L'oeuvre Émile, ou De l'éducation de Jean-Jacques ROUSSEAU

Ecrit par Jean-Jacques ROUSSEAU

Date : 1762

Citations de "Émile, ou De l'éducation"

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GAUCHIRIl faut gauchir et tergiverser sans cesse
GÉNÉRALISERIl faut généraliser nos vues
GENSÉlever un enfant comme devant être sans cesse entouré de ses gens
GERMEHomme prudent, épiez longtemps la nature, observez bien votre élève avant de lui dire le premier mot ; laissez d'abord le germe de son caractère en pleine liberté de se montrer
GESTICULERÉmile parle et gesticule avec feu
GONFLERElle ne boude pas, mais son coeur se gonfle
GOTHIQUECes entraves gothiques, ces multitudes de ligatures
GOUFFRELes villes sont le gouffre de l'espèce humaine
GOUJATIl voit les mêmes passions dans le goujat et l'homme illustre
GOÛTERDes jouets, des bonbons, son goûter
GRACIABLELa désobéissance n'eût pas été graciable
GRAILLONElle eût dédaigné de toucher aux serviettes sales en disant qu'elles sentaient le graillon
GRIMACEUn sauvage boit du vin, il fait la grimace
GRINCERLes douleurs de la néphrétique lui feront grincer les dents
GUERREJe lui fis la guerre de ce caprice
HALEINEVoilà la carrière que vous parcouriez d'une haleine
HÂTIF, IVELa puberté est toujours plus hâtive chez les peuples policés
HAUT, AUTESi l'enfant tombe de son haut, il ne se cassera pas la jambe
HERBIVORELe lait des femelles herbivores est très doux
HERBORISERQui peut se résoudre à passer des montagnes sans herboriser ?
HÉSITERIl n'hésita pas à favoriser son évasion au risque de s'en faire un dangereux ennemi
HOCHETEn lui donnant pour hochet quelques corps durs
HOMMEIl y a des naturels violents dont la férocité se développe de bonne heure et qu'il faut se hâter de faire hommes pour n'être pas obligé de les enchaîner
HOMOGÈNEFormé d'une substance homogène à la sienne
HUCHEChez les paysans, la huche et le fruitier sont toujours ouverts
HUMEURJe voudrais qu'on rassemblât beaucoup d'enfants de bonne humeur
HUSSARDL'habillement de houssard [qu'on donnait souvent aux enfants dans le XVIIIe s.], loin de remédier à cet inconvénient [la stagnation des humeurs par compression], l'augmente, et, pour sauver aux enfants quelques ligatures, les presse par tout le corps
HYGIÈNEEncore l'hygiène est-elle moins une science qu'une vertu
IDÉEVoulez-vous prendre une idée de l'éducation publique ?
IDENTITÉLa mémoire étend le sentiment de l'identité sur tous les moments de son existence [de l'individu]
IDOLEOn ne sait pas combien il reste de bonnes gens qui n'ont pas fléchi le genou devant l'idole
IMBOIRECelui qui vous parle est un solitaire qui, vivant peu avec les hommes, a moins d'occasions de s'imboire de leurs préjugés
IMPÉRIEUX, EUSEDans l'éducation façonnière des riches, on ne manque jamais de les rendre [les enfants] poliment impérieux, en leur prescrivant les termes dont ils doivent se servir pour que personne n'ose leur résister
INCOMMODESi j'avais à remettre la tête d'un enfant ainsi gâté [par le goût de la toilette], j'aurais soin que ses habits les plus riches fussent les plus incommodes
INCOMMODERIl en aurait pu manger six [gâteaux] sans s'incommoder
INDISPOSERVous les indisposez contre votre tyrannie
INFORMERQuand même une âme humaine informerait cette huître
INHABITUDEL'inhabitude de penser dans l'enfance en ôte la faculté dans le reste de la vie ; il me semble que je pourrais aisément répondre à cela....
INNOCENCEJe puis supposer Émile resté dans sa primitive innocence
INSECTEÀ trente ans il écraserait tous ces insectes
INSTITUTIONAvant que les préjugés et les institutions humaines aient altéré nos penchants naturels, le bonheur des enfants ainsi que des hommes consiste dans l'usage de leur liberté
INSTRUIREQuand on n'est point pressé d'instruire, on n'est point pressé d'exiger, et l'on prend son temps pour ne rien exiger qu'à propos
INSTRUISABLEIl est sinon instruit, du moins instruisable
INTOLÉRANT, ANTEJe défie tous les intolérants du monde de répondre à cela
INTRÉPIDEAvec une gradation lente et ménagée, on rend l'homme et l'enfant intrépides à tout
INTROUVABLECe rare mortel est-il introuvable ? je l'ignore
INVENTÉ, ÉETant d'instruments inventés pour nous guider dans nos expériences et suppléer à la justesse des sens, en font négliger l'exercice
INVENTERQu'il [votre élève] ne sache rien, non parce que vous le lui avez dit, mais parce qu'il l'a compris lui-même ; qu'il n'apprenne pas la science ; qu'il l'invente
INVERSEIl y a une estime publique attachée aux différents arts en raison inverse de leur utilité réelle
ISOPÉRIMÈTREEn lui donnant [à un enfant] à choisir des gauffres isopérimètres
JAMBEPour courir les enfants sont toujours prêts, et celui-ci a de bonnes jambes
JAMBEApprends à poser un faîte, à l'affermir de jambes de force
JARDINERIl [l'enfant] n'aura pas vu deux fois labourer un jardin, semer, lever, croître des légumes, qu'il voudra jardiner à son tour
JEUSi j'étais riche, je jouerais un très petit jeu
JEUCondition qui fait tout le jeu de la machine politique
JOUROn est craintif, on fuit le grand jour et le bruit
JUDICIAIREQuelle netteté de judiciaire enfantine !
LANGEIl [l'enfant] était moins comprimé dans l'amnios qu'il n'est dans ses langes
LETTRÉ, ÉEToute fille lettrée restera fille toute sa vie
LEVERLa semence de la vertu lève difficilement
LIBERTIN, INELes entretiens polissons préparent les moeurs libertines
LIGATURERien qui colle au corps, point de ligature
LISIÈREÉmile n'aura ni bourlet ni lisières
LITHARGELa falsification des vins aigres se fait avec de la litharge
LITHARGYRÉ, ÉEAvant de boire du vin, il importe de savoir s'il est lithargyré
LOILes maximes du monde ne font point loi pour qui veut vivre pour soi-même
LOUVOYERQuand il ne s'agit que d'aller contre le vent, on louvoie
MAGASINIl faut tâcher de lui former un magasin de connaissances
MAIGRELe maigre, loin d'échauffer la nourrice, lui formera du lait en abondance et de la meilleure qualité
MAILLOTÀ sa naissance on le coud dans un maillot
MAINEn le promenant d'atelier en atelier, ne souffrez jamais qu'il voie aucun travail sans mettre lui-même la main à l'oeuvre
MAISONSur le penchant de quelque agréable colline bien ombragée, j'aurais une petite maison rustique, une maison blanche avec des contrevents verts
MAISONLe même tour d'esprit qui fait exceller une femme du monde dans l'art de tenir maison
MAÎTRESi j'étais maître à danser, je ne ferais pas les singeries de Marcel
MAÎTREQu'il fasse toujours son chef-d'oeuvre, et que jamais il ne passe maître
MAÎTRESSELa coquetterie fait les plus extravagantes petites-maîtresses
MAL, ALEComment me prouverez-vous que ces mauvais penchants dont vous prétendez le guérir [l'enfant], ne lui viennent pas de vos soins mal entendus, bien plus que de la nature ?
