L'oeuvre Chansons de Pierre Jean de BÉRANGER

Ecrit par Pierre Jean de BÉRANGER

Date : 1812

Citations de "Chansons"

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GÊNERAllez donc vous promener ; Mon cher, ne vous gênez pas, Mon équipage est là-bas
GÉNÉREUX, EUSETe voici dans mon ermitage ; Versons-nous d'un vin généreux
GENSJ'ai plaint les peuples qu'on abuse, J'ai chansonné les gens du roi
GENTContre la gent hypocrite Voyez son malin courroux
GENTIL, ILLELe roi, dit l'autre, a daigné lui sourire, Même a trouvé ses vers assez gentils
GEÔLEJe veux revoir jusqu'à l'étroite geôle [l'école] Où....
GEÔLIERQu'un censeur bien tyrannique De l'esprit soit le geôlier
GÎTEEt quand l'heure invite à gagner son gîte, L'on rentre bien vite Ailleurs que chez soi
GLACEDans le satin de ce boudoir Vous souriez à mille glaces
GLAÇONSombre hiver, sous tes glaçons Ensevelis la nature
GLANDLe Russe.... Las de pain noir et de gland Veut manger notre pain blanc
GLANERL'indigence glane chez d'autres, Mais elle moissonnait chez lui
GLANEUR, EUSEQuand près d'eux [moissonneurs] la glaneuse habile Cherche l'épi des malheureux
GLÈBEMon fermier.... Dénigrait la glèbe et la taille
GLISSERLe plaisir nous venge ; Sur nous du sort il fait glisser les coups
GLOBEJe reviendrai, poursuit-elle, et ton âme Ira franchir tous ces mondes flottants, Tout cet azur, tous ces globes de flamme Que Dieu sema sur la route du temps
GLOIREIl était un roi d'Yvetot, Peu connu dans l'histoire, Se levant tard, se couchant tôt, Dormant fort bien sans gloire
GLOIREAux jeunes gens racontes-en l'histoire [des trois journées de juillet] ; Guide leur nef, instruis-les de l'écueil ; Et, de la France un jour font-ils l'orgueil, Va réchauffer ta vieillesse à leur gloire
GLOUTON, ONNEVous n'exaltez, maîtres gloutons, Que la gloire des marmitons
GLUNon, pour les cours Dieu ne m'a pas fait naître ; Oiseau craintif, je fuis la glu des rois
GLUÀ lui [Béranger] plus d'un coeur vint se rendre, Mais les oiseaux en feront foi, J'ai [la muse] fourni la glu pour les prendre
GOBELETServez, disais-je, à messieurs de la bouche, Versez, versez, messieurs du gobelet
GOGUETTESQue de goguettes, Que d'amourettes ! Jamais de dettes, Point de noeuds constants
GOGUETTESMaître Jean à la guinguette à ses amis en goguette Chante son refrain chéri
GOTHIQUEVous traversiez des ruines gothiques ; Nos défenseurs se pressaient sur vos pas
GOTHIQUEJ'aime à fronder les préjugés gothiques, Et les cordons de toutes les couleurs
GOTONDeux vieilles disaient tout bas : Belzébuth prend ses ébats ; Voyez en robe, en manteau, Goton servante au château
GOUDRONNÉ, ÉEAvec son habit un peu mince, Avec son chapeau goudronné, Comme l'honneur de la province Ce bourguignon [vin de Bourgogne] nous est donné
GOUDRONNÉ, ÉEGrâce à ce vin de saveur goudronnée, Je crois voguer vers ces anciens autels Où....
