L'oeuvre Correspondance de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Ecrit par François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Citations de "Correspondance"

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JEUPour les Vénitiens, ils joueront votre jeu, mais quand vous aurez gagné la partie
JEULa philosophie n'a pas beau jeu, mais les belles-lettres ne sont pas dans un état plus florissant
JEUOn ne se pique plus de déclamer des vers comme on faisait du temps de Baron ; on veut du jeu de théâtre ; on met la pantomime à la place de l'éloquence
JEUL'appareil, la pompe, la position des acteurs, le jeu muet sont nécessaires ; mais c'est quand il en résulte quelque beauté
JEUAmusez-vous de la vie, il faut jouer avec elle ; et, quoique le jeu ne vaille pas la chandelle, il n'y a pourtant pas d'autre parti à prendre
JEUNEJouissez, monseigneur, de votre belle santé ; il n'y a de jeunes que ceux qui se portent bien
JEUNEVous êtes de jeunes gens en comparaison du vieillard des Alpes
JEUNECependant on trouve aussi des jeunes filles : Enseigner la langue française à des jeunes filles de qualité
JEÛNERJ'ai peur que certains hommes d'État ne fassent comme Mme de Bouillon, qui disait : comment édifierons-nous le public le vendredi saint ? faisons jeûner nos gens
JOLI, IENos Français sont malheureusement si galants et si jolis que tous ceux qui ont traité de pareils sujets les ont toujours ornés d'une petite intrigue entre une jeune princesse et un fort aimable cavalier
JOUABLETrouvez-vous enfin que Mahomet soit jouable ?
JOUERIl faut jouer avec la vie jusqu'au dernier moment
JOUERLes commis des fermes, ayant déjà entendu parler des bienfaits qu'on nous fait espérer, nous font les plus horribles avanies ; ils jouent de leur reste
JOUERIl vaut mieux jouer une tragédie que de donner à jouer à des jeux de hasard ruineux
JOUEROn a joué à Londres une traduction de Tancrède avec un très grand succès ; la pièce m'a paru fort bien écrite
JOUEREn voici bien d'une autre, monseigneur, le tripot m'a joué d'un mauvais tour
JOUERJe ne peux répondre que de mes sentiments ; la destinée se joue de tout le reste
JOUFFLU, UESi les rois sont les images des dieux et les ambassadeurs les images des rois, il s'ensuit, sire, par le quatrième théorème de Wolf que les dieux sont joufflus et ont une physionomie très agréable
JOUFFLU, UEVous devez, mon cher philosophe, avoir reçu une lettre satisfaisante de ce joufflu de Gabriel Cramer
JOURIl faut vivre au jour la journée quand on a affaire à des voisins ; on peut suivre un plan chez soi ; encore n'en suit-on guère ; mais, quand on joue contre les autres, on écarte suivant le jeu qu'on a
JOURJe voudrais vous tenir l'un et l'autre dans ma retraite ; je vois que vous n'y viendrez que quand les beaux jours seront passés, mais vous ferez les beaux jours
JOURElles [vos lettres] me servent d'antidote contre toutes les misérables brochures qui m'inondent ; tous ces petits insectes d'un jour piquent un moment et disparaissent pour jamais
JOURJe vous souhaite, madame, les jours et l'estomac de Fontenelle, vous avez tout le reste
JOURNÉEJe vous dis bonsoir, parce qu'en effet je me sens sur la fin de la journée de la vie
JOUVENCEIl n'y a, mademoiselle, que le plaisir de vous voir et de vous entendre qui puisse me ranimer ; vous serez ma fontaine de Jouvence
JUGÉ, ÉENous verrons si le bien jugé, qui n'a passé que de deux voix, n'est pas le plus infernalement mal jugé [dans l'affaire du jeune la Barre et de ses amis]
JUGEROn dit que l'affaire est jugée au moment que je vous écris, et j'attends avec impatience le moment de juger l'arrêt
JUGERLancer ses traits et puis retirer sa main, accuser M. Koenig, mon ami, d'être un faussaire.... opprimer Koenig et moi avec les mêmes artifices ; c'est ce que Maupertuis a fait, et c'est sur quoi l'Europe littéraire peut juger
JUIVERIESi nous pouvions réussir à le devenir [heureux], sans établir une caisse de juifrerie, ce serait autant de peine épargnée
JUMEAU, ELLEJ'aime à la folie présentement les jardins à l'anglaise, les lignes courbes, les pentes douces, les étangs en forme de lacs, les archipels en terre ferme, et j'ai un profond mépris pour les lignes droites, les allées jumelles
JURANDEIl est bien clair que toutes ces maîtrises et toutes ces jurandes n'ont été inventées que pour tirer de l'argent des pauvres ouvriers, pour enrichir des traitants, et pour écraser la nation
JURÉ, ÉEJ'aime mieux tout simplement l'ancienne méthode des jurés qui s'est conservée en Angleterre ; ces jurés n'auraient jamais fait rouer Calas
JURERAh ! vous m'avez fait, je vous jure, Et trop de grâce et trop d'honneur, Quand vous dites....
JURERHindfort, et vous Ginkel, vous dont le nom barbare Fait jurer de mes vers la cadence bizarre
JUSTEIl n'y aura jamais qu'un petit nombre de philosophes et de justes sur la terre
JUSTELes Juifs des dix tribus transplantées dans le pays de Gog et de Magog par Salmanazar l'an 717 avant notre ère latine, juste du temps de Romulus
JUSTEVoilà de ces occasions où l'on se trouve tout juste entre le sublime et le ridicule, entre le terrible et le dégoûtant
JUSTEJe la marie [Mlle Corneille] à un jeune gentilhomme qui se trouve tout juste mon plus proche voisin
JUSTESSEJe suis charmé de son esprit juste et délicat [de la duchesse de Choiseul] ; sans justesse d'esprit, il n'y a rien
JUSTESSEJe sais qu'elle [la duchesse de Choiseul] a, outre les grâces, justesse dans l'esprit et justice dans le coeur
JUSTICEIl est vrai que je lui présente [à Stanislas] l'histoire de son ennemi [le czar Pierre] ; mais celui qui embellit Nancy rend justice à celui qui a bâti Pétersbourg, et le coeur de Stanislas n'a point d'ennemi
JUSTICIERLe parlement de Dijon s'est avisé de faire pendre, ou à peu près, un pauvre diable de Suisse, pour me faire payer la procédure, en qualité de haut justicier ; je suis tout ébahi d'être haut justicier, et de faire pendre des Suisses en mon nom
Ah ! mon cher ange, ce M. Turgot-là est un homme bien supérieur ; et, s'il ne fait pas de la France le royaume le plus florissant de la terre, je serai bien attrapé
Rencontrez-vous quelquefois frère Thiriot ? je voudrais bien savoir pourquoi je ne peux pas tirer un mot de ce paresseux-là
Là, mon héros, mettez la main sur la conscience ; vous avez fait serment devant Dieu de donner votre voix au plus digne
LACÉRERMaître Joli de Fleuri assemblerait les chambres contre tout autre, et on lacérerait l'écrit scandaleux
LÂCHEJe vous avoue que ce procédé lâche m'est plus sensible que celui de Desfontaines
LÂCHEMENTDans des vers métaphysiques traduits lâchement
LÂCHERIls aiment les lettres, ils aiment et disent la vérité, ils sont courageux comme de petits lions ; lâchez-les sur les sots
LÂCHEROn m'assure que la Sorbonne lâchera toujours son décret contre Bélisaire [de Marmontel]
LÂCHERMais, mes divins anges, quand un livre est lâché dans l'Europe, il n'y a plus de remède
LÂCHETÉNous sommes bien heureux, mes anges, d'avoir des philosophes qui n'ont pas la prudente lâcheté de Fontenelle
LADRERIEComme je suis très fâché de payer trois vingtièmes de mon bien, et de me ruiner pour avoir l'honneur de vous faire la guerre [au roi de Prusse, guerre de sept ans], vous croirez peut-être que c'est par ladrerie que je vous propose la paix
LAIDERONJe vous avertis que Mlle Corneille est une laideron extrêmement piquante
LAIDERONEst-il vrai que vous vous êtes opposé à la réception de la petite Duranci ? pourquoi ? il me semble qu'on en peut faire une très jolie laidron de soubrette
LAÏQUENous sommes [Diderot et moi] des missionnaires laïques qui prêchons le culte de sainte Catherine
LAISSEROn a des théâtres chez soi si on en manque à Genève, on fait bonne chère, on est le maître de son château, on ne paye de tribut à personne ; cela ne laisse pas de faire une position assez agréable
LAISSERJe vous avoue que je suis aussi en colère contre les philosophes qui se laissent faire que contre les marauds qui les oppriment
LAISSERSi on savait qu'il [le roi de Prusse] m'a baisé un jour la main, toute maigre qu'elle est, pour me faire rester chez lui, on me pardonnerait de m'être laissé faire
LAMALe mort saisit le vif, et le bon peuple qui ne voit ni les derniers moments du défunt, ni l'installation du successeur, croit toujours que son grand lama est immortel, infaillible et impeccable
LAMBIN, INEMes divins anges, puisque vous êtes assez lambins pour ne pas renvoyer le premier acte à M. Marcel, il vous en envoie cinq
LAMENTERVous vous lamentez, dans votre lettre du 20 septembre, de n'être point brigadier des armées du roi, tandis que vous l'êtes
LAMPIONLe tout à la clarté de vingt mille lampions qui changeront la nuit en jour
LANCEVotre plume est comme la lance d'Achille qui guérissait les blessures qu'elle faisait
LANCERJe voudrais que chacun de nos frères lançât tous les ans les flèches de son carquois contre le monstre, sans qu'on sût de quelle main les coups partent
LANGAGENotre langue est très irrégulière ; les langages, à mon gré, sont comme les gouvernements : les plus parfaits sont ceux où il y a moins d'arbitraire
LANGEIl n'y a pas longtemps qu'une femme de mon voisinage venant d'acheter des langes à Genève, et en ayant enveloppé son enfant, les employés des fermes, sous la conduite d'un nommé Moreau, saisirent ces langes sous prétexte qu'ils étaient neufs
LANGUENotre langue se parle à Vienne, à Berlin, à Stockholm, à Copenhague, à Moscou ; elle est la langue de l'Europe ; mais c'est grâce à nos bons livres, et non à la régularité de notre idiome
LANGUENotre langue et nos belles-lettres ont fait plus de conquêtes que Charlemagne
LANGUEURLa nature vous a donné ce feu avec lequel on ne sent jamais la langueur de l'âge ; vous serez plus philosophe, mais vous ne serez jamais vieux
LANGUEUROccupé sans tumulte, amusé sans langueur, Je méprise le monde et je vous y regrette
LANGUEURVous êtes bien mon Prométhée ; votre feu réveille les étincelles d'une âme affaiblie par tant de langueurs et de maux
LANGUEURVivez, madame, avec des amis qui adoucissent le fardeau de la vie, qui occupent l'âme et qui l'empêchent de tomber en langueur
LANGUIRTout cela me donne une bonne espérance de l'affaire des Sirven, quoiqu'elle languisse beaucoup
LANTERNEÊtre à Paris en butte au public, j'aimerais mieux être une lanterne des rues exposée au vent et à la grêle
LANTERNEJe suis très fâché qu'il y ait une ville en France, nommée Paris, où il soit permis à un Fréron d'insulter l'héritière du nom de Corneille ; on ne m'écrit sur cela que des lanternes
LAPIDAIREOn suscita je ne sais quels ouvriers lapidaires de la ville de Gex pour s'y opposer
LAPIDERJ'ai prétendu ériger un monument [le Siècle de Louis XIV] à la vérité et à la patrie, et j'espère qu'on ne prendra plus les pierres de cet édifice pour me lapider
LARDERAnimez les frères, continuez à larder de bons mots les sots et les fripons
LARDONMme de Pompadour et le bon homme Tournemine appelaient Crébillon, Sophocle ; et moi, on m'accablait de lardons ; oh, le bon temps que c'était !