MALADEJ'aimerais mieux qu'il fût quelquefois malade que sans cesse attentif à sa santé
MALAISELe malaise des besoins s'exprime par des signes, quand le secours d'autrui est nécessaire pour y pourvoir
MAL-ÊTRESi vous leur épargnez toute espèce de mal-être
MALFAIRES'il est quelque misérable état au monde où l'homme ne puisse pas vivre sans malfaire
MAMELLEL'enfant a-t-il moins besoin des soins d'une mère que de la mamelle ?
MANÉGEJ'ai vu quelquefois le petit manége des jeunes femmes....
MANGEABLEPour moi, je dirais au contraire, qu'il n'y a que les Français qui ne savent pas manger, puisqu'il faut un art si particulier pour leur rendre les mets mangeables
MANGERCelui qui mange dans l'oisiveté ce qu'il n'a pas gagné lui-même, le vole
MANIÈREIl a gardé de son ancienne opulence la facilité de connaître l'état des gens dans leurs manières ; quiconque a vécu dans le grand monde se trompe rarement là-dessus
MANIÉRÉ, ÉEElle en fera des singes maniérés ou d'étourdis polissons
MANITOULes manitous des sauvages, les fétiches des nègres
MANOEUVREIl s'agit de payer mon passage : vous y aviez pourvu en me faisant apprendre la manoeuvre
MANUEL, ELLEJe parlerai bientôt des travaux et des jeux manuels
MARCSi ce jeune cerveau s'échauffe, laissez-le d'abord fermenter en liberté ; mais ne l'excitez jamais, de peur que tout ne s'exhale.... autrement vous perdrez votre temps et vos soins, vous détruirez votre propre ouvrage ; et, après vous être indiscrètement enivrés de toutes ces vapeurs inflammables, il ne vous restera qu'un marc sans vigueur
MARCHANDERSi vous me vendez vos dons, je marchanderai sur le prix
MARCHANDERFrappez, ne marchandez point les coups
MARCHANDISEQuand il s'agit d'examiner l'enfant, on lui fait déployer sa marchandise
MARCHERComment le parfum des fleurs, le charme de la verdure, l'humide vapeur de la rosée, le marcher mol et doux sur la pelouse, enchanteront-ils les sens !
MARIONNETTECes femmes en grand panier qui vous traitent en marionnettes
MARMOTTERLes enfants des villes, élevés dans la chambre et sous l'aile d'une gouvernante, n'ont besoin que de marmotter pour se faire entendre
MARMOUSETLes marmousets de Laban, les manitous des sauvages
MARQUERLa petite fille était délicate et vaine ; elle n'entendait point que son linge servît à ses soeurs, on le marquait, on ne voulut plus le marquer ; il fallut apprendre à marquer elle-même
MARQUERLeurs femmes ignoraient l'usage de ces corps de baleine par lesquels les nôtres contrefont leur taille plutôt qu'elles ne la marquent
MARQUERLa substance est durcie, et les nouvelles empreintes ne marquent plus
MASSEQu'il joue avec nos masses sur un billard haut de trois pieds
MATIÈRETout ce que je sens hors de moi, et qui agit sur mes sens, je l'appelle matière
MATIÈRESon esprit s'absorbera dans la matière
MÉCANIQUELes cris de l'enfant sont des effets purement mécaniques
MÉDECINOn me dira, comme on fait sans cesse, que les fautes sont du médecin, mais que la médecine en elle-même est infaillible ; à la bonne heure ; mais qu'elle vienne donc sans le médecin
MÉDIATEUR, TRICEMe voilà donc le confident de mes deux bonnes gens et le médiateur de leurs amours ! bel emploi pour un gouverneur
MÉDITERRANÉ, ÉEVont-ils dans la Tartarie méditerranée....
MEMBRELes membres d'un corps qui croît doivent être tous au large dans leur vêtement
MÊMED'autres femmes, des bêtes même, pourront lui donner le lait qu'elle lui refuse ; la sollicitude maternelle ne se supplée point
MÊMELe temps vient où la même nature [la nature même] prend soin d'éclairer son élève
MÉNAGERSi j'ai bien ménagé ma gradation, loin de s'effrayer au dernier masque, il [l'enfant] en rira comme du premier
MENEROn ne connaît point les préjugés quand on les adopte, et l'on ne mène point le peuple quand on lui ressemble
MENERÀ dix ans, il est mené par des gâteaux ; à vingt par une maîtresse ; à trente par les plaisirs ; à quarante par l'ambition ; à cinquante par l'avarice
MÈRELa véritable mère de famille, loin d'être une femme du monde, n'est guère moins recluse dans sa maison que la religieuse dans son cloître
MÉRIDIEN, IENNEDeux points d'intersection entre les ombres égales du matin et du soir donnent une méridienne excellente
MESUREIls veulent vous rabaisser à leur petite mesure
MEUBLÉ, ÉELes Orientaux, bien que très voluptueux, sont tous logés et meublés simplement ; ils regardent la vie comme un voyage et leur maison comme un cabaret
MEURTRISSANT, ANTECette différence [d'action du toucher] est sensible dans l'usage des instruments de musique : le toucher dur et meurtrissant du violoncelle, de la contre-basse, du violon même, en rendant les doigts plus flexibles, racornit leurs extrémités
MINAUDERIESi elles nous plaisent, si leurs minauderies nous séduisent....
MIS, MISES'il rencontre un jeune homme mieux mis que lui
MISEJ'avais partout quelque connaissance de mise
MISÉRABLELe plus heureux est celui qui souffre le moins de peines ; le plus misérable est celui qui sent le moins de plaisirs
MIXTEUn chimiste combinant des mixtes ne les fera pas sentir dans son creuset
MODEEn voyant des marchands de modes vendre aux dames des rubans
MOEURSJe connaîtrais un homme qui a des moeurs entre cent mille débauchés
MOIS'il peut renoncer à sa vie, à sa raison, à son moi
MOINSMoins on lui en parlait, et plus il s'en occupait
MOINSÀ moins qu'un homme ne soit un monstre, la douceur d'une femme le ramène et triomphe de lui tôt ou tard
MOITECe même esprit me paraît lâche, moite
MOITIÉLes Caraïbes sont de la moitié plus heureux que nous
MOLLET, ETTEUn lit mollet où l'on s'ensevelit dans la plume
MOMENTOn part à son moment, on s'arrête à sa volonté
MOMENTExaminez-le au moment qu'il arrive à Paris
MONDELes filles vivent dans les couvents, et les femmes courent le monde
MONNAIELe prince seul a droit de battre monnaie
MONSIEUREnfermez un petit monsieur et un petit paysan dans une chambre...
