L'oeuvre Correspondance de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Ecrit par François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Citations de "Correspondance"

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NASARDEVotre indignation, mon cher philosophe, est des plus plaisantes ; j'aime vous voir rire au nez des polichinelles, à qui vous donnez tant de nasardes
NASARDEJe voudrais bien savoir quel plaisir prennent les puissances chrétiennes à recevoir tous les jours des nasardes sur le nez de leurs ambassadeurs, dans le divan de Stamboul
NASARDEEt la gloire a crié.... Victoire à Catherine, Nasarde à Mahomet !
NASILLONNEUR, EUSECe nasillonneur de Brosses, président, veut être de l'Académie
NATURERacine est presque toujours dans la nature, et Corneille n'y est presque jamais
NATURELLEMENTLe comble de ma bonne fortune, c'est que vous écrivez naturellement, et que votre esprit n'a pas besoin d'art : on dit que votre figure est comme votre esprit
NAUFRAGEAlger sera toujours pour moi partout où vous serez ; et, quoique je sois à Bruxelles, je ne fus jamais plus près de la captivité et du naufrage
NÉ, NÉETandis qu'elle [la ville de Lille] fut assiégée par le duc de Marlborough, on y joua la comédie tous les jours, et les comédiens y gagnaient cent mille francs ; avouez, sire, que voilà une nation née pour le plaisir et pour la guerre
NÉANTDu néant tout semble sortir, Dans le néant tout se replonge
NÉANTSa Majesté leur a ordonné [aux gens du parlement] de mettre leur décret à néant, et leur a défendu de dénoncer des livres
NÉANTJe m'anéantis avec vous devant la Providence divine, sachant qu'on n'apporte devant Dieu que trois choses qui ne peuvent entrer dans son immensité, notre néant, nos fautes et notre repentir
NÉBULEUX, EUSEQuand nous retrouverons-nous, quand passerai-je avec vous le soir tranquille de ce jour nébuleux qu'on nomme la vie ?
NÉCESSITÉLe mieux serait peut-être de n'avoir point reçu cette vie dont on se plaint si souvent et qu'on aime toujours ; mais rien n'a dépendu de nous ; nous sommes attachés, comme dit Horace, avec les gros clous de la nécessité
NÉCESSITÉCette nécessité de faire toujours le meilleur ne peut jamais être qu'une nécessité morale ; or une nécessité morale n'est pas une nécessité absolue
NÉCESSITÉIl est d'une nécessité indispensable que M. le duc de Duras, M. de Chauvelin.... crient de toutes leurs forces à l'imposture
NÉCESSITÉIl me semble que nous avons un besoin extrême de vous et de M. de Condorcet ; il ne faut pas que vous abandonniez vos amis dans leurs nécessités urgentes
NÉCESSITÉL'argent destiné pour les frais du théâtre d'Athènes était un argent sacré : il n'était pas même permis d'y toucher dans les plus grandes nécessités et dans les plus grands dangers de la guerre
NECTARLes rois sont comme les dieux ; les peuples en font mille contes, et les dieux boivent leur nectar sans se mettre en peine de la théologie des chétifs mortels
NÉGLIGÉ, ÉEVous ne me parlez plus de Thiriot : est-il dans votre société, aussi négligé que négligent ?
NÉGLIGENCESongez qu'en de telles circonstances ne pas écrire à son ami sur-le-champ, c'est le trahir ; négligence est crime
NÉGLIGENT, ENTEComme je suis fort négligent, je ne lui fis pas de réponse
NÉGLIGERL'histoire des moeurs et de l'esprit humain a toujours été négligée
NÉGLIGERVotre Majesté Impériale paraît aujourd'hui forcée de cultiver l'art de la guerre, mais vous ne négligez point les autres
NÉGOCIERVous savez que, quand deux ministres négocient ensemble, ils ne disent jamais la moitié de leur secret
NEIGEUne belle plaine de neige d'environ quatre-vingts lieues de tour forme notre horizon
NÉOLOGUEIl n'y a plus que les drames bourgeois du néologue Marivaux où l'on puisse aller pleurer en sûreté de conscience
NERVEUX, EUSEJ'ai fait venir les lettres [de Cicéron] à Brutus, et surtout celles de Brutus, qui me paraissent bien plus nerveuses que celles de Marc-Tulle
NERVEUX, EUSEQui écrit comme vous d'un style mâle et nerveux ? qui sait mieux orner la raison ?
NET, ETTE,Il faut avoir un style net et un procédé net
NET, ETTE,....mettez au net en sa présence les procédés de Rousseau et les miens
NET, ETTE,Voyez-vous toujours Mme du Deffant ? elle m'abandonne net
NETTETÉAvec quelle netteté vous exposez les raisons de vos adversaires ! vous les mettez dans toute leur force, pour ne leur laisser aucune ressource lorsqu'ensuite vous les détruisez
NETTOYERIl faut avoir l'esprit net pour faire une tragédie ; laissez-moi nettoyer ma tête
NEUFJe vous avoue que je serais fort aise d'avoir courtisé avec succès, une fois en ma vie, la Muse de l'opéra ; je les aime toutes neuf, et il faut avoir le plus de bonnes fortunes qu'on peut, sans être pourtant trop coquet
NEVEUMon cher neveu à la mode de la Bretagne, car vous l'êtes, et non pas mon cousin, apprenez, s'il vous plaît, à prendre les titres qui vous conviennent
NEWTONIANISMELe newtonianisme est la vérité qui a écrasé les fables du cartésianisme
NEWTONIEN, IENNEJe suis fâché que vous désigniez par le nom de newtoniens ceux qui ont reconnu la vérité des découvertes de Newton ; c'est comme si on appelait les géomètres euclidiens ; la vérité n'a point de nom de parti
NEWTONISMEVous êtes si persuasif que vous me faites trembler pour le newtonisme si vous le combattez
NEZQue je traite avec vous, par lettres, des choses où Aristote, Platon, saint Thomas et saint Bonaventure se sont cassé le nez, c'est ce qu'assurément je ne ferai pas
NEZVous avez toujours l'auteur sur le bout du nez, et vous croyez l'ouvrage hardi, parce que cet auteur a une fort méchante réputation
NEZM. de Stairs, au nez haut, arrive ici [Bruxelles] dans ce moment
NEZVous me donnez par le nez de l'historiographe ; vraiment le roi m'ôta cette charge quand le roi de Prusse me prit à force
NEZJ'aurais pu lui donner comme un autre de l'héroïque par le nez
NEZComment peut-on imaginer que j'aie persécuté Jean-Jacques ?.... en vérité, ai-je le nez tourné à la persécution ?
NEZIl y a là de quoi faire rire les gens qui ont le nez fin
NIDes pièces que je ne voudrais point pour rien au monde ni avouer ni avoir faites
NICHEHeureusement, je me suis fait une niche dans laquelle on peut vivre et mourir à sa fantaisie
NICHEMon héros passe sa vie à m'accabler de bontés et de niches
NICHÉEJe ferai à peu près pour la cadette [de mes nièces] ce que je fais pour l'aînée ; leur frère, correcteur des comptes, est bien pourvu.... voilà toute la nichée établie d'un trait de plume
NICHERQuand on veut rendre les gens ridicules et méprisables, il faut les nicher dans quelque ouvrage qui aille à la postérité
NIERJe ne nie pas que je ne sois infiniment flatté....
NIPPERVous êtes très digne de bien nipper deux maîtresses à la fois
NOËLTout le monde fait aisément des noëls malins
NOIRCEURPardonnez-moi d'égayer un peu la noirceur que ma transplantation [à Berlin] répand dans mon âme
NOISEJe doute fort que le roi permette la convocation des pairs au parlement de Paris ; il apaise toutes les noises en temporisant
NOMJ'apprends que Platon est revenu de chez Denys de Syracuse ; ce n'est pas que je ne vous croie au-dessus de Platon, et l'autre au-dessus de Denys ; mais les vieux noms font un merveilleux effet
NOMVous savez, mon cher ami, que mes grands noms sont ceux de Newton, de Locke, de Corneille, de Racine, de la Fontaine, de Boileau
NOMLe petit avertissement que j'ai reçu de la nature, d'aller trouver Horace, au nom de qui vous m'écrivîtes une si jolie lettre
NOMMÉMENTJe sais qu'il faut oublier le monde, mais j'ai mis dans mon marché que vous seriez excepté nommément
NOTEJe chargerai de notes mon exemplaire [de la Félicité publique, par Chastellux' ; et c'est ce que je ne fais que quand le livre me charme et m'instruit
NOTEVos notes sur Racine sont si judicieuses, si pleines de goût, de finesse....
NOTEC'est contre ces Lois [les Lois de Minos, tragédie de Voltaire] qu'il y aura une belle cabale, et je m'en moque ; j'ai fait cette pièce pour avoir occasion d'y mettre des notes qui vous réjouiront
NOTEMlle Clairon va jouer à basse note Aménaïde et Électre sur mon petit théâtre de Ferney.... c'est contre les ordres exprès de Tronchin
NOTERIls [les Chinois] ont de la musique, et ils ne savent pas noter un air, encore moins chanter en parties
NOUSTout est en feu jusque sur les bords de la rivière de l'Oise ; nous pouvons voir de nos faubourgs [de Paris] la fumée des villages qu'ils [les ennemis] nous brûlent
NOUSMon cher philosophe militaire, vous m'aviez mandé, il y a deux mois, que vous passeriez chez nous, et je vous attendais
NOUVELLELes bonnes nouvelles sont toujours retardées, et les mauvaises ont des ailes
NOVICIATS'il arrivait en effet que ce jeune homme fût sage, serviable, instruit, et qu'allant en ambassade vous eussiez par hasard besoin de lui, informez-vous-en au noviciat des jésuites ; il a été deux ans novice
NOYERQue j'ai d'envie de me mettre tout de bon à ma tragédie, et de noyer dans les larmes du parterre le souvenir des crimes de Desfontaines !
