Définition de LABEUR
Prononciation : la-beur
DÉFINITIONS
1
Terme du style relevé et poétique. Travail pénible et suivi.Donc un nouveau labeur à tes armes s'apprête ; Prends ta foudre, Louis....
de François de MALHERBE dans II, 12
Moi qui n'ai ni l'esprit ni l'haleine assez forte Pour te suivre de près et te servir d'escorte, Je me contenterai, sans me précipiter, D'admirer ton labeur, ne pouvant l'imiter
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IX
....Le boeuf vient à pas lents ; Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête, Il dit que du labeur des ans Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. X, 2
Un octogénaire plantait.... Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ?
de Jean de LA FONTAINE dans ib. XI, 8
On exige que vous connaissiez ceux que les fatigues de l'âge et de leurs labeurs ont épuisés
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Aumône.
Loin des livres modernes, ces cruels sophismes dont on berce les riches et les grands qui s'endorment sur les labeurs du pauvre, ferment leurs entrailles à ses gémissements....
2
Il se dit pour labour dans cette phrase-ci : Ces terres sont en labeur, elles sont en culture, par opposition à terres en friche.Bêtes de labeur, celles qui servent pour la culture et le labourage.
3
Sémantique : Terme d'imprimerie. Ouvrages de labeur, ouvrages considérables et tirés à grand nombre, par opposition à ouvrages de ville qui sont de peu d'étendue et se tirent à moindre nombre.Presse à labeurs, presse destinée aux ouvrages de luxe.
REMARQUE
1
Chateaubriand, au lieu de travail en parlant d'une femme qui enfante, a dit labeurs, en imitation du latin labores qui a ce sens : Adam, témoin des labeurs de son épouse, et recevant dans ses bras Caïn, l'éleva vers le ciel, Génie, I, III, 2.HISTORIQUE
1
XIIe s.De tribulaciun apelai le segnor, e exoït [entendit] mei en laür li sire
dans Liber psalm. p. 179
Jà n'iert perie ma labours, Se fins cuers puet d'amors joïr
de CHRESTIEN DE TROYES dans dans HOLLAND, p. 234
Ne vus metez en eire [voyage] ne en si grant labur
dans Th. le mart. 85
2
XIIIe s.À cix [ceux] qui se doivent vivre de lor labor
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXIV, 13
3
XIVe s.[Il] Aroit fait à vo gré et paiet ma labour
dans Baud. de Seb. VII, 651
Mais, se Dieu plaist, par mon labeur pourra estre mieux entendue ceste noble science
de Nicolas ORESME dans Prol.
C'est très grascieuse labeurs
de J. DE CONDET dans p. 173
4
XVe s.Et faut que de nous [paysans] vienne et de nostre labour ce dont ils [les nobles] tiennent les estats
de Jean FROISSART dans II, II, 106
Voult de rechef Bouciquaut aller au labeur d'armes en frontieres au pays de Picardie
dans Bouciq. I, 13
Les nobles hommes, citadins, mechaniques, gens de labeur et de toutes autres conditions
dans Perceforest, t. IV, f° 3
5
XVIe s.Jouir du fruit de son labeur
de Jacques AMYOT dans Arist. et Caton comp. 8
Qui aime labeur parvient à honneur
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 382
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. labor, laor ; espagn. labor ; ital. lavoro ; du lat. laborem, labeur. Labor tient au radical sanscrit rabh, désirer, agir violemment ; il s'y rapporte lettre pour lettre, l'r du sanscrit se changeant en l dans le latin (voy. le radical sanscrit ruc, lat. lucere) ; le sanscrit â-rabh, agir avec vigueur, a donné l'ancien haut allem. arapeit, d'où l'allemand moderne Arbeit, travail. Dans les meilleurs textes, labeur, labor, labour est du féminin, comme c'est la règle quand un nom latin en or se transforme en mot français ; mais on le trouve aussi masculin de bonne heure ; c'est cette irrégularité qui s'est implantée dans la langue moderne. On remarquera laür, fait suivant les règles de l'ancienne langue, qui laisse tomber les consonnes latines intermédiaires.