L'oeuvre L'art poétique de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Ecrit par Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Date : 1674

Citations de "L'art poétique"

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Utilisé pour le motCitation
MORT, ORTEDans Florence jadis vivait un médecin.... De tous ses amis morts un seul ami resté....
MORT, ORTESans tous ces ornements le vers tombe en langueur, La poésie est morte, ou rampe sans vigueur
MOTCe n'est pas quelquefois qu'une muse un peu fine Sur un mot en passant ne joue et ne badine
MOTIl est un heureux choix de mots harmonieux ; Fuyez des mauvais sons le concours odieux
MOTEnfin Malherbe vint.... D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir
MOTIl [Ronsard] vit... Tomber de ses grands mots le faste pédantesque
MOU, MOLLE.... Un ruisseau qui, sur la molle arène, Dans un pré plein de fleurs lentement se promène
MOUVOIRAux accords d'Amphion les pierres se mouvaient
MURAinsi tel autrefois qu'on vit avec Faret Charbonner de ses vers les murs d'un cabaret....
MÛR, ÛREL'âge viril plus mûr inspire un air plus sage
MUSEEt réduisit la muse aux règles du devoir
MUSECe n'est pas quelquefois qu'une muse un peu fine Sur un mot en passant ne joue et ne badine, Et d'un sens détourné n'abuse avec succès
MUSEMais sa muse [de Ronsard] en français parlant grec et latin
MUSEDans la disette, une muse affamée Ne peut pas, dira-t-on, subsister de fumée
MUTINÉ, ÉEQu'Éole.... Ouvre aux vents mutinés les prisons d'Éolie
MYSTÈREDe la foi d'un chrétien les mystères terribles
NAÏF, IVELa cour désabusée Dédaigna de ces vers [burlesques] l'extravagance aisée, distingua le naïf du plat et du bouffon
NAÎTRESi son astre en naissant ne l'a formé poëte
NAÎTREDes succès fortunés du spectacle tragique Dans Athènes naquit la tragédie antique
NAÎTRELa tragédie informe et grossière en naissant
NAÏVETÉTout poëme est brillant de sa propre beauté ; Le rondeau, né gaulois, a la naïveté
NARRATIONSoyez vif et pressé dans vos narration
NATUREAvant que la raison, s'expliquant par la voix, Eût instruit les humains, eût enseigné des lois, Tous les hommes suivaient la grossière nature
NATUREQue la nature donc soit votre étude unique
NÉGLIGÉ, ÉEUn sage ami, toujours rigoureux, inflexible, Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible ; Il ne pardonne pas les endroits négligés
NÉGLIGERMais lorsqu'on la néglige [la rime], elle devient rebelle
NEPTUNEUn orage terrible aux yeux des matelots, C'est Neptune en courroux qui gourmande les flots
NET, ETTE,Il met tous les matins six impromptus au net
NIMon esprit n'admet point un pompeux barbarisme, Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme
NIDéfendit qu'un vers faible y pût jamais entrer, Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer
NOBLELe style le moins noble a pourtant sa noblesse
NOBLESSEMais enfin, l'indigence amenant la bassesse, Le Parnasse oublia sa première noblesse
NOEUDIl faut que ses acteurs [de la comédie]' badinent noblement, Que son noeud bien formé se dénoue aisément
NOMD'un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre Rend un poëme entier ou burlesque ou barbare
NOMEt, sous des noms romains faisant notre portrait, Peindre Caton galant et Brutus dameret
NOMJ'aimerais mieux encor qu'il déclinât son nom, Et dît : je suis Oreste ou bien Agamemnon, Que d'aller par un tas de confuses merveilles, Sans rien dire à l'esprit, étourdir les oreilles
NOMBRELa rime au bout des mots assemblés sans mesure Tenait lieu d'ornement, de nombre et de césure
NOMBREDe figures sans nombre égayez votre ouvrage
NOURRIRAimez-donc la vertu, nourissez-en votre âme
NOURRISSONMuses, dictez sa gloire à tous vos nourrissons
NOURRITUREEt son feu [d'un poëte], dépourvu de sens et de lecture, S'éteint à chaque pas faute de nourriture
NOYERLa raison pour marcher n'a souvent qu'une voie ; Pour peu qu'on s'en écarte, aussitôt on se noie
NU, NUEL'un n'est point trop fardé, mais sa muse est trop nue
NUAGEIl est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées
NUEL'autre a peur de ramper, il se perd dans la nue
NUÉEOn vit par le public un poëte avoué [Aristophane] S'enrichir aux dépens du mérite joué, Et Socrate par lui, dans un choeur de nuées, D'un vil amas de peuple attirer les huées
NYMPHEÉcho n'est plus un son qui dans l'air retentisse, C'est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse
OBÉIRLa rime est une esclave et ne doit qu'obéir
OBJETIl n'est point de serpent ni de monstre odieux Qui, par l'art imité, ne puisse plaire aux yeux ; D'un pinceau délicat l'artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable
OBSCUR, UREJ'évite d'être long et je deviens obscur
ODEL'ode avec plus d'éclat et non moins d'énergie, Élevant jusqu'au ciel son vol ambitieux, Entretient dans ses vers commerce avec les dieux ; Aux athlètes dans Pise elle ouvre la barrière, Chante un vainqueur poudreux au bout de la carrière, Mène Achille sanglant au bord du Simoïs, Ou fait fléchir l'Escaut sous le joug de Louis
ODIEUX, EUSEIl n'est point de serpent, ni de monstre odieux, Qui, par l'art imité, ne puisse plaire aux yeux
OFFENSÉ, ÉEMais souvent sur ses vers un auteur intraitable à les protéger tous se croit intéressé, Et d'abord prend en main le droit de l'offensé
OFFRIRL'Évangile à l'esprit n'offre de tous côtés Que pénitence à faire et tourments mérités
ONCe que l'on conçoit bien s'énonce clairement
ORTelle qu'une bergère.... sans mêler à l'or l'éclat des diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements
ORSi l'or seul a pour vous d'invincibles appâts, Fuyez ces lieux charmants qu'arrose le Permesse ; Ce n'est point sur ses bords qu'habite la richesse
ORQuelquefois du bon or je sépare le faux
ORAISONIl [le Tasse] n'eût point de son livre illustré l'Italie, Si son sage héros, toujours en oraison, N'eût fait que mettre enfin Satan à la raison
OREILLEMais il est des objets que l'art judicieux Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux
OREILLETel écrit récité se soutint à l'oreille, Qui, dans l'impression au grand jour se montrant, Ne soutient pas des yeux le regard pénétrant
OREILLELe vers le mieux rempli, la plus noble pensée, Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée
ORGUEILMais, pour un vain bonheur qui vous a fait rimer, Gardez qu'un sot orgueil ne vous vienne enfumer
ORNÉ, ÉEL'épigramme, plus libre en son tour plus borné, N'est souvent qu'un bon mot de deux rimes orné
ORNEMENTTelle qu'une bergère, aux plus beaux jours de fête, De superbes rubis ne charge point sa tête, Et, sans mêler à l'or l'éclat des diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements
ORPHÉEDe là sont nés ces bruits reçus dans l'univers, Qu'aux accents dont Orphée emplit les monts de Thrace, Les tigres amollis dépouillaient leur audace
ORPHELIN, INELà le fils orphelin lui redemande [à un mauvais médecin] un père
OUVRAGEHâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse et le repolissez
OUVRAGESes ouvrages [de Juvénal], tout pleins d'affreuses vérités, Étincellent pourtant de sublimes beautés
OUVRIER, IÈRESoyez plutôt maçon si c'est votre talent, Ouvrier estimé dans un art nécessaire, Qu'écrivain du commun et poëte vulgaire
OUVRIRUn fat quelquefois ouvre un avis important
PAÏEN, ENNECe n'est pas que j'approuve en un sujet chrétien Un auteur follement idolâtre et païen
PAISIBLEUn sage ami, toujours rigoureux, inflexible, Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible
PÂLESoit qu'il fasse au conseil courir les sénateurs, D'un tyran soupçonneux pâles adulateurs
PANMais souvent dans le style [l'églogue] un rimeur aux abois Jette là, de dépit, la flûte et le haubois.... De peur de l'écouter Pan fuit dans les roseaux, Et les nymphes d'effroi se cachent dans les eaux
PARDONNERIl ne pardonne point les endroits négligés
PARESSEUX, EUSEEn vain vous étalez une scène savante ; Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir Un spectateur toujours paresseux d'applaudir
PARESSEUX, EUSEHésiode à son tour, par d'utiles leçons, Des champs trop paresseux vint hâter les moissons
PARLERNe faites point parler vos acteurs au hasard, Un vieillard en jeune homme, un jeune homme en vieillard
PARLERChaque passion parle un différent langage
PAROLEUn vil amour du gain.... Trafiqua du discours et vendit les paroles
PARRICIDELa tragédie en pleurs D'Oreste parricide exprima les douleurs
PARTAGERLa nature, fertile en esprits excellents, Sait entre les auteurs partager les talents
PARTAGERDidon a beau gémir et m'étaler ses charmes, Je condamne sa faute en partageant ses larmes
PARTIEQue d'un art délicat les pièces assorties Ne fassent qu'un seul tout de diverses parties
PARTISANL'ouvrage le plus plat a, chez les courtisans, De tout temps rencontré de zélés partisans
PASMarchez donc sur ses pas [de Malherbe], aimez sa pureté, Et de son tour heureux imitez la clarté
PASMais n'allez pas aussi sur les pas de Brébeuf, Même en une Pharsale, entasser sur les rives De morts et de mourants cent montagnes plaintives
PASSERHeureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère Passer du grave au doux, du plaisant au sévère !
PASSEREmpêcher que Charon, dans la fatale barque, Ainsi que le berger ne passe le monarque
PASSIONChaque passion parle un différent langage
PASSIONQue dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le coeur, l'échauffe et le remue
PÂTURETous les hommes suivaient la grossière nature, Dispersés dans les bois, couraient à la pâture
PÉDANTESQUERonsard.... Vit dans l'âge suivant, par un retour grotesque, Tomber de ses grands mots le faste pédantesque
PÉGASEPour lui Phébus est sourd et Pégase est rétif
PEINTUREÀ ces petits défauts marqués dans sa peinture [d'Achille], L'esprit avec plaisir reconnaît la nature
PÈLERIN, INEDe pèlerins, dit-on, une troupe grossière En public à Paris y monta la première [sur le théâtre]
PÉNIBLETout doit tendre au bon sens ; mais, pour y parvenir, Le chemin est glissant et pénible à tenir
PÉNITENCEL'Évangile à l'esprit n'offre de tous côtés Que pénitence à faire et tourments mérités
PENSÉEIl est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées
PENSERIls croiraient s'abaisser dans leurs vers monstrueux, S'ils pensaient ce qu'un autre a pu penser comme eux
PERDREL'un a peur de ramper, il se perd dans la nue
PERDREQue l'action, marchant où la raison la guide, Ne se perde jamais en une scène vide
PÉRILLEUX, EUSELe théâtre, fertile en censeurs pointilleux, Chez nous pour se produire est un champ périlleux
PERSONNAGED'un nouveau personnage inventez-vous l'idée
PÉTILLERC'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent
PETITESSEDes héros de roman fuyez les petitesses
PEURSouvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire
PHÉBUSPour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif
PHÉNIXUn sonnet sans défaut vaut seul un long poëme ; Mais en vain mille auteurs y pensent arriver, Et cet heureux phénix est encore à trouver
PIERREAux accords d'Amphion les pierres se mouvaient, Et sur les murs thébains en ordre s'élevaient
PIERROTRonsard.... Vient.... changer, sans respect de l'oreille et du son, Lycidas en Pierrot et Philis on Toinon
PINCEAUD'un pinceau délicat l'artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable
PIPEAUOn dirait que Ronsard sur ses pipeaux rustiques Vient encor fredonner ses idylles gothiques
PIRESouvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire
PIREMais dans l'art dangereux de rimer et d'écrire Il n'est point de degrés du médiocre au pire
PLACEAu vestibule obscur il marque une autre place
PLACEMalherbe.... D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir
PLAFONDIl compte des plafonds les ronds et les ovales
PLAINDRELa vieillesse.... Toujours plaint le présent et vante le passé
PLAIREIl faut qu'en cent façons pour plaire il [l'auteur dramatique] se replie, Que tantôt il s'élève et tantôt s'humilie....