NU, NUEPeignez-vous d'après le nu, madame, et avez-vous des modèles ? quand vous voudrez peindre un vieux malade emmitouflé, avec une plume dans une main et de la rhubarbe dans l'autre....
NUANCEDès qu'un homme comme notre conquérant tartare [dans l'Orphelin de la Chine] a dit : j'aime, il n'y a plus pour lui de nuances
NUES'il lui arrive le moindre malheur [au duc de Choiseul], je le mettrai aux nues ; je n'y mets pas tout le monde, il s'en faut beaucoup
NUIRECe qui m'étonne, c'est qu'on fasse de ces horreurs sans aucun intérêt que celui de nuire, et sans y pouvoir rien gagner
ÔÔ fond de la boîte de Pandore ! ô espérance ! où êtes-vous ?
OBÉISSANCEPrésentez, je vous prie, mes obéissances à celui qui a soin de la santé du roi
OBJECTIONJ'aurais de grandes objections à faire sur ce qu'il me propose ; mais j'aime encore mieux une conclusion qu'une objection ; concluez donc, mon cher ami
OBLIGATIONJ'ai, dans toutes mes passions, détesté le vice de l'ingratitude ; et, si j'avais obligation au diable, je dirais du bien de ses cornes
OBLIGATIONIl [le duc de Choiseul] m'accordait sur-le-champ ce que je lui demandais ; je ne lui ai jamais rien demandé que pour les autres ; c'est ce qui augmente les obligations que je lui ai
OBLIGATIONSi les financiers ne sont plus grossiers, si les gens de cour ne sont plus de vains petits-maîtres, si les médecins ont abjuré la robe, le bonnet et les consultations en latin, si quelques pédants sont devenus hommes, à qui en a-t-on l'obligation ? au théâtre, au seul théâtre
OBLIGERVous avez doublé le bienfait de M. de Trudaine, en nous prouvant par les faits que qui oblige vite oblige deux fois
OBOMBRERLes ailes de mes anges [Voltaire appelait M. et Mme d'Argental ses anges] m'ont obombré, mon cher et respectable ami ; j'ai le brevet pour Ferney plus favorable que je n'avais osé le demander et l'espérer
OBSCUR, UREJe suis un homme de lettres, et je n'ai jamais rien publié ; ainsi je suis plus obscur que beaucoup de mes confrères qui ont écrit
OBSCURÉMENTIl dévore en secret ses sentiments d'humanité, il gémit obscurément sur la nature humaine
OBSERVATEUR, TRICEM. Spallanzani, le meilleur observateur de l'Europe
OBTEMPÉRERDites-moi enfin si messieurs obtempèrent et se tempèrent
OBTEMPÉRERLa langue s'embellit tous les jours : le parlement obtempère ou n'obtempère pas aux édits
OCCASIONJe n'étais point la cause de cet accident [un incendie dans le château de Maisons], mais j'en étais l'occasion malheureuse
OCCULTEOui, monsieur, je l'ai dit, je le redis et je le redirai, malgré la certitude d'ennuyer, que la doctrine des qualités occultes est ce que l'antiquité a produit de plus sage et de plus vrai ; la formation des éléments, l'émission de la lumière, animaux, végétaux, notre naissance, notre vie, notre mort, la veille, le sommeil, les sensations, la pensée, tout est qualité occulte
OCCUPÉ, ÉEJe mène ici une vie solitaire et occupée, qui convient à la fois à ma santé et à mes études
OCCUPEROccupez-vous beaucoup, mon cher ange ; je ne connais que ce remède dans l'état où vous êtes ; je suis malade dans mon lit, à quatre-vingts ans passés, au milieu des neiges ; je m'occupe, et cela seul me fait vivre
OCTOGÉNAIREVous savez que j'approche plus de quatre-vingts ans que de soixante et dix, et vous n'ignorez pas combien la réputation d'octogénaire me flatte et m'est nécessaire
OCULAIREAprès que Newton a découvert la nature de la lumière, arrive un Castel qui veut enchérir et qui propose un clavecin oculaire
ODEURVotre nom répandra toujours une odeur de suavité dans les nations
ODIEUX, EUSEJe ne suis persécuté que depuis que j'ai fait la Henriade ; croiriez-vous qu'on m'a reproché plus d'une fois d'avoir peint la Saint-Barthélemy avec des couleurs trop odieuses ?
OEILJ'ai vu de beaux yeux pleurer en le lisant [le 5e acte de Zulime] ; mais je me défie toujours des beaux yeux : celles qui les portent sont d'ordinaire séduites ou trompeuses
OEILJe ne peux vous dire, madame, que je vous aime comme mes yeux ; mais je vous aime comme mon âme, car je me suis toujours aperçu qu'au fond mon âme pensait comme la vôtre
OEILLADEVos jeunes attraits, vos oeillades Ne me rendront pas mon printemps
OEUFÔ mes anges, daignez recevoir pour vos oeufs de Pâques ce Droit du seigneur [comédie de Voltaire]
OFFICEVos bons offices pour lui sont un bienfait pour moi ; souffrez que je partage la reconnaissance
OFFICEUn dominicain qui l'assistait [Calas] d'office sur l'échafaud, dit qu'il voudrait mourir aussi saintement qu'il est mort
OFFUSQUERDe plus, elle [une vue] était offusquée par deux bâtiments voisins qu'on vient de construire
OFFUSQUERNotre théâtre est vide d'action et de grands intérêts, pour l'ordinaire : ce qui fait qu'il manque d'action, c'est que le théâtre est offusqué par nos petits-maîtres ; et ce qui fait que les grands intérêts en sont bannis, c'est que notre nation ne les connaît pas
OGRELe prince royal de Prusse [plus tard Frédéric II], à qui son ogre de père permettait à peine de lire, n'attend pas que ce père soit mort pour oser faire imprimer la Henriade ; il a fait fondre en Angleterre des caractères d'argent
OIELa paix ! il n'y aura point de paix ; c'est un labyrinthe dont on ne se peut tirer ; ah ! pauvres Français, réjouissez-vous ; car vous n'avez pas le sens d'une oie
OISEAUMon Dieu ! que je fus aise quand j'appris que le théâtre était purgé de blanc-poudrés coiffés au rhinocéros et à l'oiseau royal !
OISEAUJe n'ai fait voir les choses dans ce dernier volume [d'Essai sur l'histoire générale] qu'à vue d'oiseau
OISIF, IVECela est bon pour la petite poste de Paris, pour avertir un homme oisif qu'il est prié à souper chez une femme oisive, avec des gens qui n'ont rien à faire ni à dire
OISIVETÉVous savez sa fortune [de Thiriot], elle ne peut pas lui donner de quoi exercer heureusement le talent de l'oisiveté
OLYMPELe fait est que je suis dans un climat singulier.... il y a, dans une enceinte vaste de quatre-vingts lieues, un horizon bordé de montagnes couvertes d'une neige éternelle ; il part quelquefois de cet olympe de neige un vent terrible qui aveugle les hommes et les animaux
OMBREJe crains toujours de commettre quelque indiscrétion ; mon ombre me fait peur ; c'est apparemment depuis que j'ai été sur le point de n'être plus qu'une ombre
OMBRESi vous voulez, chemin faisant, voir des ombres, comme faisait le capitaine de dragons Ulysse dans ses voyages, vous ne pouvez mieux vous adresser que chez moi : je suis la plus chétive ombre de tout le pays, ombre de quatre-vingts ans ou environ, ombre très légère et très souffrante
OMBREJ'approche, hélas ! de la nuit sombre Qui nous engloutit sans retour ; D'un homme je ne suis que l'ombre, Je n'ai que l'ombre de l'amour
OMNISCIENT, ENTEDieu est omniscient ; le présent, l'avenir sont également présents à ses yeux
ONEncore si on pouvait bien digérer ! mais avoir toujours mal à l'estomac, craindre les rois et les libraires ! on n'y résiste pas
ONCLEMlle Corneille a l'âme aussi sublime que son grand-oncle ; elle mérite tout ce que je fais pour son nom
ONDÉESoyez très sûr que, si je vois passer une procession de capucins, j'irai au-devant d'elle, chapeau bas, pendant la plus forte ondée
ONGUENTFuyez Paris, n'allez point à la cour, Si vous n'avez onguent pour la brûlure
ONTOLOGIEToutes les ontologies, toutes les psychologies ne sont-elles pas des rêves ?
OPÉRAJ'ai vu ce que je n'avais jamais vu, des opéras comiques
OPÉRAJoue-t-on encore Eponine ? l'opéra comique soutient-il toujours la gloire de la France ?