LARMEMademoiselle Sainval, comme je vous l'ai dit, me demande à jouer Olympie ; si elle a ce qu'on n'a plus au théâtre, c'est-à-dire des larmes, de tout mon coeur
LARMEOn me mande qu'elle [une actrice] joue avec beaucoup d'intelligence et de vérité, mais qu'elle n'est pas d'une figure agréable et qu'elle n'a pas le don des larmes
LARMOYANT, ANTECe serait aujourd'hui une trop grande impertinence d'entreprendre de faire rire le public, qui ne veut, dit-on, que des comédies larmoyantes
LARMOYANT, ANTELa métaphysique et le larmoyant ont pris la place du comique
LARRON, ONNESSEVous vous entendez tous deux comme larrons en foire pour le bien du genre humain
LAZARETNotre maison est un lazaret
LE, LA, LESLes Italiens sont le seul peuple de la terre chez qui on accorde l'article le aux auteurs : le Pulci, le Bojardo, l'Arioste, le Tasse ; mais on n'a jamais dit, chez les Latins, le Virgile ; ni chez les Grecs, l'Homère ; ni chez les Asiatiques, l'Ésope ; ni chez les Indiens, le Brama ; ni chez les Persans, le Zoroastre ; ni chez les Chinois, le Confutzé
LE, LA, LESQuand on vous demande : êtes-vous les personnes que je vis hier à la comédie du Barbier de Séville, dans la première loge ? vous devez répondre : Nous les sommes, parce que vous devez indiquer ces personnes dont on vous parle
LE, LA, LESÊtes-vous chrétienne ? je le suis ; êtes-vous la juive qui fut menée hier à l'inquisition ? je la suis ; la raison en est évidente : êtes-vous chrétienne ? je suis cela ; êtes-vous la juive d'hier, etc. ? je suis elle
LEÇONCes messieurs ont affecté, quand ils ont vu deux leçons dans quelque passage, d'imprimer le plus dangereux
LEÇONJe vous envoie une bonne leçon de l'Épître à Emilie
LECTEUR, TRICEOn dit qu'avec cette charge d'écuyer il en vaque une de lecteur ; je suis bien sûr que ce n'est pas un bénéfice simple chez Mme du Maine comme chez le roi
LÉGATAIREDites-moi ce que c'est que des mémoires qui ont paru sur mademoiselle Lenclos, je m'y intéresse en qualité de légataire [elle avait laissé un legs à Voltaire]
LÉGER, ÈRESi la chose se fait, tant mieux ; sinon, il faudra se consoler comme de toutes les choses de ce monde ; et assurément le malheur est léger
LÉGÈRETÉLa légèreté française danse sur le tombeau des malheureux ; pour moi, je n'ai jamais mis ma légèreté à oublier ce qui fait frémir la nature
LEIBNITZIEN, IENNEJe suis très mortifié, monsieur, que vous soyez assez leibnitzien pour imaginer que vous avez une raison suffisante d'être en colère contre moi
LÉPREUX, EUSEJe vous écris d'une main lépreuse aussi hardiment que si j'avais votre peau douce et unie
LÈSEC'était un crime de lèse-galanterie française de combattre contre l'héroïne de nos jours
LÉSINEUX, EUSEVous êtes bien injuste et bien lésineux de m'en accorder à peine soixante et quinze [années], lorsque je suis possesseur de la soixante et seizième
LESSIVEPuisque vous savez mes fredaines de Forges, il faut bien vous avouer que j'ai perdu près de cent louis au pharaon, selon ma louable coutume de faire tous les ans quelque lessive au jeu
LETTREVous serez étonnée, madame, de recevoir lettres sur lettres d'un homme que vous avez traité de négligent
LETTREPourquoi tant d'assassinats religieux et tant de lettres de cachet prodiguées par le jésuite le Tellier sont-ils le partage d'un peuple si renommé pour la danse et pour l'opéra comique ?
LETTREPour notre histoire, elle est composée de tracasseries de cour, de grandes batailles perdues, de petits combats gagnés et de lettres de cachet
LETTREJ'avais cru ne trouver dans les belles-lettres que de la douceur et de la tranquillité, et certainement ce devrait être leur partage ; mais je n'y ai rencontré que trouble et qu'amertume
LETTREIl n'importe guère où l'on vive, pourvu qu'on vive pour les beaux-arts ; et l'histoire est la partie des belles-lettres qui a le plus de partisans dans tous les pays
LETTREOn dit qu'il n'y a pas trop de quoi rire à nos affaires de terre et de mer ; il faut s'égayer avec les lettres humaines et inhumaines, pour ne pas se chagriner des affaires publiques
LEURC'est une famille illustre ; leurs aïeux sont nommés dans l'histoire.... Une Espagnole eût promis davantage, je n'ai point leurs moeurs, est très français ; lisez la grammaire à l'article des pronoms collectifs
LEURIls vous ont servi de modèle, Et vous auriez été le leur
LÉZARDDesfontaines est détesté, et vit seul comme un lézard
LIAISONOn souffre des vers de liaison dans une tragédie ; mais les gens de goût ne peuvent souffrir des vers lâches, des hémistiches rebattus, des épithètes oiseuses
LIARDQuelle foule d'idées et d'images ! avec une petite lime de deux liards, que tout cet or là serait parfaitement travaillé ! vous créez et je ne sais plus que raboter
LIBELLELes libelles contre les grands sont des grains de sable qui ne peuvent aller jusqu'à eux ; mais les libelles contre de simples particuliers sont des cailloux qui leur cassent quelquefois la tête
LIBERAJe chante Te Deum pour Mme d'Argental [convalescente d'une maladie], et pour moi un libera ; car j'ai encore de grands ressentiments de fièvre
LIBERTÉLiberté de conscience et liberté de commerce, monsieur, voilà les deux pivots de l'opulence d'un État petit ou grand
LIBERTÉLa demi-liberté avec laquelle on commence à écrire en France n'est encore qu'une chaîne honteuse
LIBERTÉJe ne peux concevoir l'accord de la prescience et de la liberté, je l'avoue ; mais dois-je pour cela rejeter la liberté ?
