Définition de NARGUE
Prononciation : nar-gh'
DÉFINITIONS
1
Peu de cas, dédain témoigné.Les commissaires [qui jugèrent Charles 1er] se saisissent d'Ingoldsby ; Cromwell lui met de force la plume entre les doigts avec de grands éclats de rire.... au surplus, cette nargue abominable se retrouve souvent dans l'histoire ; les plus grands révolutionnaires de France étaient bavards, indiscrets....
Dire nargue d'une chose, exprimer le peu de cas qu'on en fait.
Faire nargue à quelqu'un, à quelque chose, le braver avec mépris.
Impénétrables à leurs traits, Nous ferons nargue à leurs attraits [des femmes]
de Pierre CORNEILLE dans Mélanges poét.
Et sans qui les bergers, dans une paix profonde, Feraient nargue au bonheur des plus grands rois du monde
de Thomas CORNEILLE dans Berger extravag. I, 2
Je fais nargue au babil, et, qui plus est, ma foi, Je me moque de ceux qui se moquent de moi
Nos vins font nargue aux vôtres, nos vins sont très supérieurs aux vôtres.
En forme d'interjection, dans un sens analogue.
Et nargue pour tous ceux qui n'en sont pas contents
de Paul SCARRON dans Jodelet, IV, 3
Nargue de ceux qui me faisaient la guerre
de Jean de LA FONTAINE dans Mandr.
Tiens-toi gai, buvons frais, et nargue du vieillard
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Dissip. I, 9
Connaissez-vous sur l'Hélicon L'une et l'autre Thalie [la comédie franchement gaie, et la comédie larmoyante, cultivée par la Chaussée] ? L'une est chaussée et l'autre non ; Mais c'est la plus jolie ; L'une a le rire de Vénus, L'autre est froide et pincée ; Honneur à la belle aux pieds nus ; Nargue de la chaussée
de Alexis PIRON dans Épigr. contre la Chaussée.
L'amour, l'amitié, le vin Vont égayer ce festin ; Nargue de toute étiquette
de Pierre Jean de BÉRANGER dans B. vin et fillette.
V. Hugo a dit nargue à : Barons, nargue au saint-père, et nargue à l'empereur ! Burgraves, II, 1.
HISTORIQUE
1
XVIe s.Nergue des huguenots
de SULLY dans Mém. t. I, p. 128, dans LACURNE
ÉTYMOLOGIE
1
Voy. NARGUER ; génev. niargue.