L'oeuvre Les Amours et les Folastries de Pierre de RONSARD

Ecrit par Pierre de RONSARD

Date : 1553

Citations de "Les Amours et les Folastries"

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ENIVRERNy le drap enyvré des eaux du Gobelin
ENJAMBERJ'ay esté d'opinion en ma jeunesse, que les vers qui enjambent l'un sur l'autre n'estoient pas bons en nostre poesie
ENNUIQui pourroit raconter l'ennuy que je receu, Quand de sur mon giron tout froid je l'apperceu
ENNUYEUX, EUSEÔ quantes fois depuis votre ennuyeux depart, Solitaire et pensif ayje seul à l'escart Erré par les rochers !
ENSAFRANERÔ dieu qui prends le soin des nopces. Hymenée, Laisse pendre à ton dos ta chape ensafranée
ENSEIGNERÔ gentils oiselets que vous estes heureux ! Nature d'elle mesme à l'amour vous enseigne
ENSEMBLETant de fois s'appointer, tant de fois se fascher, Tant de fois rompre ensemble, et puis se renouer
ENSEMBLEC'estoit au point du jour.... Quand tout ensemble on veille, et tout ensemble on dort D'un oeil entre-surpris du frere de la mort
ENSOUFRERMaint gros tonnerre ensoufré s'esclatoit
ENTEREn sa dextre elle ent [mit] la hache Par qui les rois sont irritez
ENTHOUSIASMEIl me faudroit non l'ardeur de ma ryme, Mais l'enthousiasme, aiguillon de Pontus
ENTONNERUne creuse coquille Retorse par le bout et large que souvent Ainsi qu'un flageolet il entonne de vent : Il n'a si tost dedans entonné son haleine, Que....
ENTR'ACCROCHER (S')[Les atomes] Heurtés ensemble ont composé le monde, S'entr'accrochans de liens tous divers
ENTRE-BATTRE (S')Mais pour neant son coeur s'en resjouit, Entrebatu du desir de la gloire Et de l'espoir d'emporter la victoire
ENTRE-CASSER (S')[Ils] haletent l'un sur l'autre, et, se battant les os, S'entrecassent les dents....
ENTR'ÉCLOS, OSEJ'aime un bouton vermeil entr'esclos au matin, Non la rose du soir
ENTRE-CONSOLER (S')Toujours un ris, toujours un bon visage, Toujours s'escrire et s'entre-consoler
ENTRECOUPEMENTPuis du livre ennuyé, je regardois les fleurs.... Et l'entrecoupement de leurs faces diverses, Peintes de cent façons, jaunes, rouges et perses
ENTRE-NOUER (S').... Leurs tresses secouées à l'abandon du vent erroient entrenouées
ENTRE-PILLER (S')Laissant le monde ici S'entre-piller, navrer et tuer sans merci
ENTREPRISERois sans honneur, sans coeur, sans entreprise, Dont la vertu sera la paillardise
ENTRE-SERRER (S')Toujours les belles naiades, S'entre-serrans par les mains, Jointes avec les sylvains
ENTRE-SURPRENDREDedans mon sein mon pauvre coeur se pame, Entre-surpris de joye et de tristesse
ENTRE-SURPRENDREC'estoit au point du jour Quand tout ensemble on veille et tout ensemble on dort D'un oeil entre-surpris du frere de la mort
ENTR'ÉVEILLER (S')Je le voy, ce me semble, au milieu des soudars, Un somme entre-esveillé prendre dessur la terre
ENTR'OMBRAGER (S')[Un bocage] Dont les cheveux par le fer non tondus S'entr'ombrageoient l'un sur l'autre espandus
ENVENIMERJe n'ose envenimer ma langue à .l a satyre
ENVI (À L')Or je t'aimeray donc, bien qu'envis de mon coeur, Si c'est quelque amitié que d'aimer par contrainte
ENVIERC'est grand mal d'estre miserable, Mais c'est grand bien d'estre envié
ENVOLER (S')Helas ! tu es trop belle, et tu dois prendre garde Qu'un Dieu si grand tresor ne puisse desirer, Qu'il ne t'envole au ciel pour la terre empirer
ENVOLER (S')Des dames sans retour s'envole la beauté
ENVOLER (S')Puis la mort vient qui nous en-vole
ÉPANOUIRLes fleurs tost espanouyes, Tost s'en vont esvanouyes
ÉPANOUIRHa le voici, jà voici la barriere Du jour declose, et le ciel s'espanir
ÉPOISIl jugeoit un vieil cerf à la perche, aux espois, A la meule, andouillers et à l'embrunisseure
ÉREINTER....S'ils portent le harnais Une heure sur le dos, ils ont l'eschine arnée, Et en lieu d'un roussin prennent la haquenée
ESCOFFIONSa teste en ce beau mois sans plus estoit couverte D'un riche escoffion ouvré de soie verte
ESPÉRER....Ne jamais l'homme heureux n'espere De se voir tomber en meschef, Sinon alors que la misere Desjà lui pend dessus le chef
ESPOIRUn vain espoir qui de vent nous vient paistre
ESPOIRAinsi j'alloy sans espoir [crainte] de dommage
ESPOIRL'age vole tousjours sans espoir de retour
ESPRITSi est-ce sans le corps qu'il [l'homme] seroit ocieux.... L'esprit incorporé devient ingenieux
ESSUIBien demesler d'un cerf les ruses et la fiente, Le bon temps, le vieil temps, l'essuy [la rosée essuyée], le rembuscher
ESTOMACChacun n'a pas les muses en partage, Et leur fureur tout estomac ne poind
ÉTERNISERJe veux brusler, pour m'envoler aux cieux, Tout l'imparfait de mon escorce humaine, M'eternisant comme le fils d'Alcmeine
ÉTERNISERTousjours, tousjours, sans que jamais je meure, Je voleray cyne par l'univers, Eternisant les champs où je demeure De mes lauriers honorez et couvers
ÉTINCELERJe luy contay le feu qui me brusloit, Dont la chaleur aux yeux m'estinceloit
ÉTOILESa clarté [de ton livre] nous suffit ; l'homme n'a plus que faire D'estoiles au matin quand le jour est levé
ÉTRANGER, ÈREMais comment voudriez-vous la France abandonner, Quand tous les estrangers y veulent sejourner ?
ÊTRESi j'estois à renaistre au ventre de ma mere
ÊTRE....E+ par esclats les lances acerées Furent toucher les voutes etherées
ÊTRECar l'amour et la mort n'est qu'une mesme chose
ÊTRE....Pour faire voir clairement à chascun Que les vortus et les dames n'est qu'un
ÊTRELa perte des grands rois sont les langues flateuses
ÊTREL'impudence aujourd'hui sont les meilleures armes Dont on se puisse aider....