GOUFFREL'enfer mugit d'un effroyable rire, Quand, dégoûté de l'orgueil des méchants, L'ange, qui pleure en accordant sa lyre, Fait éclater ses remords et ses chants ; Dieu d'un regard l'arrache au gouffre immonde
GOULEAux déités folles des vieux empires, Nous opposons des diables peu tentants, Des loups-garous, des goules, des vampires
GOURMAND, ANDEGourmands, cessez de nous donner La carte de votre dîner ; Tant de gens qui sont au régime Ont droit de vous en faire un crime
GOUTTEÀ quatorze ans dans les déserts Je vous portais la goutte
GOUTTESoldat bientôt, courant au feu, Je perdis une jambe en route. - Oui, dit l'ange ; mais avant peu Cette jambe aurait eu la goutte
GOUTTEUX, EUSEL'Europe qui marche à béquilles, Riche goutteuse, ne croit pas à la vertu sous des guenilles
GOUVERNANT, ANTENos gouvernants, pris de vertige, Des biens du ciel triplant le taux, Font mourir le fruit sur la tige, Du travail brisent les marteaux
GRÂCELise qui règne par la grâce Du dieu qui nous rend tous égaux
GRAND, ANDEVa, dit la fée, à tort tu t'en alarmes ; De grands talents ont de moins beaux succès ; Ses chants légers seront chers aux Français, Et du proscrit adouciront les larmes
GRAND, ANDEMon enfant, quel éclair sinistre ! C'était l'astre d'un favori Qui se croyait un grand ministre Quand de nos maux il avait ri
GRAND, ANDEJe croyais qu'on allait faire Du grand et du neuf
GRAND, ANDEPuis en grand m'étant fait voleur, J'eus d'un baron moeurs et langage
GRAND, ANDEToujours en grand nous calculons, vieux habits ! vieux galons !
GRANDEURC'est celle [l'étoile] d'un puissant monarque !.... Va, mon fils, garde ta candeur ; Et que ton étoile ne marque Par l'éclat ni par la grandeur
GRAND'MÈREJ'ouvre, bon Dieu ! c'était lui [Napoléon 1er] Suivi d'une faible escorte ; Il s'asseoit où me voilà, S'écriant : oh ! quelle guerre ! Il s'est assis là, grand'mère, Il s'est assis là !
GRAND-PÈREDans ce Paris plein d'or et de misère, En l'an du Christ mil sept cent quatre-vingt, Chez un tailleur, mon pauvre et vieux grand-père, Moi nouveau-né, sachez ce qui m'advint
GRAS, ASSEComme ils sont dodus et gras Ces bons citoyens du Maine [chapons] !
GRAS, ASSENon, car ces gens si gras du bec Votent l'eau claire et le pain sec
GRATISÀ Madrid si j'ai vendu cher, Et cher à Moscou même, J'ai donné gratis à Pantin
GRAVELEUX, EUSEêtre un faiseur habile De contes graveleux
GRÊLÉ, ÉEEn Champagne, en Bourgogne, Les coteaux sont grêlés
GRELOTCet asile Où tant de fois le vaudeville A renouvelé ses grelots
GRELOTet Cav Des erreurs de l'humaine espèce Dieu veut que chacun ait son lot ; Même au manteau de la sagesse La folie attache un grelot
GRELOTTERIl [Béranger] grelottait dans sa coquille, Quand d'un luth je lui fis l'octroi
GRENIERBravant le monde, et les sots et les sages, Sans avenir, riche de mon printemps, Leste et joyeux je montais six étages ; Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans !
GRENIERMais, dites-vous, il avait donc des rentes ? Eh ! non, messieurs, il logeait au grenier
GRÉSILAh ! je voudrais qu'on entendît Tinter sur la vitre sonore Le grésil léger qui bondit
GRILLEAinsi chante à travers les grilles Un captif....
GRILLEOui, dit l'ange, mais je plaidai : Tu ne fus qu'un an sous les grilles
GRIMOIREAu peuple en butte à nos larcins, Tout grimoire En peut faire accroire
GRIS, ISEC'est peu d'être gris, Amis, soyons ivres
GRIS, ISEIl est un petit homme Tout habillé de gris Dans Paris
GRISERLa table est mise, La chère exquise, Que l'on se grise ; Trinquons, mes amis !
