Définition de VOIRE
Prononciation : voi-r'
DÉFINITIONS
1
Vraiment (sens qui est le sens propre et qui a vieilli).Et, comme les Normands, sans lui répondre voire
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. III
Que l'on dresse un lit à ce gentilhomme : voire, qui en aurait, dit l'hôtesse ; il ne m'en restait qu'un que je viens de donner à un marchand du Bas-Maine
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 6
2
Même.Je puis faire arriver en six jours, voire en six heures, ce qui s'est passé en six ans
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. Au lecteur.
Chapitres, non de rats, mais chapitres de moines, Voire chapitres de chanoines
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 2
Résolue de demeurer veuve, voire de mourir plutôt que de tenter un second hasard
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, II, p. 128
Il se joint souvent au mot même.
Ce remède est inutile, voire même pernicieux
dans Dict. de l'Acad.
On s'y instruit de choses qui ne se trouvent pas dans les livres les plus graves, voire même dans l'Encyclopédie
de ARNAULT dans Loisirs d'un banni, t. II, p. 104, dans POUGENS
HISTORIQUE
1
XIe s.S'il volt ostages, il en aurat par veir
dans Ch. de Rol. VI
2
XIIe s.Au mont n'a [au monde il n'y a], voir, si cruel traïson Qu'un bel semblant et courage felon
dans Couci, IX
3
XIIIe s.Je l'eüsse gehi [avoué], Voire le premier jour que je oncques vins ci
dans Berte, CXVIII
Bien s'en vestiroient as festes Empereor, ou roi, voire ange
dans la Rose, 20 435
4
XVe s.Au dire voir, ils [les nobles] n'estoient qu'une poignée de gens dedans, au regard de la communauté du royaume d'Angleterre
de Jean FROISSART dans I, 1, 32
Prince, aujourd'hui [je] voy tout anientir, Le voir cesser, et regner le mentir
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 118
5
XVIe s.Voire mais, comment seroit-il possible de trouver un taureau si grand, dit l'estranger ?
de Jacques AMYOT dans Lyc. 31
Je voys au moins de loing après [ces auteurs], disant que voire [disant oui, approuvant]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 155
ÉTYMOLOGIE
1
Picard, voire, vrai, oui-da ; bas-norm. vère (dans l'arrondissement de Valognes, dit le Dict. franco-normand de Métivier, Londres, 1870, les enfans jouent à un jeu qui consiste à répondre à toutes les questions sans se servir des particules négatives et affirmatives, et ils disent en commençant : Je te défends de dire ni oui ni non ni vère, jusqu'à ce que je sois repassé de la feire) ; bourguig. voy, vrai : dy mey voir, dis-moi vrai ; du latin verus, vrai. Voir ou voire signifiait vrai, et il a été pris adverbialement pour vraiment.