LIBREVouloir ce qui ne ferait pas plaisir, est une véritable contradiction ; et faire ce que l'on juge le meilleur, ce qui fait plaisir, c'est être libre
LIBRELibre d'ambition, de soins et d'esclavage
LIBREMENTIl est impossible qu'un homme de lettres qui a pensé librement, et qui passe pour être heureux, ne soit pas persécuté en France
LICENCETurenne laissa toujours à ses soldats une assez grande licence
LICOUNi le licou qu'on appelle cordon d'un ordre, ni même les soupers avec un philosophe qui a gagné cinq batailles [le roi de Prusse], ne me pourraient donner un grain de bonheur
LIENotre position, qui était si heureuse, est devenue tout à fait désagréable ; il faut quelquefois savoir boire la lie de son vin
LIEULe plus grand écueil des arts dans le monde, c'est ce qu'on appelle les lieux communs
LIEUÀ présent tout est lieu commun ; la plupart des auteurs modernes ne sont que les fripiers des siècles passés
LIÈVREJe sais qu'il ne faut pas courir deux lièvres ni deux tragédies à la fois
LIGNAGEJe remarquais tout l'étalage Et l'air de ces nouveaux venus [courtisans qui venaient saluer le soleil levant] ; Ce sont seigneurs de haut lignage ; Car ils descendent de Janus, Ayant tous un double visage
LIGNEJe voudrais que chacune de vos lignes vous fût payée comme aux Robertson
LIGNEJe remercie Votre Majesté impériale de tout ce qu'elle daigne m'apprendre sur la Sibérie méridionale, elle m'en dit plus en dix lignes que l'abbé Chappe dans un in-folio
LIGNECes lignes diffamatoires sont d'autant plus punissables, qu'elles outragent personnellement Mlle Corneille et surtout Mme Denis, ma nièce, qui l'élève comme sa fille
LIMBESOn dit que l'abbé de Chauvelin se meurt, et que le président Hénault est dans les limbes ; pour moi, je suis toujours dans le purgatoire
LIMBESElle [une lettre] m'apprend dans mes limbes ce qui se passe dans votre brillant paradis de Paris
LIMERJugez si j'ai du temps de reste pour limer une tragédie
LIRONLa mère a arrangé ses papiers, s'est remise au lit ; et tout cela dort comme un liron à l'heure que je vous parle
LITCe fameux duc de Valstein, que l'empereur Ferdinand fit si proprement tuer au saut du lit par quatre honnêtes Irlandais
LITRONLe ministère mande à l'ambassadeur du roi en Suisse d'empêcher que messieurs de Berne ne donnent un litron de sel à la province de Gex
LITTÉRAIREOpprimer Koenig et moi avec les mêmes artifices ; c'est ce que Maupertuis a fait, et c'est sur quoi l'Europe littéraire peut juger
LITTÉRAIREPuisque vous voulez être instruit des bagatelles et des ridicules.... ce sont là des anecdotes littéraires assez bien constatées ; mais ce sont, sur ma parole, les vérités les plus inutiles qu'on ait jamais dites
LITTÉRATEURMon ami, un chapitre de Cicéron, De officiis et De natura Deorum, un chapitre de Locke, une lettre provinciale, une bonne fable de la Fontaine, des vers de Boileau et de Racine, voilà ce qui doit occuper un vrai littérateur
LIVIDEQue notre cardinal [Fleury] dépérissait et qu'il mettait du rouge pour cacher le livide de son teint
LIVREJe mets les bons livres parmi les choses absolument nécessaires
LIVREDu temps de Pascal, de Boileau et de Racine, les mauvais livres ne valaient rien du tout, au lieu que les plus détestables livres de nos jours brillent toujours par quelque endroit
LIVRENon, monsieur, je n'ai point trafiqué de mes idées ; mais je vous avertis qu'elles vous porteront malheur, et que vous les vendrez à la livre très bon marché, si on s'opiniâtre à faire un si prodigieux recueil de choses inutiles
LIVRÉESi vous croyez qu'ils marchent un peu sur mes traces, je vous prie de ne pas battre ma livrée
LIVRERJe vous avoue que, si je suivais mon goût, je me livrerais tout entier à l'histoire du siècle de Louis XIV, puisque le commencement ne vous en a pas déplu
LOCKISTEVoilà un philosophe [Condillac] que la nature nous a conservé [sauvé d'une maladie] ; il est bon d'avoir un lockiste de plus dans le monde
LOGENous sommes occupés, Mme Denis et moi, à faire bâtir des loges pour nos amis et pour nos poules
LOGENos loges sont parées de femmes qui ne savent jamais de quoi il s'agit, à moins qu'on ne parle d'amour
LOGÉ, ÉEJe souhaite, mon cher ange, que vous n'en soyez jamais logé là
LOGEABLEUn château très logeable que je viens de faire bâtir
LOGERToute ma maison est renversée ; et, malgré tous mes efforts, je n'aurai pas de quoi loger tous mes amis comme je voudrais
LOGERCe qui m'importe, c'est la santé du corps aimable qui loge une si belle âme
LOGOGRIPHESavez-vous bien que Pythagore, qui n'était pas un sot et qui a mis toute sa philosophie en logogriphes, dit dans un de ses préceptes : Ne mangez pas votre coeur ?
LOIL'Anglais, qu'on croit féroce, est humain dans ses lois ; et le Français, qui passe pour si doux, est en effet très inhumain
LOINCeux qui ont le temps d'aller vivre tous les jours très loin de chez eux et qui n'ont pas le temps pendant six mois d'écrire une seule lettre à leurs amis
LOINOn fait toujours mal ses affaires de cent trente lieues loin
LOINComme les vieux philosophes grecs qui voyaient avec plaisir s'élever des jeunes gens qui devaient aller plus loin qu'eux
LOINIl faut servir les Français de loin, et malgré eux ; c'est le peuple d'Athènes
LOINJe vis heureux dans une retraite charmante, fâché seulement d'être heureux loin de vous
LOIRVous ne me parlez plus de ce paresseux [Thiriot], de ce négligent, de ce loir, de cet ingrat, de ce liron qui passe sa vie à manger, à dormir, et à oublier ses amis
LOISIRQuelques-uns de ces tigres [les conquérants tartares], à la vérité, ont été un peu astronomes quand ils ont été de loisir, après avoir saccagé tout le nord de l'Inde
LOISIRLa chose qui me manque le plus, c'est le loisir
LONG, ONGUELes jansénistes ont la phrase trop longue : fasse le ciel qu'ils n'aient jamais les bras longs !
LONG, ONGUEMon philosophe Damilaville, qui avait fait pendant quelques mois la consolation de ma vie, est parti et a pris son plus long pour aller voir un ami avec lequel il restera quelque temps
LONG, ONGUEQuand vous écrirez à votre grand'maman [la duchesse de Choiseul] qui ne m'écrit point, mettez-moi tout de mon long à ses pieds
LONG, ONGUEJ'ose me flatter que ce parlement se fera un honneur de réparer entièrement les malheurs de la famille Sirven, et que le roi payera les frais tout du long
LONG, ONGUEL'histoire de la guerre de 1741, où vous êtes tout du long, paraîtra un jour ; mais c'est un fruit qu'il faut laisser mûrir
LONGUEURQui parle longtemps parle trop sans doute ; je ne connais aucun discours oratoire où il n'y ait des longueurs
LOQUETJe ne dis à personne : ouvrez le loquet
LORGNEUR, EUSEDieu vous conserve vos deux yeux qui ont été tant lorgneurs et tant lorgnés
LOTLe corps est faible, et l'esprit n'est point prompt : c'est un lot de damné
LOTVotre lot a été et est encore un des plus désirables dans cette grande loterie où les bons billets sont si rares, et où le gros lot d'un bonheur continu n'a été gagné par personne
LOUABLELa pièce [l'Honnête criminel], n'est pas bien faite, mais il y a des endroits touchants ; l'auteur me l'a envoyée ; je l'ai loué sur ce qu'il y a de louable
LOUABLEMon héros, en me caressant d'une main, m'égratigne un peu de l'autre, selon sa louable coutume
LOUISIl a eu le malheur d'amasser douze mille inutiles louis dont il eût pu, de son vivant, acheter douze mille plaisirs
LOUPFasse le ciel qu'ils [les jansénistes] n'aient jamais les bras longs ! ces loups seraient cent fois plus méchants que les renards jésuites
LOURD, OURDEJe n'entends point parler du terrible ouvrage du lourd Crévier contre Montesquieu, ni du livre intitulé : Fonctions du parlement
LOUREPour le style [dans Zaïre], il ne faut pas s'attendre à celui de la Henriade ; une loure ne se joue point sur le ton de la descente de Mars
LUBIEJe ne sais à qui en a le tyran du tripot [le théâtre] ; si le tyran [duc de Richelieu] persiste dans sa lubie....
LUCRATIF, IVENous avons offert quinze mille francs ; cette somme est le double de ce qu'ils ont gagné dans les années les plus lucratives
LULLISTEJe crois que la profusion de ses doubles croches [de Rameau] peut révolter les lullistes ; mais, à la longue, il faudra bien que le goût de Rameau devienne le goût dominant de la nation, à mesure qu'elle sera plus savante
LUMIÈREJe vois avec plaisir qu'il se forme dans l'Europe une république immense d'esprits cultivés ; la lumière se communique de tous côtés
LUMIGNONSi le petit lumignon de raison que vous contribuez à ranimer dans la nation ne vient pas bientôt à s'éteindre
LUMINEUX, EUSEIl y a des traits ingénieux dans ce livre, il y a des choses lumineuses, et souvent de l'imagination dans l'expression
LUTINERJ'ai été et je suis encore lutiné par les embarras que me donne ma pauvre province
LYNXVous m'allez demander pourquoi, étant lynx sur les fautes de mes contes à dormir debout, je suis taupe sur les défauts des tragédies
MAÇONJe suis occupé actuellement à augmenter ma chaumière ; et, si je m'adressais à Apollon, ce serait pour le prier de m'aider dans le métier de maçon ; on dit qu'il s'entend à faire des murailles
MADEMOISELLEFrère Thiriot doit être fort aise de la fortune de mademoiselle Corneille ; elle la mérite ; savez-vous bien que cette enfant a nourri longtemps son père et sa mère du travail de ses petites mains ?