MONSIEURNous ne prétendons pas être traités en messieurs
MORAL, ALENos maux moraux sont tous dans l'opinion, hors un seul, qui est le crime, et celui-là dépend de nous ; nos maux physiques se détruisent ou nous détruisent
MORAL, ALESi le physique va trop bien, le moral se corrompt
MORALEOn fait apprendre les fables de la Fontaine à tous les enfants, et il n'y en a pas un seul qui les entende ; quand ils les entendraient, ce serait encore pis, car la morale en est tellement mêlée et disproportionnée à leur âge, qu'elle les porterait plus au vice qu'à la vertu
MORALEExcédés de vos fades leçons, de vos longues morales
MORALISTEToujours moralistes pédants
MORTPour garantir le jeune infortuné de cette mort morale dont il était si près, il commença par réveiller en lui l'amour-propre et l'estime de soi-même
MORTLes moralités sont la mort de toute bonne éducation
MORTAISEÉmile, un ciseau d'une main et le maillet de l'autre, achève une mortaise
MUERSa voix mue, ou plutôt il la perd
MÛRIRLaissez mûrir l'enfance dans les enfants
MUSQUÉ, ÉEQuand un galant musqué lui offre ce service
MUTILERIl [l'homme] mutile son chien, son cheval, son esclave
MUTINERVous ne feriez que mutiner son amour-propre
MUTINEROn ne se mutine guère contre la nécessité
NAGENous sommes venus comme un trait : Emile est tout en nage ; une main chérie daigne lui passer un mouchoir sur les joues
NAISSANCEQu'y a-t-il de plus ridicule qu'un grand seigneur devenu gueux, qui porte dans sa misère les préjugés de sa naissance ?
NAÎTRENous naissons faibles, nous avons besoin de forces ; nous naissons dépourvus de tout, nous avons besoin d'assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement
NATIF, IVESes yeux, que le feu du sentiment n'anime point encore, ont au moins toute leur sérénité native
NATUREJamais la nature ne nous trompe ; c'est toujours nous qui nous trompons
NATUREL, ELLELa physionomie ne se montre pas dans les grands traits, ni le caractère dans les grandes actions, c'est dans les bagatelles que le naturel se découvre
NATURELLEMENTNaturellement l'homme ne pense guère ; penser est un art qu'il apprend comme tous les autres et même plus difficilement
NÉGATIF, IVEIl est pis que nul, il est négatif
NÉGOCIATIONCes tracasseries royales appelées négociations
NERFIl ramera sous le nerf de boeuf dans les galères d'Alger
NEUF, EUVEMon sujet était tout neuf après le livre de Locke, et je crains fort qu'il ne le soit encore après le mien
NIAISEMENTIl n'ira pas niaisement interrogeant les autres sur tout ce qu'il voit
NOEUDSon noeud d'épaule et son parement d'or ne le font plus respecter
NOMBREPeut-être n'est-il pas fâché de tenir une place, de faire nombre
NOMBRERVoir deux objets à la fois, ce n'est pas voir leurs rapports, ni juger de leur différence ; apercevoir plusieurs objets les uns hors des autres, n'est pas les nombrer
NONQue le non prononcé soit un mur d'airain, contre lequel l'enfant n'aura pas épuisé cinq ou six fois ses forces, qu'il ne tentera plus de le renverser
NOUÉ, ÉEQui fourmillent de cagneux, de noués
NOURRICEComme la véritable nourrice est la mère, le véritable précepteur est le père ; qu'ils s'accordent dans l'ordre de leurs fonctions ainsi que dans leur système
NOURRITUREDans les nourritures où l'on ne regarde qu'au physique
NOUSNous plaignons le sort de l'enfance, et c'est le nôtre qu'il faudrait plaindre, nos plus grands maux nous viennent de nous
NOYÉ, ÉEM'étant, pour ainsi dire, assuré de moi-même, je commence à regarder hors de moi, et je me considère avec une sorte de frémissement, jeté, perdu dans ce vaste univers et comme noyé dans l'immensité des êtres
NU, NUEÉveillés à minuit au coeur de l'hiver par l'ennemi dans leur ville, les Génevois trouvèrent plutôt leurs fusils que leurs souliers ; si nul d'eux n'avait su marcher nu-pieds, qui sait si Genève n'eût point été prise ?
NUIRECe qui nous nuit, on le fuit ; mais ce qui nous veut nuire, on le hait
NUITLa nuit effraye naturellement les hommes, et quelquefois les animaux ; la raison, les connaissances, l'esprit, le courage délivrent peu de gens de ce tribut
NUITIls achetèrent de leur vie une nuit de Cléopâtre
ÔÔ délire ! ô faiblesse humaine ! le sentiment du bonheur écrase l'homme, il n'est pas assez fort pour le supporter
OBÉIRLa nature a fait les enfants pour être aimés et secourus ; mais les a-t-elle faits pour être obéis et craints ?
OBSERVERJe voudrais qu'un homme judicieux nous donnât un traité de l'art d'observer les enfants ; cet art serait très important à connaître
OBTENIROrdinairement on obtient très sûrement et très vite ce qu'on n'est pas pressé d'obtenir
OCCUPANT, ANTEL'idée de la propriété remonte au droit du premier occupant
OCULAIREQue de connaissances oculaires on peut acquérir par le toucher !
OCULAIREQui est-ce qui m'osera dire combien il faut de témoins oculaires pour rendre un prodige digne de foi ?
ODEURJe ne sais s'il faut féliciter ou plaindre l'homme sage et peu sensible, que l'odeur des fleurs qu'a sa maîtresse ne fit jamais palpiter
ODORATLe sens de l'odorat est au goût ce que celui de la vue est au toucher : il le prévient, il l'avertit de la manière dont telle ou telle substance doit l'affecter
OEILNous n'avons nulle précision dans le coup d'oeil pour juger les hauteurs, les longueurs, les profondeurs, les distances
OFFENSEURHélas ! reprenais-je avec amertume, je parle toujours de pardonner, sans songer que souvent l'offensé pardonne, mais que l'offenseur ne pardonne jamais
OFFICEOn n'a pas besoin de savoir les Offices de Cicéron pour être honnête homme
OFFICEElle entend la cuisine et l'office
OISEUX, EUSELes professions oiseuses, futiles ou sujettes à la mode, telles, par exemple, que celle de perruquier
OISIF, IVERiche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon
OPINIONL'opinion est le tombeau de la vertu parmi les hommes, et son trône parmi les femmes
OPPRIMÉ, ÉEL'ecclésiastique était pauvre, et avait besoin de tout le monde ; mais l'opprimé avait encore plus besoin de lui, et il n'hésita pas à favoriser son évasion
OPPROBREIl vit que la mauvaise fortune avait déjà flétri son coeur, que l'opprobre et le mépris avaient abattu son courage
ORDONNANCELe sage médecin ne donne pas des ordonnances à la première vue
ORDONNÉ, ÉEIl n'y a pas un être dans l'univers qu'on ne puisse, à quelque égard, regarder comme le centre commun de tous les autres, autour duquel ils sont tous ordonnés
ORDONNERLe plus sûr moyen de s'élever au-dessus des préjugés et d'ordonner ses jugements sur les vrais rapports des choses, est de se mettre à la place d'un homme isolé
ORDREQuels faits sont dans l'ordre de la nature ?