OPÉRAÀ Boutet, Soleure, le... Peut-on se réjouir à Paris dans ce malheur général [des guerres d'Allemagne] ? hélas ! il le faut bien ; et on tuerait cent mille hommes en Allemagne, que l'Opéra serait plein les vendredis
OPÉRAOn va voir une tragédie pour être touché, on se rend à l'Opéra par désoeuvrement et pour digérer
OPÉRATIONJe ne sais aucune nouvelle des grandes opérations de M. l'abbé Terrai [surintendant des finances] ; je trouve seulement qu'il ressemble à M. Bouvard [célèbre médecin] : il met au régime
OPINIONL'opinion gouverne le monde, et les philosophes, à la longue, gouvernent l'opinion des hommes
OPINIONAvouez que les opinions ont plus causé de maux sur ce petit globe que la peste ou les tremblements de terre
OPPOSERLes philosophes ne peuvent opposer la force à la force ; leurs armes sont le silence, la patience, l'amitié entre les frères
OPPOSERJe craignais beaucoup que Guillaume Tell ne fût précisément mon Indatire ; il était si naturel d'opposer les moeurs champêtres aux moeurs de la cour, que je ne conçois pas comment l'auteur de Guillaume a pu manquer cette idée
OPPOSERSi les jésuites sont fessés, les jansénistes ne sont-ils pas trop fiers ? gens de bien, opposez-vous aux uns et aux autres ; soyez hardis et fermes
OPULENT, ENTEVoilà ma vie, telle que vous l'avez devinée, tranquille et occupée, opulente et philosophique
ORACLEVous ne savez pas à quel point l'abbé Desfontaines est l'oracle des provinces
ORCANSONLe tonnerre est aisément imité par le bruit d'une ou deux roues dentelées qu'on fait mouvoir derrière la scène sur des planches ; les éclairs se forment avec un peu d'orcanson
ORDINAIREAinsi me voilà malheureux dans mon bonheur, chose fort ordinaire à nous autres hommes
ORDINAIREMme du Châtelet ne vous écrit point, je crois, cet ordinaire
ORDONNANCECe que j'ai eu l'honneur d'envoyer à Votre Excellence n'est qu'une première et légère esquisse du grand tableau dont vous me fournissez l'ordonnance [l'histoire du czar Pierre]
ORDREL'intendant avait beau lui porter ses plaintes [à Turenne] contre le pillage de ses troupes en Lorraine], il répondait froidement : je le ferai dire à l'ordre
ORDURIER, IÈRELes vers orduriers du poëte Ausone, natif de Bordeaux et consul romain
ORDURIER, IÈREJulie avait aimé Octave, témoin l'épigramme ordurière d'Auguste
OREILLEJe ne vous dissimulerai pas même que je n'aime point du tout qu'on se parle à l'oreille quand on est à table, et qu'on dise ce qu'on a fait hier à son voisin qui ne s'en soucie guère, ou qui en abuse
OREILLELes oreilles, que Cicéron appelle superbes, sont fort capricieuses
OREILLEDormez donc sur l'une et l'autre oreille, mon cher petit neveu....
OREILLEIls viennent tous me dire : allons, vite une lettre pour madame la duchesse.... je baisse les oreilles, j'écris, et puis je suis tout honteux, et je voudrais m'aller cacher
OREILLELes Russes vous donnent [à vous Ottomans] sur les oreilles depuis trois ans, et vous les frotteront encore
OREILLERCette vérité est un oreiller sur lequel on peut dormir en repos ; le reste est un éternel sujet d'arguments pour et contre
OREILLERVous avez acquis de la gloire, et lui [Sirven] du repos ; ce sont deux bons oreillers sur lesquels on peut dormir à son aise
ORGANEIl y a un acteur excellent, à ce qu'on dit, garçon d'esprit, belle figure, bel organe, plein de sentiment
ORIENTERJ'aurai l'honneur d'écrire à votre Altesse Royale dès que nous nous serons un peu orientés
ORIPEAURousseau, Dont l'ennuyeuse hypocrisie Change son or en oripeau
ORTHOGRAPHIÉ, ÉEL'abbé Dangeau, de notre Académie française, renvoyait les lettres de sa maîtresse quand elles étaient mal orthographiées, et rompait avec elle à la troisième fois
OSLa grande chaîne de hautes montagnes qui couronnent la terre en tout sens m'a toujours paru aussi ancienne que le monde ; ce sont les os de ce grand animal
OSJe m'amuse beaucoup à la poésie, que j'aime toujours, quand ce ne serait que pour donner un os à ronger à Clément et à Sabatier
OSERIl faut savoir oser ; la philosophie mérite bien qu'on ait du courage
OSTROGOT, OTELe roi de Prusse trouve les Pélopides une très bonne pièce très bien écrite ; il dit expressément que celle de Crébillon est d'un ostrogot
OUL'un ou l'autre cas est digne des siècles les plus barbares
Je regrette jusqu'au fond du coeur le président Hénault : je le rejoindrai bientôt ; mais où ? et comment ? on chantait à Rome sur le théâtre public devant quarante mille auditeurs : où va-t-on après la mort ? où l'on était avant de naître
Dès que j'aurai fini le petit-lait où je me suis mis, j'irai chez elle
OUAILLEVous devriez bien abandonner vos ouailles quelques moments, pour venir converser dans un château où il n'y a pas une ouaille
OUBLIERIl n'y a pas grand mal à être oublié, c'est même souvent un bonheur ; le mal est d'être persécuté
OUBLIERLe meilleur parti qu'on puisse prendre contre la calomnie, c'est de l'oublier
OUIOui, monsieur, j'aime mieux le Tartufe et le Misanthrope que les comédies nouvelles ; oui, j'ose préférer Racine à mes drames, et j'aime mieux Roland et Armide que certains opéras
OURDIRQuand on est à cent lieues de Paris, il est difficile de prévoir et de parer les effets des petites cabales, des petites intrigues, des petites méchancetés qu'on y ourdit sans cesse pour s'amuser
OURSQui ? moi, madame.... que je n'aie pas obéi aux ordres de celle qui m'honore depuis si longtemps de son amitié !... tout ours que je suis, soyez persuadée que je suis un très honnête ours
OUTRÉ, ÉENous allons tomber en tout dans l'outré et dans le gigantesque ; adieu les beaux vers, adieu les sentiments du coeur, adieu tout
OUTRECUIDANCENe voyez que mon tendre respect, mon zèle pour votre gloire, et non mon outrecuidance [proposition d'un nouvel engin de guerre]
OUTRECUIDANCEVienne la Saint-Martin, et alors vous aurez la dédicace [de Tancrède], que je fortifierai de quelque nouvelle outrecuidance
OUTREROn aura sans doute outré les rapports qu'on vous aura faits ; les termes que vous soulignez sont incroyables
OUVRAGEIl y a des insectes qui sont trois ans à se former, pour vivre quelques minutes ; c'est le sort de la plupart des ouvrages en plus d'un genre
OUVRAGELa vie est bien courte, et tout ouvrage est bien long
OUVRAGELa multitude des ouvrages inutiles est si immense, que la vie d'un homme ne pourrait suffire à en faire le catalogue
OUVREUR, EUSELe scélérat [un libraire] a sans doute acheté une détestable copie [des Lois de Minos, tragédie] de quelque bel esprit ouvreur de loges, qui n'a pas manqué d'y mettre beaucoup de vers de sa façon
OUVRIER, IÈREJe suis obligé de passer ma journée avec des ouvriers qui sont aussi trompeurs que des courtisans
OUVRIRIl paraît que Votre Majesté n'avait pas encore reçu le petit monument.... en voici donc une copie que je hasarde encore dans ce paquet ; je le recommande à Dieu, aux houssards et aux curieux qui ouvrent les lettres
PACIFICATEUR, TRICEVos ennemis ne seront parvenus qu'à faire graver sur vos médailles : Triomphatrice de l'empire ottoman et pacificatrice de la Pologne
PACOTILLEEnsuite, avec une petite pacotille, il est retourné en Dauphiné chez ses parents
PAGNOTERIELe Suisse, qui imprime pour le libraire génevois, s'est avisé dans Alzire, de mettre, V, 7 : Le bonheur m'aveugla, l'amour m'a détrompé ; au lieu de : Le bonheur m'aveugla, la mort m'a détrompé ; cette pagnoterie fait rire
PAILLASSESes réflexions sur cette mort [de l'amiral Bing] sont bien justes et bien belles ; je crois, comme vous, qu'il est fort égal de mourir sur un échafaud ou sur une paillasse, pourvu que ce soit à quatre-vingt-dix ans
PAILLESi les Guèbres sont bien joués, ils feront un beau fracas ; il y a des attitudes pour tout le monde ; à genoux, mes enfants, doit faire un grand effet, et la déclaration de César n'est pas de paille
PAILLERJe voudrais que les gens qui sont si fiers et si rogues sur leurs paillers [les juges de Calas, de Sirven, du chevalier Labarre], voyageassent un peu dans l'Europe, qu'ils entendissent ce que l'on dit d'eux, qu'ils vissent au moins les lettres que les princes éclairés écrivent sur leur conduite
PAINLe ministre Colbert avait vu le temps de la Fronde, temps où la livre de pain se vendit dix sous et davantage dans Paris et d'autres villes
PAINQu'est-ce qu'un citoyen de Genève qui se dit libre, et qui va se mettre au pain d'un fermier général ?
PAINMme d'Argental, qui est l'adresse même, coupera le papier avec ses petits ciseaux, et le collera bien proprement à sa place, avec quatre petits pains qu'on nomme enchantés ; vous savez par parenthèse, pourquoi on leur a donné ce drôle de nom
PAIR, AIRECeux qui disent que les pairs du royaume ne peuvent être jugés par les pairs et par le roi, sans le parlement de Paris, me paraissent ignorer l'histoire de France
PAIREJ'ai ici une paire de nièces fort aimable
PAIRIEJ'ai longtemps examiné cette matière en étudiant l'histoire de France, et je suis convaincu que l'origine de toute juridiction suprême en France est la pairie
PAIXIl est bon de mettre la paix entre les libraires, puisqu'on ne peut la mettre entre les auteurs
PAIXJe suis honteux d'être chez moi paix et aise, et d'avoir quelquefois vingt personnes à dîner, quand les trois quarts de l'Europe souffrent [de la guerre de sept ans]
PALADINCe König [un mathématicien de Berlin] est amoureux d'un problème de géométrie, comme les anciens paladins de leurs dames
PALETTEPalette se dit des couleurs de l'imagination et du style, dans la littérature J'y ai mis tout ce que je sais, et ma petite palette n'a plus de couleurs pour repeindre ce tableau
PANCARTEIl avait supplié de vous envoyer un passe-port pour d'Étallonde.... il me mande qu'il vous l'envoie, et peut-être avez-vous déjà reçu cette pancarte
PANCARTEJe ne sais ni quand ni comment je pourrai envoyer à Lekain son Adélaïde [Adélaïde du Guesclin, tragédie de Voltaire].... s'il veut me faire plaisir, il ne demandera point de privilége, parce que ces inutiles pancartes ne servent qu'à faire naître des querelles entre ceux qui sont en possession d'imprimer mes sottises
PANCARTEIl y a tel homme dont la simple signature, mise au bas d'une pancarte mal écrite, fait plus de mal à une province que tous les livres des philosophes n'en pourront jamais causer
PANDOUR ou PANDOUREUne armée de pandoures n'oserait pas nous demander une contribution de quarante mille livres
PANDOUR ou PANDOURENotre petite province se trouve à présent la seule en France qui soit délivrée des pandoures des fermes générales
PANÉGYRISTESi l'on était sûr, monsieur, d'avoir après sa mort des panégyristes tels que vous, il y aurait bien du plaisir à mourir
PANTALONNADEIl y a un malheur à ce Mahomet [la tragédie], c'est qu'il finit par une pantalonnade ; mais Lekain dit si bien : Il est donc des remords !