MADEMOISELLEJe voudrais à présent marier mesdemoiselles Calas à deux conseillers au parlement de Toulouse
MADRÉ, ÉESi on avait laissé jouer la pièce de Palissot sans se plaindre, elle n'aurait pas eu trois représentations ; Jérôme Carré a été plus madré, il ne s'est point plaint, et il a fait rire
MADRÉ, ÉECe vieux madré de cardinal Qui vous escroqua la Lorraine
MAGOTÀ peine fut-il parti que des voleurs vinrent prendre le magot
MAIJe vous supplie, sire, d'en faire aussi [des épigrammes] contre le mois de mai qui mérite si peu le nom de printemps, et pendant lequel nous avons froid comme dans l'hiver ; il me paraît que ce mois de mai est l'emblème des réputations mal acquises
MAIGRELET, ETTECes gros petits crapoussins-là s'imaginent qu'il n'y a qu'à boire et manger ; ils crèvent comme des mouches, et nous maigrelets, nous vivons
MAINJe ne vous écris point de ma main ; excusez un malade, et croyez que c'est mon coeur qui vous écrit
MAINMa nièce doit avoir à présent deux exemplaires [du Siècle de Louis XIV] chargés de corrections à la main
MAINEspion de son métier, prenant de l'argent à toute main
MAINJ'ai la main heureuse, l'affaire des Sirven prend le train le plus favorable
MAIN-LEVÉESirven a été élargi, et il a eu main-levée de ses biens, malgré la bonne volonté de ses juges subalternes qui voulaient absolument le faire rouer
MAINMORTEJ'ai lu ce qui regarde l'esclavage de la mainmorte, avec d'autant plus d'attention et d'intérêt, que j'ai travaillé quelque temps en faveur de ceux qu'on appelle francs et qui sont esclaves, et même esclaves de moines
MAINMORTENous avons un projet d'édit sous Louis XIV minuté par le bisaïeul de Malesherbes pour détruire la mainmorte, en indemnisant les seigneurs féodaux
MAISLes soupers du roi [de Prusse] sont délicieux ; on y parle raison, esprit, science ; la liberté y règne, il est l'âme de tout cela ; point de mauvaise humeur, point de nuage, du moins point d'orages ; ma vie est libre et occupée ; mais.... mais... ; je suis en train de dire des mais
MAISONLes gens qui sont occupés de la musique de Gluck et de leur souper ne songent pas à toutes ces horreurs [Lalli, le chevalier la Barre, etc. mis à mort] ; ils iraient gaiement à l'opéra et à leurs petites maisons sur les cadavres de ceux qu'on égorgea les jours de la Saint-Barthélemy et de la bataille du faubourg Saint-Antoine
MAISONNETTEOserais-je vous supplier, monsieur, de m'honorer de vos remarques sur ce second volume ?... vous qui avez bâti un si beau palais, mettez quelques pierres à ma maisonnette
MAÎTREC'est toujours au premier gentilhomme de la chambre, au grand maître des jeux et des plaisirs que j'ai l'honneur de m'adresser
MAÎTREJ'ai bravé sur leur maître autel Ces dieux qu'adore l'avarice
MAÎTREJe n'avais vu que des acteurs récitant des vers à d'autres acteurs, dans un petit cercle entouré de petits-maîtres
MAJESTÉVoilà comme les hommes sont ballottés par la fortune ; Sa Sacrée Majesté le hasard décide de tout
MAJORITÉMettez-vous deux ou trois académiciens ensemble, prenez la chose à coeur [l'élection de Diderot à l'Académie française] ; si vous ne pouvez obtenir la majorité des voix, obtenez-en assez pour faire voir qu'un philosophe n'est point incapable d'être de l'Académie dont vous êtes
MAL, ALETout mal arrive avec des ailes, et s'en retourne en boitant
MAL, ALEIl ne faut croire le mal que quand on ne peut plus faire autrement
MAL, ALEOn m'a dit aujourd'hui du mal de la santé de M. d'Argenson ; c'est le seul mal qu'on puisse dire de lui
MAL, ALEJe serais fort étonné si le roi son père [de Frédéric II] revenait de sa maladie ; il faut qu'il soit bien mal, puisqu'il est défendu en Prusse de parler de sa santé ni en bien ni en mal
MAL, ALEJ'ai pu vous dire, madame, j'ai été très mal, je le suis encore, parce que la chose est vraie, et parce que l'expression est très conforme à nos décisions académiques ; ce le signifie évidemment : je suis très mal encore ; ce le signifie toujours la chose dont on vient de parler
MALAISÉ, ÉEL'auteur ne veut que de la vertu et de la probité qui sont si malaisées à rencontrer
MALÉFICIÉ, ÉEJe suis vieux, malade, borgne d'un oeil et maléficié de l'autre
MALEMORTPour Maupertuis.... S'il fait un trou jusqu'au centre du monde, Si dans ce trou malemort le conduit, J'en suis fâché....
MALENCONTREUX, EUSEToutes les princesses malencontreuses qui furent jadis retenues dans des châteaux enchantés par des nécromants
MALGRÉJ'ai reçu le paquet que vous avez eu la bonté de m'envoyer ; je vous remercie tendrement, malgré vous et vos dents, de toutes les bontés que vous avez pour moi
MALHEURIl arrivera malheur, vous dis-je, si vous n'y mettez la main
MALHEUREt c'est [le roi de Prusse] un autre Cideville [un ami de Voltaire], Qui par malheur est couronné
MALHEUREUX, EUSEJe suis tenté, mon cher philosophe, de croire avec messieurs de l'antiquité qu'il y a des jours, des mois et des années malheureuses
MALHEUREUX, EUSELe malheureux plaisir que vous vous êtes toujours fait de vouloir humilier les autres hommes
MALHEUREUX, EUSEC'est que je n'en puis plus, c'est que j'ai absolument perdu la santé, et qu'étant menacé de perdre la vue, tout ce que je peux faire, c'est de dicter une malheureuse lettre
MALHEUREUX, EUSERien ne rafraîchit le sang, comme de secourir les malheureux
MALICEL'auteur n'est ni poli ni gai.... il m'appelle Capanée, quoique je n'aie jamais été au siége de Thèbes ; il voudrait me faire passer pour un impie ; voyez la malice !
MALIN, MALIGNENe faut-il pas être possédé du malin pour s'exterminer au lieu de couler doucement sa vie ?
MALIN, MALIGNEVoilà tout ce que je peux répondre, moi malingre et affaibli d'une fluxion sur les yeux, au plus malin des rois et au plus aimable des hommes, qui me fait sans cesse des balafres et qui crie qu'il est égratigné
MALIN, MALIGNEJe suis obligé en conscience de vous dire que je ne suis pas né plus malin que vous, et que dans le fond je suis bon homme
MALIN, MALIGNEMa prophétie a été accomplie encore plutôt que je ne croyais, en dépit des malins qui niaient que je connusse l'avenir
MALINGREVotre très vieux et très malingre serviteur qui vous est bien tendrement attaché pour le reste de ses jours
MALINGREJe suis un plaisant chambellan ; je n'ai d'autre fonction que celle de passer de ma chambre dans l'appartement d'un roi philosophe, pour aller souper avec lui ; et, quand je suis plus malingre qu'à l'ordinaire, je soupe chez moi
MALINGREVie de malingre, vie insupportable, mort continuelle avec des moments de résurrection
MALINGRELe vieux malade de Ferney présente ses très tendres respects au jeune malingre de l'hôtel d'Elbeuf
MALINGRELe roi de Prusse m'a donné la jouissance d'une maison charmante ; mais, tout Salomon qu'il est, il ne me guérira pas ; tous les rois de la terre ne peuvent rendre un malingre heureux
MALINGRERIEJe suis retombé dans mes malingreries
MALSEMAINEDepuis que Pankoucke débite les malsemaines de Fréron
MALTALENTJ'ai quelque maltalent contre M. de Malesherbes, qui protége les feuilles de Fréron
MAL-VENANTClaude-Étienne, dont il s'agit ici, est né avec soixante livres de rente mal-venants
MALVERSATIONL'avocat célèbre qui avait écrit en faveur des jeunes gens coaccusés [affaire du chevalier Labarre] est le seul qui soit pleinement instruit des malversations horribles qui furent commises dans Abbeville
MANCHEVraiment je serai fort aise que ce M. de Matignon tire un peu la manche du garde des sceaux en ma faveur
MANCHOT, OTELe vin que m'apporta l'ambassadeur manchot du roi de Prusse (qui n'est pas manchot)
MANDATAIRELe procès que nous avons à Dijon est au nom de Mme Denis, et non pas au mien ; il suffirait que votre mandataire, si vous en avez un, recommandât à M. de Poligny l'affaire de Mme Denis, en général
MANDEMENTVous avez su que l'archevêque de Paris a donné un mandement violent contre Jean-Jacques
MANDERJe vous écris, monseigneur, dès que j'ai quelque chose à vous mander ; alors mon coeur et ma plume vont vite
MÂNESSi je meurs pendant que vous serez en route, cela ne fait rien ; venez toujours, mes mânes en seront très flattés ; ils aiment passionnément la bonne compagnie
MÂNESLaissons en paix les mânes de ses ouvrages [du P. Castel], ensevelis dans le journal de Trévoux
MANGÉ, ÉEJamais, en ma vie, je n'ai parlé à qui que ce soit des souscriptions mangées
MANGERLe temps est venu où tous les philosophes doivent être frères, sans quoi les fanatiques et les fripons les mangeront tous les uns après les autres
MANGERCette madame Denis, quoique fort douce, mangerait les yeux de quiconque....
MANGERMon zèle pour les colonies [à Ferney] m'a mangé
MANIABLEJe voudrais que ma langue française pût avoir cette flexibilité et cette fécondité [de la langue italienne] ; elle y parviendra peut-être un jour, puisqu'elle est devenue assez maniable pour rendre les beautés de Virgile sous la plume de M. Delille
MANIÈREC'est lui, dit-on, c'est son style, c'est sa manière, ne le reconnaissez-vous pas ?
MANOEUVREEncore une fois, le soin que je prends de rendre Sémiramis moins indigne du public éclairé est ma meilleure réponse, est ma meilleure manoeuvre
MANOEUVRESeriez-vous mal reçu, monseigneur, à dire au roi qu'en dix jours de temps il y a eu cinq éditions de sa gloire [le poëme de Fontenoy] ? n'oubliez pas, je vous en prie, cette petite manoeuvre de cour
MANQUÉ, ÉEQuoi qu'il arrive, il [Morival, un des jeunes condamnés d'Amiens] restera chez moi jusqu'à ce que son affaire soit finie ou manquée
MANQUERAdieu, madame ; tolérez la vie ; je la tolère bien ; il ne vous manque que des yeux, et tout me manque ; mais assurément les sentiments que je vous dois et que je vous ai voués ne me manquent pas
MANQUEREst-il vrai que Protagoras [d'Alembert] se marie à Mlle de l'Espinasse ? voilà tous les philosophes en ménage, il ne manque plus que vous
MANQUERJe n'ai jamais succombé sous mes ennemis, et je n'ai jamais manqué à mes amis
MANQUERNon-seulement je ne lui ai jamais manqué [au duc de Choiseul], mais j'ai toujours été pénétré pour lui de la reconnaissance la plus inaltérable
MANQUERSi la première loi de l'amitié est de la cultiver, la seconde loi est de pardonner quand on a manqué à la première
MANTEAUCe n'est pas ma faute, si, étant affublé de quatre-vingts ans.... vous me parlez de vos deux maîtresses, une fille de quinze ans et la gloire ; je vois que vous avez les faveurs de ces deux personnes ; je vous en félicite, et je garde les manteaux
MANTEAUQue reste-t-il à ceux qui n'ont pas cent mille francs d'argent comptant pour être maîtres des requêtes, ou qui n'ont pas l'honneur d'avoir un manteau ducal à leurs armes ? il leur reste d'être heureux, et de ne pas s'imaginer seulement que cent mille francs et un manteau d'hermine soient quelque chose
MANUFACTURIERLes gros manufacturiers, les hôteliers, les bouchers, les marchands....
