Définition de MÉDIOCRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : mé-di-o-kr'

DÉFINITIONS

1
Qui est entre le grand et le petit, entre le bon et le mauvais.
Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée
de François, duc de LA ROCHEFOUCAULD dans Max. 375
Tâchez, mon enfant, de vous accommoder un peu de ce qui n'est pas mauvais ; ne vous dégoûtez point de ce qui n'est que médiocre
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 18 mars 1671
Dans les fortunes médiocres, l'ambition encore tremblante se tient si cachée qu'à peine se connaît-elle elle-même
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
N'attendez pas que j'ouvre ici une scène tragique, que je représente ce grand homme étendu sur ses propres trophées.... dans les pertes médiocres on surprend ainsi la pitié des auditeurs
de Esprit FLÉCHIER dans Turenne.
Les sots lisent un livre et ne l'entendent point ; les esprits médiocres croient l'entendre parfaitement ; les grands esprits ne l'entendent quelquefois pas tout entier
de Jean de LA BRUYÈRE dans I
Il n'y a rien qui se soutienne plus longtemps qu'une médiocre fortune
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
Une bonne terre, quoique médiocre en étendue
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XI
Non, mes frères, la vertu ne dégénère jamais en vice médiocre
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Inconst.
Il paraît ici des couplets contre tout le monde ; mais ils sont assez, comme tous les hommes d'aujourd'hui, malins et médiocres
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Formont, 29 mai 1732
Peut-être les hommes d'une fortune médiocre sont en tout pays les meilleurs citoyens, puisqu'ils sont au-dessus d'une extrême pauvreté qui peut conduire à des bassesses, et au-dessous de la grande opulence qui nourrit presque toujours l'ambition
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. hist. Mensonges impr. Question intéressante.
Les muses haïssent le genre médiocre et tempéré
de François René CHATEAUBRIAND dans Génie, II, II, 8
Avec l'un des adverbes bien, fort, etc. médiocre se dit de ce qui est au-dessous du médiocre. Son revenu est très médiocre. Son talent est bien médiocre.
De même, avec la négation, il se dit de quelque chose de considérable.
L'impatience que j'ai n'est pas médiocre
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 19
Je voudrais bien en avoir une [espérance] plus prochaine de vous avoir cet hiver avec moi ; pour vous dire le vrai, mes désirs là-dessus ne sont pas médiocres
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 mai 1676
De la manière dont on m'a parlé, l'article de votre jeu n'est pas médiocre sur votre dépense
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 10 mai 1676
Plus que médiocre, de peu de valeur. La gazette de Manheim est un papier allemand plus que médiocre, Corresp. du gén. Klinglin, I, 372. Je ne puis pas vous cacher que mes espérances sont plus que médiocres, ib. p. 183.
2
De peu d'esprit, de peu de talent, de peu de capacité, en parlant des personnes.
M. de Longueville avait, avec le beau nom d'Orléans, de la vivacité, de l'agrément, de la dépense, de la libéralité, de la justice, de la valeur, de la grandeur ; et il ne fut jamais qu'un homme médiocre, parce qu'il eut toujours des idées qui furent infiniment au-dessus de sa capacité
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans Mém. t. I, liv. II, p. 294, dans POUGENS
Nous affectons souvent de louer avec exagération des hommes assez médiocres
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Ce n'est pas sur une personne médiocre que je prétends avoir la supériorité
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dial. des morts anc. Dial. 30
L'approbation universelle est plus ordinairement pour l'homme médiocre
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 145
Il ne faut se moquer ni de ceux qui font du bon, ni de ceux qui font du très mauvais, mais de ceux qui, étant médiocres, se croient des génies et font les importants
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict phil. Art dramatique.
Mes divins anges, il n'y a que Racine dans le monde ; s'il me vient quelqu'un de sa famille, je vous promets de le bien traiter ; mais, pour Campistron, la Grange-Chancel, Crébillon et moi, nous sommes des gens excessivement médiocres
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 9 mars 1763
3
Nature : S. m. Ce qui est médiocre.
....Dans l'art dangereux de rimer et d'écrire Il n'est point de degré du médiocre au pire
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
Ils [les esprits justes, doux, modérés] ne peuvent au plus qu'être les premiers d'une seconde classe et exceller dans le médiocre
de Jean de LA BRUYÈRE dans I
C'est parce qu'on a senti par les réflexions et comme par l'expérience la distance énorme du médiocre à l'excellent qu'on ne peut plus souffrir le médiocre
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Mélanges etc. t. V, Réflexions sur la poésie.
Au-dessous du médiocre, se dit d'une personne, d'une chose sans mérite. Ce tableau est au-dessous du médiocre.
Je l'ai quelquefois rencontré [le chevalier de Ménil] chez elle [Mlle de Launai], et il m'a paru au-dessous du médiocre
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Mém. rég. Oeuvres, t. V, p. 379, dans POUGENS
4
Nature : Au plur. Les médiocres, les gens qui sont dans une condition, dans une fortune médiocre.
Puisque les grands, les petits et les médiocres vivent également assujettis aux mêmes nécessités naturelles, exposés aux mêmes périls, livrés en proie aux mêmes maladies
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Gornay.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Souhaits mediocres
de François RABELAIS dans Pant. IV, Nouv. prol.
Passion mediocre
de Michel de MONTAIGNE dans I, 10
La poësie mediocre, qui s'arreste entre deux, est desdaignée
de Michel de MONTAIGNE dans I, 390
Nous vivons en un siecle qui ne produict les choses que bien mediocres
de Michel de MONTAIGNE dans III, 67

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. mediocris, dérivé de medius, qui est au milieu.

Synonymes de MÉDIOCRE

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