PLAISANT, ANTEMais pour un faux plaisant.... Qu'il s'en aille, s'il veut, sur deux tréteaux monté, Amusant le Pont-Neuf de ses sornettes fades, Aux laquais assemblés jouer ses mascarades
PLAISANT, ANTEHeureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère Passer du grave au doux, du plaisant au sévère !
PLAISANTERAux dépens du bon sens gardez de plaisanter
PLAISIRCraignez d'un vain plaisir [faire des vers] les trompeuses amorces
PLAT, ATEL'ouvrage le plus plat a chez les courtisans De tout temps rencontré de zélés partisans
PLAT, ATELa cour désabusée.... Distingua le naïf du plat et du bouffon
PLEIN, EINEL'un meurt vide de sang, l'autre plein de séné
PLEIN, EINEDans un pré plein de fleurs
PLEIN, EINESes écrits pleins de feu partout brillent aux yeux
PLEURPour me tirer des pleurs il faut que vous pleuriez
PLEURÉSIELe rhume à son aspect [d'un mauvais médecin] se change en pleurésie
PLOYERDéjà Dôle et Salins sous le joug ont ployé
PLUPART (LA)La plupart emportés d'une fougue insensée Toujours loin du droit sens vont chercher leur pensée
POËMETout poëme est brillant de sa propre beauté
POÉSIED'un air encor plus grand la poésie épique, Dans le vaste récit d'une longue action, Se soutient par la fable et vit de fiction
POINTEJadis de nos auteurs les pointes ignorées Furent de l'Italie en nos vers attirées
POINTEEt n'allez pas toujours d'une pointe frivole Aiguiser par la queue une épigramme folle
POINTILLEUX, EUSELe théâtre, fertile en censeurs pointilleux, Chez nous, pour se produire, est un champ périlleux
POMONEChanter Flore, les champs, Pomone, les vergers
POMPESophocle enfin, donnant l'essor à son génie, Accrut encor la pompe, augmenta l'harmonie
POMPETelle, aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle
POMPEUX, EUSESoyez riche et pompeux dans vos descriptions
POMPEUX, EUSEMon esprit n'admet point un pompeux barbarisme, Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme
PONT-NEUFImitons de Marot l'élégant badinage, Et laissons le burlesque aux plaisants du Pont-Neuf
PORTEChacun peut le traiter [un auteur dramatique] de fat et d'ignorant, C'est un droit qu'à la porte on achète en entrant
PORTRAITLa nature, féconde en bizarres portraits, Dans chaque âme est marquée à de différents traits
POUDREUX, EUSEElle [l'ode] ouvre la barrière, Chante un vainqueur poudreux au bout de la carrière
POURLe théâtre, fertile en censeurs pointilleux, Chez nous pour se produire est un champ périlleux
POURSUIVREGardez-vous d'imiter ce rimeur furieux Qui, de ses vains écrits lecteur harmonieux, Aborde en récitant quiconque le salue, Et poursuit de ses vers les passants dans la rue
POURTANTSes écrits [de Juvénal], pleins partout d'affreuses vérités, Étincellent pourtant de sublimes beautés
POUSSERL'âge viril, plus mûr, inspire un air plus sage, Se pousse auprès des grands, s'intrigue, se ménage
POUVOIRCependant, à l'entendre, il [un poëte] chérit la critique ; Vous avez sur ses vers un pouvoir despotique
POUVOIREnfin Malherbe.... D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir
PRÉUn ruisseau qui, sur la molle arène, Dans un pré plein de fleurs lentement se promène
PREMIER, IÈREEnfin Malherbe vint, et le premier, en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence
PREMIER, IÈREL'avare, des premiers, rit du tableau fidèle D'un avare souvent formé sur son modèle
PRENDREMais souvent sur ses vers un auteur intraitable à les protéger tous se croit intéressé, Et d'abord prend en main le droit de l'offensé
PRÉPARÉ, ÉEQue dès les premiers vers l'action préparée Sans peine du sujet aplanisse l'entrée
PRÉSENT, ENTELa vieillesse.... Toujours plaint le présent et vante le passé
PRÉSOMPTUEUX, EUSESon tour simple [de l'idylle] et naïf n'a rien de fastueux, Et n'aime pas l'orgueil d'un vers présomptueux
PRESSANT, ANTEPerse, en ses vers obscurs, mais serrés et pressants, Affecta d'enfermer moins de mots que de sens
PRESSÉ, ÉESoyez vif et pressé dans vos narrations
PRESSERTravaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse
PRÊT, ÊTESoyez-vous à vous-même un sévère critique ; L'ignorance toujours est prête à s'admirer
PRISONIls ne savent jamais que se charger de chaînes, Que bénir leur martyre, adorer leur prison
PRIXDu plus habile chantre un bouc était le prix
PRIXC'est par là que Molière, illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût remporté le prix, Si....
PROCÈSLe Tasse, dira-t-on, l'a fait avec succès ; Je ne veux point ici lui faire son procès ; Mais....
PRODUIREQue produira l'auteur après tous ces grands cris ? La montagne en travail enfante une souris
PRODUIRELe théâtre... Chez nous pour se produire est un champ périlleux
PROFANEMais, dans une profane et riante peinture, De n'oser de la fable employer la figure....
PROFITERAimez donc ses écrits [d'Homère], mais d'un amour sincère ; C'est avoir profité que de savoir s'y plaire
PROFOND, ONDEQuiconque voit bien l'homme, et, d'un esprit profond, De tant de coeurs cachés a pénétré le fond...