ÊTREBien que les champs de ton estre [pays].... Du pays qui me vid naistre, Ne se bornent pas bien loin
ÊTREEn dignité pareille il nous faudroit donc estre, Si voulions ressembler les auteurs de nostre estre
ÉTRENNERÀ vous qui avez tout, je ne sçaurois donner Présent, tant soit-il grand, qui vous puisse estrener
ÉVANOUIR (S')Comme on void d'un esclair s'esvanouir le trait
ÉVENTEREn quatre coups de nez, il [le chien] esvente une plaine, Et, guidé de son flair, à petits pas se traine Le front droit au gibier
EXORABLEPreste moy ton oreille exorable et benine
EXTRÊMEAmour est sans milieu ; c'est une chose extreme Qui ne veut (je le sçay) de tiers ny de moitié
FABULEUX, EUSE....Et à bien desguiser la verité des choses D'un fabuleux manteau dont elles sont encloses
FACELa passion du coeur m'apparoist SUI la face : La face ne ment point, c'est le mirouer du coeur
FAGOTEURJe voudrois estre un pitaut de village.... Ou fagoteur qui travaille au bocage
FAIRELes vents appaiseront leurs haleines terribles, La mer se fera douce
FALAISEUn banc estoit de sablon amassé, Voisin du bord où Francus fut chassé, Haut de falaize et de bourbe attrainée
FALAISE....Puis voyant le vaisseau Qui le portoit echoué dessus l'eau, Demi-covert de falaize et de bourbe
FAMILIER, IÈREJe suis du camp d'amour pratique chevalier ; Pour avoir trop souffert, le mal m'est familier
FASCINER....Ont le lict nuptial trois fois environné : Puis d'un charme à sous-vois l'ayant empoisonné, Et fasciné la chambre en tournant leurs caroles [danses]....
FATIDIQUETelle fut Oenoné et nostre Melusine, Et la vieille Manton, fatidique heroïne
FEMMELETTECes femmes ne sont pas comme nos femmelettes Qui font par le mestier promener les navettes En ourdissant la toile, ou tournent le fuseau, Ou roulent le filet autour d'un devideau
FERRAILLEBryare estoit armé d'une vieille ferraille, En lieu d'un morion s'affubloit d'un escaille De dragon effroyable
FERTILEOn ne voit champ, tant soit fertil, S'il n'est poitry de labourage, Qu'à la fin ne vienne inutil
FIELLEUX, EUSELa souvenance à toute heure me tente De la mielleuse et fielleuse saison Où je perdi mes sens et ma raison
FILANDIÈREDe voir ainsi devenu filandier Ce grand Alcid' des monstres le meurdrier
FINBelle fin fait qui meurt en bien aimant
FINIRtout terme qui finit n'a pas longue durée
FLAGEOLERPasteur, qui conduiras en ce lieu ton troupeau, Flageollant une eclogue en ton tuyau d'aveine
FLAMBERN'y voir flamber [briller] au poinct du jour les roses
FLANQUERLes peuples, effroyez de l'horreur des batailles, Flanquerent leurs citez de fosse et de murailles
FLÉTRIRMais ainsi qu'un bouquet se flestrit en un jour, J'ay peur qu'un mesme jour flestrisse votre amour
FLEURONNÉ, ÉESi la beauté se perd, fais-en part de bonne heure, Tandis qu'en son printemps tu la vois fleuronner
FOUILLUREGarde nos petits ruisseaux De fouillure de pourceaux Nés pour engraisser eur panse
FOULURE....Et sçavoit, sans avoir veu le cerf, quelle teste il avoit, En voyant seulement ses erres et fouleures
FOYERUn homme sans fouyer vit tousjours en soucy
FRAIS, FRAÎCHEEt dormez seurement sous le frais des ormeaux
FRAYERJe fuy les grands chemins frayez du populaire
FRAYOIR[Il] cognoissoit bien le pied, la sole et les alleures, Fumées, hardouers et frayoirs, et sçavoit, Sans avoir veu le cerf, quelle teste il avoit
FRÊLEMais tu ne veux, o fleur des jouvenceaux, Ta vertu vendre à si fresle despense : Le seul honneur te plaist pour recompense
FRÊLE....Donné un fresle verre en lieu d'un diamant
FRISOTTERD'un peigne d'yvoire blanc Frisotoient leurs tresses blondes
FRISSONQuand je vous touche, ou quand je pense en vous, D'une frisson tout le coeur me fretille
FRISSONNERMon poil au chef se frissonne et se dresse
FROIDUREUX, EUSESi qu'en despit de l'hiver froidureux Un beau printemps s'engendra de sa face
FROISSER....Le son diabolique des canons et harquebuses, qui font trembler la terre, froisser l'air d'alentour
FROMENTEUX, EUSEVoy ces rochers au front audacieux ; C'estoient jadis des plaines fromenteuses
FRONCERTantost fronciez les plis de ma chemise, à chasque ply me baisant ou mordant....
FUMERPar toy d'un paisible labeur Le boeuf fume sous la charrue
FUSILInjuste amour fusil [brandon] de toute rage, Que peut un coeur soumis à ton pouvoir ?
FUSIL....Prit un fuzil et frayant à maints coups Le dos du fer encontre les caillous
GADILLEPhilomele en avril ses plaintes y jargonne ; L'arondelle l'esté ; le ramier en automne ; Le pinson en tout temps ; la gadille en hyver
GAGNAGEIl sçavoit par sur tous laisser courre et lancer, Bien demesler d'un cerf les ruses et la feinte, ....Les gangnages, la nuict, le lict et le coucher
GAGNAGEDedans faisoit sa bauge une beste sauvage Qui jamais autre part ne cherchoit son gaignage
GALBE....Et monstroit à son port quel sang le concevoit, Tant la garbe de prince au visage il avoit
GALBE....Tous deux de garbe et de courage grans
GALOPERQu'on face des tournois, qu'on sorte en la campaigne, Qu'en armes on galope un beau genest d'Espaigne....
GANTELÉENi l'hyacinthe au teint d'oeillet Le glayeul ni la gantelée
GARDELa chose precieuse est de mauvaise garde [difficile à garder]
GARDERUn temps viendra qui nous gardra d'aimer Par maladie, ou par mort, ou vieillesse
GARGOUILLERLà gargouillent les eaux de cent mille fontaines
GARROTTERAinsi disoit le chant de la serene, Pour arrester Ulysse sur l'arene, Qui, garrotté au mât, ne voulut pas Se laisser prendre à si friands appas
GASPILLEUR, EUSE....Et comme Le pere a deterré le simple gentilhomme Par procez embrouillé, les fils en sont vangeurs, Et des biens paternels gouspilleurs et mangeurs
GAUSSER (SE)Tu oses bien te moquer de mes vers Et, te gauchant, les lire de travers, à chaque point disant le mot pour rire
GAZEDessus la toille ou sur la gaze peinte De fil en fil pressoit la laine teinte
GÉANT, ANTEIl dit ainsi ; le gean d'autre part Le mesuroit d'un terrible regard
GÉANT, ANTESon corps estoit geant, et au milieu du front Contournoit un grand oeil comme un grand boucler rond
GEMMÉ, ÉEEt le bel esmail qui varie L'honneur gemmé d'une prairie
GÊNEREt tous les ans il voirra sur l'automne Bacchus luy rire, et plus que ses voisins Dans son pressoüer gennera de raisins
GERFAUTComme un gerfaut qui de roideur se laisse Caler à bas, ouvrant la nue espaisse, Dessus un cygne amusé sur le bord
GLACE....Et tousjours la glace eternelle Des fleuves ne bride le cours
GLISSER....Afin que l'age qui glisse Ne les mette à nonchaloir
GLUUn merle qu'à la glu en nos forests je pris
GOBELINSNy le drap enyvré des eaux du Gobelin
GOULÛMENTMon oeil de vos regards goulument se repaist
GOURMANDERIl est temps d'accuser ceux-là qui ne font rien, Sinon vendre leur rente et gourmander leur bien [le manger crapuleusement]
GOUTTIÈREIl jugeoit un vieil cerf à la perche, aux espois, à la meule, andouillers et à l'embrunisseure, à la grosse perleure, aux gouttieres, aux cors
GOUVERNEUREst-ce pas faire au ciel injure et deshonneur, De dire que l'amour, du monde gouverneur, Soit meschant et cruel et autheur de tout vice ?