ORDREIl y a quelque ordre moral partout où il y a sentiment et intelligence
ORDREMes preuves sont d'un ordre surnaturel
ORGUEILLEUX, EUSECependant l'orgueilleuse l'observe en dessous et sourit en secret de la fierté de son esclave
ORIENTEREn nous orientant pour lever nos cartes, il a fallu tracer des méridiennes
ORIGINAL, ALEIl faut avouer que les caractères originaux des peuples, s'effaçant de jour en jour, deviennent en même raison plus difficiles à saisir
ÔTERRespectez votre espèce ; songez qu'elle est composée essentiellement de la collection des peuples, que, quand tous les rois et tous les philosophes en seraient ôtés, il n'y paraîtrait guère, et que les choses n'en iraient pas plus mal
Où Jésus avait-il pris chez les siens cette morale élevée et pure dont lui seul a donné les leçons et l'exemple ?
OUBLIERJe n'oublierai jamais d'avoir vu beaucoup pleurer une petite fille qu'on avait désolée avec la fable du loup et du chien
OUVERTURELe sens de la vue n'a pour juger la grandeur des objets et leur distance qu'une même mesure, savoir l'ouverture de l'angle qu'ils font dans notre oeil
OUVRIRQuand le coeur s'ouvre aux passions, il s'ouvre à l'ennui de la vie
PACTISERL'enfant sait toujours vous faire payer une heure d'application par huit jours de complaisance ; à chaque instant il faut pactiser avec lui
PAIR, AIREIl est équitable, il juge ses pairs
PAIXCe fut là qu'après avoir quelque temps contemplé ces objets en silence, l'homme de paix me parla ainsi
PAIXLa paix de l'âme consiste dans le mépris de tout ce qui peut la troubler
PALADINFerons-nous d'Émile un redresseur de torts, un paladin ?
PALPABLEL'être incompréhensible qui embrasse tout, qui donne le mouvement au monde, et forme tout le système des êtres, n'est ni visible à nos yeux, ni palpable à nos mains
PALPITERCombien de fois, contemplant en eux mon ouvrage, je me sens saisi d'un ravissement qui fait palpiter mon coeur !
PANIERÉmile n'aura ni paniers roulants, ni lisières
PANTALONUne des choses qui rendent ennuyeux le Pantalon de la comédie italienne...
PANTELANT, ANTEComment peut-il [l'homme se nourrissant de chair] supporter l'aspect des chairs partelantes ?
PAPAElle s'excuse avec vivacité, son papa sait bien que...
PARADEIl plaint ces voluptueux de parade, qui livrent leur vie entière à l'ennui pour paraître avoir du plaisir
PARADOXEJ'aime mieux être homme à paradoxe qu'homme à préjugés
PARDONNÉ, ÉEAussitôt qu'elle est pardonnée
PAREMENTSon noeud d'épaule et son parement d'or ne le font pas plus respecter
PARLERGénéralement, les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu
PARLEREnseignez premièrement aux enfants à parler aux hommes ; ils sauront bien parler aux femmes quand il faudra
PARLERLa sainteté de l'Évangile parle à mon coeur
PARLERElle a le maintien moins libre et le parler plus timide, depuis qu'elle n'entend plus le mot d'amant sans rougir
PARTIPrenez votre parti sur mes longueurs ; car pour moi j'ai pris le mien sur vos plaintes
PARTIEIl est certain que nous qui sommes parties, ne nous sentons nullement dans le tout
PASSAGER, ÈRETout est fini, tout est passager dans la vie humaine
PASSE-DROITAccablé de passe-droits et supplanté par tous vos camarades, pour avoir fait votre service à la tranchée, tandis qu'ils faisaient le leur à la toilette
PASSERTout ce qui doit passer au coeur doit en sortir
PASSERQu'il fasse toujours son chef-d'oeuvre, et que jamais il ne passe maître
PASSERUne main chérie daigne lui passer un mouchoir sur les joues
PASSERElle n'est pas fille à lui passer des familiarités
PASSIF, IVESi nous étions purement passifs dans l'usage de nos sens, il n'y aurait entre eux aucune communication
PASSIONNos passions sont les principaux instruments de notre conservation
PÂTIRSi vous laissez pâtir les enfants, vous exposez leur santé
PATRIEComme si ce n'était point par la petite patrie, qui est la famille, que le coeur s'attache à la grande
PATRIOTETout patriote est dur aux étrangers : ils ne sont qu'hommes, ils ne sont rien à ses yeux
PAUMIERJe n'entends pas.... qu'on charge sa petite main [d'un enfant] d'une raquette de paumier
PAYERQuiconque paye [il s'agit de l'amour que l'on paye], fût-il le plus aimable des hommes, par cela seul qu'il paye, ne peut être longtemps aimé
PAYERLa malheureuse facilité que nous avons à nous payer de mots que nous n'entendons point commence plus tôt qu'on ne pense
PAYSAN, SANNEJe suis né pauvre et paysan, destiné par mon état à cultiver la terre
PEAUIl importe que la peau s'endurcisse aux impressions de l'air et puisse braver ses altérations ; car c'est elle qui défend tout le reste
PÉDAGOGUELes pédagogues qui nous étalent en grand appareil les instructions qu'ils donnent à leurs disciples
PÉDAGOGUEC'est là pour un pédagogue l'occasion d'entamer un beau discours
PEINENous étions en peine d'ornements pour notre chambre
PEINEÀ peine est-elle jolie au premier aspect, mais plus on la voit et plus elle s'embellit
PELOTERJe n'entends pas qu'il joue avec nos masses sur un billard haut de trois pieds, je n'entends pas qu'il aille peloter dans nos tripots, ni qu'on charge sa petite main d'une raquette de paumier....
PENCHANTSur le penchant de quelque agréable colline bien ombragée, j'aurais une petite maison rustique, une maison blanche avec des contrevents verts
PENCHERIls penchent à aimer le vice
PÉNÉTRERJe converse avec lui [Dieu], je pénètre toutes mes facultés de sa divine essence ; je m'attendris à ses bienfaits, je le bénis de ses dons
PENSERÀ quoi voulez-vous qu'il [l'enfant] pense, quand vous pensez à tout pour lui ?
PERCEPTIONNos sensations sont purement passives, au lieu que toutes nos perceptions ou idées naissent d'un principe actif qui juge
PERCERQui perçaient l'air de leurs cris
PERDU, UEUn mari qui oserait y consentir [à ce que sa femme nourrît] serait un homme perdu
PÉRIRDes organes qui sont péris faute de pouvoir se conserver
PÉRORERIl [l'enfant] va folâtrer par la chambre et me laisse pérorer tout seul
PERQUISITIONOn prend part à sa peine, à son indignation ; on cherche, on s'informe, on fait des perquisitions ; enfin l'on découvre que le jardinier a fait le coup
PERSÉCUTANT, ANTEUn gouvernement violent, une religion persécutante
PERSIFLERC'est de l'usage de tout dire sur le même ton qu'est vent celui de persifler les gens sans qu'ils le sentent
PERVERSITÉBientôt la perversité générale lui servira moins de leçon que d'exemple ; il se dira que, si l'homme est ainsi, il ne doit pas vouloir être autrement
PÉTILLERPétillant de joie d'avoir enfin triomphé de moi
PÉTRIROn dit que plusieurs sages femmes prétendent, en pétrissant la tête des enfants nouveau-nés, lui donner une forme plus convenable : et on le souffre !
