Définition de BRASSER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : bra-sé

DÉFINITIONS

1
Opérer les mélanges nécessaires pour la fabrication de la bière. Brasser de la bière.
2
Remuer, agiter ensemble. Brasser de l'or et de l'argent fondus dans le creuset. Brasser la paillasse d'un lit.
Disant ceci, toujours son lit elle brassait
3
Sémantique : Fig. et en mauvaise part, tramer, pratiquer secrètement. Brasser une trahison, une perfidie.
L'empereur ne savait rien de ce qu'on brassait contre sa famille
de PERROT D'ABL. dans Tacite, 255
Méchante femme ! À ton mari tu brassais un tel tour
de Jean de LA FONTAINE dans Coc.
Sans qu'il se doute.... De ce qu'amour en dehors vous lui brasse
de Jean de LA FONTAINE dans Cuv.
J'étais venu afin de brasser mort à ce mage [Smerdis]
Se brasser, Nature : v. réfl. Être brassé, tramé.
Il se brassait une conspiration conçue à Vienne, tramée à Rome, et prête d'éclater à Naples
4
Sémantique : Terme de pêche. Agiter et troubler l'eau avec des bouloirs pour faire donner le poisson dans les filets.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Mais ore oiez que il li brace, Qu'il engigne, qu'il li porchace Sa mort e sa destruction
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 691
2
XIIIe s.
Nus ne puet ne ne doit vendre cervoise ailleurs que en l'ostel où en [on] la brasse
dans Liv. des mét. 30
Tant a bracié la serve et tant s'en est peinée....
dans Berte, XVI
Qui a fait à ma fille brassier si fait chaudel ?
dans ib. LXXXV
Nous savons bien que li quens Renaus a brasset ceste boulie, pour le descort dou conte de saint Pol
dans Chr. de Rains, 145
Chantecler, n'en sui pas en dot, Avez ceste traïson tote, Ce m'est vis, quise et porchaciée ; Mainte mauvestié as braciée
dans Ren. 29932
Toutevoies [il] tornoie et brace Por issir, mès riens ne li vaut
dans ib. 5088
Dames lor braceront tel poivre, Si pueent en lor laz cheoir, Qu'il lor en devra mescheoir
dans la Rose, 10934
J'ai par moi-meïsme brassé Mesaise que tousjours aurai
dans Bl. et Jeh. 1044
Jherusalem, ahi ! ahi ! Com t'a blecié et esbahi Vaine gloire, qui toz maus brasse
de RUTEBEUF dans 104
3
XIVe s.
Et il dit que par vous en fu li fais brassés
dans Baud. de Seb. VI, 700
4
XVe s.
[Jean Lyon] veoit bien que Gisebrest Mahieu avoit en ce voyage brassé aucune chose contre lui
5
XVIe s.
De mal brasser vient l'amere boisson
Adverti d'une conjuration que luy brassoit Cinna
de Michel de MONTAIGNE dans I, 128
D'aultres rendent la gorge à veoir brasser un lict de plume
de Michel de MONTAIGNE dans I, 184
Ainsi comme Menestheus brassoit ceste menée, la guerre survint là dessus
de Jacques AMYOT dans Thés. 41
Perseus, voyant qu'Aemylius ne se remuoit point du lieu où il estoit, ne se doubtoit point aussi de la venue qu'on luy brassoit
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 36
Brassant et versant de l'eau de puits d'un verre en autre
de Ambroise PARÉ dans XX, 23

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, bréser ; bas-lat. brassare, braciare, brachare, brasiare, braxare, brassicare, bratsare ; anc. espagn. brasar ; allem. brauen ; angl. to brew. On regarde ordinairement brasser comme venant de bras, et comme signifiant remuer avec les bras ; mais quand on prend en considération brasium, braseum, bracium, brace, qui signifient orge trempée dans l'eau, le wallon brâ, ancien wallon braz, le namurois brai, blé préparé pour faire de la bière ou du genièvre, le wallon brahî, torréfier le blé germé pour en faire du brâ ; le rouchi grain bragé, braisé, brésé ; on reconnaît que brace, mot qui se trouve dans les auteurs latins et qu'ils donnent pour gaulois, est l'origine de brasser. Ce mot existe en effet dans le celtique : kymri, brag ; gaél. bracha, braich, grain fermenté ; bas-breton, bragez, germe de grain. Les germanistes accordent que l'allemand brauen vient du bas-latin braxare, et non braxare de brauen. La véritable orthographe serait non brasser, puisque le mot ne vient pas de bras, mais bracer, comme on l'écrivait généralement dans l'ancienne langue.

Synonymes de BRASSER

Termes proches de BRASSER

Phonétiquement proche de BRASSER