MANUS (IN-)Une dame qui était tout émerveillée que je fusse assez fou pour faire encore des vers dans un âge où l'on ne doit dire que son in-manus
MARÂTREQuand la marâtre nature nous prive de la vue, elle peint les objets avec plus de force dans le cerveau
MARAUD, AUDEIl me paraît que tous les honnêtes gens ont été d'autant plus sensibles à la perte d'Helvétius, que les marauds d'ex-jésuites et les marauds d'ex-convulsionnaires ont toujours aboyé contre lui jusqu'au dernier moment
MARCHÉQuand j'aurai l'honneur de vous faire parvenir mes rêveries, qui ne sont pas encore tout à fait prêtes, je ferai avec vous le marché des Espagnols avec les Indiens : ils donnaient de petits couteaux et des épingles pour de bon or
MARCHÉM. de Villette fait un très bon marché en épousant une fille qui a autant de bon sens que d'innocence, qui est née vertueuse et prudente comme elle est née belle
MARCHÉVous savez probablement que le roi de Prusse a été sur notre marché, et qu'il fait venir dix-huit familles d'horlogers de Genève
MARCHÉOrbassan, voyant le bouclier de Tancrède sans armoiries et sa cotte d'armes sans faveur des belles, croit avoir bon marché de son adversaire
MARCHEROn n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage [le Discours sur l'inégalité des conditions]
MARCHERLes devoirs et les affaires sérieuses marchent avant tout
MARÉCHALJ'étais étonné qu'avant vous les bêtes à cornes ne fussent que du ressort des bouchers, et que les chevaux n'eussent pour leurs Hippocrates que des maréchaux ferrants.... vous avez seul mis fin à cet opprobre si pernicieux
MARÉCHALC'est un Anglais qu'on appelle milord maréchal tout court, parce qu'il était ci-devant grand maréchal d'Écosse
MARGINÉ, ÉEJ'en ai sous les yeux un exemplaire [de la Recherche de la vérité, par Malebranche] marginé de ma main, il y a près de quinze ans
MARGINERSi mes respectables et bons confrères [de l'Académie française] veulent continuer à me marginer [il s'agit du Commentaire sur Corneille], tout ira bien
MARGOUILLISTECes margouillistes, dérivés des jansénistes, lesquels sont engendrés des augustinistes, ont-ils produit Pierre Damiens ?
MARIONNETTEJe n'ai pas encore assez de tête pour vous parler d'Olympie [titre d'une tragédie de Voltaire où il y a beaucoup de spectacle] ; mais j'entrevois que, de toutes les pièces de théâtre, ce sera la plus pittoresque, et que les marionnettes que Servandoni donne au Louvre n'en approcheront jamais
MARIONNETTEJe crois écrire à Votre Altesse royale, non pas comme à un automate créé pour être à la tête de quelques milliers de marionnettes humaines, mais comme à un être des plus libres et des plus sages que Dieu ait jamais daigné créer
MARMELADEEnvoyez-moi des pâtes d'abricot de Genève [un livre défendu] ; cela est bientôt dit, madame ; mais cela n'est pas si aisé à faire.... il n'a jamais été si difficile d'envoyer un pot de marmelade dans votre pays, lorsque toute l'Europe en mange
MARMOUSETC'était [Cornélie, la femme de Pompée], à ce que dit l'histoire, une assez sotte petite personne qui ne se mêla jamais de rien ; Corneille a très bien fait de l'ennoblir ; mais je ne puis souffrir qu'elle traite César comme un marmouset
MAROTIQUEJe voudrais que tous nos petits rimailleurs pussent lire ce que votre Altesse Royale m'a écrit sur le style marotique et sur le ridicule d'exprimer en vieux mots des choses qui ne méritent d'être exprimées en aucune langue
MAROTTEChaque siècle a eu sa marotte
MAROUFLEIl est bon de venger quelquefois la raison des injures des maroufles
MARQUISIl est d'une très ancienne noblesse, véritable marquis, et non pas de ces marquis de robe, ou marquis de hasard, qui prennent leurs titres dans une auberge et se font appeler monseigneur par les postillons qu'ils ne payent point ; il s'appelle le marquis de Saint-Aulaire
MASQUEJe suis assez instruit de l'aventure de l'homme au masque de fer, mort à la Bastille ; j'ai parlé à des gens qui l'ont servi
MASSACRERSi on ne peut pas la faire massacrer [une pièce de théâtre] par les comédiens de Paris, il la fera massacrer par quelque libraire de Genève
MASSUEM. le duc de Choiseul doit être las de voir des gens qui demandent à Hercule sa massue pour tuer des mouches
MASUREJe souhaite en tout que la pièce [Tancrède] soit jouée à Paris comme elle l'a été dans ma masure de Tourney
MATÉRIALISMEIl me paraît qu'en général il y a beaucoup d'injustice et bien peu de philosophie à taxer de matérialisme l'opinion que les sens sont les seules portes des idées ; l'apôtre de la raison, le sage Locke n'a pas dit autre chose, et Aristote l'avait dit avant lui
MATHÉMATICIENJe ne puis concevoir comment de si habiles mathématiciens nient un mathématicien éternel
MAUDIRESur mes lauriers flétris je répandis des larmes ; Je maudis mes travaux et mon siècle et les arts
MAUDISSONQuand je mourrai, les poëtes feront contre moi des épigrammes que les dévots larderont de maudissons
MAUDIT, ITEJ'ai été très fâché qu'on ait poussé trop loin la philosophie ; ce maudit livre du Système de la nature est un péché contre nature
MAULÉONISTEJe ne crains pas plus les mauléonistes que les jansénistes et les molinistes
MAUSOLÉEIl est vrai que la belle Ofilds, la première comédienne d'Angleterre, jouit d'un beau mausolée dans l'église de Westminster, ainsi que les rois et les héros du pays, et même le grand Newton ; il est vrai aussi que Mlle Lecouvreur, la première actrice de France de son temps, fut portée, dans un fiacre, au coin de la rue de Bourgogne, non encore pavée, qu'elle y fut enterrée par un crocheteur, et qu'elle n'a point de mausolée
MAUVAIS, AISEJe serais bien aise de les voir [des ouvrages contre Machiavel] ....mais ces ouvrages sont probablement fort mauvais, puisqu'ils sont difficiles à trouver
MAUVAIS, AISEMme Denis est devenue supérieure dans les rôles de mère ; je ne suis pas mauvais pour les vieux fous
MÉCHANCETÉIl y a bien plus de gens qui se connaissent en méchancetés qu'il n'y en a qui se connaissent en style
MÉCHANCETÉTant que Fréron amusera les oisifs par ses méchancetés hebdomadaires, on négligera les autres ouvrages périodiques qui ne seront qu'utiles et raisonnables
MÉCHANT, ANTEVous lisez tout, bon ou mauvais, et vous pensez que, dans les plus méchants livres, il y a toujours quelque chose dont on peut faire son profit
MÉCHANT, ANTEVous m'allez dire que je deviens bien hardi et un peu méchant sur mes vieux jours ; méchant ! non, je deviens Minos, je juge les pervers
MÉCONTENTERMettez ceux [les moments] où j'ai pu vous mécontenter, au nombre de mes malheurs, et aimez-moi par générosité, si vous ne pouvez plus m'aimer par goût
MÉCROYANTPour vos Génevois, depuis que vous y êtes, ils sont non-seulement mécroyants, ils sont encore devenus tous de beaux esprits
MÉDAILLEQui diable a imaginé cette médaille ? on ne l'aurait pas donnée à l'auteur de Britannicus, qui n'eut que cinq représentations.... il n'y a de médailles que celles que la postérité donne
MÉDECINJe sais ce que c'est, après la mort le médecin
MÉDECINEEt nous, pauvres Persans [Français], parce que nous sommes votre peuple, nous ne pouvons [à cause d'un cordon militaire autour de Genève] ni avoir à manger, ni recevoir nos lettres de Babylone [Paris], ni envoyer nos esclaves chercher une médecine chez les apothicaires de Scythopolis [Genève]
MÉDIATEUR, TRICESi vous voulez, madame, être médiatrice de la paix, il ne tient qu'à vous
MEDICAMENTERJe suis arrêté à Paris par Bosleduc qui me médicamente
MÉDIOCREIl paraît ici des couplets contre tout le monde ; mais ils sont assez, comme tous les hommes d'aujourd'hui, malins et médiocres
MÉDIOCREMes divins anges, il n'y a que Racine dans le monde ; s'il me vient quelqu'un de sa famille, je vous promets de le bien traiter ; mais, pour Campistron, la Grange-Chancel, Crébillon et moi, nous sommes des gens excessivement médiocres
MÉDIOCRITÉJ'avais déjà reproché à mon souverain d'avoir fait médiocrité de quatre syllabes ; médiocrité est de cinq, et mon prince l'avait fait de quatre ; énorme faute, et l'une des plus grandes qu'il fera jamais
MÉDITERVous comptez donc aller vivre en philosophe à la campagne ?... ce n'est guère que dans la retraite qu'on peut méditer à son aise
MÉLANGÉ, ÉEBuvez encore avec plaisir les derniers verres du vin trop mélangé de cette vie ; soyez heureux, si on peut l'être