PEUPLEQue sans affectation je fusse peuple à la guinguette
PHÉBUSQu'un beau phébus lui débite ses gentillesses
PHILOSOPHERAprès avoir philosophé toute votre vie, n'apprendrez-vous jamais à raisonner ?
PHYSIONOMIEUne physionomie qui promet une âme et qui ne ment pas
PHYSIONOMIEOn croit que la physionomie n'est qu'un simple développement de traits déjà marqués par la nature ; pour moi, je penserais qu'outre ce développement, les traits du visage d'un homme viennent insensiblement à se former et à prendre de la physionomie par l'impression fréquente et habituelle de certaines affections de l'âme
PHYSIQUESi le physique va trop bien, le moral se corrompt
PIÈCEDes fruits, du laitage, quelque pièce de four un peu plus délicate que le pain ordinaire, surtout l'art de dispenser sobrement tout cela, voilà de quoi mener des armées d'enfants au bout du monde
PIÈCES'il vient à faire quelque désordre et à casser quelque pièce utile
PIÉTON, ONNEJ'ai toujours vu ceux qui voyageaient dans de bonnes voitures bien douces, rêveurs, tristes, grondants ou souffrants, et les piétons toujours gais, légers et contents de tout
PINCEAUIl est parvenu au point de vivre de son pinceau
PINCEAUAlbane et Raphaël, prêtez-moi le pinceau de la volupté ; divin Milton, apprends à ma plume grossière à décrire les plaisirs de l'amour et de l'innocence
PIQUERTantôt piquant des deux, tantôt marchant à petits pas
PIQÛREQu'il se croie mort à la première piqûre
PIROUETTEIl voit le canard [figure de canard portant à l'intérieur un aimant] se moquer de lui et faire des pirouettes tout autour du bassin
PISCe qu'il y a de pis pour la sagesse est d'être savant à demi
PITIÉLa pitié qu'on a du mal d'autrui ne se mesure pas sur la quantité de ce mal, mais sur le sentiment qu'on prête à ceux qui le souffrent
PITIÉNe voilà-t-il pas une invention bien trouvée ? quelle pitié !
PITTORESQUELes effets pittoresques et le bon goût du dessin
PLACEIl n'est pas dans le coeur humain de se mettre à la place des gens qui sont plus heureux que nous, mais seulement de ceux qui sont plus à plaindre
PLACEC'est en ce moment que la réserve et la gravité sont à leur place
PLAIELes grandes plaies du corps et de l'âme ne saignent pas à l'instant qu'elles sont faites ; elles n'impriment pas sitôt leurs plus vives douleurs ; la nature se recueille pour en soutenir toute la violence
PLAIREIl y a bien de la différence entre se plaire à un travail et y être propre
PLEURLes longs pleurs d'un enfant qui n'est ni lié ni malade, et qu'on ne laisse manquer de rien, ne sont que des pleurs d'habitude et d'obstination
PLOYERLe pesant joug de la nécessité sous lequel il faut que tout être fini ploie
POINTDurant la lecture, je vis le jeune homme déchirer de très belles manchettes de point qu'il portait, et les jeter au feu l'une après l'autre
POINTComme si elle te disait de venir travailler à son point croisé
POINTIl y a un point où chaque forme de gouvernement se confond avec la suivante
POINTUREPlus on leur ôtera la pointure de l'étrangeté....
POLISSONVous ne parviendrez jamais à faire des sages, si vous ne faites d'abord des polissons ; c'était l'éducation des Spartiates
POLISSONUn polisson de collége lisant le 4e livre de l'Énéide
POLISSONSi ses manières te paraissent polissonnes, c'est que tu ne fréquentes pas le grand monde, Colombine avocat pour et contre (1685), I, 8, dans le Théâtre italien de Gherardi Les entretiens polissons préparent les moeurs libertines
POREÀ force de plonger leurs enfants dans la mollesse, elles [les mères qui portent à l'excès la sollicitude] les préparent à la souffrance, elles ouvrent leurs pores aux maux de toute espèce dont ils ne manqueront pas d'être la proie étant grands
PORTÉEUn asile éloigné, mais à portée
PORTERSa confiance doit porter sur l'autorité de la raison
POSÉ, ÉELe temps ne viendra que trop tôt d'être posée, et de prendre un maintien plus sérieux
POSITIF, IVELes lois éternelles de la nature et de l'ordre existent ; elles tiennent lieu de loi positive au sage
POSITIONC'est justement l'heure où nous observions hier, de Montmorency, la position de la forêt ; si nous pouvions de même observer de la forêt la position de Montmorency ?
POSSÉDERÔ bon Émile, aime, et sois aimé ! jouis longtemps avant que de posséder ; jouis à la fois de l'amour et de l'innocence
POSSIBLEQui concentre les voeux dans l'étroite borne des possibles
POTQuand elles ont des nourrissons bourgeois, on leur donne des pot-au-feu
POTELÉ, ÉEQu'on ait d'abord les doigts épais, courts, peu mobiles, les mains potelées et peu capables de rien empoigner, cela empêche-t-il que plusieurs enfants ne sachent écrire ou dessiner à l'âge où d'autres ne savent pas encore tenir le crayon ni la plume ?
POUPÉEElle n'est rien encore, elle est toute dans sa poupée, elle y met toute sa coquetterie, elle ne l'y laissera pas toujours ; elle attend le moment d'être sa poupée elle-même
POUSSERLe monde est plein d'artisans et surtout d'artistes qui n'ont point le talent naturel de l'art qu'ils exercent, et dans lequel on les a poussés dès leur bas âge
PRÉALABLEMENTPréalablement à tout emploi, ce fonds doit être assigné
PRÉCAIRETu n'avais que la liberté précaire d'un esclave à qui l'on n'a rien commandé
PRÉCAUTIONLecteurs, ne craignez pas de moi des précautions indignes d'un ami de la vérité
PRÉCEPTEURNotre premier précepteur est notre nourrice
PRÉCEPTEURJe suis trop pénétré de la grandeur des devoirs d'un précepteur, je sens trop mon incapacité, pour accepter jamais un pareil emploi, de quelque part qu'il me soit offert
PRÉCIEUX, EUSESophie n'était ni précieuse ni ridicule ; comment cette délicatesse outrée aurait-elle pu lui convenir, à elle à qui l'on n'avait rien tant appris dès son enfance qu'à s'accommoder des gens avec qui elle avait à vivre ?
PRÉCIPITAMMENTÔ que ceux qui jugent si précipitamment les enfants sont sujets à se tromper ! ils sont souvent plus enfants qu'eux
PRÉCIPITATIONVoulant donner à un enfant du goût pour la chimie, après lui avoir montré plusieurs précipitations métalliques....