GRAVIRDeux petits ramereaux je porte à mon Olive, Denichez d'un grand orme à gravir mal-aisé
GRÊLEUX, EUSE....Essuya l'air gresleux et pluvieux
GRILLON....Les gresillons qui de leurs cris tranchans Salueront les porteurs à leur retour des champs
GRIMPERLes bras longs et tortus du lierre grimpant
GRISON, ONNEGrison et maladif, rentrer dessous la loi D'amour, o quelle erreur ! Dieux, merci je vous crie
GRISONNERLes bons vieillards à testes grisonnées, Les jouvenceaux aux plaisantes années,....
GROMMELEREt d'un horrible tour [la mer] Se roule en groumelant aux rives d'alentour
GROTTEOu bien s'il a quelque soin, C'est de s'endormir au coin De quelque grotte sauvage
GUIDERAucune fois avec ses damoiselles, Comme une fleur assise au milieu d'elles Guidoit l'aiguille....
GUIGNIER.... Ainsi qu'au renouveau Un beau guinier par gros trochets fait naistre Son fruit touffu
GUILLOCHISLes poetes, d'une petite cassine font un magnifique palais, qu'ils enrichissent, dorent et embellissent par le dehors de marbre, jaspe et porphire, de guillochis, ovalles, frontispices...
GUIRLANDELe ciel ravi, qui si belle la voit, Roses et liz et guirlandes pleuvoit
HABILETant la faveur qui les fautes efface, Fait que le sot pour habile homme passe !
HAILLONNEUX, EUSEIl te faudra d'un habit haillonneux Vestir ton corps
HAINEUX, EUSEPuis de haineux devenus bons amis...
HAÏRQuiconque soit celuy qu'en vivant il languisse, Et de chacun hay luy mesme se haysse
HÂLEJe suis bruslé, le Gast, d'une double chaleur, L'une hasle mon front, l'autre enflamme mon coeur : Le hasle de mon front se refraichit sans peine
HALERJe haslay mon mastin après le larronneau, Qui si près le suivit qu'il le prist au manteau
HALETERPere, t'esbahis-tu de quoy je suis tremblante, De quoy j'ay de frayeur la poitrine haletante....
HALLEBARDELe halebardier tienne au poing sa halebarde, La pique le piquier, et le haquebutier, Couché plat sur le ventre, exerce son mestier
HAMPEBranlant au poing le hampe d'une hache
HARCELER... Sa ceinture se rompe, et tousjours desdalgneux Son mary la harcelle et luy soit rechigneux
HARDI, IEDeux longs tertres te ceignent, Qui de leur flanc hardi Les aquilons contraignent, Et les vents du midi
HAUSSEBECQUEREt desormais le colosse pipeur Pour sa hauteur ne fait seulement peur Qu'au simple sot, et non à l'homme sage, Qui haussebeque et mesprise l'ouvrage
HERBEUX, EUSESi que paissant par les campagnes Les troupeaux dans les champs herbeux
HERBORISTEMedecin, arboriste, anatomiste
HERBORISTEOn a dit herbeur : Soit que tu sois pasteur, Ou herbeur, entens-moi
HÉRISSERSi nous oyons crier de nuict quelque chouan, Nous herissons d'esfroy....
HÉRISSONNER (SE)D'un parler enroué, d'un poil herissonné
HÉRITERTu n'as pas les mortels favorisez ainsi, Que tu as heritez de peine et de souci, De vieillesse et de mort, qui est leur vray partage....
HÉROSTelle troupe d'heros, l'eslite de la Grece, Accompagnoient Jason d'un coeur plein d'allegresse
HEUREPar espreuve je sens que les amoureux traits Blessent plus fort de loin qu'à l'heure qu'ils sont près
HIRONDELLELe printemps ne se fait d'une seule arondelle
HONNIR[Il faut que l'âme] S'estant infuse en la chair corporelle, Elle se souille et honnisse aux pechez Dont les humains ont les corps entachez
HONNIR[Childéric] luy honnira sa femme Pour le loyer de l'avoir bien reçeu
HONORERPrès de luy les approche, et les rend venerables [les savants], S'honorant d'honorer les hommes honorables
HÔPITALLa mer ne flotte Où elle souloit estre, Et aux lieux vuides d'eaux (Miracle estrange !) on la void soudain naistre Hospital de bateaux
HOUBLONUn houbelon rampant, à bras longs et retors
HUERLà l'espieu dans la main, courageux je devance Ma chasse de vingt pas, je la tance et retance, Je la presse et la hue, allant tout à l'entour
HUMILITÉTousjours l'humilité gaigne le coeur de tous ; Au contraire, l'orgueil attize le courrous
HURLERLes loups suivant la trace hurlent Ton ombre par les bois
HURLERTellement la douleur la ferut, Que par les champs hurlante elle courut
HYMNEVostre hynne est achevé, je ne vous lou'ray plus
ICIIcy chanter, là pleurer je la vy, Icy sourire, et là je fu ravy De ses discours par lesquels je desvie
IDOLÂTREUn dieu le plus puissant s'estimeroit heureux D'estre de vos beaux yeux idolatre amoureux
IDOLÂTRERCet idolatre idolatra des veaux
IDOLEOre en mes bras, ore devant mes yeux, Tu fais errer l'idole [l'image] de ma dame
IDOLEBrisant les idoles feints De tes mains, De leurs dieux tu seras maistre
IDOLEMasques de rois, idoles animées, Et non pasteurs ny princes des armées
IDOLEEmbrassant pour le vrai l'idole du mensonge
IMPARFAIT, AITETout l'imparfait de mon escorce humaine
IMPRESSIONAttache ton esprit à contr'imaginer Quelque entreprise haute, à fin de destourner L'impression d'amour par une autre nouvelle
INCERTAIN, AINEUn esclair qui scintille à longue pointe aiguë Fait un jour incertain du milieu de la nuit
INCERTAIN, AINETu bastiras sur l'incertain du sable
INCORPORERSi est-ce sans le corps qu'il [l'homme] seroit ocieux ; L'esprit incorporé devient ingenieux
INCORPOREREntre ceux qui plus ne meurent, Incorporez avec Dieu
INFECT, ECTETout le coeur me gela voyant ce monstre infait
INFECT, ECTEDu sang infet de ces gros lezars vers Soit ta poitrine et ta gorge souillée
INFLUXIONQue c'estoit de destin, si les influxions Des astres commandoient à nos complexions
INJURIERMaintenant que je porte, injurié par lage, Mes cheveux aussi gris comme est vostre plumage
INSENSÉ, ÉECe puissant Dieu qui blesse les pensées, D'un traict felon, les auroit insensées
INSENSIBLEJe veux, pour ne le voir, devenir un rocher Sourd, muet, insensible
INTERPRÉTE[Mercure] Tu es de Jupiter l'esprit et l'interprete, Des songes conjecteur, ariole et profete
INTIME....Bons dieux, quelle douceur, Quel intime plaisir sent-on autour du coeur, Quand on lit sa Delos, ou quand sa lyre sonne
INUTILESes vers naistront inutis, Ainsi qu'enfans abortis Qui ont forcé leur naissance
INVAINCU, UEInvaincu commander à chacune personne
INVAINCU, UEAssemblez sur mon corps la France et l'italie Et toutes les cités qui sentirent les coups De ma dextre invaincue, et m'enterrez desscus
INVENTEUR, TRICEL'oeuvre est de l'inventeur, Et celui qui apprend Est tenu pour menteur, Si grace ne lui rend
ISSUEDe la chose non tissue L'heureuse fin et l'issue Se cache en la main de Dieu
JAILLIRDe çà, de là virant et tournoyant, Comme l'esclair du soleil flamboyant Ou du croissant fait jaillir la lumiere Sur l'eau tremblante....