MÊLERJe me suis un peu mêlé du passé ; mais j'avoue en général ma profonde ignorance sur avenir
MÊLEROn dépensait autrefois davantage en esprit et en agréments ; et, quand Louis XIV donnait des fêtes, c'était les Corneille, les Molière, les Quinault, les Lulli, les le Brun qui s'en mêlaient
MÊLERTous ceux qui reviennent de Corse prétendent que la réputation de Paoli était un peu usurpée ; s'il s'est mêlé d'être législateur, il ne s'est pas mêlé d'être héros
MÉLOPÉELa déclamation de Lulli est une mélopée si parfaite, que je déclame tout son récitatif en suivant ses notes et en adoucissant seulement les intonations ; je fais alors un très grand effet sur les auditeurs, et il n'y a personne qui ne soit ému
MEMBREJ'aurai plutôt achevé tout l'ouvrage [Commentaire sur Corneille], que l'Académie n'aura lu trente de mes remarques ; un membre va vite, les corps ont peine à se remuer
MEMBREJe crois que si ces Considérations sur l'état présent de l'Europe avaient été imprimées sous le nom d'un membre du parlement d'Angleterre, j'aurais reconnu Votre Altesse Royale ; j'aurais dit : Voilà le grand prince caché sous le grand citoyen
MEMBREPour les gens de lettres.... il faut qu'ils soient écrasés, attendu qu'ils ne font point corps, et qu'ils ne sont que des membres très épars
MEMBREIl règne dans cet ouvrage [de Frédéric II], digne de son auteur, un style qui vous décèle, et j'y vois je ne sais quel air de membre de l'empire germanique qu'un citoyen anglais n'a guère
MÊME[Pétrarque] est le génie le plus fécond du monde dans l'art de dire toujours la même chose
MÉMOIRELe mémoire sur le czarowitz [le fils de Pierre 1er] n'est pas rempli d'anecdotes qui jettent un grand jour sur cette triste et mémorable aventure
MÉMOIRELes mémoires de Beaumarchais sont ce que j'ai jamais vu de plus singulier, de plus fort, de plus hardi, de plus comique, de plus intéressant
MÉMOIREJe vous demande en grâce de me faire avoir le mémoire de feu M. de la Bourdonnaie ; il manque à mon petit recueil de causes véritablement célèbres
MÉMOIREJe n'ai d'autres mémoires pour l'histoire générale qu'environ deux cents volumes de mémoires imprimés que tout le monde connaît ; il ne s'agit que de former un corps bien proportionné de tous ces membres épars
MÉMOIREOn dit qu'un naturaliste fait actuellement l'histoire des singes ; si cet auteur est à Paris, il doit avoir d'excellents mémoires
MÉNAGEMENTVous n'êtes point surpris sans doute de la conduite de Desfontaines.... tous vos ménagements n'ont jamais servi qu'à nourrir ses poisons et son insolence
MENDIANT, ANTEOn a donné des édits pour extirper l'infâme profession de mendiants, profession si réelle et qui se soutient malgré les lois, au point que l'on compte deux cent mille mendiants vagabonds dans le royaume
MENERJ'avais autrefois un père qui était grondeur comme M. Grichard.... je menai mon père au Grondeur [comédie], je priai l'acteur d'ajouter ces propres paroles [prononcées par le père de Voltaire dans une gronderie] à son rôle, et mon bonhomme de père se corrigea un peu
MENERJe mène tous ces faquins-là assez bon train
MENERVous devez mener une vie très heureuse : vous vivez avec les belles-lettres, la philosophie, tous les arts
MENSONGEQue ces agréables mensonges Sont au-dessus des vérités ! Et que votre reine des songes Est la reine des voluptés !
MENTIRNe sais-tu pas que ceux qui mentent sans esprit, ainsi que ceux qui mentent avec esprit, n'entreront jamais dans le royaume des cieux ?
MENTIRLa satire ment sur les gens de lettres pendant leur vie, et l'éloge ment après leur mort
MENU, UEPermettez-moi de vous faire souvenir des Scythes [Tragédie de Voltaire] pour le dernier mois de votre règne des menus
MÉPRENDRE (SE)Je connais trop votre style, monsieur, pour m'y être mépris un moment
MÉPRISERJ'ai assez d'orgueil pour mépriser d'un mépris souverain les discours de ceux qui ne me connaissent pas
MERCUREQuand.... tous les Mercures et toutes les brochures m'accablaient de mépris en croyant faire leur cour à Mme de Pompadour
MÈRETout ce que je sais, c'est que, si je n'avais quatre-vingt-trois [ans], je vous aimerais autant qu'à trente ; la lie de mon vin vous appartient comme la mère goutte
MÉRITELe mérite de la difficulté surmontée est quelque chose
MERVEILLEPuisque vous logez chez un médecin, ce n'est pas merveille que vous soyez malade
MESURESongez, milord, que, sans le voyage et les expériences de ceux qu'il [Louis XIV] envoya à la Cayenne en 1672, et sans les mesures de M. Picard, jamais Newton n'eût fait ses découvertes sur l'attraction
MESURELe grand malheur de Colbert est d'avoir vu ses mesures toujours traversées par les entreprises de Louis XIV
MESURÉ, ÉEMon nom ferait plus de tort que de bien à l'ouvrage [l'Encyclopédie], et ne manquerait pas de réveiller des ennemis qui croiraient trouver trop de liberté dans les articles les plus mesurés
MESURERLes menaces des Anglais et leur flotte toute prête à nous fermer le passage retinrent dans le port le fameux Duguai-Trouin, qui comptait bien se mesurer avec les maîtres des mers
MÉTAPHORIQUEJ'aime un langage hardi, métaphorique, plein d'images
MÉTAPHYSIQUEJe vais donc me jeter dans la nuit de la métaphysique, pour oser combattre contre les Leibnitz, les Wolf, les Frédéric
MÉTHODEJe suis un peu partisan de la méthode, et je tiens que, sans elle, aucun grand ouvrage ne passe à la postérité
MÉTHODIQUEJe ne connais pas les petites brochures contre M. de Montesquieu ; j'aurais souhaité que son livre eût été aussi méthodique et aussi vrai qu'il est plein d'esprit et de grandes maximes
MÉTIERDepuis qu'il [Frédéric II] est sur le trône et qu'il fait, jour et nuit, son métier de roi avec une application infatigable
MÉTIERVotre métier de héros et votre place de roi ne rendent pas le coeur bien sensible ; c'est dommage, car ce coeur était fait pour être humain
MÉTIERSongez que je ne dis jamais tout ce que je pense, et qu'il y a soixante ans que je fais ce métier
MÉTIERTout ouvrage gagne à rester sur le métier
MÉTROMANIEVous voyez, mon cher ami, que le changement du sort ne m'a pas tout à fait guéri de la métromanie, et que peut-être je n'en guérirai jamais
METTEUR, EUSEEn attendant, madame, que les metteurs en oeuvre me donnent les instructions précises sur vos chaînes de montre
METTREVous savez que, le père du cardinal Mazarin étant mort à Rome, on mit dans la gazette de Rome : Nous apprenons de Paris que le seigneur Pierre Mazarin, père du cardinal, est mort ici
METTREJe suis toujours malade.... on m'a mis au lait de chèvre
METTREOserai-je encore vous parler du petit la Harpe, qui a beaucoup d'esprit et beaucoup de goût ?... si vous le mettiez de l'Académie, il pourrait vous devoir sa fortune
MEUBLEPendant qu'on dorera votre cabinet, qu'on achèvera votre meuble
MEURTRIER, IÈREÀ l'égard de d'Étallonde Morival.... il n'en deviendra que meilleur meurtrier, meilleur canonnier, meilleur ingénieur
MEZZO-TINTOElle [la princesse Dachekof] a reconnu votre portrait en mezzo-tinto
MIAULERLe chat a miaulé trois fois, disent les sorcières dans Macbeth, il est temps, il est temps
MIEQuel était le prétexte de cette tempête [contre le Mondain] excitée par des prêtres et à laquelle se prêtait la vieille mie qu'on appelait le cardinal de Fleuri !
MIELLEUX, EUSECet Anti-Lucrèce m'avait paru un chef-d'oeuvre quand j'en entendis les quarante premiers vers récités par la bouche mielleuse du cardinal ; l'impression lui a fait tort
MIENVous prétendez avoir recours à quelque mienne rhapsodie
MIETTEÀ propos de folies, on m'a mandé que la moitié de Paris croyait fermement que, ouï le rapport de M. de Lalande, une comète passerait aujourd'hui, 20 de mai, au bord de notre globule, et le mettrait en miettes
MIETTECe monde-ci est une grande table où les gens d'esprit font bonne chère ; les miettes sont pour les sots, et, certainement, vous êtes homme d'esprit
MIÈVRETÉUn de ces infortunés jeunes gens qui méritait d'être six mois à Saint-Lazare, et qui a été condamné au plus horrible supplice pour une mièvreté
MILICEJ'ai manqué souvent d'ouvriers à la campagne, j'ai vu que les sujets manquaient pour la milice
MILIEUVous êtes plus à portée que personne de rédiger toutes les conditions du traité, vous qui êtes au beau milieu de l'enfer de la mainmorte
MILIEUQue ce milieu du dix-huitième siècle est sot et petit !