GRISETTEJeune fille qui a un état, couturière, brodeuse, etc. et qui se laisse facilement courtiser par les jeunes gens. Mais vive la grisette ! Je veux, Lisette, Boire à nos amours
GRISON, ONNEJ'enflamme un campagnard grison, Je suis cruelle et celui-là m'épouse
GRISONNERLe sang remonte à son front qui grisonne ; Le vieux coursier a senti l'aiguillon
GRIVOISUn essaim de grivois Buvant à leurs mignonnes
GRIVOISDes buveurs grivois Les femmes lui cherchaient querelle
GRONDERAdieu, chansons ! mon front chauve est ridé ; L'oiseau se tait ; l'aquilon a grondé
GRONDEUR, EUSEJean est grondeur, mais je m'en ris
GROS, OSSEPassez les mots aux rieurs ; Les plus gros sont les meilleurs Pour la gaudriole
GUÉ !Ah ! la muse de Collé, C'est la gaudriole ô gué ! C'est la gaudriole
GUENILLEL'Europe, qui marche à béquilles, Riche goutteuse, ne croit pas à la vertu sous des guenilles
GUENILLEPour mes jours gras du vin fraudé Mit le juge après mes guenilles
GUENONIl [l'homme] prend nos amours pour modèles ; Mais nos guenons nous sont fidèles
GUERROYERFaut-il guerroyer dans le Nord, Priez pour moi ; je suis mort, je suis mort
GUETTERUn diable cornard effronté, Vilains, ici guette vos belles
GUEUX, EUSEGrâce à moi [muse] qu'il rendit moins folle, D'être gueux il se consolait
GUEUX, EUSESages et fous, gueux et monarques, Apprenez un fait tout nouveau
GUEUX, EUSEDes gueux chantons la louange ; Que de gueux hommes de bien !
GUINDERLes échasses de l'étiquette Guindent bien haut des coeurs bien bas
GUINDERVous avez guindé la sculpture
HABITJe dois bientôt, il me semble, Mettre pour jamais habit bas ; Attends un peu, nous finirons ensemble, Mon vieil ami, ne nous séparons pas
HABITGens vêtus d'or et d'écarlate, Pendant un mois chacun vous flatte ; Puis à vos portes nous allons : Vieux habits, vieux galons
HABITSois-moi fidèle, ô pauvre habit que j'aime ; Ensemble nous devenons vieux ; Depuis dix ans je te brosse moi-même, Et Socrate n'eût pas fait mieux
HAINESoleil si doux au déclin de l'automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor, N'espérant pas que la haine pardonne à mes chansons leur trop rapide essor
HAINEMon coeur en belle haine A pris la liberté
HALEINENe soufflez mot, retenez votre haleine ; Tremblez, enfants, vous qui jurez parfois
HALEINESois gai pour tromper l'ennemi, Et chante à perdre haleine....
HALEINEJe crois qu'un ordre exprès des cieux Tient en haleine la sagesse
HALLEBARDEJ'y vois de gros gardes, Cuirassés de bardes, Portant hallebardes De sucre candi
HENNIRHennis d'orgueil, ô mon coursier fidèle, Et foule aux pieds les peuples et les rois
HERBETTEVos pieds dans le satin N'osent fouler l'herbette
HÉROÏQUEQui nous rendra, dit cet homme héroïque, Aux bords du Rhin, à Jemmape, à Fleurus, Ces paysans, fils de la république, Sur la frontière à sa voix accourus ?
HEUREUX, EUSEQuand d'un coeur amoureux Vous prisiez la conquête, Vous faisiez dix heureux, Et n'étiez pas coquette
HIRONDELLECaptif au rivage du Maure, Un guerrier, courbé sous ses fers, Disait : je vous revois encore, Oiseaux ennemis des hivers ; Hirondelles que l'espérance Suit jusqu'en ces brûlants climats, Sans doute vous quittez la France ; De mon pays ne me parlez-vous pas ?