JALOUX, OUSEEt lui feroit, la jaleuse ! Une farce scandaleuse....
JASEROyr jazer un ruisseau qui murmure
JASERGrenouilles qui jasez quand l'an se renouvelle
JASEUR, EUSEUne fontaine jazeresse Murmure
JASMINIl sort de vostre bouche un doux flair qui le thym, Le josmin et l'oeillet, la framboise et la fraise Surpasse de douceur
JASMIND'un fort espron je brosse le chemin Qui me sembloit pavé de josimin
JEDe l'endurer lassé je ne suis pas, Ny ne seroy-je, allassé-je là bas....
JERemply-je ce que je luy donne ?
JEMais pourquoy sens-je en mon age imparfait Avant le temps le mal qu'elle me fait ?
JEÛNEIl n'avoit que la peau seulement animée, Sa bouche d'un long jeun palissoit affamée
JEUNEMENTNon en ce mois de may, où l'age et le loisir Reveillent nostre sang qui jeunement bouillonne
JONCHÉE...Sous un plumage plus blanc Que le laict sur la jonchée
JOURNALIER, IÈRELes enfans de l'esprit un long siecle demeurent, Ceux des corps journaliers ainsi que les jours meurent
JOVIAL, ALESeule elle passe les appas Du doux miel, et les doux repas De la joviale ambroisie
LABORIEUX, EUSEPour desnouer aux plus sages Les plus ennouez passages Des livres laborieux
LABYRINTHEDes affaires qui sont pleines D'un labyrinthe de peines
LACTÉ, ÉELe laict qui s'escouloit espars Fit au ciel la voye laictée
LAISSERLaisse-moy ceste cour et tout ce fard mondain
LAMBRUCHE ou LAMBRUSQUETu es vestu jusqu'au bas Des longs bras D'une lambrunche sauvage
LAMEPourquoy en vous moquant me faites-vous ce tort De m'appeler squelette et lame de la mort ?
LAMELe temps s'en va, le temps s'en va, ma dame ; Las ! non, le temps, mais nous, nous en allons, Et tost serons estendus sous la lame
LAMENTERL'homme est guary qui puet se lamenter
LAMPEDu soleil qui nous esclaire La lampe eternelle et claire, Tiede partout reluisoit
LANGUEAdieu, vieille forest, le jouet de Zephyre, Où premier j'accorday les langues de ma lyre
LARIGOT....Margot Qui fait sauter ses boeufs au son du larigot
LARIGOTHerbes, qui boutonnez, vertes ames sacrées, Si sous mon harigot reverdir je vous voy
LARIGOT[Un pasteur] Qui tient un harigot et fleute entre les boeufs
LASLas ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle [la rose] a dessus la place, Las, las, ses beautez laissé cheoir
LE, LA, LESJe vous conjure icy par amour nostre Dieu De prendre cependant mon coeur : tenez, maistresse, Voy le là, baisez-moy, gardez le, et puis adieu
LE, LA, LESVous seule estiez mon bien, ma toute et ma premiere, Et le serez tousjours
LÉCHEREt [le flot] la lichant [la terre], se joue à l'entour du rivage
LENDEMAINL'homme ne sauroit cognoistre Si un lendemain doit estre
LENDEMAINHé ! qu'en rapportez-vous, sinon la barbe grise Pour toute recompense, ou quelque mal soudain Qui vous fait trespasser du jour au lendemain ?
LÉONIN, INEMais en touchant la robe leonine...
LEVRETTEREnferrer un sangler de defenses armé, Voir levreter un lievre à la jambe pelue, Voir pendre les faucons au milieu de la nue
LIÉGEMais tant plus m'y veut plonger, Plus elle me fait nager Haut dessus l'eau comme un liege
LIERRELà vous verrez mille peuples divers D'habits, de moeurs, de langage, couverts, L'un de laurier, l'autre vestu d'hierre, Vous saluer le seigneur de leur terre
LIERREComme un passement vert court un sep de lierre
LIGNEULJe gage une musette au lieu de ton vaisseau, Que d'un ligneul ciré au genouil j'ay fait coudre
LIONCEAUDes champs massyliens la plus cruelle fere Entre ses lionceaux dans un roc l'allaita
LOCATIF, IVEDieu seul est eternel ; de l'homme elementaire Ne reste après la mort ny veine ny artere : Qui pis est, il ne sent, il ne raisonne plus, Locatif descharné d'un vieil tombeau reclus
LOGEABLEL'ingratitude est un horrible vice, Vice cruel, meschant et malheureux, Et non logeable en un coeur genereux
LOILa peur qui sert au peuple et de frein et de loy, Ne sçauroit estonner ny ta vertu ny toy ; La loy ne sert de rien, quand la vertu nous garde
LOINTrouvant un jour une mienne parente En un festin, parente d'assez loin....