PROIEAux accès insolents d'une bouffonne joie La sagesse, l'esprit, l'honneur furent en proie
PROMENADEUn auteur qui, pressé d'un besoin importun, Le soir entend crier ses entrailles à jeun, Goûte peu d'Hélicon les douces promenades
PROMENERThespis fut le premier qui, barbouillé de lie, Promena par les bourgs cette heureuse folie [la comédie naissante]
PROMENERIl me promène après de terrasse en terrasse
PROMENERJ'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène, Dans un pré plein de fleurs lentement se promène Qu'un torrent....
PROMETTREAux plus savants auteurs comme aux plus grands guerriers Apollon ne promet qu'un nom et des lauriers
PROMPT, OMPTEUn jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices, Est prompt à recevoir l'impression des vices
PROMPT, OMPTEAchille déplairait moins bouillant et moins prompt
PROPOSOn dit, à ce propos, qu'un jour ce dieu bizarre....
PROTÉGERMais souvent sur ses vers un auteur intraitable à les protéger tous se croit intéressé
PSALMODIEROn lit peu ces auteurs nés pour nous ennuyer, Qui toujours sur un ton semblent psalmodier
PUBLIC, IQUELui seul [un médecin] v fit longtemps la publique misère
PUBLIC, IQUEEschyle.... Sur les ais d'un théâtre en public exhaussé Fit paraître l'acteur d'un brodequin chaussé
PUBLIERMais quoi que notre siècle à sa gloire [du Tasse] publie
PUDEURJe veux dans la satire un esprit de candeur, Et fuis un effronté qui prêche la pudeur
PUR, URESelon que notre idée est plus ou moins obscure, L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure
PURETÉMarchez donc sur ses pas [de Malherbe], aimez sa pureté
QUATRAIN[Apollon] Voulut [dans le sonnet] qu'en deux quatrains de mesure pareille La rime avec deux sons frappât huit fois l'oreille
QUERELLERIls ne savent jamais que se charger de chaînes.... Et faire quereller les sens et la raison
QUEUEEt n'allez pas toujours d'une pointe frivole Aiguiser par la queue une épigramme folle
RABOTEUX, EUSESophocle enfin, donnant l'essor à son génie, Accrut encor la pompe, augmenta l'harmonie, Intéressa le choeur dans toute l'action, Des vers trop raboteux polit l'expression
RAILLERTel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue
RAISONLa raison, pour marcher, n'a souvent qu'une voie
RAISONSi son sage héros [du Tasse], toujours en oraison, N'eût fait que mettre enfin Satan à la raison
RAISONNEMENTEn vain vous étalez une scène savante ; Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir Un spectateur toujours paresseux d'applaudir
RAMPERL'autre a peur de ramper et se perd dans la nue
RAPIDENe vous piquez point d'une folle vitesse ; Un style si rapide et qui court en rimant Marque moins trop d'esprit que peu de jugement
RASSASIÉ, ÉETout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant ; L'esprit rassasié le rejette à l'instant
RASSEMBLERMais du discours enfin l'harmonieuse adresse.... Rassembla les humains dans les forêts épars
RASSIS, ISEJe hais ces vains auteurs.... Qui s'affligent par art, et, fous de sens rassis, S'érigent pour rimer en amoureux transis
RATTRAPERMais, lorsqu'on la néglige [la rime], elle devient rebelle, Et, pour la rattraper, le sens court après elle
REBELLEMais lorsqu'on la néglige, elle [la rime] devient rebelle, Et pour la rattraper le sens court après elle
REBELLER (SE)Si contre cet arrêt le siècle se rebelle, à la postérité d'abord il en appelle
REBUTANT, ANTETout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant
RECEVOIRUn jeune homme, toujours bouillant en ses caprices, Est prompt à recevoir l'impression des vices
RÉCITLa poésie épique Dans le vaste récit d'une longue action Se soutient par la fable et vit de fiction
RÉCITCe qu'on ne doit point voir, qu'un récit nous l'expose [dans la tragédie]
RÉCITÉ, ÉETel écrit récité se soutint à l'oreille, Qui, dans l'impression au grand jour se montrant, Ne soutient pas des yeux le regard pénétrant
RÉCITERCependant, à l'entendre, il chérit la critique, Vous avez sur ses vers un pouvoir despotique ; Mais tout ce beau discours dont il vient vous flatter N'est rien qu'un piége adroit pour vous les réciter
RÉCRIER (SE)Aimez qu'on vous conseille et non pas qu'on vous loue ; Un flatteur aussitôt cherche à se récrier ; Chaque vers qu'il entend le fait extasier
RECULERMais il est des objets que l'art judicieux Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux
REDEMANDÉ, ÉEVoulez-vous sur la scène étaler des ouvrages Où tout Paris en foule apporte ses suffrages, Et qui, toujours plus beaux, plus ils sont regardés, Soient au bout de vingt ans encor redemandés
REDEMANDERLui seul [un médecin] y fit longtemps la publique misère : Là le fils orphelin lui redemande un père
RÉDUIREMalherbe.... réduisit la muse aux règles du devoir
RÉDUITNe vous enivrez point des éloges flatteurs Qu'un amas quelquefois de vains admirateurs Vous donne en ces réduits, prompts à crier merveille
REFRAINMarot, bientôt après, fit fleurir les ballades.... à des refrains réglés asservit les rondeaux
REFUSER[Le vieillard] Inhabile aux plaisirs dont la jeunesse abuse, Blâme en eux les douceurs que l'âge lui refuse
RÈGLENotre assassin [un médecin] renonce à son art inhumain, Et désormais, la règle et l'équerre à la main, Laissant de Galien la science suspecte, De méchant médecin devient bon architecte
RÈGLEQuelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites, Et de l'art même apprend à franchir leurs limites
RÉGNERIci s'offre un perron, là règne un corridor
REJETERTout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant ; L'esprit rassasié le rejette à l'instant
REMETTREHâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
REMONTRERApollon.... Défendit qu'un vers faible y pût jamais entrer [dans le sonnet], Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer
REMPLI, IEQu'en un lieu, qu'en un jour un seul fait accompli Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli
REMPLIRIl est dans tout autre art [que la poésie] des degrés différents ; On peut avec honneur remplir les seconds rangs