HISSERIl [Jacob] vit ses fils, quelqu'un l'assure, Sur l'échelle aussi se hisser
HISTORIENNotre ami s'est fait à table D'un brigand bien redoutable Le fidèle historien
HIVERQu'il coule gaiement son automne ; Que son hiver soit encor loin
HIVERCinquante hivers ont passé sur ta tête ; J'ai de bien près cheminé sur tes pas
HOCHETDes sceptres étaient mes hochets [au fils de Napoléon 1er], Mon bourlet fut une couronne
HOCHETÀ ses doux songes [de l'espérance] asservie, Vous serez heureuse en effet, Si pour chaque âge de la vie Elle vous réserve un hochet
HOMMEAh ! l'homme en vain se rejette en arrière, Lorsque son pied sent le froid du cercueil
HOMMEJ'outrageai d'un rire inhumain L'Homme-Dieu respirant à peine
HOMMEComme balayeuse on me loge Depuis quarante ans, Dans le château, près de l'horloge ; Or, mes enfants, sachez Que là pour mes péchés, Du coin, d'où le soir je ne bouge, J'ai vu le petit homme rouge ; Saints du paradis, Priez pour Charles-dix
HONNÊTEDire : quel honneur vous me faites ! Messieurs, vous êtes trop honnêtes
HONNEUREnfin, malgré l'aï qui mousse, J'en veux venir à mon honneur
HÔTELL'amitié seule y donne place [dans une maison d'ami] ; Moi j'en ai fait mon Hôtel-Dieu
HOULETTEDu bercail ils chassaient les loups, Sans abuser de la houlette
HOURIMon paradis s'arrange, Dieux ! et l'oiseau se change En piquante houri
HUMAIN, AINEDu genre humain saluons la famille, Mais qu'ai-je dit ? pourquoi ce chant d'amour ? Aux feux des camps le glaive encor scintille ; Dans l'ombre à peine on voit poindre le jour
HUMAIN, AINEGaîment avec la grisette D'un président, bon humain, Cette folle, à la buvette, Répétait le verre en main...
HUMANITÉL'humanité manque de saints apôtres Qui leur aient dit : enfants, suivez sa loi ; Aimer, aimer, c'est être utile à soi ; Se faire aimer, c'est être utile aux autres
HUMANITÉHumanité, règne, voici ton âge, Que nie en vain la voix des vieux échos
HUMBLEOn parlera de sa gloire Sous le chaume bien longtemps ; L'humble toit, dans cinquante ans, Ne connaîtra plus d'autre histoire
HUMEURMorbleu ! qui n'aurait de l'humeur En pensant que madame De monsieur fera le bonheur, Bien qu'elle soit sa femme ?
HUMIDESur un vaisseau rapide Vers la France entraîné, Il s'assied, l'oeil humide Et le front incliné
HURLER....Il faut au ministère Des gens qui parlent toujours, Et hurlent pour faire taire Ceux qui font de bons discours
HYMENLa terre, après tant de désastres, Forme avec le ciel un hymen, Et la loi qui régit les astres Donne la paix au genre humain
HYMÉNÉE[Lisette] Qui des chaînes de l'hyménée Veut charger mes bras caressants
IDÉEFaute d'idée, il allait faire une ode
ILIONVous avez vu tomber la gloire D'un Ilion trop insulté [l'empire de Napoléon 1er] Qui prit l'autel de la victoire Pour l'autel de la liberté
ILLUSTRERUn noir cachot peut illustrer mes vers
IMPRÉGNERT'ai-je imprégné [mon habit] des flots de musc et d'ambre Qu'un fat exhale en se mirant ?
IMPUR, UREMais à la cour lis sur tous les visages Traîtres, flatteurs, meurtriers, vils faquins ; D'impurs ruisseaux, gonflés par nos orages, Font déborder cet égout des Tarquins
INCENDIEChez vos voisins vous portez l'incendie ; L'aquilon souffle, et vos toits sont brûlés
INCLINÉ, ÉEPrès d'un ruisseau rapide, Vers la France entraîné, Il s'assied l'oeil humide Et le front incliné
INCLINEREt mon riche habit me conseille D'apprendre à m'incliner bien bas
INCONSÉQUENCEJe me tais donc par prudence, Et n'offre que quelques fleurs ; Grand Dieu ! quelle inconséquence ! Mon bouquet a trois couleurs [ce qui était séditieux sous la Restauration]
INCULTEDe l'homme inculte il [l'esprit de poésie] adoucit la vie, Et sous le dais montre au doigt les tyrans
INDEXMais Voltaire et sa coterie Sont à l'index en Barbarie
INDIFFÉRENCEJe n'eus jamais d'indifférence Pour la gloire du nom français
INDIGENCEDans mon réduit où l'on voit l'indigence Sans m'éveiller assise à mon chevet
INDISCRET, ÈTELes caresses ont cessé Devant la lampe indiscrète
INDUSTRIEMon père.... Était chevalier d'industrie, Sans en être moins glorieux
INFLUENCEDes astres faux conjurez l'influence ; Effroi d'un jour, ils pâliront demain
INHUMAIN, AINELise n'est point inhumaine, Mon flacon n'est point cassé
INJURELe froid devient plus ardent ; Moi j'en puis braver l'injure
INNOCENT, ENTECe noble mortel Marche en brandissant Un sabre innocent
IN-OCTAVOQuoi ! mes couplets, encore une sottise ! Osez-vous bien paraître in-octavo ?