LOTUS ou LOTOS[Les chevaux de Junon] Mangent un peu de lottes dans les prez Qu'à sa grandeur Samos a consacrez
LOUPPerrot, les loups m'ont veu, ma voix est enrouée, Je ne scaurois chanter
LOUREEt moy, j'ay bien perdu ma loure toute entiere, Que Pernet deroba dedans ma panetiere
LUILe chien qui de bon sang part Va gaillard De luy-mesmes à la chasse
LUMIÈREEt l'autre accueilly de famine Perd la lumiere du soleil
LUSTRERIl faut par long travail se purger et lustrer De nuict en leur fontaine [des Muses] avant que d'y entrer [dans leur temple]
LYREAdieu, vieille forest, le jouet de zephyre, Où premier j'accorday les langues de ma lyre
LYRIQUELes vieux lyriques si heureusement ressuscitez
MÂCHE-LAURIERD'un gosier masche-laurier J'oy crier Dans Lycophron ma Cassandre, Qui prophetise aux Troyens....
MAGNIFICATJ'atteste les muses que je ne suis point ignorant, et ne crie point en langage vulgaire comme ces nouveaux venus qui veulent corriger le magnificat
MAINSeule je le traitois sans secours d'estranger, Car, sans plus, de ma main vouloit boire et manger
MAIN.... Et dansant main à main te conter mes amours
MAIN-FORTEOr je vay donc user d'une main forte Pour vous avoir....
MAISEn nul endroit, comme a chanté Virgile, La foy n'est seure, et me l'a fait sçavoir Ton jeune coeur, mais vieil pour decevoir
MAISIl estoit destiné par sentence des cieux, Que je devois servir, mais [bien plus] adorer vos yeux
MAISÔ prince, mais o Dieu, dont la celeste face...
MAISMon mastin, garde bien de mordre ma mignonne, Si elle vient me voir, ains baise luy les pieds : Mais aboye de loin si de quelque personne Au milieu de nos jeux nous estions espiez
MANIQUE ou MANICLEAinsi qu'un prisonnier qui jour et nuit endure Les manicles aux mains, aux pieds la chaisne dure
MARÂTREÔ vrayment marastre nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !
MARTIAL, ALECourageux et rempli de martiale ardeur
MARTIN-PÊCHEURL'azuré martinet puisse voler devant Avecque la mouette et le plongeon....
MARTRE ou MARTEIl est temps de laisser tes jeux et ta simplesse, Martes [poupées], chevaux de bois ; ce qui sied en jeunesse Ne sied quand on est grand
MASQUEMasques de rois, idoles animées, Et non pasteurs ny princes des armées
MASSEPAINCourte [chienne de Charles IX] venoit dessus la table Du roi, prendre jusqu'en sa main Le biscuit et le marsepain
MATIÈRELa matiere demeure et la forme se perd
MATINÔ vrayment marastre nature, Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir
MÉDIREUn homme engraissé de mesdire Maigrit à la fin mal-heureux
MÉLANGED'un melange agencé nos corps prennent naissance
MÊLERLà je senty dedans mes yeux couler Un doux venin, sabtil à se mesler
MÊLERCar tousjours un plaisir est meslé de douleur
MÊMETigre, roche de mer, la mesme cruauté.... Jardin cent fois heureux, des Nymphes le sejour, Qui pensent, la voyant, voir leur mesme deesse
MÉMOIREImportunent pour vous les filles de Memoire
MENOTTES...De manotes on lie Les fols qui ne sont pas si furieux que moy
MERCERIELa mercierie que je porte, Bertran, est bien d'une autre sorte Que celle que l'usurier vend Dedans ses boutiques avares
MESURERDes dames le vouloir n'est jamais mesuré, Qui d'une extreme ardeur tantost se passionne
MÉTIERIcy s'asseoir, là je la vy danser : Sus le mestier d'un si vague penser Amour ourdit les trames de ma vie
METTREL'arbre qui met [tarde] à croistre a la plante asseurée : Celuy qui croist bien tost ne dure pas longtemps
MEURTRIER, IÈREEscoute, buscheron, arreste un peu le bras.... Sacrilege meurdrier
MIAULERLe chat devin miaulant signifie Une fascheuse et longue maladie
MIENSi j'estois mienne [ma maîtresse], et si j'avoy fiance Aux estrangers, je ferois alliance Par mariage à ce vaillant Troyen
MIEUXL'amant est bien novice, et son art il apprend, Quand il trouve son mieux, si son mieux il ne prend
MIEUXReveille toy, ma fille mieux aimée
MIGNARDISEVenus et ses enfants volent tout à l'entour, La douce mignardise et les douces blandices
MIGNON, ONNEDonc, si vous m'en croyez, mignonne, Tandis que vostre age fleuronne En sa plus verte nouveauté
MIGNONNETTEMa maistresse est toute angelette..., Toute mon gracieux orgueil, Toute ma petite brunette, Toute ma douce mignonette
MIGNOTER....Qui comme fleur marchoit dessus les fleurs, Et mignottoit un bouquet de couleurs
MIGNOTISETant leur mignotise [de ses yeux] darde D'amours à qui les regarde
MIRERSon arc n'est plus faultier, sa fleche est advisée, Qui mire droict au coeur sans y prendre visée
MODÈLEQuand le ciel te fit naistre, il rompit la modelle
MOELLEUn chaud adonc de moëlle en moëlle Brusla mon coeur....
MOISSONPassant dessus la tombe où Lucrece repose, Tu versas dessus elle une moisson de fleurs
MOISSONNERAimon, moissonnon nos desirs, Passon l'amour de veine en veine
MON ou MA ou MESUn soleil voit naistre et mourir la rose ; Mille soleils ont veu naistre m'amour
MOQUER (SE)Et que le mocqueur soit à mocquer si adestre, Que le mocqué s'en rie, et ne pense pas l'estre
MOSQUÉEEt [le Turc] sage les commet comme graves prophetes, Pour contenir son peuple et garder les mosquetes
MOTTu pourras en trois mots luy dire mes ennuis
MOTTER[Le chien] Se tient ferme planté, tant qu'il voye la place Et le gibier motté couvert de la tirace [filet]
MOUCHER[Le taon].... qui, au retour de l'an, Parmi les prez fait moucher [courir comme les mouches] les genices
MOURIRMais celuy qui premier, s'opposant à l'effort Des vaillans ennemis, meurt d'une belle mort
MOURIRJamais des masles coeurs les louanges ne meurent
MOUSQUET....Car les hommes plus forts Sont aujourd'hui tuez d'un poltron en cachette à coups de harquebouze, ou à coups de mousquette
MURMURERAu son des vers que tu murmures
NAÏF, IVEL'un grave en bronze, et dans le marbre à force Veut le naïf de nature imiter
NAQUETLes autres poetes latins ne sont que naquets de ce brave Virgile
NATUREL, ELLENous autres nous n'avons que la loy naturelle Escrite dans nos coeurs par une encre eternelle
NAUFRAGECest estranger, pauvre, chetif, et nu, Un vif naufrage à ma rive venu
NAUFRAGER, ÈREVoilà du bois et des outils assez Pour tes carreaux rudement compassés, Dont tu bastis ta barque naufragere
NAVETTECes femmes ne sont point comme nos femmelettes, Qui font par le mestier promener les navettes, En ourdissant la toile....