PRÉCIPITÉ, ÉESa noirceur [de l'encre] ne venait que d'un fer précipité par une liqueur alcaline
PRÉFÉREROn n'aime qu'après avoir jugé, on ne préfère qu'après avoir comparé
PRÉJUDICELaissez-lui sentir le préjudice de la privation
PRÉJUGÉCes préjugés tiennent moins à l'ignorance qu'à la passion : l'Anglais a les préjugés de l'orgueil, et le Français ceux de la vanité
PRÉMATURÉ, ÉELes instructions de la nature sont tardives et lentes ; celles des hommes sont presque toujours prématurées
PRÉMICESQuand enfin cette aimable jeunesse vient à se marier, les deux époux, se donnant naturellement les prémices de leur personne, en sont plus chers l'un à l'autre
PREMIÈREMENTNe parlez jamais raison aux jeunes gens, même en âge de raison, que vous ne les ayez premièrement mis en état de l'entendre
PRENDRELe monde n'a-t-il rien pris sur tes moeurs ?
PRENDREIl veut que les souliers des enfants prennent l'eau
PRÉPARÉ, ÉEC'est une terre bien préparée qui n'attend que le grain pour rapporter
PRESCRIREQui nous prescrit à tous d'être justes, de nous aimer les uns les autres, d'être bienfaisants et miséricordieux....
PRÉSENCELa présence d'esprit, la pénétration, les observations fines sont la science des femmes
PRÉSENTEROn fait baptiser le nouveau-né ; les deux amants le présentent
PRÉSENTERSa manière de se présenter n'est ni modeste, ni vaine
PRESSEOn se hâte de les déformer [les enfants nouveau-nés] en les mettant en presse
PRESSENTIRJe pressens l'objection : l'on ne dira pas que l'enfant a plus de besoins que je ne lui en donne, mais on niera qu'il ait la force que je lui attribue
PRÊTERJe me prêtai de bon coeur à tout, et je commençai par bien constater à ses propres yeux le plaisir que j'avais à lui complaire
PRÉVENANT, ANTEUne figure agréable et prévenante qui n'inspire pas l'amour, mais la bienveillance, est ce qu'on doit préférer
PRIMAUTÉveut conserver la primauté des sentiments de la nature, ne sait ce qu'il veut
PRIMEURRien n'est plus insipide que les primeurs
PRINCELe corps entier considéré par les hommes qui le composent s'appelle prince, et, considéré par son action, il s'appelle gouvernement
PRISEIl est bien difficile que des faits, et même des raisonnements isolés tiennent longtemps dans la mémoire, quand on manque de prise pour les y ramener
PRIXIl ne brisera pas un meuble de prix
PROCÉDERNous procédons toujours lentement, d'idée sensible en idée sensible
PRODIGEQui faisait à dix ans des prodiges sur le clavecin
PRODUCTEUR, TRICEConcevoir la matière productrice du mouvement, c'est clairement concevoir un effet sans cause
PROGRÈSSupposer un progrès de causes à l'infini, c'est n'en point supposer du tout
PROJETEROù commence le mal à votre avis ? dans les lieux où on le projette, ou dans ceux où on l'accomplit ?
PROMENERNe le promenez point dans les cercles, dans les brillantes assemblées
PROMETTRELe plus lent à promettre est toujours le plus fidèle à tenir
PROMISCUITÉJe parle de cette promiscuité civile qui confond les deux sexes
PROMPT, OMPTEJe prie ces juges si prompts à la censure, de considérer que ce qu'ils disent là, je le sais tout aussi bien qu'eux
PROPOSS'il passait près de nous quelque paysan retournant au travail, ses outils sur l'épaule, je lui réjouirais le coeur par quelques bons propos
PROPOSLe pédant et l'instituteur disent à peu près les mêmes choses ; mais le premier les dit à tout propos, le second ne les dit que quand il est sûr de leur effet
PROPOSERJe ne vous propose point le sentiment d'un autre ou le mien pour règle, je vous l'offre à examiner
PROPREIl parle ordinairement au propre et seulement pour être entendu
PROPRELa première idée qu'il faut lui donner [à l'enfant] est moins celle de la liberté que de la propriété ; et, pour qu'il puisse avoir cette idée, il faut qu'il ait quelque chose en propre
PROPREMENTBien faire ce qu'elle fait n'est que le second de ses soins ; le premier est toujours de faire proprement
PROVISIONNEL, ELLEIl était important de peser mûrement le parti que j'avais à prendre ; j'en pris un provisionnel pour me donner le loisir d'y réfléchir
PRUDENCEDans l'incertitude de la vie humaine, évitons surtout la fausse prudence d'immoler le présent à l'avenir
PUREMENTConsidérez aussi que, bornés par nos facultés aux choses sensibles, nous n'offrons presque aucune prise aux notions abstraites de la philosophie et aux idées purement intellectuelles
QUANDQuand je n'aurais d'autre preuve de l'immatérialité de l'âme que le triomphe du méchant et l'oppression du juste en ce monde, cela seul m'empêcherait d'en douter
QUELQUEAprès l'accouchement on lave l'enfant avec quelque eau tiède
QUESTIONNEUR, EUSEAu bout de quelques minutes leur attention [des enfants] se lasse ; ils n'écoutent plus ce qu'un obstiné questionneur leur demande, et ne répondent plus qu'au hasard
QUIÉmile est le seul qui n'y a rien compris
QUIIl faut que je sois le plus maladroit des hommes, si je ne le rends d'avance passionné sans savoir de qui
QUOIC'est encore ici une des raisons pour quoi je veux élever Émile à la campagne
RABOTDe sa blanche et débile main elle pousse un rabot sur la planche ; le rabot glisse et ne mord pas
RACHETERLe bien-être de la liberté rachète beaucoup de blessures
RACORNIRLe toucher dur et meurtrissant du violoncelle, de la contre-basse, du violon même, en rendant les doigts plus flexibles, racornit leurs extrémités
RAISONLa raison des femmes est une raison pratique, qui leur fait trouver très habilement les moyens d'arriver à une fin connue, mais qui ne leur fait pas trouver cette fin
RAISONIl y a une estime publique attachée aux différents arts, en raison inverse de leur utilité réelle
RAISONNERRaisonner avec les enfants était la grande maxime de Locke ; c'est la plus en vogue aujourd'hui, son succès ne me paraît pas pourtant fort propre à la mettre en crédit ; et pour moi je ne vois rien de plus sot que ces enfants avec qui l'on a tant raisonné
RAISONNEUR, EUSESi ces raisonneurs vulgaires confondent la licence avec la liberté, et l'enfant qu'on rend heureux avec l'enfant qu'on gâte
RAJEUNIRJe crois vivre de sa vie, et sa vivacité me rajeunit
RAJUSTÉ, ÉESéchés et rajustés, nous allons rejoindre la maîtresse de la maison
RAMOLLIRVous avez beau ramollir son corps dans l'inaction, vous n'en rendez pas son entendement plus flexible
RAPATRIERLe capitaine était un renégat qui s'était rapatrié
RAPPORTLes rapports nécessaires des moeurs au gouvernement ont été si bien exposés dans le livre de l'Esprit des lois
RAPPRENDRELeur mémoire elle-même [des enfants] n'est guère plus parfaite que leurs autres facultés, puisqu'il faut presque toujours qu'ils rapprennent, étant grands, les choses dont ils ont appris les mots dans l'enfance
RAPPROCHERCesser de s'éviter quand on s'offense, c'est être sûrs de ne se rapprocher jamais
RARÉFIERL'épanouissement de la joie qui semble raréfier tout notre être
RASERLes rayons du soleil levant rasaient déjà les plaines
RASSASIERCe n'est pas tant la possession que l'assujettissement qui rassasie
RASSEOIRMon seul soin devait être de gagner du temps, pour raffermir mes sens et rasseoir mon imagination
RAYONMesurons le rayon de notre sphère et restons au centre
REBOUCHERSon corps sera la cuirasse qui rebouchera tous les traits
REBOURS, OURSEDemandez à vos agréables s'il est aisé d'étaler son caquet avec un esprit aussi rebours que celui-là
REBUTEROn la rebute de venir voir son nourrisson
REBUTERGénéralement les hommes sont moins constants que les femmes, et se rebutent plutôt qu'elles de l'amour heureux
RECETTEJe reviens à ma recette contre le refroidissement de l'amour
RECHERCHERDeux pauvres jeunes gens se recherchent, il aide à les marier
RECOUVRERL'attachement et les soins gagnent les coeurs ; mais ils ne les recouvrent guère
REDESSINERDessiner ce globe, le redessiner
REDEVANCEIl me faut des terres, des bois, des gardes, des redevances, des honneurs seigneuriaux
REDONDANCE ou RÉDONDANCECheville ! redondance inutile
REDRESSERIl démêle de justes griefs qu'il redresse
REDRESSEURFerons-nous d'Émile un redresseur de torts ?
