Définition de EMPLETTE
Prononciation : an-plè-t'
DÉFINITIONS
1
Action d'employer une somme d'argent en achats. Ce sens, qui est le primitif, a vieilli.Être en emplette, se disait autrefois d'un marchand qui était en voyage pour acheter ce qui lui était nécessaire.
Son mari donc se trouvant en emplette
de Jean de LA FONTAINE dans Fais.
On dit encore aujourd'hui : Faire ses emplettes, aller aux emplettes dans les villes de fabrique.
Être de bonne emplette, être bon à acheter ; et fig. en parlant des personnes, avoir bon air.
La dame était de bonne emplette encore
de Jean de LA FONTAINE dans Berc.
2
Aujourd'hui en un sens plus restreint, achat de marchandises, d'objets de peu de conséquence ou d'usage et de service ordinaire.J'ai su là-bas que pour quelques emplettes Éliante est sortie et Celimène aussi
Un bloc de marbre était si beau Qu'un statuaire en fit emplette
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IX, 6
Il s'embarqua à Livourne pour Londres, quoique dans un âge déjà fort avancé, et il alla de Londres à Amsterdam, finir ses savantes emplettes
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Marsigli.
Des fleurs de votre teint Où faites-vous emplette ?
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Lisette.
3
L'objet acheté. Montrer ses emplettes.Tout allait bien, quand leur emplette, En passant par certains endroits, Remplis d'écueils et fort étroits Et de trajet fort difficile, Alla toute emballée au fond des magasins Qui du Tartare sont voisins
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XII, 7
REMARQUE
1
L'usage permet qu'on dise faire emplette d'un objet, sans article.SYNONYME
1
EMPLETTE, ACHAT. Achat est plus général, il peut se dire non-seulement des objets considérables, mais aussi des menus objets ; au lieu que emplette ne peut se dire que de ceux-ci. J'ai fait l'achat ou l'emplette d'un chapeau ; mais j'ai fait l'achat et non l'emplette d'une maison, d'un domaine.HISTORIQUE
1
XVe s.Les marchans qui estoient alez audit pays de Bourgongne pour faire leurs amplettes
de J. DE TROYES dans Chron. 1467
2
XVIe s.Comme une vaine monnoye inutile à tout aultre usage et emploite qu'à compter et jecter
de Michel de MONTAIGNE dans I, 43
Si j'amasse, ce n'est que pour l'esperance de quelque voisine emploite
de Michel de MONTAIGNE dans I, 317
L'employte [acquisition] de la science est bien plus hazardeuse que de toute aultre viande ou boisson
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 194
Marchands qui vont à l'emploicte, sont tousjours bien garnis et montés
de Vincent CARLOIX dans IV, 17
Et lui faschoit d'avoir perdu sa femme si tost, la quelle estoit encore de bonne emploite
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, X
Un marchant qui seroit asseuré de cent escus en achapt de draps y perdre mille escus, se gardera très bien d'y faire emploicte, ny d'en desbourcer un denier
de FROUMENTEAU dans Finances, 3e livre, p. 437
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. empleytar, acheter ; bas-lat. implicare, dépenser, implicita, dépense. Emploicte, ancienne forme, est l'équivalent exact d'implicita, d'implicare (voy. EMPLOYER), et signifie proprement la somme employée à l'achat.