MILITAIREIl est triste que j'aie trouvé si peu de mémoires sur les négociations du baron de Gortz ; c'est un point d'histoire très intéressant ; et c'est à de tels événements que tous les lecteurs s'attachent, beaucoup plus qu'à tous les détails militaires qui se ressemblent presque tous
MILITAIREJ'ose espérer qu'on fera bientôt une nouvelle édition in-4° [de l'Histoire du maréchal de Saxe], avec des planches qui me paraissent absolument nécessaires pour l'instruction de tout le militaire
MILITAIRE... que M. le duc d'Aiguillon avait très bien servi l'État et le roi, tant dans le militaire que dans le civil
MILLETJe suis avec vous comme le coq à qui on donne une perle ; il dit qu'on lui faisait trop d'honneur, et qu'il ne lui fallait qu'un grain de millet
MILLIONDu temps de M. de Vauban, nous étions dix-huit millions ; combien sommes-nous à présent ? c'est ce que je voudrais savoir
MILLIONNAIREJe connais des millionnaires [protestants bannis] qui sont prêts à revenir avec leur argent, leur industrie et leurs familles, pour peu que le gouvernement voulût avoir pour eux la même indulgence seulement que les catholiques obtiennent en Angleterre
MIMELe mime n'avait ni brodequin ni cothurne ; il se barbouillait le visage
MINCENous venons de perdre un homme bien médiocre à l'Académie française ; on dit qu'il sera remplacé par Thomas, il aura besoin de toute son éloquence pour faire l'éloge d'un homme si mince
MINEQuelque répugnance que j'aie à faire crayonner ma vieille mine, il faut bien s'y résoudre et être complaisant
MINEVotre ambassade m'a la mine d'être pour vous un bénéfice simple
MINISTRELes langueurs, les tourments, ministres de la mort, T'avaient déclaré la guerre
MINOISCes yeux.... Font briller leurs étincelles Sur le plus friand minois Qui soit aux murs de Bruxelles
MINUTIEVous sentez bien que je n'entre pas dans le détail des opérations militaires ; je n'ai jamais pu supporter ces minuties de carnage
MIRIFIQUEJ'ai lu les remontrances ; vraiment le parlement d'Angleterre ne parlait pas autrement à Charles 1er ; cela est mirifique
MISÉRABLEC'est une misérable consolation d'apprendre que des monstres sont abhorrés, mais c'est la seule qui reste à notre faiblesse
MISÈREVous ne sauriez croire combien je suis devenu vieux ; toutes mes misères ont augmenté, et un apothicaire est beaucoup plus nécessaire à mon être qu'un général d'armée
MISÈREOn touche au temps de vérifier ce qui a été dit, qu'il y avait une puissance qui donnerait la paix, et que cette puissance c'était la misère
MISÈREÉcrivez, vous dis-je, à Mme du Châtelet ; point de politique, point de ces lâches misères
MITHRIDATEElle [la superstition] nous vend son mithridate, Chaumeix la suit, Omer la flatte ; Et des fripons et des cagots En violet, en écarlate, Sont ses gilles et ses bedeaux
MITOYEN, ENNEJe me sers d'une drogue qui me rendra ou qui m'ôtera la vue tout à fait ; je n'aime pas les partis mitoyens
MODÈLEIl [le roi de Prusse] est né pour être, je ne dis pas le modèle des rois, cela n'est pas bien difficile, mais le modèle des hommes
MODÉRÉ, ÉEJ'avoue que le livre est sage et modéré ; tout critique doit l'être
MODÉRERSi j'avais un conseil à vous donner, ce serait de modérer l'ancien prix établi à Genève
MODÉRERUn grand monarque m'avait mandé que non-seulement Votre Majesté ferait la paix, mais qu'elle la ferait avec modération ; je ne vois pas pourquoi tant se modérer avec ce Moustapha [le sultan] qui ne se modérerait point s'il était vainqueur
MODESTEJe me connais trop bien pour n'être pas modeste
MODESTELe ton modeste doit être le mien, et celui de tout homme qui se livre au public
MODULERMme Denis, qui montre la musique à l'arrière-petite-nièce de Corneille, née chez nous, prétend que le chevalier Gluck module infiniment mieux que le chevalier Lulli, que Destouches et que Campra
MOEURSPesez, monsieur, ce mot de moeurs ; j'ose vous dire que ni ma famille, ni mes amis, ni la famille des Calas, ni celle des Sirven, ni la petite-fille du grand Corneille ne m'accuseront de manquer de moeurs
MOINEAUQue je vous plains, vous qui êtes au lait, qui quittez votre ânesse pour Forges, qui mangez comme un moineau, et qui avec cela n'avez point de santé !
MOINSOn a moins de génie que dans le siècle de Louis XIV, moins de vrai talent, moins de grâce et de politesse ; mais on a beaucoup plus de connaissances ; notre philosophie n'est pas à mépriser
MOITIÉJe suis un pauvre vieillard, moitié poëte, moitié philosophe, et qui n'est pas à moitié persécuté, quoiqu'il ne dût être qu'un objet de pitié, étant surchargé de quatre-vingt-quatre ans et de quatre-vingt-quatre maladies
MOITIÉLes Français seront toujours moitié tigres et moitié singes ; ils se réjouiront également à la Grève et aux danseurs de corde du boulevard
MOLESTERUn édit pour légitimer vos mariages [des protestants] a été mis trois fois sur le tapis devant le roi à Versailles ; il est vrai qu'il n'a point passé ; mais on a écrit à tous les gouverneurs de province, procureurs généraux, intendants, de ne vous point molester
MOLESTERLe grand point est de ne jamais molester ni le corps ni l'âme de son prochain
MOMENTCe serait une grande douceur pour moi si je pouvais aider à votre consolation, et m'entretenir avec vous librement dans ces moments si courts qui nous restent, et qui ne sont suivis d'aucuns moments
MOMENTNous ne vivons que deux moments, Qu'il en soit un pour la sagesse
MOMIECet Ali d'Égypte ne remue pas plus qu'une momie
MOMIEJ'ai reçu vos deux lettres en revenant de la Franconie à la suite d'un roi qui est la terreur des postillons comme de l'Autriche, et qui fait tout en poste ; il traîne ma momie après lui
MON ou MA ou MESIl y a une conspiration contre moi plus forte que celle de Catilina ; soyez mes Cicérons
MON ou MA ou MESJe connais mon public : l'enthousiasme passe ; il n'y a que l'amitié qui reste
MONARCHIENotre monarchie gouvernée par les lois et surtout par les moeurs
MONDEJe n'ai aucune intention de choquer l'auteur des Mondes [Fontenelle], que j'estime comme un des hommes qui font le plus d'honneur à ce monde-ci
MONDEComptez que le monde est un grand naufrage, et que la devise des hommes est, sauve qui peut
MONDEOn m'a mandé qu'on avait démoli un temple auprès de la Rochelle, et qu'il y avait eu du monde tué
MONDEIl aurait fallu commencer par imiter M. le duc d'Orléans [qui s'était fait inoculer] ; il faudrait donner la petite vérole à tout le monde pour sauver tout le monde
MONDESi j'étais la Fontaine et si Mme du Châtelet avait le malheur de n'être que Mme de Montespan, je lui ferais une épître en vers, où je dirais ce qu'on dit à tout le monde
MONDEHeureux qui jouit agréablement du monde ! plus heureux qui s'en moque et qui le fuit !