RÉFLÉCHIRL'air ébranlé est sujet à des répercussions qui le réfléchissent, qui, produisant des échos, répètent la sensation
RÉFLÉCHIRRien ne conserve mieux l'habitude de réfléchir, que d'être plus content de soi que de sa fortune
RÉFLEXIONL'entendement, une fois exercé à la réflexion, ne peut plus rester en repos
REFONDREIl y a des états qui semblent changer la nature, et refondre, soit en mieux soit en pis, les hommes qui les remplissent
REFUSC'étaient les refus sérieux d'une volonté décidée, qui s'indigne qu'on puisse douter d'elle
RÉFUTERCette police est commode et sûre pour avoir toujours raison ; il y a plaisir à réfuter des gens qui n'osent parler
REGAGNERSacrifiez dans le premier âge [de l'enfant] un temps que vous regagnerez avec usure dans un âge plus avancé
RÉGALQuelques racines étaient pour nous un régal
RÉGIMEVous voilà autorisé à le tenir au régime
RÉGLISSEUn bâton de réglisse qu'il [l'enfant] peut sucer, mâcher
RÈGNELe pays où les préjugés sont le plus en règne
REGORGERIls [les enfants] mangeront jusqu'à regorger
REGRETTABLEJe me rappelais avec attendrissement tout ce qui me la rendait regrettable
REJETERLa première fois qu'un sauvage boit du vin, il fait la grimace et le rejette
RÉJOUIRS'il passait près de nous quelque paysan retournant au travail, ses outils sur l'épaule, je lui réjouirais le coeur par quelques bons propos, par quelques coups de bon vin qui lui feraient porter plus gaiement sa misère
RELÂCHEMon esprit fatigué avait besoin d'un peu de relâche pour se livrer à de nouvelles méditations
RELATIONLa relation sociale des sexes est admirable ; de cette société résulte une personne morale dont la femme est l'oeil et l'homme le bras
RELAYERRelayant ainsi l'esprit et le corps l'un par l'autre, j'en tirais le meilleur parti qu'il m'était possible, sans jamais fatiguer aucun des deux
RELIGIONL'oubli de toute religion conduit à l'oubli des devoirs de l'homme
REMBOURRÉ, ÉEDans un grand berceau bien rembourré, où il [l'enfant] puisse se mouvoir à l'aise et sans danger
REMISELes ombrages frais, les bocages, les doux asiles du premier, ne sont pour l'autre que des viandis, des forts, des remises
REMUANT, ANTEVu l'esprit inquiet et remuant de ce siècle qui bouleverse tout à chaque génération, peut-on concevoir une méthode plus insensée que d'élever un enfant comme n'ayant jamais à sortir de sa chambre ?
REMUERIl ne faut pas une longue expérience pour sentir combien il est agréable d'agir par les mains d'autrui, et de n'avoir besoin que de remuer la langue pour faire mouvoir l'univers
RÉMUNÉRATEUR, TRICEQue l'apparent bonheur de cette vie n'est rien ; qu'il en est une autre après elle, dans laquelle cet être suprême sera le rémunérateur des bons et le juge des méchants
RENCONTREQuelque heureuse rencontre qui par hasard leur tombe sur la langue
RENDREJe n'ai guère vu dans les enfants que ces deux espèces de générosité : donner ce qui ne leur est bon à rien, ou donner ce qu'ils sont sûrs qu'on va leur rendre
RENDRERendez votre élève attentif aux phénomènes de la nature, bientôt vous le rendrez curieux ; mais, pour nourrir sa curiosité, ne vous pressez jamais de la satisfaire
RENDU, UESi les portraits sont bien rendus d'après nature
RENFORCERPour renforcer le tempérament et la santé
RENFORCERL'habitude ne renforce plus les liens du sang
RENFORCERPlus j'insiste sur ma méthode inactive, plus je sens les objections se renforcer
RENTRERNous rentrons dans la première difficulté
RENVOYERCe plaisir si doux au coeur de l'homme, d'en renvoyer un autre content de nous
RENVOYERJ'allai lui proposer un tour de promenade, il me renvoya bien loin
RÉPERCUTERL'air froid, frappant incessamment sur la peau, répercute en dedans la sueur, et empêche les pores de s'ouvrir assez pour lui donner un passage libre
REPERDRECette réflexion, plus prompte qu'un éclair, jeta dans mon âme un instant de lueur que je reperdis bientôt, mais qui me suffit pour me reconnaître
RÉPERTOIREUn homme instruit n'ouvre pas aisément son répertoire : il aurait trop à dire, et il voit encore plus à dire après lui ; il se tait
REPLIERJ'aimerais mieux qu'on laissât ces jeunes coeurs se replier sur eux-mêmes, et se livrer à une agitation qui n'est pas sans charme
REPOSLe repas serait le repos, et durerait autant que l'ardeur du jour
REPOSERSitôt donc qu'une partie des hommes se repose, il faut que le concours des bras de ceux qui travaillent supplée au travail de ceux qui ne font rien
REPRENDREQuand une fois on a perdu le goût des plaisirs de l'âme, qu'il est difficile de le reprendre !