REMPLIRLe seul cour roux d'Achille avec art ménagé Remplit abondamment une Iliade entière
REMUERQue dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le coeur, l'échauffe et le remue
RENCONTRERS'il rencontre un palais, il m'en dépeint la face
RENDRE....Souple à la raison, corrigez sans murmure ; Mais ne vous rendez pas dès qu'un sot vous reprend
RENFERMERUn rimeur, sans péril, de là les Pyrénées, Sur la scène en un jour renferme des années
RÉPARÉ, ÉEPar ce sage écrivain [Malherbe] la langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée
REPLIERIl faut qu'en cent façons pour plaire il [l'auteur dramatique] se replie
REPOLIRVingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse et le repolissez
RÉPONDREIl faut que chaque chose y soit mise en son lieu, Que le début, la fin répondent au milieu
REPOSQue toujours dans vos vers le sens coupant les mots Suspende l'hémistiche, en marque le repos
REPRENDREAimez qu'on vous censure, Et, souple à la raison, corrigez sans murmure ; Mais ne vous rendez pas dès qu'un sot vous reprend
RÉPRIMERUn sage ami, toujours rigoureux, inflexible, Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible.... Il réprime des mots l'ambitieuse emphase
RÉSISTER[L'ode] Vante un baiser cueilli sur les lèvres d'Iris, Qui mollement résiste, et par un doux caprice Quelquefois le refuse, afin qu'on le ravisse
RESPECTQue pour les dieux Énée ait un respect austère
RESPECTEt change, sans respect de l'oreille et du son, Lycidas en Pierrot, et Philis en Toinon
RESPECTERLe latin dans les mots brave l'honnêteté ; Mais le lecteur français veut être respecté
RESPIRERLe madrigal, plus simple et plus noble en son tour, Respire la douceur, la tendresse et l'amour
RESSERRÉ, ÉEQuelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites
RESSORT[Au théâtre] Le secret est d'abord de plaire et de toucher ; Inventez des ressorts qui puissent m'attacher
RESSUSCITERBientôt, ressuscitant les héros des vieux âges, Homère aux grands exploits anima les courages
RESTÉ, ÉEDe tous ses amis morts un seul ami resté
RÉTIF, IVEPour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif
RÉTIF, IVEUn jeune homme.... Est vain dans ses discours, volage en ses désirs, Rétif à la censure, et fou dans les plaisirs
RETOURMais sa muse [de Ronsard].... Vit dans l'âge suivant, par un retour grotesque, Tomber de ses grands mots le faste pédantesque
RETRANCHERCe mot me semble froid, Je le retrancherais
RÉVEILLERQu'il [le poëte dramatique] soit aisé, solide, agréable, profond ; Que de traits surprenants sans cesse il nous réveille
REVENIR....Le petit enfant qui va, saute et revient, Et joyeux à sa mère offre un caillou qu'il tient
RÉVÉRÉ, ÉESurtout qu'en vos écrits la langue révérée En vos plus grands excès vous soit toujours sacrée
RHÉTORIQUEVos froids raisonnements ne feront qu'attiédir Un spectateur toujours paresseux d'applaudir, Et qui, des vains efforts de votre rhétorique Justement fatigué, s'endort ou vous critique
RHUMELe rhume à son aspect [d'un mauvais médecin] se change en pleurésie
RIANT, ANTEMais dans une profane et riante peinture De n'oser de la fable employer la figure.... C'est d'un scrupule vain s'alarmer sottement
RICHESSEFuyez ces lieux charmants qu'arrose le Permesse ; Ce n'est pas sur ses bords qu'habite la richesse
RICHESSEL'ardeur de se montrer, et non pas de médire, Arma la vérité du vers de la satire.... Vengea l'humble vertu de la richesse altière
RIGOUREUX, EUSEUn sage ami, toujours rigoureux, inflexible, Sur vos défauts jamais ne vous laisse paisible
RIGUEURDans un roman frivole aisément tout s'excuse ; C'est assez qu'en courant la fiction amuse ; Trop de rigueur alors serait hors de saison
RIMEQue toujours le bon sens s'accorde avec la rime ; L'un l'autre vainement ils semblent se haïr ; La rime est une esclave et ne doit qu'obéir
RIMEEt si, du son hardi de ses rimes cyniques, Il [Régnier] n'alarmait souvent les oreilles pudiques
RIMERMarot bientôt après fit fleurir les ballades, Tourna des triolets, rima des mascarades
RIRELe théâtre perdit son antique fureur ; La comédie apprit à rire sans aigreur
RISElle [l'ode] peint les festins, les danses et les ris
RIVAGETantôt, comme une abeille ardente en son ouvrage, Elle [l'ode] s'en va de fleurs dépouiller le rivage
ROCBesançon fume encor sur son roc foudroyé
ROMANBientôt, l'amour, fertile en tendres sentiments, S'empara du théâtre ainsi que des romans
ROMANDes héros de roman fuyez les petitesses ; Toutefois aux grands coeurs donnez quelques faiblesses
ROMANCIERVillon sut le premier.... Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers
ROMPREEt malheur à tout nom qui, propre à la censure, Put entrer dans un vers sans rompre la mesure
RONDIl compte des plafonds les ronds et les ovales
RONDEAUTout poëme est brillant de sa propre beauté ; Le rondeau né gaulois a la naïveté
ROULERUn torrent débordé, qui, d'un cours orageux, Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux
ROUTEDe cette passion [l'amour] la sensible peinture Est pour aller au coeur la route la plus sûre
RUBISTelle qu'une bergère aux plus beaux jours de fête De superbes rubis ne charge point sa tête
RUDEPar ce sage écrivain [Malherbe] la langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée
RUDESSEMais du discours enfin l'harmonieuse adresse De ces sauvages moeurs adoucit la rudesse
RUISSEAUJ'aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène Dans un pré plein de fleurs lentement se promène
RUSTIQUEOn dirait que Ronsard, sur ses pipeaux rustiques, Vient encor fredonner ses idylles gothiques
SAGEIl [le Tasse] n'eût point de son livre illustré l'Italie, Si son sage héros, toujours en oraison, N'eût fait que mettre enfin Satan à la raison
SAISIRCe qu'on doit ne point voir, qu'un récit nous l'expose ; Les yeux en le voyant saisiraient mieux la chose ; Mais il est des objets que l'art judicieux Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux
SAISIRVoilà ce qui surprend, frappe, saisit, attache
SALETÉMais pour un faux plaisant à grossière équivoque, Qui pour me divertir n'a que la saleté....