PANTOMIMEUn jeune homme qui chante, qui contrefait son prochain fort plaisamment, qui est pantomime....
PANTOMIMEAh ! mes anges, j'ai bien peur qu'on ne corrompe entièrement la tragédie par toutes ces pantomimes de Mlle Clairon
PAPERASSESi le duc de Sully avait prévu que ses paperasses économiques, royales et politiques seraient lues un jour par Mme la margrave de Baireuth, il aurait redoublé de vanité
PAPERASSEJe viendrai, mon cher ange, à Plombières.... j'apporterai quelques paperasses en prose et en vers pour vous endormir, après le dîner
PAPIERC'est un grand plaisir de mettre sur le papier ses pensées, de s'en rendre un compte bien net, et d'éclairer les autres en s'éclairant soi-même
PAPIERÀ soixante et dix-neuf ans, avoir un corps de roseau et des organes de papier mâché, je suis inguérissable
PAPIERÀ l'égard de ce jeune homme [condamné à Abbeville].... vous y verrez des horreurs et des bêtises des prétendus juges d'Abbeville, toutes prouvées légalement, papiers sur table
PAQUETJ'ai ce pays-ci [Berlin] en horreur ; mon paquet est tout fait ; j'ai envoyé tous mes effets hors du Brandebourg
PAQUETCe pauvre marquis d'Argenson, que vous appeliez le secrétaire d'État de la république de Platon, est donc mort ? il était mon contemporain ; il faut que je fasse mon paquet
PARIl y a de fins courtisans italiens qui prétendent qu'il faut toujours aller au prince par les ministres, et moi, monseigneur, je tiens que dans votre cour il faut aller au ministre par le prince
PAROn dit que cette vexation odieuse [la persécution contre le livre de l'Esprit] est le fruit de l'intrigue des jésuites, qui ont voulu aller par Helvétius à Diderot
PARJ'espère que la postérité m'en remerciera ; car pour mon siècle, je n'en attends que des vessies de cochon par le nez
PARJe voudrais qu'il m'eût pris par le peu de cheveux qui me restent, comme Habacuc, et qu'il m'eût transporté vers vous
PARVotre esprit vous a rendu sage ; Si je le suis, c'est par mon âge ; Et je me suis trompé longtemps
PARPour vous, madame, qui êtes dans un port assez commode.... vous avez toujours pensé avec grandeur, et j'ose dire qu'il y a une espèce de plaisir à sentir qu'on ne peut souffrir que par le malheur des autres
PARADELes douze cent mille hommes armés qui font la parade en Europe, pourront bien ne faire longtemps que la parade
PARADEM. de Maurepas était le premier homme du monde pour les parades ; il était célèbre pour ses bons mots
PARADEJe ne crois pas qu'il y ait une ville de province dans laquelle on pût achever la représentation de ces parades qui ont été applaudies à Paris
PARADISIl n'y a rien de plus agréable que La Haye, quand le soleil daigne s'y montrer ; on ne voit ici que des prairies, des canaux et des arbres verts ; c'est un paradis terrestre depuis La Haye jusqu'à Amsterdam
PARADISJe serai en paradis quand mes oreilles entendront mes vers embellis par votre musique
PARAÎTRESavez-vous qu'il paraît deux petits volumes de lettres de Mme de Pompadour ? elles sont écrites d'un style léger et naturel.... plusieurs faits sont vrais, quelques-uns faux, peu d'expressions de mauvais ton ; tous ceux qui n'auront pas connu cette femme croiront que ces lettres sont d'elle
PARAPHRASEVoyez comme on a traité ce pauvre Helvétius pour un livre qui n'est qu'une paraphrase des Pensées du duc de la Rochefoucauld
PARATONNERREJ'ai un antitonnerre à Ferney dans mon jardin ; vous savez que cela s'appelle un conducteur
PARAVENTNous allons essayer Irène [tragédie] pour les noces de Mme de Villette ; on la jouera derrière des paravents, au coin du feu, et nous verrons l'effet tout aussi bien que si nous étions dans une salle de spectacle
PARENTTout le monde fait ici sa cour à Mme de Bezeval, qui est un peu parente de la reine [Marie Leczinska, nouvellement mariée] ....on lui demanda à quel degré elle était parente de la reine ; elle répondit que les reines n'avaient point de parents
PARERSon épître dédicatoire [de le Franc de Pompignan] est pire que son discours à l'Académie ; ce sont là de ces coups qu'il faut parer
PARIERVous savez qu'un fou d'Anglais parie vingt contre un, à bureau ouvert, dans Londres, qu'on vous mènera prisonnier en Angleterre avant quatre mois
PARISIEN, IENNEOn est bien tiède aujourd'hui à Paris sur l'intérêt public ; on va à l'Opéra Comique le jour qu'on brûle le chevalier de la Barre, et qu'on coupe la tête à Lalli ; ah ! Parisiens, Parisiens, vous ne savez que danser autour des cadavres de vos frères
PARLEMENTAIREMon cher frère, je hais toute tyrannie, et je ne serai jamais ni jésuite, ni janséniste, ni parlementaire
PARLERNon, ce n'est pas moi qui ne réponds point aux articles des lettres, c'est vous, vous qui parlez
PARLERTâchons de parler à la fois aux yeux, aux oreilles et à l'âme ; on critiquera, mais ce sera en pleurant
PARLERÀ l'égard des acteurs, j'oserais presque dire que la pièce [les Guèbres] n'en a pas besoin ; c'est une tragédie qu'il faut plutôt parler que déclamer
PARLERJe parlerai belles-lettres une autre fois ; je ne parle aujourd'hui que tristesse et tendresse
PARODIELa parodie nous tourne en ridicule ; un Fréron nous déchire ; voilà tout le fruit d'un travail qui abrége la vie
PAROLENous sommes tous dans ce monde comme des prisonniers dans la petite cour d'une prison.... toutes les réflexions sont vaines, tous les raisonnements sur la nécessité et sur la misère humaine ne sont que des paroles perdues
PAROLEJ'ai peur que l'homme puissant à qui vous vous êtes adressé ne vous ait donné des paroles, et non pas une parole
PARPAILLOT, OTELe bruit a couru que vous alliez troquer votre gouvernement de Guyenne contre celui de Languedoc ; c'était une joie chez toutes les parpaillotes
PARPAILLOT, OTEEst-il vrai que nous pourrons posséder notre frère au mois de septembre dans le pays des parpaillots ?
PARQUETLe bon Dieu bénisse cet avocat général de Bordeaux [M. Dupaty] qui a fait frapper la médaille d'Henri IV ! on dit qu'il est aussi éloquent que généreux ; les parquets de province se sont mis depuis quelque temps à écrire beaucoup mieux que le parquet de Paris
PARTJe n'ai pu résister au plaisir de me vanter de vos bontés, et un passant a dit : j'en retiens part
PARTLe récipiendaire [à l'Académie française] ayant assuré que son prédécesseur était un grand homme, que le cardinal de Richelieu était un très grand homme, le chancelier Séguier un assez grand homme, Louis XIV un plus que grand homme, le directeur lui répond la même chose, et ajoute que le récipiendaire pourrait bien aussi être une espèce de grand homme, et que, pour lui directeur, il n'en quitte pas sa part
PARTJe fais des voeux et je crains pour M. de Richelieu ; quoiqu'il ait refusé un malheureux quart de part à Lekain, je l'aime toujours
PARTLes succès dépendent entièrement des acteurs ; s'il y en avait trois ou quatre comme vous, vos parts seraient au moins de vingt mille livres
PARTAGEDes pensées fortes et vigoureuses, un coup d'oeil juste sur les faiblesses des hommes, des idées profondes et vraies, c'est là votre partage dans tous les temps
PARTAGÉ, ÉEBoileau avait raison de dire que Thomas Corneille avait été partagé en cadet de Normandie (voy. NORMANDIE)
PARTAGÉ, ÉEM. de Malesherbes, qui est assurément une belle âme, m'a mandé que c'était ce même homme [un juge dans l'affaire la Barre] qui avait déterminé l'arrêt funeste dont l'Europe a eu tant d'horreur ; que sans lui les voix auraient été partagées
PARTAGERVous voilà tout accoutumée à des partages ; l'empire turc sera partagé, et vous ferez jouer l'Oedipe de Sophocle dans Athènes
PARTAGERJ'aimerais peut-être encore mieux qu'il [le président Hénault] se partageât uniquement entre vous et lui-même ; il ne trouvera jamais de société plus charmante que ces deux-là
PARTAGERC'est ainsi que les opinions se partagent sur toutes les affaires de ce monde
PARTISerez-vous étonné si je vous dis que j'ai reçu une lettre anonyme de Toulouse... ? je présume que, si j'étais à Toulouse, on me ferait un assez mauvais parti
PARTIIl a pris le parti des rois, qui ne sont pas mieux traités que Dieu dans le Système de la nature ; pour moi je n'ai pris que le parti des hommes
PARTIIl était digne de notre nation de singes, de regarder nos assassins comme nos protecteurs ; nous sommes des mouches qui prenons le parti des araignées
PARTIS'il [le parlement de Toulouse] croit avoir bien jugé les Calas, il doit publier la procédure.... s'il sent qu'il s'est trompé, il doit réparer son injustice.... il n'a fait ni l'un ni l'autre ; et voilà des cas où c'est le plus infâme des partis de n'en prendre aucun
PARTIBUS (IN)Puisque me voilà la victime des jansénistes, je dédierai Mahomet au pape, et je compte être évêque in partibus infidelium, attendu que c'est là mon véritable diocèse
PARTICULIER, ÈREJe ne connais point, après la Saint-Barthélemy et les autres excès commis par tout un peuple, une aventure particulière plus effrayante [que la condamnation de Calas]
PARTICULIER, ÈRELe père Menou, qui m'écrit lettre sur lettre pour se plaindre de la trahison qu'on nous a faite à tous deux de publier et de falsifier ce que nous nous étions écrit dans le secret d'un commerce particulier, qui doit être une chose sacrée chez les honnêtes gens
PARTIEJ'aurais donné une partie de mon bien pour que Rousseau eût été un homme sage, mais cela n'est pas dans sa nature
PARTIEJe crois vous avoir mandé que le roi de Danemark venait de se mettre dans le rang de nos bienfaiteurs ; j'ai brelan de roi quatrième ; mais il faut que je gagne la partie
PARTIEIl est temps de tirer la tragédie de la fadeur : je pétille d'indignation quand je vois une partie carrée dans Électre [de Crébillon]
PARTIEVous ne parlez point de Calas ; n'avez-vous pas été un peu surprise qu'une famille obscure et huguenote ait prévalu contre un parlement, que le roi lui ait donné trente-six mille livres, et qu'elle ait la permission de prendre un parlement à partie ?