NEIl [l'amour] ne fait que de naistre et m'a desja perdu
NESitost le gouvernal ne tourne la navire Errante au gré du vent, que le peuple se vire Vers les moeurs de son prince
NELes deux n'avoient qu'un coeur....
NEQuand de mon chaud esté je ne sors qu'à grand peine, Je n'entre qu'en automne, et ne peux arriver De vingt ans pour le moins aux jours de mon hyver
NEJe disois à par moy : Ce n'est rien que des rois [les rois ne sont rien]
NEJe n'avois pas quinze ans que les monts et les bois Et les eaux me plaisoient plus que la cour des rois
NECTARTu ne boiras aussi de ce nectar divin Qui rend Anjou fameux
NEIGERJà cinquante et six ans ont neigé sur ma teste, Il est temps de laisser les vers et les amours
NÉNUFAR ou, d'après l'usage des botanistes, NÉNUPHARLe blanc neufart à la longue racine
NEUVAINEAdieu, troupe sçavante, adieu, belle neuvaine
NEUVAINE...admirant la belle Calliope, Je devins amoureux de sa neuvaine trope
NIVenus n'a point ny myrte ny laurier Digne de toy ny digne de ma teste
NIJe ne sçay ny moyen, remede ny maniere De sortir de vos rets, où je vis en langueur
NIJe ne puis ny toucher, gouster, n'ouyr, ny voir
NIMon appuy, mon Odet, que j'aime Mille fois plus ny que moy-mesme, Ny que mon coeur, ny que mes yeux
NICET, ETTELa nicette [Léda] en son giron Reçoit les flammes secrettes, Faisant, tout à l'environ Du cygne, un lit de fleurettes
NOEUDQu'eussé-je faict ? l'archer estoit si doux, Si doux son feu, si doux l'or de ses nouds
NOEUD.... Frizant en autant de noeux Ses cheveux
NOMAu temps que le destin en Gaule fera naistre Henry second du nom, des autres rois le maistre
NUITIl estoit nuict fermée, et les hommes lassez Dessus la plume oisive avoient les yeux pressez
OBÉIRJe suis fol, ma raison n'obeyt plus au frein
OBSCUR, UREL'obscur m'est jour ; le jour m'est une nuit
OBSÈQUESLe bon Troyen, souspirant sans confort, Fait apprester les obseques du mort
OCCIDENTAL, ALELa science, auparavant Si longtemps orientale, Peu à peu marchant avant, S'apparoist occidentale
ODEEt osay le premier des nostres enrichir ma langue de ce nom d'ode
OEILLADERLorsque mon oeil pour t'oeillader s'amuse, Le tien habile à ses traits descocher....
OFFRIRJe sonde en vain les abysmes d'un gouffre ; Sans qu'on m'invite, à toute heure je m'ouffre
OISIF, IVEEnrichissant ton oeuvre d'epithetes significatifs et non oisifs, c'est à dire qui servent à la substance des vers
OISIF, IVELa vie oisive...
OMBRAGETes bois Dont l'ombrage incertain lentement se remue
OMBREEt la vigne tortisse Mon sepulchre embellisse, Faisant de toutes pars Un ombre espars
OMBRELors ombrageant d'un grand ombre les champs....
OMBRETu m'as donné non un cheval d'Espagne, Mais l'ombre vain d'un cheval par escrit
OMBREUX, EUSEÔ ma belle maistresse, hé que je voudrois bien Qu'après nostre trespas, dans nos fosses ombreuses, Nous fussions la chanson des bouches amoureuses !
ONQu'on chante les nouveaux hymnes, Mais qu'on vante les vins vieux
ONDE... mais bien te faut apprendre à danser, à baller, à friser tes cheveux, Les allonger en onde, et les serrer en noeuds
ONDÉ, ÉEUn ret d'or me tendoit, Qui tout crespu sur sa face pendoit à flots ondés pour enlacer mon ame
ONDÉ, ÉEEn cent façons retordent leurs cheveux, Ondez, crespez, entrefrisez de noeuds
ONDÉETes beaux cheveux espanchez par ondées
ONDIN, INEVerdine, Ondine, et Bordine aux yeux vers
ONDOYERD'espics crestez ondoyent les champs vers
ORJ'espere et crain, je me tais et supplie, Or' je suis glace et ores un feu chaud
ORSon coeur comme son or est de vice souillé
ORACLEJadis en vers se rendoient les oracles, Et des hauts dieux les hymnes sont en vers
ORGANEVous estes le motif, je ne suis seulement Que l'organe qui sert à vostre mandement
ORGIESJ'ay perdu, Cuisse-né, mon vagabond courage, Qui fuit ton saint orgie emporté de ta rage....
ORIGINE.... Et qu'elle a dans les cieux Prise son origine entre les plus beaux dieux
ORNERUn beau mourir orne la vie humaine
ORNIÈREUn beau sentier me sembloit une orniere
ORNIÈREGarder d'extravaguer ny çà ny là hors les ornieres que l'usage et les loix luy tracent [à l'esprit]
OSTENTATIONJe supplie très humblement ceux auxquels les Muses ont inspiré leurs faveurs, de n'estre plus latineurs ny grecaniseurs, comme ils sont plus par ostentation que par devoir
OUTRANCEL'impudente esperance De ton sot appareil [révolte des huguenots] Perira par l'outrance D'un grand roy sans pareil
OUTREEt le cours du Jourdain qui fut si plein de morts, Que le sang infidele outre-couloit ses bords
OUTRE-PERCEREn se jouant il m'a de part en part Le coeur outrepercé
OUTRER....Plus un roy debonnaire Luy veut lascher la bride [au peuple] et moins il est outré, Plus luy-mesmes la serre et sert de son bon gré
OUTRERImitateur d'Achille, alors que l'ire outrée L'enflammoit en sa nef contre le fils d'Atrée
PAÎTREVain espoir qui de vent nous vient paistre
PALEComme on oit [entend] dans un bois, Près le bord de la mer, une confuse voix Des palles et butors....
PALETOTDe moëlle de jonc il portoit un chapeau ; En lieu de paletoc se vestoit de la peau D'un chevreul marqueté de couleur noire et blanche
PÂLIRLà de ton teint tu pallissois les fleurs, Là les ruisseaux s'augmentoient de tes pleurs
PANTOIS, OISEJe pers à chaque marche et le pouls et l'haleine, J'ay la sueur au front ; j'ay l'estomac penthois
PANTOIS, OISE....une pantoise haleine Bat leurs poumons, tant ils avoient de peine
PAPEGAI ou PAPEGAUTQuand le printemps poussoit l'herbe nouvelle, Qui de couleurs se faisoit aussi belle Qu'est la couleur d'un gaillard papegay Bleu, per, gris, jaune, incarnat et vert-gay
PARFAIT, AITEEt pour louer son esprit qui n'estime Que le parfait des plus rares vertus
PARFUMEREstre du parfum je voudrois, Afin que je te parfumasse
PARLERIl sçavoit for-huer et bien parler aux chiens, Faisoit bien la brisée, et....