SANSTout sans faire d'apprêts s'y prépare aisément
SATIREL'ardeur de se montrer, et non pas de médire, Arma la vérité du vers de la satire
SAUTLe reste [des sonnets], aussi peu lu que ceux de Pelletier, N'a fait de chez Sercy qu'un saut chez l'épicier
SAUTSa muse déréglée [d'un poëte sans art], en ses vers vagabonds, Ne s'élève jamais que par sauts et par bonds
SAUTERJe saute vingt feuillets pour en trouver la fin [d'une description]
SAUVÉ, ÉEL'Hébreu sauvé du joug de ses injustes maîtres
SAVANT, ANTECenseur un peu fâcheux, mais souvent nécessaire, Plus enclin à blâmer que savant à bien faire
SAVANT, ANTEQu'en savantes leçons votre muse fertile Partout joigne au plaisant le solide et l'utile
SCÈNELes acteurs entrent en scène Voulez-vous sur la scène étaler des ouvrages Où tout Paris en foule apporte ses suffrages
SCÈNEQue le lieu de la scène y soit fixe et marqué
SCÈNEQue le trouble, toujours croissant de scène en scène, à son comble arrivé se débrouille sans peine
SECRETLe secret [au théâtre] est d'abord de plaire et de toucher
SEMBLABLESouvent, sans y penser, un écrivain qui s'aime Forme tous ses héros semblables à lui-même
SEMEREt le docteur en chaire en sema [de pointes] l'Évangile
SÉNATEURSoit qu'il fasse au conseil courir les sénateurs, D'un tyran soupçonneux pâles adulateurs
SÉNÉL'un meurt vide de sang, l'autre plein de séné
SENSUn auteur vertueux, dans ses vers innocents, Ne corrompt point les coeurs en chatouillant les sens
SENSTout doit tendre au bon sens ; mais, pour y parvenir, Le chemin est glissant et pénible à tenir ; Pour peu qu'on s'en écarte, aussitôt on se noie
SENSJe hais ces vains auteurs.... Qui s'affligent par art, et, fous de sens rassis, S'érigent pour rimer en amoureux transis
SENSSi le sens de vos vers tarde à se faire entendre, Mon esprit aussitôt commence à se détendre
SENSPerse, en ses vers obscurs, mais serrés et pressants, Affecta d'enfermer moins de mots que de sens
SENTIMENTBientôt l'amour, fertile en tendres sentiments, S'empara du théâtre ainsi que des romans
SENTIRS'il [le poëte] ne sent pas du ciel l'influence secrète
SENTIRL'endroit que l'on sent faible et qu'on se veut cacher
SENTIRL'esprit ne se sent point plus vivement frappé Que lorsqu'en un sujet....
SENTIRLe vers se sent toujours des bassesses du coeur
SÉPARERQuelquefois du bon or je sépare le faux
SERPENTIl n'est point de serpent ni de monstre odieux Qui par l'art imité ne puisse plaire aux yeux
SERRÉ, ÉEPerse, en ses vers obscurs, mais serrés et pressants, Affecta d'enfermer moins de mots que de sens
SÉVÈREAyez pour la cadence une oreille sévère
SÉVÈREPasser du grave au doux, du plaisant au sévère
SIÈCLEAinsi qu'en sots auteurs, Notre siècle est fertile en sots admirateurs
SIMPLELe madrigal, plus simple et plus noble en son tour, Respire la douceur, la tendresse et l'amour
SIMPLESoyez simple avec art
SOLÉCISMEMon esprit n'admet point un pompeux barbarisme, Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme
SOLIDEFaites choix d'un censeur solide et salutaire
SOLIDEVoulez-vous faire aimer vos riches fictions, Qu'en savantes leçons votre muse fertile Partout joigne au plaisant le solide et l'utile
SOMBREIl est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées
SOMBRE[L'envie] Du mérite éclatant cette sombre rivale
SONEn vain vous me frappez d'un son mélodieux, Si le terme est impropre, ou le tour vicieux
SONGEEt, fabuleux chrétiens, n'allons point, dans nos songes, Du Dieu de vérité faire un Dieu de mensonges
SONGERL'âge viril plus mûr inspire un air plus sage.... Contre les coups du sort songe à se maintenir
SONNETOn dit, à ce propos, qu'un jour ce dieu bizarre [Apollon], Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois, Inventa du sonnet les rigoureuses lois....