PARTISANLes lullistes appellent les partisans de Rameau les ramoneurs
PARTISANElle [Mme du Chatelet] vous rendait bien justice ; vous n'aviez point de partisane plus sincère
PARUREJe sais qu'il y a des personnes assez déterminées pour soutenir ce malheureux fatras intitulé roman [la Nouvelle Héloïse].... franchement tout est de même parure, depuis les remontrances et les réquisitoires jusqu'à nos romans et nos comédies
PARVULISSIMELes gens de bien surtout, mon cher frère, doivent savoir que Jean-Jacques a fait un gros libelle contre la parvulissime république de Genève
PASEnsuite il eut le courage de ramener ces deux régiments à petits pas, et de les sauver du péril où leur valeur les jetait
PASTenez-la prête pour l'impression, dès que quelqu'un des quarante passera le pas, et vous serez mon confrère ou mon successeur
PASLes pas que l'on fait dans le Milanais, à Venise et à Naples sont des pas de tortue
PASSADEAh ! mon ami, défiez-vous des charlatans qui ont usurpé, en leur temps, une réputation de passade
PASSADEVous n'avez jamais eu qu'une passion véritable, celle de faire du bien ; tout le reste n'a été que passades
PASSADEMon principal emploi à présent est le siècle de Louis XIV.... c'est la sultane favorite ; les autres études sont des passades
PASSAGEJe vous demande pardon d'avoir dit qu'il y avait quarante à cinquante pas à nager au passage du Rhin ; il n'y en a que douze ; Pellisson même le dit ; j'ai vu une femme qui a passé vingt fois le Rhin sur son cheval en cet endroit, pour frauder la douane de cet épouvantable fort de Tholus
PASSAGEJe ne suis point surpris du nombre des sonnets faits à votre louange ; ce sont des fleurs qu'on jette partout sur votre passage
PASSAGEL'abbé Chappe a observé le passage de Vénus sur le soleil à Tobolsk, vers le 58e degré, sur le terrain le plus froid et sous le ciel le plus nébuleux
PASSEEnfin voilà donc M. de Chauvelin en passe de faire tout le bien qu'il a la rage de vouloir faire
PASSE-PASSELes pauvres philosophes sont obligés de faire mille tours de passe-passe pour faire parvenir à leurs frères leurs épîtres canoniques
PASSE-PORTC'était un attentat inouï d'arrêter, sans aucun prétexte, un sujet de Charles-Quint [Servet], qui voyageait sur la foi publique, muni de bons passe-ports
PASSE-PORTM. l'abbé de Bernis a bien voulu m'envoyer, de la part du roi, un passe-port dans lequel Sa Majesté me conserve le titre de son gentilhomme ordinaire
PASSE-PORTJe vous remercie bien tendrement, mon cher ami, de tant de bons passe-ports que vous avez donnés à cette philosophie de Newton
PASSEREst-il vrai que M. Paller a passé de l'intendance de Moulins à celle de Besançon ?
PASSERLe jugement atroce qui ne passa que de deux voix, est mille fois pire que celui des Calas
PASSERMahomet a bien passé ; pourquoi les Guèbres ne passeraient-ils pas ?
PASSERJe voudrais bien savoir comment on peut s'y prendre pour mettre ce livre à vos pieds, car rien ne passe ; pour cette lettre, elle passera
PASSERJe serais très fâché de passer pour l'auteur de Zadig, qu'on veut décrier par les interprétations les plus odieuses.... voyez quelle apparence !
PASSERLaissons passer les fadeurs du jour de l'an et le tumulte du carnaval, après quoi nous verrons à qui appartiendra la tête de cet officier [le jeune d'Etallonde]
PASSERJe vais être en relation avec un brame des Indes, par le moyen d'un officier qui va commander sur la côte de Coromandel, et qui m'est venu voir en passant
PASSERHeureux qui vit chez soi avec ses nièces, ses livres, ses jardins, ses vignes, ses chevaux, ses vaches, son aigle, son renard et ses lapins qui se passent la patte sur le nez !
PASSEROn passe sa vie à s'indigner et à gémir
PASSE-TEMPSOn se donne beaucoup dans ce pays-là [Genève] le passe-temps de se tuer ; voilà quatre suicides en six semaines
PASSE-VOLANTJe laisse Mme Denis donner des repas de vingt-six couverts, et jouer la comédie pour ducs et présidents, intendants et passe-volants qu'on ne reverra plus
PASSIF, IVEY a-t-il une autre ressource [que la médisance] contre l'ennui actif et passif dont votre inutile beau monde est accablé sans cesse ?
PASTICHEVous êtes comme ces connaisseurs nouvellement venus d'Italie, tout remplis de leur Raphaël, de leur Carache, de leur Paul Véronèse, et qui démêlent tout d'un coup les pastiches de Boulogne
PASTOPHORELe grand référendaire doit réprouver cette brochure et être piqué contre l'auteur indiscret ; les pastophores vont s'assembler, et tout est à craindre
PASTORAL, ALEJe vois que tous les poëtes ont eu raison de faire l'éloge de la vie pastorale, que le bonheur attaché aux soins champêtres n'est point une chimère
PATAUGERVous avez raison assurément de trouver de grandes difficultés dans le chapitre de Locke de la puissance ou de la liberté ; il avouait lui-même qu'il était comme le diable de Milton pataugeant dans le chaos
PÂTEDès qu'on eut publié votre rescrit impérial dans la superbe ville de Gex, où il n'y a ni pain ni pâte
PÂTEIl faut que je sois une bonne pâte d'homme, bien faible, bien sotte, pour m'y intéresser encore
PATENTEM. m'honore m'a donné des patentes de prophète
PATEROn ne rit point quand on manque de pain ; c'est là l'essentiel, et le Pater noster commence par là, ce qui est, à mon avis, fort sensé
PATERNEL, ELLEJ'ai laissé reposer Mahomet [tragédie], afin de le revoir avec des yeux moins paternels
PATHÉTIQUEMENTJe commence à n'être pas si mécontent de cette besogne [la tragédie du Triumvirat], et je crois que, si Mlle Duménil jouait bien Fulvie, et Mlle Clairon pathétiquement Julie, la pièce pourrait faire assez d'effet
PATHOSÀ propos de conseil, savez-vous que je crois le mémoire de Mariette le meilleur de tous pour instruire les juges ? les autres ont plus d'ithos et de pathos, mais celui-là va au fait plus judiciairement
PATIENCEPrenez toujours la vie en patience, madame, et, s'il y a quelque bon moment, jouissez-en gaiement
PATIENCEIl n'y a que deux choses à faire dans ce monde, prendre patience et mourir
PATIENCEPour faire un bon livre, il faut un temps prodigieux et la patience d'un saint
PATIENCESerai-je toujours comme Arlequin, qui voulait faire vingt-deux métiers à la fois ? patience
PATIENCEIl prendra patience ; on dit que c'est la vertu des ânes ; mais il faut que chacun porte son bât dans ce monde
PATIENT, ENTEMontmartel, qui est à Genève au nombre des patients de Tronchin
PATINVous aurez maussades actrices, Moitié femme et moitié patin
PÂTIRLes petits pâtissent du malheur des grands, et quelquefois même de leur bonheur
PÂTIRIl n'est pas juste que vous pâtissiez des frivolités de ma jeunesse ; cependant il faut que je vous propose de daigner partager un peu mes faiblesses
PATRIARCAL, ALEJe finis par mener une vie patriarcale ; c'est un don de Dieu qu'il ne nous fait que quand on a barbe grise ; c'est le hochet de la vieillesse
PATRIARCALEMENTTout le monde n'est pas aussi philosophe que votre serviteur, et, patriarcalement parlant, je serais fort aise de rendre le père et la mère témoins du bonheur de leur fille
PATRIARCHEJe crois vous avoir mandé.... que ce M. Abauzit est le patriarche des ariens de Genève
PATRIMOINEJ'ai perdu en ma vie cinq ou six fois plus que je n'ai eu de patrimoine
PATRIOTEJ'avais lu l'excellent ouvrage dont vous me parlez, et toute ma peine était d'ignorer le nom de l'estimable patriote que je devais remercier
PATRON, ONNEJob, un de mes patrons, dit que l'homme est né pour travailler, comme l'oiseau pour voler
PATTEOn n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage [le Discours sur l'Inégalité]
PATTERacine a tiré tout son or [pour Andromaque] du fumier de Pertharite [de Corneille] ; et personne ne s'en était douté, pas même Bernard de Fontenelle, qui aurait été bien charmé de donner quelques légers coups de patte à Racine
PAUSEC'est un très jeune homme [Athamare dans la tragédie des Scythes] amoureux comme un fou, fier, sensible, empressé, emporté, qui ne doit mettre dans l'exécution de son personnage aucune de ces pauses, lesquelles font ailleurs un très bel effet
PAUVREC'est moi qui imaginai d'engager M. le maréchal de Richelieu à faire ce qu'il pourrait pour sauver la vie à ce pauvre amiral Bing ; je l'avais fort connu dans sa jeunesse....