REPRÉSENTATIF, IVEPour se former les sensations représentatives qui leur montrent les objets hors d'eux - mêmes
REPRÉSENTERComme on ne peut montrer les hommes que représentant toujours, on ne les connaît pas plus dans nos livres que sur nos théâtres
REPRODUIREPuisqu'il faut que l'homme meure, il faut qu'il se reproduise, afin que l'espèce dure et que l'ordre du monde soit conservé
RÉPUGNERNotre premier aliment est le lait ; nous ne nous accoutumons que par degrés aux saveurs fortes ; d'abord elles nous répugnent
RÉSEAUVendre aux dames des rubans, du réseau
RÉSEAUSi, pour la propreté et pour tenir leurs cheveux [des enfants] en ordre, vous leur voulez donner une coiffure durant la nuit, que ce soit un bonnet mince, à claire-voie, et semblable au réseau dans lequel les Basques enveloppent leurs cheveux
RÉSERVEPlus une femme a de réserve, plus elle doit avoir d'art, même avec son mari
RÉSIDENCE[Sans enfants] il n'y a point de résidence dans les familles
RÉSIGNATIONLa première loi de la résignation nous vient de la nature
RÉSISTANCEConsultez leurs yeux [des femmes], leur teint, leur respiration, leur air craintif, leur molle résistance ; voilà le langage que la nature leur donne
RÉSONNEMENTFrappez des mains ; vous vous apercevrez au résonnement du lieu, si l'espace est grand ou petit, si vous êtes au milieu ou dans un coin
RESSEMBLERIl y a des hommes qui se ressemblent si fort, que ce n'est pas la peine de les étudier séparément ; qui a vu dix Français les a tous vus
RESSERRERÔ homme ! resserre ton existence au dedans de toi
RESSORTIl n'appartient pas à tout le monde de sentir quel ressort l'amour des choses honnêtes peut donner à l'âme
RESTEPlus de la moitié de ma vie est écoulée ; je n'ai plus que le temps qu'il faut pour en mettre à profit le reste, et pour effacer mes erreurs par mes vertus
RESTERL'engourdissement où ils ont resté si longtemps
RETIRERTous les hommes qui se retirent de la grande société sont utiles précisément parce qu'ils s'en retirent
RETOMBÉ, ÉEUn petit parvenu retombé n'inspire pas une grande considération
RETOMBERLe mal que l'homme fait, retombe sur lui, sans rien changer au système du monde
RETOURCe n'est pas tant ce qu'il voit, que son retour sur ce qu'il a vu, qui détermine le jugement qu'il en porte
RÉTROACTIF, IVECe qui est une espèce de mensonge rétroactif
RÉTROGRADERIl est un terme de la vie au delà duquel on rétrograde en avançant
RÉUNIRPresque tous les grands hommes ont réuni la force du corps et celle de l'âme
RÉVÉLATIONDans les trois révélations, les livres sacrés sont écrits en des langues inconnues aux peuples qui les suivent : les Juifs n'entendent plus l'hébreu, les chrétiens n'entendent ni l'hébreu ni le grec, les Turcs ni les Persans n'entendent point l'arabe et les Arabes modernes eux-mêmes ne parlent plus la langue de Mahomet
REVENIRMon petit ami, cela va fort bien, mais n'y revenez plus
REVENIRSi mon coeur se livre et se trompe, je n'en reviendrai de mes jours
REVENIRLa petite personne m'accable d'amitiés dont je ne suis pas la dupe, et dont je ne prends pour moi que ce qui m'en revient
RÊVEUR, EUSECe rêveur poursuit toujours sa chimère ; en nous donnant un élève de sa façon, il ne le forme pas seulement, il le crée
RÉVOLUTIONNous approchons de l'état de crise et du siècle des révolutions ; qui peut vous répondre de ce que vous deviendrez alors ?
RÉVOQUERNe soyez point prodigue en refus [à l'égard des enfants], mais ne les révoquez jamais
RICHEUne des misères des gens riches est d'être trompés en tout
RIDICULELe ridicule n'est, à ses yeux, que la raison des sots ; et rien ne rend plus insensible à la raillerie que d'être au-dessus de l'opinion
RIREUn roi pour rire En vrais apprentis qui ne le sont pas pour rire
RIREQui de vous n'a pas regretté cet âge où le rire est toujours sur les lèvres ?
RIVAL, ALEDans la plupart des liaisons de galanterie, l'amant hait bien plus ses rivaux qu'il n'aime sa maîtresse
ROBUSTEOn se rend plus robuste en supportant l'excès du froid que l'excès de la chaleur
ROMAINELa romaine m'exempte de juger à la main le poids que je connais par elle
ROMPREIl le faut rompre à l'âpreté des exercices
ROUTETendre mère qui sus t'écarter de la grande route
ROUTEJe me tins dans la route de la nature, en attendant qu'elle me montrât celle du bonheur ; il s'est trouvé qu'elle était la même, et qu'en n'y pensant pas je l'avais suivie
ROUX, OUSSEN'ayez ni roux ni friture ; que le beurre, ni le sel, ni le laitage ne passent point sur le feu
RUELLEUn homme qui n'apprit à parler que dans les ruelles
RUELLEPlus content de sa journée que tous vos chasseurs de ruelle
RUINÉ, ÉEIl y a plus de ruinés que de parvenus
RUINERCette méthode ruine le tempérament
RUSELa ruse est un talent naturel au sexe ; et, persuadé que tous les penchants naturels sont bons et droits par eux-mêmes, je suis d'avis qu'on cultive celui-là comme les autres ; il ne s'agit que d'en prévenir l'abus
RUSTIQUEMENTNotre Émile, plus rustiquement élevé, et à qui nous donnons avec tant de peine une conception dure, n'écoutera rien de tout cela
SABOTNager, courir, sauter, fouetter un sabot, lancer des piérrès, tout cela est fort bien ; mais n'avons-nous que des bras et des jambes ?
SABURRELe lait cuit et la farine crue font beaucoup de saburre
SAGEIl plaint ces faux sages enchaînés à leur vaine réputation
SAIGNERS'il tombe, s'il saigne du nez
SAISIRIl y a un âge pour bien saisir l'usage du monde
SALIVAIRELes sucs salivaires mêlés avec les aliments
SALUERLes oiseaux en choeur se réunissent et saluent de concert le père de la nature [le soleil]
SATELLITESatellite du démon ! et pourquoi les prophéties ne font-elles pas autorité pour vous ?
SATIRIQUEVous le rendrez [un enfant] méchant et satirique
SATIRIQUEMonseigneur, il faut que je vive, disait un malheureux auteur satirique au ministre qui lui reprochait l'infamie de ce métier : Je n'en vois pas la nécessité, lui repartit l'homme en place
SATISFAIREIl y a beaucoup moins de danger à satisfaire la curiosité de l'enfant qu'à l'exciter
SATYREUn vieux satyre, usé de débauche
SAUTElle est vive et légère, elle aime à sauter ; il danse avec elle et change ses sauts en pas
SAUTDans trois sauts je suis hors du temple
SAUTERUne évidence qui saute aux yeux
SAVOIRDes enfants étourdis deviennent des hommes vulgaires, je ne sache point d'observation plus générale et plus certaine que celle-là
SAVOIROn ne saurait avoir une taille mieux prise, un plus beau teint

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