SORDIDETravaillez pour la gloire, et qu'un sordide gain Ne soit jamais l'objet d'un illustre écrivain
SORTIRQuelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites
SOT, OTTEUn sot trouve toujours un plus sot qui l'admire
SOUILLERQue ce style [le burlesque] jamais ne souille votre ouvrage
SOÛL, OÛLEHorace a bu son soûl lorsqu'il voit les Ménades
SOUPÇONNEUX, EUSESoit qu'il [Juvénal] fasse au conseil courir les sénateurs, D'un tyran soupçonneux pâles adulateurs
SOUPIRERCe n'était pas jadis sur ce ton ridicule Qu'amour dictait les vers que soupirait Tibulle
SOUPLEEt, souple à la raison, corrigez sans murmure
SOURD, SOURDEPour lui [un mauvais poëte] Phébus est sourd et Pégase est rétif
SOURISQue produit un auteur après tous ces grands cris ? La montagne en travail enfante une souris
SOUTENIRD'un air plus grand encor la poésie épique, Dans le vaste récit d'une longue action, Se soutient par la fable et vit de fiction
SOUTENIRTel écrit récité se soutint à l'oreille, Qui, dans l'impression au grand jour se montrant, Ne soutient pas des yeux le regard pénétrant
SOUVENIREt que tout ce qu'il dit, facile à retenir, De son ouvrage en vous laisse un long souvenir
SOUVENTSouvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire
SPECTATEUR, TRICEVos froids raisonnements ne feront qu'attiédir Un spectateur toujours paresseux d'applaudir
STANCELes stances avec grâce apprirent à tomber
STÉRILEFuyez de ces auteurs l'abondance stérile, Et ne vous chargez pas d'un détail inutile
STRUCTUREDe tous ses amis morts un seul ami resté Le mène en sa maison de superbe structure ; C'était un riche abbé, fou de l'architecture
STYLEUn style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux ; il faut qu'il nous endorme
SUBLIMESes ouvrages [de Juvénal], tout pleins d'affreuses vérités, étincellent pourtant de sublimes beautés
SUBLIMEEt je hais un sublime ennuyeux et pesant
SUBSISTERUne muse affamée Ne peut pas, dira-t-on, subsister de fumée
SUBTIL, ILESouvent dans son orgueil un subtil ignorant Par d'injustes dégoûts combat toute une pièce
SUCCÈSDes succès fortunés du spectacle tragique Dans Athènes naquit la tragédie antique
SUCCÈS[Il] N'attend pas pour dîner le succès d'un sonnet
SUFFRAGEVoulez-vous sur la scène étaler des ouvrages Où tout Paris en foule apporte ses suffrages ?
SUIVREUn poëme excellent où tout marche et se suit
SUJETN'offrez point un sujet d'incidents trop chargé
SUPRÊMEDu reste il [Apollon] l'enrichit [le sonnet] d'une beauté suprême
SÛR, ÛREDe cette passion [l'amour] la sensible peinture Est pour aller au coeur la route la plus sûre
SURANNÉ, ÉEToutefois à la cour les turlupins restèrent..., D'un jeu de mots grossier partisans surannés
SÛRETÉIl n'est temple si saint, des anges respecté, Qui soit contre sa muse un lieu de sûreté [où il n'assaille les gens pour leur lire ses vers]
SUS-ORBITAIRELaissant de Galien la science suspecte
SUSPENDREQue toujours dans vos vers le sens, coupant les mots, suspende l'hémistiche, en marque le repos
SYRTESQue Neptune en courroux, s'élevant sur la mer, D'un mot calme les flots, mette la paix dans l'air, Délivre les vaisseaux, des syrtes les arrache....
TABARINLe Parnasse parla le langage des halles ; Apollon travesti devint un Tabarin
TABLEAUQue Racine, enfantant des miracles nouveaux, De ses héros sur lui [Louis XIV] forme tous les tableaux
TÂCHEREt sur les pieds en vain tâchant de se hausser
TALENTLa nature, fertile en esprits excellents, Sait entre les auteurs partager les talents
TARDERSi le sens de vos vers tarde à se faire entendre, Mon esprit aussitôt commence à se détendre
TEL, ELLETelle qu'une bergère, au plus beau jour de fête, De superbes rubis ne charge point sa tête, .... Telle, aimable en son air, mais simple dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle
TEMPSBientôt ils défendront de peindre la Prudence, De figurer aux yeux la Guerre au front d'airain, Ou le Temps qui s'enfuit une horloge à la main
TENDREQue leurs tendres écrits [de Théocrite et de Virgile] par les Grâces dictés....
TENIRTout doit tendre au bon sens ; mais, pour y parvenir, Le chemin est glissant et pénible à tenir
TERCETEt qu'ensuite [dans le sonnet] six vers artistement rangés Fussent en deux tercets par le sens partagés
TERMECe terme est équivoque, il le faut éclaircir
TERRESes vers plats et grossiers, dépourvus d'agrément, Toujours baisent la terre et rampent tristement
TERREINJ'aime mieux un ruisseau.... .... Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux, Roule, plein de gravier, sur un terrein fangeux
THÉÂTREChez nos dévots aïeux le théâtre abhorré Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré
THÉMISBientôt ils défendront de peindre la Prudence, De donner à Thémis ni bandeau ni balance
TIGRE et TIGRESSEAux accents dont Orphée emplit les monts de Thrace, Les tigres amollis dépouillent leur audace
TIRERPour me tirer des pleurs il faut que vous pleuriez
TOMBEREAUThespis fut le premier qui.... Et, d'acteurs mal ornés chargeant un tombereau, Arausa les passants d'un spectacle nouveau
TONCe n'était pas jadis sur ce ton ridicule Qu'Amour dictait les vers que soupirait Tibulle
TONNERREN'allez pas dès l'abord.... Crier à vos lecteurs d'une voix de tonnerre : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre
TONNERRE[Dans la Fable] Ce n'est plus la vapeur qui produit le tonnerre, C'est Jupiter armé pour effrayer la terre
TORRENTUn torrent débordé qui, d'ur cours orageux, Roule plein de gravier sur un terrain fangeux
TORRENTOù sont ces grands guerriers dont les fatales ligues Devaient à ce torrent [Louis XIV] opposer tant de digues ?
TOUCHERLe secret est d'abord de plaire et de toucher
TOUJOURSUn style trop égal et toujours uniforme, En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme
TOURAimez sa pureté [de Malherbe], Et de son tour heureux imitez la clarté
TOURNÉ, ÉE[Il] Approuve l'escalier, tourné d'autre façon
TOUT, TOUTEQue d'un art délicat les pièces assorties N'y forment qu'un seul tout de diverses parties
TRACERL'un peut tracer en vers une amoureuse flamme
TRAFIQUERUn vil amour du gain infectant les esprits.... Trafiqua du discours et vendit les paroles
TRAGÉDIEAinsi, pour nous charmer, la Tragédie en pleurs D'Oedipe tout sanglant fit parler les douleurs
TRAGÉDIELa tragédie, informe et grossière en naissant, N'était qu'un simple choeur où chacun en dansant, Et du dieu des raisins entonnant les louanges, S'efforçait d'attirer de fertiles vendanges ; Là, le vin et la joie éveillant les esprits, Du plus habile chantre un bouc était le prix
TRAGIQUEDes succès fortunés du spectacle tragique, Dans Athènes naquit la comédie antique
TRAHIRJe ne puis estimer ces dangereux auteurs Qui.... Trahissant la vertu sur un papier coupable...