MONDEJe m'applaudis tous les jours de m'être retiré à la campagne depuis quinze ans.... il y a, je l'avoue, un grand mal dans cette privation, c'est qu'en quittant le monde, je vous ai quittée
MONDEIl faut toujours avoir son paquet prêt et le pied à l'étrier, pour voyager dans cet autre monde, où, quelque chose qui arrive, les rois n'auront pas grand crédit
MONDERVous et moi nous avons vécu assez honnêtement, en prévenant les maladies par un peu de casse ; je fais monder la mienne, et je la fais un peu cuire
MONITOIREUn monitoire est une espèce de proscription.... voyez quel effet horrible ont produit les monitoires contre les Calas et les Sirven
MONOLOGUELes monologues, qui ne sont pas des combats de passions, ne peuvent jamais remuer l'âme et la transporter
MONSIEURIl [le roi de Prusse] appelle M. de Morival [condamné dans l'affaire d'Abbeville] auprès de lui.... cela vaut mieux, ce me semble, que d'aller se mettre à genoux à Paris devant messieurs, et de leur avouer qu'on est un impie qui vient faire entériner sa grâce
MONSIEURDe sorte qu'encore aujourd'hui l'émétique demeure proscrit par un arrêt [du parlement], et que M. Silva [célèbre médecin d'alors] ne laisse pas d'en ordonner à messieurs, quand ils sont tombés en apoplexie
MONTÉ, ÉEJe passe ma vie dans mon lit ; j'y griffonne, j'y dirige cent horlogers dont les têtes sont quelquefois plus mal montées que leurs montres
MONTÉ, ÉEJe vous demande en grâce que vous soyez heureux ; je ne veux pas qu'un beau diamant soit mal monté
MONTÉ, ÉEJe m'imagine qu'il y aura une philosophie dans votre poëme [sur le czar Pierre] ; le siècle est monté à ce ton-là, et vous n'y avez pas peu contribué
MONTICULEJe trouve tout simple que les éruptions des volcans produisent des monticules ; ceux que les fourmis élèvent dans nos jardins sont bien plus étonnants
MONTRABLESi vous aviez des yeux, vous ririez bien de ma figure de quatre-vingts ans, qui n'est ni transportable, ni montrable
MONTRESi jamais vous voulez orner le doigt de quelque illustre dame espagnole d'une montre en bague.... cela ne se fait que dans mon village, et on y sera à vos ordres
MONTRERFeu M. le cardinal de Fleuri me montra l'endroit où Louis XIV avait épousé Mme de Maintenon
MONUMENTJe ne doute pas qu'une édition de Machiavel, avec ce contre-poison à la fin de chaque chapitre, ne soit un des plus précieux monuments de la littérature
MOQUER (SE)On ne rit point du ridicule des gens qu'on ne connaît point ; voilà pourquoi M. de Mazarin disait qu'il ne se moquait jamais que de ses parents et de ses amis
MOQUER (SE)On se plaignait de l'envie en Grèce, on s'en plaignait à Rome, et je m'en moque quelquefois en France
MORCEAUDes trônes renversés en sont la récompense [vers de Mahomet] ; ils sont alors, dites-vous, de peu de valeur ; non, non, les morceaux en sont bons
MORDREJe crois que Lambert se mordra les pouces de m'avoir réimprimé ; dix volumes sont durs à la vente ; Dieu le bénisse et ceux qui liront mes sottises ; pour moi je voudrais les oublier
MORDREIl [J. B. Rousseau] a fait une épigramme sanglante contre vous ; elle commence ainsi.... Ce malheureux veut toujours mordre et n'a plus de dents
MORDREIl mord jusqu'au sang, en faisant sembler de baiser la main ; il sera mordu de même
MORDREL'envie veut mordre, l'intérêt veut gagner
MORFONDREJ'avais cru qu'il ne s'agissait que de diminuer le ressort du parlement de Paris, et de ne plus obliger les pauvres provinciaux de courir deux cents lieues pour aller se ruiner et se morfondre dans l'antichambre d'un conseiller au parlement
MORGUEIl extermine en effet ma pauvre Irène ; il prétend qu'elle sera traînée à la morgue, et pendue par les pieds, parce qu'elle s'est tuée étant chrétienne
MORGUERIl faut s'y attendre, en prévenir les acteurs, ne se pas décourager, jouer la pièce avec un majestueux enthousiasme, bien morguer le public, et le traiter avec la dernière insolence
MORT, ORTEPardonnez-moi, il y a des temps dans la vie où l'on ne peut rien faire, des temps morts, et je me trouve dans cette situation
MORT, ORTEJ'ai animé un pays entièrement mort, j'ai fait naître le travail et l'opulence dans le séjour de la misère
MORTJe crois, toutes réflexions faites, qu'il ne faut jamais penser à la mort ; cette pensée n'est bonne qu'à empoisonner la vie ; la grande affaire est de ne point souffrir
MORTIl serait plus honnête de me laisser mourir de ma belle mort
MORTIl est plaisant que je sois si politique, en étant continuellement à la mort
MORTJe vois tout l'excès du ridicule où je me jette à mon âge [en faisant une tragédie à 84 ans], la syndérèse dans le coeur, et la mort entre les dents, ou du moins entre les gencives, car de dents je n'en ai plus
MORTADELLEN'est-il pas vrai que vous prendriez chez vous la petite fille du Tasse, s'il y en avait une ? elle mangerait de vos mortadelles, et boirait de votre vin noir
MORTALITÉOn dit que la mortalité est fort grande sur les ouvrages nouveaux
MORT-DIEUSi je pense réussir à venger Cicéron, mort-Dieu, je vengerai Sophocle
MOTSi M. le maréchal de Richelieu était à Versailles, il pourrait lui en dire quelques mots, c'est-à-dire, en faire quelques plaisanteries, tourner mon entreprise en ridicule, se bien moquer de moi et de ma colonie
MOTCes raisons seront bien moins fortes qu'un mot de votre bouche, et je vous supplie d'avoir la bonté de dire ce mot à un prince qui ne se fait pas prier quand il s'agit de faire des heureux
MOTSavez-vous bien que Pythagore, qui n'était pas un sot, et qui a mis toute sa philosophie en logogriphes, dit dans un de ses préceptes : Ne mangez pas votre coeur. C'est un grand mot
MOTJe vous réponds que, si le roi a autant de millions que l'abbé de Voisenon dit de bons mots, il est plus riche que les empereurs de la Chine et des Indes
MOTETOn a exécuté depuis peu un motet à grands choeurs qui a fait beaucoup de bruit, du moins dans la salle où l'on chantait
MOTIVÉ, ÉELa France est le seul pays où les arrêts ne soient pas motivés, comme c'est aussi le seul où l'on achète le droit de juger les hommes
MOTIVERIl voulait dire apparemment qu'il ne convenait pas à un roi de rendre raison à son peuple, et qu'il fallait en user comme le parlement qui ne motive jamais ses arrêts
MOU, MOLLEM. de la Poplinière, qui a du pouvoir sur cette âme molle [Thiriot], et qui a quelque intérêt que la mollesse n'aille pas jusqu'à l'ingratitude
MOU, MOLLENos moeurs sont trop molles ; j'aurais dû peindre avec des traits plus caractérisés la fierté sauvage des Tartares et la morale des Chinois
MOUCHEJe suis un peu incommodé des mouches dont mon appartement est plein, vis-à-vis des glaces éternelles des Alpes ; il y a toujours dans ce monde quelque mouche qui me pique ; mais cela ne m'empêchera pas de vous servir
MOUCHELe latin qui est imprimé en pieds de mouche
MOULÉ, ÉEOn a ouvert et supprimé tous les paquets qui contenaient du moulé, de quelque nature qu'ils fussent ; ainsi on a coupé les vivres à l'âme
MOURIROn meurt en détail, ma chère amie ; puissiez-vous jouir d'une meilleure santé que la mienne !
MOURIROn sait bien qu'il faut mourir ; mais, en conscience, il ne faudrait pas aller à la mort par de si vilains chemins
MOURIRIl a soixante et quatorze ans, C'est mourir pape et non pas l'être
MOURIRCe n'est pas parce que j'ai quatre-vingts ans que je pense ainsi ; car j'avais le même goût à quinze, et probablement je mourrai dans mon péché
MOURIRJe sens bien qu'il faut mourir ; mais, pendant qu'on attend, tout change, et on meurt à la peine
MOURIRCe n'est pas que je croie à votre ancienne prédiction, que le roi de Prusse me ferait mourir de chagrin ; je ne me sens pas d'humeur à mourir d'une si sotte mort
MOUSTACHEComme je n'ai pas dans ce monde-ci cent cinquante mille moustaches à mon service, je ne prétends point du tout faire la guerre
MOUTARDEJe lui ai envoyé le Cri du sang innocent, et cette diatribe dont vous me parlez ; tout cela est un peu de la moutarde après dîner ; le jeune homme qui faisait crier le sang innocent [condamné par les juges d'Arras] n'a plus à crier ; le roi [de Prusse] l'appelle auprès de sa personne....
MOUTONQu'est-ce donc que ce drôle de fou qui traite le public comme Ajax traitait ses moutons, et qui tombe sur lui en furieux ?
MOUVEMENTNous savons les lois du mouvement ; mais la cause du mouvement, étant le premier principe, sera éternellement cachée
MOYENJe souhaite à Votre Majesté impériale pour l'année 1772, non pas augmentation de gloire, car il n'y a plus moyen...
MUENous sommes dans ce monde sous la direction d'une puissance aussi invisible que forte, à peu près comme des poulets qu'on a mis en mue pour un certain temps pour les mettre à la broche ensuite
MUGIRIls [les acteurs] vous jouent, ils vous défigurent.... un autre mugit, un autre fait les beaux bras, et la pièce va au diable
MULECette personne est opiniâtre comme une mule sur certaines petites choses, quoiqu'elle se laisse aller à tout vent sur d'autres
MULTIPLIERIl ne faut pas plus multiplier les importunités que les êtres
MULTIPLIERLe nombre des gens qui pensent raisonnablement se multiplie tous les jours : si cela continue, la raison rentrera un jour dans ses droits
MUNICIPALEMENTIl ne faut que des yeux pour voir que les villes gouvernées municipalement sont riches
MÛRIRJ'ignore encore si l'homme aux cinquante-trois ans ne ressemble pas aux nèfles qui ne mûrissent que sur la paille
MÛRIRAprès tout, l'âge peut le mûrir ; tout ce que vous avez daigné faire pour lui peut parler à son coeur
MUSELe loisir fut certainement le père des Muses, les affaires en sont les ennemis, et l'embarras les tue
MUSQUÉ, ÉEVoici le papier musqué pour le premier acte [papier où étaient des vers corrigés] ; il n'y aura qu'à l'ajuster avec quatre petits pains
MUTILATIONToute mutilation énerve le corps et le défigure
MUTILERJe vous demanderai qu'il ne soit pas permis aux comédiens de mutiler mes pièces ; vous savez qu'il y a des gens qui croient en savoir beaucoup plus que moi et qui substituent leurs vers aux miens
MYSTÈREJ'exige que la chose soit secrète [la lecture d'une tragédie de Voltaire], et que vos amis aient au moins le plaisir d'y mettre du mystère, si le mystère est un plaisir
NABABJe souhaite... que nous ne nous mêlions de faire des nababs que quand nous aurons assez de troupes pour conquérir l'Inde
NAGERNous nageons dans l'incertitude ; nous avons très peu d'idées claires
NAGERJe n'entends parler que de millions [lors du système de Law] ; on dit que tout ce qui était à son aise est dans la misère, et que tout ce qui était dans la mendicité nage dans l'opulence
NAÏADECe serait à ceux qui ont des millions de quarante écus de rente, à se charger de ce grand ouvrage [amener l'Yvette à Paris] ; mais l'incertitude du succès les effraie, le travail les rebute, et les filles de l'opéra l'emportent sur les naïades de l'Yvette
NAÏF, IVEVous dites donc que Diderot est un bon homme ; je le crois, car il est naïf
NAIN, AINE.... Il faut... à tout petit esprit des dignités, des places ; Le nain monte sur des échasses ; Que de nains couronnés paraissent des géants !
NAISSANT, ANTEPuisqu'on veut bien placer ma maigre figure sous le visage rebondi de M. le cardinal de Bernis, j'aurai l'honneur de vous envoyer incessamment ma petite tête en perruque naissante
NAÎTREC'est un beau spectacle de voir Pétersbourg naître au milieu d'une guerre ruineuse
NAÏVETÉC'est [Mlle Corneille] la naïveté, l'enfance, la vérité, la vertu même
NAPPEOuvrez les yeux [palatins de Pologne], le diable vous attrape ; Car vous avez à vos puissants voisins, Sans y penser, longtemps servi la nappe

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