYOT dans Dion, 25
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. et anc. espagn. certas ; catal. certes. Il y avait l'ancien adjectif cert, dont certes, certas, est le pluriel féminin. La locution complète est à certes, que l'on trouve en effet, et sous-entendu un substantif indéterminé féminin pluriel, comme voies, manières, choses ; elle suppose une forme latine a certis ; c'est pour cela que certes s'est toujours écrit avec une s, qui, comme on voit, n'est point un caprice d'orthographe et qui seule permet de comprendre comment certes a un sens adverbial. Certus est, par métathèse, pour cretus, participe passé de cernere, séparer, distinguer, le même que le grec, juger (voy. CRISE).