TRAITC'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent
TRAITLa nature, féconde en bizarres portraits, Dans chaque âme est marquée à de différents traits
TRAITQue de traits surprenants sans cesse il nous réveille, Qu'il coure dans ses vers de merveille en merveille
TRAITL'un peut tracer en vers une amoureuse flamme ; L'autre, d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme
TRANSI, IEJe hais ces vains auteurs.... Qui.... fous de sens rassis, S'érigent pour rimer en amoureux transis
TRANSPORTD'est lui qui vous dira par quels transports heureux Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites
TRAVAILQue produira l'auteur après tous ces grands cris ? La montagne en travail enfante une souris
TRAVAILJe sais qu'un noble esprit peut, sans honte et sans crime, Tirer de son travail un profit légitime
TRAVAILUn poëme excellent où tout marche et se suit N'est pas de ces travaux qu'un caprice produit
TRAVAILLERTravaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse
TRAVESTI, IEApollon travesti devint un Tabarin
TRÉBUCHÉ, ÉECe poëte orgueilleux [Ronsard], trébuché de si haut, Rendit plus retenus Desportes et Bertaut
TRÉPIGNERIl trépigne de joie, il pleure de tendresse
TRÉSORLa vieillesse chagrine incessamment amasse, Garde, non pas pour soi, les trésors qu'elle entasse
TRÉSORSon livre est d'agréments un fertile trésor
TRÉTEAUMais pour un faux plaisant.... Qu'il s'en aille, s'il veut, sur deux tréteaux monté, Amusant le pont Neuf de ses sornettes fades....
TRIBUTJe sais qu'un noble esprit peut sans honte et sans crime Tirer de son travail un tribut légitime
TRIOLETMarot bientôt après fit fleurir les ballades, Tourna des triolets, rima des mascarades
TRIOMPHANT, ANTEChanter du peuple hébreu la fuite triomphante
TRISTEJe ne suis pas pourtant de ces tristes esprits, Qui, bannissant l'amour de tous chastes écrits, D'un si riche ornement veulent priver la scène, Traitent d'empoisonneurs et Rodrigue et Chimène....
TRISTEMENTÀ la fin tous ces jeux que l'athéisme élève, Conduisent tristement le plaisant à la Grève
TRISTESSEElle [l'élégie] peint des amants la joie et la tristesse
TRIVIAL, ALEOn ne vit plus en vers que pointes triviales, Le Parnasse parla le langage des halles
TROMPERLe burlesque effronté Trompa les yeux d'abord, plut par la nouveauté
TROMPETTEMais souvent dans ce style un rimeur aux abois Jette là, de dépit, la flûte et le hautbois, Et, follement pompeux, dans sa verve indiscrète, Au milieu d'une églogue entonne la trompette
TROPTout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant
TROUBLEQue le trouble, toujours croissant de scène en scène, à son comble arrivé, se débrouille sans peine
TROUVERUn sot trouve toujours un plus sot qui l'admire
TURLUPINToutefois à la cour les turlupins restèrent, Insipides plaisants, bouffons infortunés, D'un jeu de mots grossier partisans surannés
UN, UNEÉtudiez la cour et connaissez la ville ; L'une et l'autre est toujours en modèles fertile
UNIFORMEUn style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme
VARIERSans cesse en écrivant variez vos discours
VAUDEVILLED'un trait de ce poëme [la satire], en bons mots si fertile, Le Français, né malin, créa le vaudeville, Agréable indiscret, qui, conduit par le chant, Passe de bouche en bouche et s'accroît en marchant
VENDRE[Soit que] Aux portefaix de Rome il [Juvénal] vende Messaline
VENDREUn vil amour du gain.... enfantant mille ouvrages frivoles, Trafiqua du discours et vendit des paroles
VENIRQue, devant Troie en flamme, Hécube désolée Ne vienne pas pousser une plainte ampoulée
VERLeurs tas [d'exemplaires], au magasin, cachés à la lumière, Combattent tristement les vers et la poussière
VERSLe vers le mieux rempli, la plus noble pensée, Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée
VERSLe vers se sont toujours des bassesses du coeur
VESTIBULED'un salon qu'on élève il condamne la face, Au vestibule obscur il marque une autre place
VICEUn jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices, Est prêt à recevoir l'impression des vices
VIDEL'un meurt vide de sang, l'autre plein de séné
VIDEQue l'action, marchant où la raison la guide, Ne se perde jamais dans une scène vide
VIEILLESSELa vieillesse chagrine incessamment amasse
VIGUEURSans tous ces ornements le vers tombe en langueur, La poésie est morte, ou rampe sans vigueur
VIL, ILEUn vil amour du gain, infectant les esprits, De mensonges grossiers souilla tous les écrits
VILLENotre siècle est fertile en sots admirateurs ; Et, sans ceux que fournit la ville et la province, Il en est chez le duc, il en est chez le prince
VINGTVingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
VIOLONLes acteurs laissant le masque antique, Le violon tint lieu de choeur et de musique
VIRIL, ILEL'âge viril plus mûr inspire un air plus sage, Se pousse auprès des grands, s'intrigue, se ménage
VISAGEChaque mot eut toujours deux visages divers [deux sens, une équivoque]
VITESSETravaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, Et ne vous piquez pas d'une folle vitesse
VOIELa raison pour marcher n'a souvent qu'une voie
VOLL'ode.... Élevant jusqu'au ciel son vol ambitieux
VOULOIRVoulez-vous du public mériter les amours, Sans cesse en écrivant variez vos discours
VRAISEMBLABLELe vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable
VUEEt sa faible raison [de l'ignorant] de clarté dépourvue Pense que rien n'échappe à sa débile vue
VUEIls n'osent un moment perdre un sujet de vue
VULGAIRELe sujet ne veut pas de vulgaires efforts
VULGAIREOn s'ennuie aux exploits d'un conquérant vulgaire

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