PAUVRETout ce que je demande, c'est qu'on me laisse finir ma pauvre carrière sur les bords de mon lac
PAUVREIl faut que l'air de Ferney ne soit pas bon pour les tragédies : l'auteur de Warvick [la Harpe] n'a pas encore fait une pauvre petite scène
PAUVREL'Académie ne veut pas paraître philosophe ; quelles pauvres observations que ses observations sur mes remarques concernant Polyeucte !
PAUVRETÉEt qui craint la pauvreté N'est pas digne de l'opulence
PAUVRETÉLa nation a été souvent plus malheureuse qu'elle ne l'est, mais elle n'a jamais été si plate ; tâchez, madame, de rire comme moi de tant de pauvretés en tout genre
PAUVRETÉVous m'allez dire qu'il faut que j'aie une terrible santé, puisque je fais tant de pauvretés à mon âge [la tragédie de Minos]
PAYÉ, ÉEJe ne puis assez admirer votre désintéressement de me sacrifier de si grands intérêts pour la somme de 3000 livres, une fois payée
PAYÉ, ÉEM. de Pompignan attaqua tous les gens de lettres dans son discours à l'Académie ; il en a été payé
PAYERJ'ai pardonné à l'archidiacre ; j'ai oublié Fréron ; mais Omer me le payera
PAYEUR, EUSENous sommes malheureux sur terre et sur mer ; et on dit que l'artillerie porte jusqu'à Paris, où elle estropie la main droite de nos payeurs des rentes
PAYSPays, au sens de la population qui l'occupe On les bat trop ; les chanoines les accablent ; et vous verrez que tout ce pays-là, qui doit nourrir Versoy, s'en ira en Suisse, si vous ne le protégez
PEAUS'il paraît quelque brochure avec deux ou trois grains de sel, même du gros sel, tout le monde dit : c'est lui [Voltaire], je le reconnais, voilà son style, il mourra dans sa peau comme il a vécu
PEAUJe vous y vois.... Arracher une plume au dos de la Victoire, Et m'écrire en jouant, sur la peau d'un tambour, Ces vers toujours heureux, pleins de grâce et de tour
PÉCHÉAttenter à la liberté de son prochain me paraît un crime contre l'humanité ; c'est le péché contre nature
PÉCHÉIl n'est pas juste de m'attribuer l'Honnêteté littéraire quand je ne l'ai pas faite.... j'ai bien assez de mes péchés, sans me charger encore de ceux de mon prochain
PÉCHERN'êtes-vous pas étonné qu'il [l'Arioste] ait pu faire un poëme de plus de quarante mille vers, dans lequel il n'y a pas un morceau ennuyeux, et pas une ligne qui pèche contre la langue ?
PÊCHEROù mon gros abbé Mignot a-t-il pêché que le style est dans le goût de Sémiramis et de Mahomet ?
PÉCULEQue M. Thiriot ne s'expliquait-il ? je lui aurais envoyé, depuis deux ans, de quoi se faire un honnête pécule en rogatons
PÉDAGOGUEJe connais l'ouvrage fanatique du petit jésuite contre Bayle ; vous faites bien de le réfuter.... il est bon de faire voir que les honnêtes gens ne sont pas gouvernés par ces pédagogues raisonneurs, éternels ennemis de la raison
PÉDANTESQUEJe vous envoie l'antiquité à bâtons rompus ; je ne sais si le fatras des sottises mystérieuses des mortels vous plaira beaucoup ; vous êtes de bien bonne compagnie pour lire avec plaisir ces profondeurs pédantesques
PEIGNÉ, ÉEIl faut qu'un écrivain tel que lui [Bayle] se garde du style étudié et trop peigné ; mais une négligence continuelle n'est pas tolérable dans les ouvrages sérieux
PEINEQue, dans tout le Thibet, on pense qu'il existe un homme immortel, cela peut faire quelque peine à un philosophe
PEINEJe suis en peine de la santé de M. d'Alembert
PEINEIl faut rendre service aux hommes tant qu'on le peut, bien qu'ils n'en vaillent guère la peine
PÈLERINAGEJe me prosterne.... devant votre esprit aussi sensé que gai.... qui sait très bien que la vie n'est qu'un pèlerinage qu'il faut semer de coquilles et de fleurs
PELOTONLa Bletterie [auteur d'une histoire de l'empereur Julien] devait prendre avec soi le peloton de M. de Saint-Agnan, et s'en servir pour se tirer du labyrinthe où il s'est engagé
PELOTONPourquoi faut-il que je sois si heureux à Potsdam, quand vous êtes à Paris ? pourquoi tous les êtres pensants et bien pensants, les gens de goût, les bons coeurs ne font-ils pas un petit peloton dans quelque coin de ce monde ?
PÉNATESC'était dans le temps que M. le prince de Brunswick faisait à mes petits pénates le même honneur que vous avez daigné leur faire [une visite]
PENCHÉ, ÉELes comédiens qui ont défiguré mes ouvrages pour se donner des airs penchés sur le théâtre
PENDANT, ANTEC'est un édit sur la liberté du commerce des vins ; il fait un beau pendant avec l'édit du 14 septembre en faveur des blés
PENDREUn des Omer disait qu'il ne mourrait pas content qu'il n'ait vu pendre un philosophe ; je peux l'assurer que ce ne sera pas moi qui lui donnerai ce plaisir
PENSANT, ANTEIl faut qu'un être pensant ait vu Rome et le roi de Prusse, et ait vécu à Paris ; après cela on peut mourir quand on veut
PENSEUROn craint les penseurs
PENSIONLouis XIV donnait six mille livres de pension aux Valincourt, aux Pellisson, aux Racine et aux Despréaux pour faire son histoire qu'ils ne firent point
PENSIONOn m'a ôté, je ne sais comment, du moins on ne me paye plus, une pension de deux mille livres que j'avais avant que Louis XV fût sacré
PENSIONVous avez dans Paris une voix prépondérante, et Alexandre voulait plaire aux Athéniens ; je ne sais si c'est en donnant douze cents francs de pension qu'il s'écriait : ô gens d'Athènes, voyez ce qu'il m'en coûte pour être loué de vous
PENSIONNAIRENous rencontrâmes [à Amsterdam] le pensionnaire à pied, sans laquais, au milieu de la populace : on ne voit là personne qui ait de cour à faire
PÉPINIÈRECe qui me consolera quand je partirai de ce monde, c'est que j'y laisserai une petite pépinière d'honnêtes gens qui s'étend et se fortifie tous les jours
PERÇANT, ANTEOn n'entend point à cent lieues le petit bruit des louanges ; celui des sifflets est perçant, et porte au bout du monde
PERÇANT, ANTEJe sens que vous avez, physiquement parlant, les yeux du corps aussi faibles que ceux de votre esprit sont perçants
PERCERQue de belles nouvelles envoyées de canaille à canaille, et perçant chez les oisifs honnêtes gens du beau monde de Paris !
PERCERAujourd'hui on est très disposé à permettre que ce livre [un livre sur la tolérance] perce dans le public avec quelque discrétion
PERDREJ'ai perdu mon cher Damilaville, dont l'amitié ferme et courageuse avait été longtemps ma consolation
PERDREAyez pitié de votre ancienne créature qui a perdu la tête, et à qui il ne reste que son coeur
PERDRELa jurisprudence d'Espagne est précisément comme celle de France : on change de lois en changeant de chevaux de poste, et on perd à Séville le procès qu'on aurait gagné à Saragosse
PERDRIXLe vieux malade n'a pu manger des perdrix rouges dont M. de Florian a régalé Ferney
PERDU, UEVous n'êtes pas content de m'avoir appris des vérités longtemps cachées, vous voulez encore que je croie à votre ancien peuple perdu
PÈREM. Galatin, officier aux gardes suisses, qui vous présentera ma très humble requête, est de la plus ancienne famille de Genève ; ils se font tuer pour nous de père en fils, depuis Henri IV
PERFECTIONJe suis difficile pour moi-même et pour les autres ; il est dur de sentir la perfection, et de n'y pouvoir atteindre
PERFIDEEst-il possible que Le Brun, qui m'adressait de si belles odes pour m'engager à prendre Mlle Corneille, et m'envoie souvent de si jolis vers, ne soit qu'un petit perfide ?