PARLERLettre de mon amour veritable interprete, Qui parle sans parler les passions du coeur
PARLEUR, EUSE[La renommée] de sa bouche parleresse...
PARSEMERPrends ce miroir et vois Ta barbe en tous endroits De neige parsemée
PASSEMENTERUn houbelon rampant à bras longs et retors, De ce creux gobelet passemente les bors, Et court en se pliant à l'entour de l'ouvrage
PASSERLe temps se passe, et se passant, madame, Il fait passer mon amoureuse flame
PASSIONNERVous me dites un soir comme passionnée : Je vous aime, Ronsard....
PEAUL'autre au contraire, ardant, aime les armes, Si qu'en sa peau ne scauroit sejourner Sans bravement attaquer les allarmes
PEINTRE[Les poëtes] vrais peintres de la nature
PÉNÉTRANT, ANTECes yeux si penetrants, si beaux et si ardans, Armez d'une vertu si divine et si claire
PENSEROr sus venez, pensers, pensons encor en elle
PERCHEUn orme fut, dont la cyme estoit pleine De mainte branche, où les corbeaux au soir Prenoient leur perche et se souloient assoir
PERLELa rose blanchit tout autour Au matin de perles petites Qu'elle emprunte du poinct du jour
PERLER....Un porgnard.... Au pommeau d'or, à houpes bien perlées
PERLUREIl jugeoit un vieil cerf.... à la grosse perleure, aux gouttieres, aux cors
PERRUQUE....Et d'autant que tousjours vostre chef renouvelle De printemps en printemps sa perruque nouvelle
PERRUQUÉ, ÉEQuand le soleil perruqué de lumiere....
PERSONNEN'aimant personne et de personne aimé
PESONLeur peson [des Parques] se herissoit D'un fer estoilé de rouille
PÉTRARQUISERJe ne sçauroy, veu ma peine si forte, Tant lamenter ne tant petrarchiser
PEUSi peu que tu vivras, tu vivras en moleste
PIAFFERParoles piafées, qui ressemblent plustost à un jargon de gueux....
PIEDDe teste en pied le corps lui frissonnoit
PIED[Nous] Errons, comme tu vois, sans biens et sans maisons, Où le pied nous conduit....
PINDARISERSi dès mon enfance, Le premier en France J'ai pindarizé....
PIOLÉ, ÉELe bleu glayeul, les hautes gantelées, La pasquerette aux feuilles piolées
PIPEAUSon ventre [d'une musette] est peau de cerf, ses anches sont de coudre, Son bourdon est de buis, son pipeau de prunier
PIROUETTERLa mere au soir à la chandelle, Pirouettant les fuseaux pleins
PITIÉC'est pitié que de nostre vie....
PLAIRELa cigale se p'aist du chant de la cigale
PLAISIRMa fievre croist tousjours, la vostre diminue... La vostre est à plaisir, la mienne est continue...
PLASTRONL'arc [de l'Amour] qui commande aux plus braves gendarmes, Qui n'a souci de plaistron ny d'escu...
PLEIN, EINELorsque ta mere estoit preste à gesir de toy, Si Jupiter, des dieux et des hommes le roy, Lui eust juré ces mots : l'enfant dont tu es pleine...
PLEUVOIRLe ciel ravy, qui si belle la voit, Roses et liz et guirlandes pleuvoit Tout au rond d'elle au milieu de la place
PLOMBERC'est un extreme vice à un orfevre de plomber de l'or
POËTELe grave historien, l'orateur, le poëte....
POLIMENTEt que deux rangs de perlettes choisies, D'un ordre egal en la place des dents, Bien poliment soyent arrangés dedans [la bouche]
POLLUXCes deux masles garçons, Pollux bon à combattre Aux cestes emplombez, et Castor souverain à picquer un cheval....
POLYPE... Dont il se tient aussi fort qu'un polype Fait contre un roc, qui se grimpe et se gripe, De ses cheveux si ahert au rocher, Que le pescheur ne l'en peut arracher
POMMELER (SE)Vous avez les tetins comme deux monts de lait, Qui pommelent ainsi qu'au printemps nouvelet Pommelent deux boutons que leur chasse [châsse] environne
POMONEDeux belles fleurs.... que l'on donne Pour sacrifice à la nymphe Pomonne
POMPEJe voudrois bien qu'un dieu le plus grand de la troupe De ceux qui sont au ciel, espuisast d'une poupe Toute l'eau de la mer : lors à pied sec j'irois
POMPEUX, EUSELors Jupiter pompeux de majesté....
PONCEAUQuantesfois nostre soc depuis sa mort cruelle A fendu les guerets d'une peine annuelle, Qui n'ont rendu sinon, en lieu de bons espics, Qu'yvraie, qu'aubifoin, que ponceaux inutils !
PORPHYRESon col estoit un pilier de porphyre
POTELÉ, ÉETout potelé, grasselet, rebondi
POTIRONOu celuy qui s'engendre ainsi qu'un potiron, Honte de nostre siecle....
POUCE[Mercure] Aux pieds tousjours au guet, aux poulces dangereux
POUDREUX, EUSEHa ! que diront là bas sous les tombes poudreuses De tant de vaillants rois les ames genereuses !
POUDROYERCruelle, il suffisoit de m'avoir poudroyé, Outragé, terrassé, sans m'oster l'esperance
POURCar pour estre [fussé-je] cent ans auprès de ma maistresse, Cent ans me sont trop cours, et ne m'en puis aller
POURMais pour courir, le soin ne laisse pas D'accompagner tes miserables pas
POURMais tout paisible et coy Tu vivras dans les bois pour la Muse et pour toy
POURPRÉ, ÉEOu devant un senat pourpré, Pour de l'argent sa langue vendre
POURPRIN, INE.... Comme une rose pourprine
POURRIRLes champs de Montcontour n'eussent pourry nos os
POUSSER[La terre] Et, en lieu de donner des moissons abondantes, Ne poussoit que chardons et qu'espines mordantes
POUVOIR....Se pourroit-il bien faire Qu'elle pensast, parlast, ou se souvinst de moy ?
PRATIQUEJe suis du camp d'amour pratique chevalier ; Pour avoir trop souffert le mal m'est familier
PRESQUE....Que nostre vie aux fleurettes ressemble, Qui presque vit, et presque meurt ensemble
PRIMEC'est une prime fleur encore toute tendre : Espoux, garde toy bien brusquement de la prendre
PROPOSDe bouche en bouche en vergongne semée.... Fable de tous, des tables le propos
PROSAÏQUELe style prosaïque est ennemy capital de l'eloquence poetique
PROSEEt semble à ces versificateurs avoir beaucoup fait pour la republique, quand ils ont composé de la prose rimée
PROSPÉRERDonques, roy, si tu veux que ton regne prospere, Il te faut craindre Dieu...
