Définition de MOUDRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : mou-dr'

DÉFINITIONS

1
Mettre en poudre par le moyen du moulin.
Les Grecs et nous autres Siciliens, les Romains même n'ont pas encore l'usage de ces maisons ailées [les moulins à vent] ; nous ne savons que fatiguer les mains de nos esclaves à moudre grossièrement ce blé que nous arrachons à la terre avec tant de peine
Moudre en grosse, moudre avec des meules serrées et en fabriquant la farine dans une seule opération.
Moudre à façon, par parcelles, moudre avec un système où la trémie n'est pas alimentée d'une manière continue.
Nature : Absolument. Ce moulin moud trop gros.
Sémantique : Terme de marine. L'horloge moud, le sable passe.
2
Il se dit du café qu'on réduit en poudre grossière à l'aide d'un petit moulin portatif.
Il ne faut jamais moudre le café avant son entier refroidissement
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Maison rust. t. III, p. 365, dans POUGENS
3
Sémantique : Terme de métallurgie. Concasser, à l'aide d'un moulin, le minérai, avant de le soumettre aux opérations ultérieures.
La nécessité d'aller moudre le minerai à une distance très considérable
4
Sémantique : Fig. Moudre un homme de coups, le battre violemment.
5
Se moudre, Nature : v. réfl. Être moulu. Une graine qui ne se moud pas facilement.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Droites les astes, aus bons espiés moluz [émoulus]
dans Ronc. p. 45
2
XIIIe s.
Jehans proposa contre Pierre, et dist à Pierre qu'il li devoit un quartier de blé, quant il moloit dix mines à son molin
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXVI, 2
Et li uns des parchonniers [partenaires] ne fit pas envers son segneur ce qu'il doit, par quoi ses sires oste les fers du molin, si que il ne puist mourre
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXII, 8
Cui blez ne faut, sovent puet maudre
de RUTEBEUF dans 74
Et se li siens curez est tel que Diex le vueille.... Fol sera, s'il guerpist tel molin, puis qu'il mueille
3
XVe s.
Molin... à molre braie, grain à brasser cervoise
4
XVIe s.
[Des fanatiques dans l'Inde] se prosternants emmy la place, ils se font mouldre et briser sous les roues
de Michel de MONTAIGNE dans II, 39
Ayant les membres tous moulus et froissez de ma chute
de Michel de MONTAIGNE dans II, 58

ÉTYMOLOGIE

1
Picard, morre, meuler ; wallon, moûre ; Berry, meûdre, meûde ; provenç. molre ; catal. moldrer ; espagn. moler ; portug. moer ; du lat. molere ; comparez le terme grec signifiant meule, le goth. malan, l'allem. mahlen, le slave mla. Dans moudre, qui représente molre, du lat. molere, le d n'est pas organique ; il a été appelé, comme dans moindre, gendre, pour le besoin de la prononciation ; d'où mouldre, transformé en moudre ; le d, qui tombe devant les voyelles (moulant, moulu), a l'air de se substituer l'l, et, réellement, il ne fait que la mettre à nu. Il y avait dans l'ancienne langue un autre moudre qui signifiait traire : Quant une femme entre au matin en son estable pour moudre ses vaches, les Évang. des quenouilles, p. 53. Ce moudre vient du lat. Mulgere ( 1er e long), prononcé incorrectement mulgere ( 1er e bref), si toutefois mulsi, mulsum n'indiquent pas un archaïque mulgere ( 1er e bref), conservé populairement.

Synonymes de MOUDRE

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