PÉRICLITERJe croyais la chose en règle ; ma créance était originairement homologuée à la chambre des comptes, et ne devait pas péricliter
PÉRIODECela est bon pour Frédéric le Grand ; il lui faut des armées le matin, et Apollon l'après-midi ; il a tout, il carre des bataillons et des périodes
PÉRIPÉTIECe qui me fâche, c'est que voilà la czarine morte.... nous verrons quelle sera la face du Nord.... en ma qualité de faiseur de tragédies, j'aime beaucoup les péripéties
PÉRIRCe qui n'est que noble et fier, ce qui ne demande qu'une voix sonore et assurée périt absolument dans sa bouche [de Lekain]
PERMIS, ISEDans ces circonstances, Thiriot me doit dix lignes ; s'il veut faire mieux, à lui permis
PERPENDICULARITÉCe qui fait la chaleur n'est pas la proximité, mais la perpendicularité des rayons du soleil
PERPENDICULEEn été, les rayons sont plus approchés de la perpendicule
PERPÉTREROn fit un procès à Damiens, et on perpétra son supplice
PERPÉTUEL, ELLESommes-nous assez heureux pour que M. d'Alembert soit notre sécrétaire perpétuel ? je réponds du moins que, s'il y a de la perpétuité, ce sera pour son nom
PERPÉTUEL, ELLELa vie d'un homme de lettres est un combat perpétuel, et on meurt les armes à la main
PERRUQUEJe ne balance pas assurément entre Catherine II et les vingt-cinq perruques de Genève
PERSÉCUTERMoi, persécuter l'auteur du Vicaire savoyard, moi, persécuter quelqu'un !
PERSÉCUTERJ'espère que, dans sept ou huit cents ans, les hommes ne se persécuteront plus pour savoir : utrum chimaera bombinans....
PERSÉCUTERJ'ai toujours pensé, j'ai dit, j'ai écrit que les gens de lettres devraient être tous frères ; ne les persécute-t-on pas assez ? faut-il qu'ils se persécutent encore les uns les autres ?
PERSÉCUTEUR, TRICEJe ne crois pas qu'on puisse faire à un homme une injure plus atroce que de l'appeler persécuteur
PERSÉCUTIONQuelle plus belle vengeance à prendre de la sottise et de la persécution que de les éclairer ?
PERSÉVÉRANT, ANTEVos bontés ne se refroidissent pas ; vous avez un grand avantage sur les autres hommes, c'est que vos vertus sont persévérantes
PERSONNEQue je vous suis obligé, monsieur, de m'écrire du séjour de la gloire et du bonheur ! ces deux personnes sont rarement ensemble
PERSONNEMon coeur est à vous ; mais la destinée n'est à personne, elle se moque de tous
PERSONNEL, ELLEQui se souvient aujourd'hui des querelles du père Bouhours et de Ménage ?... presque tout ce qui n'est que personnel est perdu pour le reste des hommes
PERSPECTIVEJe suis entre le lac de Genève et le mont Jura, ayant en perspective les neiges éternelles des grandes Alpes
PERTEMme Geoffrin est réellement une perte ; je ne crois pas qu'elle soit de mon âge ; mais la mort consulte rarement les extraits baptistaires
PERTURBATEUR, TRICEIl valait cent fois mieux être le protecteur de la philosophie que le perturbateur de l'Europe [il s'agit du roi de Prusse]
PERVERS, ERSEJe ne sais ni pardonner aux pervers, ni abandonner les malheureux
PESANTEURPour la triste ville où je suis, C'est le séjour de l'ignorance, De la pesanteur, des ennuis, De la stupide indifférence
PESTIFÉRERS'il faut que vous soyez obligé continuellement, vous et M. le contrôleur général, de réformer tous les mémoires dont la cupidité humaine vous pestifère
PÉTAUDIÈREGenève est une pétaudière ridicule ; mais du moins de pareilles horreurs [l'exécution du jeune la Barre] n'y arrivent point
PÉTILLERLe sang pétille dans mes vieilles veines en vous parlant de lui [le traducteur de Shakspeare]
PETIT, ITEJe ne crois pas en [des Lois de Minos] faire jamais une pièce qui soit aussi touchante que Zaïre ; mais il se pourra faire qu'elle ait son petit mérite
PETIT, ITEJ'ai un petit mot à vous dire, c'est que presque toutes vos tragédies [à vous Français] sont froides
PETIT, ITEIl [Thiriot] fait le médiateur, le petit ministre
PETITE-FILLEVoudriez-vous avoir la charité de vous informer s'il est vrai qu'il y ait une mademoiselle Corneille, petite-fille du grand Corneille, âgée de seize ans ?
PETITESSESa Hautesse [le sultan] payera les frais du procès que sa petitesse vous a intenté
PETITESSEFaites sentir à notre siècle toute sa petitesse et tout son ridicule ; renversez ses idoles
PETITISSIMEUne affaire de parti dans la petitissime république [Genève]
PÉTRIFIÉ, ÉEIl n'y a rien de nouveau en Russie, sinon un rhinocéros pétrifié qu'on a trouvé dans les sables, au 65e degré de latitude
PÉTRIFIÉ, ÉEJe suis pétrifié d'étonnement et de douleur
PETTO (IN)Nouvelles coquetteries de ma part avec le pape ; je lis ses livres, j'en fais un petit extrait, je versifie, et le pape devient mon protecteur in petto
PEUJe vous exhorte à jouir, autant que vous pourrez, de la vie qui est peu de chose, sans craindre la mort qui n'est rien
PEUIl est vrai que je suis un peu sourd, un peu aveugle et un peu impotent
PEUVous me demandez si je suis à peu près heureux ? il n'y a en effet en ce genre que des à peu près ; mais quel est votre à peu près, madame ?
PEUPLEEn faisant semblant d'être les protecteurs du pauvre peuple qui n'est que le sot peuple
PHÉNIXC'est [une actrice qui avait fait une visite à Ferney] le phénix à jamais regretté, On ne le voit qu'une fois dans sa vie
PHÉNOMÈNEJe regarde les grands événements de ce règne [de Louis XIV] comme de beaux phénomènes dont je rends compte, sans remonter au premier principe
PHÉNOMÈNEL'établissement de l'Académie et le phénomène du Cid
PHILOSOPHALEUn autre m'envoie un paquet de rêveries ; il me mande qu'il a trouvé la pierre philosophale, et qu'il ne veut dire son secret qu'au roi ; je lui renvoie son paquet, et je lui mande que c'est le roi qui a la pierre philosophale
PHILOSOPHEJe crois qu'il faut un peu modérer notre enthousiasme pour le Nord ; il produit d'étranges philosophes [à propos de l'assassinat d'Ivan]
PHILOSOPHEÀ propos, monsieur le conseiller, vous saurez que cette philosophe [Mme du Chatelet] a gagné un préliminaire de son procès, fort important et qui paraissait désespéré
PHILOSOPHEQu'il y a de différence entre être philosophe et parler de philosophie !
PHILOSOPHEJ'imagine que votre grand'maman [la duchesse de Choiseul] est une vraie philosophe
PHILOSOPHERQuand Descartes voulut philosopher, il quitta la France
PHILOSOPHERQue sont devenus nos anciens projets de philosopher un jour ensemble dans cette grande ville si peu philosophe [Paris] ?
PHILOSOPHIELa philosophie est bonne à quelque chose, elle console
PHILOSOPHIEIl est bon d'être philosophe, mais il est triste d'être toujours oblige de se servir de sa philosophie
PHILOSOPHIQUEMENTVous devez vivre à Paris gaiment, librement et philosophiquement : ces trois adverbes joints font admirablement
PHRASEVous savez penser ; les autres font des phrases ; ils sont tous les élèves du père Nicodème, qui disait à Jeannot : Fais des phrases, Jeannot, ma douleur t'en conjure
PHYSIQUEJ'ai aimé la physique tant qu'elle n'a point voulu dominer sur la poésie ; à présent qu'elle écrase tous les arts, je ne veux plus la regarder que comme un tyran de mauvaise compagnie
PIAILLARD, ARDEUn tragédien [faiseur de tragédies] dit toujours : j'écrirai demain... son coeur a beau lui dire : écris donc à ton ami ; vient un héros de Babylone, ou une piaillarde de princesse, qui prend tout le temps
PIANO-FORTE ou FORTE-PIANOUn piano-forte qui est un instrument de chaudronnier en comparaison du clavecin
PICOTANT, ANTELes remèdes picotants et agissants
PIÈCEJe me suis ruiné en bâtiments, en terrasses, en pièces d'eau ; et les pièces de théâtre ne réparent rien
PIÈCEVoulez-vous que je vous parle net ? ni Crébillon, ni moi ne méritons tant de bontés ; entre nous, je ne connais pas une bonne pièce depuis Racine, et aucune avant lui où il n'y ait d'horribles défauts
PIÈCEL'aventure de ce La Frenaye qui se tua chez Mme de Tencin pour lui faire pièce
PIÈCEJe suis dans l'âge où l'on commence à perdre tout, pièce à pièce
PIEDSi je pouvais mettre un pied devant l'autre, vous croyez bien que mes deux pieds seraient chez vous
PIERRAILLEQuand un rocher tombe, il entraîne toujours mille petites pierrailles dans sa chute
PIÉTISTEVous avez en France les convulsionnaires ; en Hollande on connaît les fins, ici [en Prusse] les piétistes
PILERParmi les fanatiques mêmes, il y a des gens qui ne persécuteraient pas un octogénaire, et qui pileraient, s'ils le pouvaient, un septuagénaire dans un bénitier
PILLARD, ARDEVous savez qu'en général le soldat français est accusé.... d'être fort raisonneur, inconstant et pillard
PILLARD, ARDEJe tiens l'empereur Justinien un assez misérable despote, et Bélisaire un brave capitaine assez pillard
PILLERMais parlez-moi donc des poésies de cet homme [le roi de Prusse] qui a pillé tant de vers et tant de villes
PILONLe libraire de Genève envoya à Paris six cents exemplaires [d'une dissertation de M. de Belestat], que M. de Sartine fit mettre au pilon
PINCÉ, ÉECroiriez-vous que le traducteur de Tacite m'a fait écrire par un homme très considérable, pour me reprocher.... de trouver son style pincé et ridicule ?