PROVIGNERMiracle ! tout soudain fertile elle produit La vigne herissée en feuilles et en fruit, Où ta main fit prougner une haute coutiere, Qui de ton nom Denys eut nom la Denysiere
QUATRIÈMEEt si Paris qui veid en la vallée La Cyprienne, et d'elle fut espris T'eust veu quatriesme, il t'eust donné le prix
QUELQUETu es quelque demon ou quelque ange des cieux
QUELQUE... QUEQuelque part qu'il ira, les oeillets et les roses, Et fust-ce au jour d'hyver, luy naissent sous les pas
QUERELLER....Ainsi en prend à ceux Qui veulent quereller à gens plus vaillans qu'eux
QUÊTEIl tendit les filets, un autre prist la queste
QUIEt jamais le mestier en qui l'homme est expert, Abandonnant l'ouvrier, par l'age ne se pert
QUIJe suis celuy qui fait mouvoir les cieux... Qui le premier hors de la masse esclos Donnay lumiere et fendi le chaos
QUIJe suis errant vagabond estranger, Qui vais cherchant en tous lieux le danger
QUITu n'es pas seul qui pleures pour ta dame
QUIC'est à vous, mon Odet, à qui je me veux plaindre
RABOBINERIls en rapporteront plus d'honneur et de reputation à l'advenir, que s'ils avoient, à l'imitation de Longueil, Sadolet ou Bembe, recousu ou rabobiné je ne sçay quelles vieilles rapetasseries de Virgile et de Ciceron
RACECar tout l'avoir mondain, quelque chose qu'on face, Jamais ferme n'arreste à la troisiesme race
RAIGUISER[L'amour] Print l'arc dedans la main et, raguisant ses traits, Pas à pas la suivit par les hautes forests
RAJEUNIRNous vivrons et mourrons ensemble, et tous les jours Vieillissans nous verrons rajeunir nos amours
RALENTIRAu moins escoute, et ralente tes pas
RAMASSERAh ! compagnon, ramasse ton courage ; La raison soit maistresse de ta rage
RAMESi je te voulois instruire et t'informer de tous les preceptes qui appartiennent à la poesie heroique, il me faudroit une rame de papier
RAMEREAUDeux petits ramerauz je porte à mon Olive, Denichez d'un grand orme à gravir malaisé
RAMEUX, EUSEEt des grands cerfs au large front rameux
RAMPERSoudain la renommée à l'aile bien agile, Dessus le mur rampée, espouvanta la ville
RAMPEREt à ceux qui pourront vivement empescher De ramper l'heresie à force de prescher
RANCECe capitaine Marche au baston comme les vieillards font, Et d'une voix toute caduque et rance Francus aborde, et en ce poinct le tance
RAPPELERLe temps perdu ne se peut r'appeler
RASSAILLIRAinsi de mille et mille flots voutez, Qui rassailloient la nef de tous costez....
RÂTEAUIl sera cazanier comme un vieil morte-paye Qui renferme sa vie en quelque vieil chasteau, Accrochant paresseux ses armes au rasteau
RATTISERPuis Amour, que je sens par mes veines s'espandre, Passe dessous la terre, et r'atize la cendre Qui froide languissoit dessous vostre tombeau
RÉALGARDe la mielleuse et fielleuse pasture, De qui le nom s'appelle trop aimer, Qui m'est et sucre et riagas amer, Sans me saouler je pren ma nourriture
REBAIGNERSois toujours en mai rebaigné De la rosée qui doux glisse, Et jamais juin ne te fanisse
REBAISERJe ne cesse, cheveux, pour mon mal apaiser, De vous voir et toucher, baiser et rebaiser
REBATLes morions, les piques des soldars, Frappez menu des flames etherées.... Et du rebat [reflet] du soleil radieux Une lumiere envoyent dans les cieux
REBOIREGaignons ce jour icy, trompons nostre trepas ; Peut estre que demain nous ne reboirons pas
REBOIREÀ toutes les fois que l'envie Te prendra de boire, reboy
REBONDI, IETout potelé, grasselet, rebondi
REBRÛLERSa puissance est cruelle et n'a point d'autre issue, Sinon de rebrusler nos coeurs à petit feu
RECHANTERRossignols ramagers, qui d'un plaisant langage Nuict et jour rechantez vos versets amoureux
RECHASSERJe m'en vais rechasser dessus votre parole [recommencer la chasse]
RECHATOUILLERAmour qui rechatouille en nous les appetits
RECHIGNERIl estoit rechigné, hargneux et solitaire
RECOIFFERElle prend son arc turquois, Recoiffe sa tresse blonde, Met pour chevet son carquois, Puis s'endort au bruit de l'onde
RECOQUILLERSes pieds estoient chaussez d'un rouge brodequin, Duquel sur le devant une corne s'esleve, Qui se recoquilloit jusqu'à demi la greve [jambe]
RECOUPLERRecouple-moy tes chiens, je te puis assurer Que tu voiras bien tost ce miracle averer
RECOURIRJ'ai couru mon flambeau sans me donner esmoy, Le baillant à quelqu'un s'il recourt après moy
RECRÊPERFay luy premier [d'abord] les cheveux ondelez, Serrez, retors, recrespez, annelez
REDÉFAIRECe qui est a esté, et cela qui doit estre, De ce qui est passé doit recevoir son estre : Le fait sera desfait et puis sera refait, Et puis estant refait se verra redesfait
REFAIRECe qui fut se refait ; tout coule comme une eau, Et rien dessous le ciel ne se voit de nouveau
REFEUILLETERSi tu sçavois qu'ils [les vers] coustent à escrire, Si tu avois autant que moi sué, Refueilleté Homere et remué
REFILERQuand elle [la vie] dort en un tombeau reclus, C'est fait, les soeurs ne la refilent plus
REFLATTERL'autre disoit que bon signe c'estoit Quand un chat blanc son maistre reflatoit
REFLOT....Il a cognu le flot et le reflot des eaux, Si la lune a credit sur l'element humide
REFONDERDonne qu'un jour quelqu'un de nostre race Refonde Troye, et restablisse encor Un nouveau sceptre aux reliques d'Hector
REFRAYERFrayant sans nul repos une orniere eternelle, Qui tousjours se retrace et se refraye en elle
REFRISERPour toy des grands forests la fueille renaissante Tous les ans se refrise, et les fleuves sinon Ne courent dans la mer que pour bruire ton nom
REGARDER.... Et soit que j'aille ou que je tarde, Tousjours après moy je regarde Si je verray venir la mort
REGERMEREnfant dont la race fatale Dedans la terre occidentale Fera regermer ton nom
RÉGLISSELa regeulice soit racine de ses arbres, De succre ses rochers, de canelle ses bois
REGLISSER (SE)La Seine, Qui, se jouant quatre fois, se rameine D'un vague ply retors et reglissant, Et quatre fois se remonstre au passant
REGUÉRIRJamais au coeur ne sera que je n'aie Le souvenir du favorable accueil, Qui reguarit et rengregea ma playe
REJAILLIRLe dos en gemissoit, Et sans playe l'espée en haut rejaillissoit
REJETONNERLe Gaulois semble un saule verdissant ; Plus on le coupe, et plus il est naissant, Et rejetonne en branches d'avantage, Prenant vigueur de son propre dommage

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