PINCERQuolibets de noces, plates plaisanteries, contes lubriques, qui font rougir la mariée et pincer les lèvres aux bégueules
PINCERJe vous dis très sincèrement.... que je vous pardonne cordialement de m'avoir pincé, que je suis fâché de vous avoir donné quelques coups d'épingles....
PINTEC'est une philosophe [la duchesse de Choiseul] pas plus haute qu'une pinte, et dont l'esprit me paraît furieusement au-dessus de sa taille
PINTEMlle Dumesnil [une actrice] boit-elle toujours pinte ? en perd-elle sa santé et son talent ?
PIQUANT, ANTEJe ne puis croire que ce ou cette d'Éon, ayant le menton garni d'une barbe noire très épaisse et très piquante, soit une femme
PIQUERTout s'est borné à des préparatifs, et à piquer à coups de marteaux de grandes pierres de roche, qui, à mon gré, ne conviennent point du tout à une maison de campagne
PIQUETJ'ai bien l'air d'avoir planté le piquet pour jamais sur les bords du lac de Genève
PIQUETTEVous prétendez avoir recours à quelque ancienne rhapsodie ; N'allez pas mêler, je vous prie, Ma piquette à votre ambroisie ; Ah ! toute ma philosophie Vaut-elle un soir de vos beaux jours !
PIRATERIECette piraterie doit intéresser MM. d'Argental et de Thibouville ; car j'ai trouvé dans la pièce beaucoup de vers de leur façon
PIREGardez-vous bien de prendre un mauvais poëte [à l'Académie française] ; c'est la pire espèce de toutes et la plus méprisable
PIROUETTELa langueur, la misère, la consternation règnent dans Paris ; il y a toujours quelques belles dames qui vont parer les loges, et des petits-maîtres qui font des pirouettes sur le théâtre, mais le reste souffre et murmure
PISLes affaires de ce roi, mon ancien disciple et mon ancien persécuteur, vont de mal en pis
PISÉJe me bornerai cette année à bâtir des granges de ce que vous appelez pisé [Voltaire écrit pizai], si je ne me trompe
PISSATPour comble d'horreur deux bouteilles de vin de Hongrie se cassent ... la liqueur jaunâtre inonde mes pieds ; mais ce n'est pas du pissat d'âne
PISTOLETLe cher correspondant est supplié de vouloir bien faire mettre à la poste tous ces petits pistolets de poche [petits écrits]
PITIÉOui, la pitié est le contre-poison de tous les fléaux de ce monde ; voilà pourquoi Jean Racine prit pour devise, dans l'édition de ses tragédies, crainte et pitié
PITIÉM. Holwell a vu dans son gouvernement, en 1734, la plus belle femme de l'Inde, âgée de dix-huit ans, résister aux prières et aux larmes de milady Russell, femme de l'amiral anglais, qui la conjurait d'avoir pitié d'elle-même
PLACEJe ne vous parlerai point de frère Thiriot ; il a mis l'indifférence à la place de la philosophie
PLACÉ, ÉEIl eût été assez placé que le Kain ou Mlle Clairon eût présenté l'ouvrage [Tancrède à Mme de Pompadour]
PLAINDREIl y a beaucoup de jolies sottes, beaucoup de jolies friponnes ; vous avez épousé beauté, bonté et esprit ; vous n'êtes pas à plaindre
PLAINDREOn ne plaint pas son argent pour voir un opéra-comique, et on le plaindra pour avoir des aqueducs
PLAINTIF, IVELes passions malheureuses sont plaintives
PLAIREIl n'y a peut-être rien de plus fou et de plus faible, après les Velches, que ceux qui veulent leur plaire
PLAISANT, ANTECe vaisseau [un vaisseau qui portait des troupes pour réduire les jésuites du Paraguay] s'appelle le Pascal ; il est juste que Pascal combatte les jésuites, et cela est plaisant
PLAISANT, ANTEC'est à présent la physique qui se met à être plaisante, depuis que la comédie ne l'est plus
PLAISANT, ANTEJe conviens avec vous que le plaisant et le tendre sont difficiles à allier ; cet amalgame est le grand oeuvre, mais enfin cela n'est pas impossible
PLAISANTERIEIl faut avouer en général que le ton de la plaisanterie est, de toutes les clefs de la musique française, celle qui se chante le plus aisément
PLAISANTERIELes plaisanteries ne sont bonnes que quand elles sont toutes chaudes
PLAISIRTout ce que je vois jette les semences d'une révolution qui arrivera immanquablement, et dont je n'aurai pas le plaisir d'être témoin
PLAISIRLa raillerie est innocente [contre Maupertuis, dans sa querelle avec König] ; mais je ne savais pas alors que je tirais sur les plaisirs du roi [Frédéric II, qui protégeait Maupertuis]
PLANCHEJe suis venu à Amsterdam le faire imprimer [l'ouvrage sur la philosophie de Newton], et faire dessiner les planches
PLANCHERÀ peine suis-je à deux cents pas du château [de Maisons, où Voltaire venait d'être malade de la petite vérole] qu'une partie du plancher de la chambre où j'avais été tombe tout enflammée
PLANTERLes maisons s'élèvent de tous côtés, les jardins vont se planter
PLANTEURL'éternel malade, le solitaire, le planteur de choux et le barbouilleur de papier, qui croît être philosophe au pied des Alpes
PLANTOMANIEJ'aime à la folie présentement les jardins à l'anglaise... en un mot, l'anglomanie domine dans ma plantomanie
PLAT, ATELes cassinistes s'élèvent contre Maupertuis, et ne veulent pas que la terre soit plate aux pôles ; il faudrait les y envoyer pour leur peine
PLAT, ATEJe ne recueillais de ma vigne Qu'un peu de vin grossier et plat
PLAT, ATELa nation a été souvent plus malheureuse qu'elle ne l'est ; mais elle n'a jamais été si plate
PLATIl vaut mieux servir tout à la fois que plat à plat
PLATEMENTTâchez, si vous pouvez, d'affaiblir votre style nerveux et concis ; écrivez platement, personne assurément ne vous devinera
PLATITUDELa plus extrême simplicité est ce que j'aime [en Mérope] ; si elle dégénère en platitude, vous en avertirez votre ami
PLÉBISCITEDans l'ancienne Rome, et même encore à Genève et à Bâle, et dans les petits cantons, ce sont les plébiscites qui font les lois
PLEIN, EINECe livre [la tactique de Guibert] est plein de grandes idées, comme sa tragédie du connétable de Bourbon est pleine de beaux vers
PLEIN, EINEJe suis encore tout plein de M. Turgot.... je n'ai guère vu d'homme plus aimable ni plus instruit
PLEIN, EINEJe crois vous avoir déjà dit, madame, à peu près ce que je vous dis aujourd'hui ; mais je suis si plein que je répète
PLEIN, EINEJ'apprends qu'en Toscane on vient d'essayer l'usage de vos principes, et qu'un plein succès en a justifié la bonté
PLEURERVous avez je ne sais quelle inclination fatale pour la comédie larmoyante, qui abrégera mes jours ; je ne vous en aime pas moins ; mais je pleure dans ma retraite, quand je songe que vous aimez à pleurer à la comédie
PLEUVOIRIl n'y a point d'ouvrage nouveau sur des matières très délicates qu'on ne m'impute ; les livres de cette espèce pleuvent de tous côtés
PLEUVOIRIl pleut ici de mauvais livres et de mauvais vers
PLIÉ, ÉEJe suis plié en deux, je souffre vingt-trois heures sur vingt-quatre
PLONGÉ, ÉECet homme [Bolingbroke], qui a été toute sa vie plongé dans les plaisirs et dans les affaires, a trouvé pourtant le moyen de tout apprendre et de tout retenir
PLONGEONPuisque je suis en train de me fâcher, je passe à Luc [Frédéric II] ; il fait le plongeon, il désavoue ses oeuvres, il les fait imprimer tronquées ; cela est bien plat, quand on a cent mille hommes
PLUIEJe crois que M. le cardinal de Bernis finira par être archevêque ; mais d'Alembert doute qu'ayant fait les Quatre Saisons, il fasse encore la pluie et le beau temps
PLUMEQui plume a guerre a ; ce monde est un vaste temple dédié à la discorde
PLUSN'ayez plus la goutte ; mais faites souvent des vers à Sans-Souci dans ce goût-là ; plus vous serez gai, plus longtemps vous vivrez
PLUSIEURSIl est très vrai que cet ouvrage [le Dictionnaire philosophique] est de plusieurs mains
POCHEOn s'enivra partout à votre santé, à celle de M. Turgot et de M. Trudaine ; on tira nos canons de poche toute la journée
POCHÉ, ÉESes yeux [de Voltaire], pochés par le vent du nord, ne lui permettent pas de vous écrire de sa main
POËTEJe vois avec peine qu'il [Goldoni] s'intitule poëte du duc de Parme ; il me semble que Térence ne s'appelait point le poëte de Scipion ; on ne doit être le poëte de personne, surtout quand on est celui du public
POÉTIQUEUne idée poétique, c'est, comme le sait Votre Altesse royale, une image brillante substituée à l'idée naturelle de la chose dont on veut parler... un tour poétique, c'est une inversion que la prose n'admet point
POIGNARDERC'est une vraie peine pour moi de lui en faire [à Mlle Gaussin] ; ce n'est pas à moi de poignarder Zaïre
POIGNÉEJ'ai pris les libertés que vous m'avez données.... j'ai jeté quelques poignées de mortier dans un ou deux endroits d'un édifice de marbre [la Réfutation de Machiavel]
POINTJe ne balancerais pas, si j'étais à votre place, à faire un mémoire en mon propre et privé nom.... je vous servirai de grammairien : je mettrai les points sur les i

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