INSPIRERAchille était poétique ; Mais, morbleu ! nous l'effaçons : S'il inspire une oeuvre épique, Nous inspirons des chansons
IN-TRENTE-DEUXL'in-trente-deux [édition des chansons de Béranger] trompait l'oeil du myope, Mais vos défauts vont être tous sentis [dans l'édition in-octavo]
INUTILITÉEt cet univers n'est lui-même Qu'une grande inutilité
INVITATIONPour les autres sessions, J'ai cent invitations
IVREAussi voyons-nous d'abord Ixion faisant un somme Près de Tantale ivre mort
JAMBEMais par elle il [l'amour] est souvent Traité par-dessous la jambe
JAMBONVous ne trouvez le laurier bon Que pour la sauce et le jambon
JARRETIÈREQuand vos soeurs se partageront Ces fleurs qu'on dit d'heureux augure, Les garçons vous déroberont Une plus secrète parure ; La jarretière, pensez-y !
JASERChut mes amis, il [un vin] fait jaser à table ; C'est un agent provocateur
JAUNI, IESoleil si doux au déclin de l'automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encore
JEANRis et chante, chante et ris ; Prends tes gants et cours le monde ; Mais, la bourse vide ou ronde, Reviens dans ton Paris ; Ah ! reviens, ah ! reviens, Jean de Paris
JETÉ, ÉEJeté sur cette boule, Pauvre, laid et souffrant, Étouffé dans la foule, Faute d'être assez grand
JEUUn conquérant, dans sa fortune altière, Se fit un jeu des sceptres et des lois
JEUJ'y jouerais bien en cachette [à la roulette], Mais il faudrait mettre au jeu
JEUN (À)Qu'un peuple est grand qui, pauvre, gai, modeste, Seul maître, après tant de sang et d'efforts, Chasse en riant des princes qu'il déteste, Et de l'État garde à jeun les trésors !
JEÛNERDepuis que chez ma cousine Qui jeûnait en carnaval....
JONCUn chambellan.... Enrichit mon amour De ce jonc qui scintille
JOUEEn joue il [Jupin] vous met sans qui-vive ! Mais je l'aborde chapeau bas
JOUEUR, EUSELe bon vin Pour toi ne vieillit pas en vain, Beau joueur d'orgue au service divin
JOUFFLU, UEIl est un petit homme.... Joufflu comme une pomme
JOUROn fêtera toujours en France, En ville, au théâtre, à la cour, Le saint du jour
JOURDu chapeau de son père Coiffé dans les grands jours
JOURNÉEÀ vous, enfants, ce fruit des trois journées
JOUVENCEAU, ELLEÀ la prude qui se gêne Pour lorgner un jouvenceau
JUDASMonsieur Judas est un drôle Qui soutient avec chaleur Qu'il n'a joué qu'un seul rôle Et n'a pris qu'une couleur
JUIF, IVEChrétien, au voyageur souffrant Tends un verre d'eau sur ta porte ; Je suis, je suis le Juif errant, Qu'un tourbillon toujours emporte
JULEPMon camarade, Tiens, bois rasade ; C'est un julep pour ton cerveau malade
JUPINSachez qu'hier, la panse ronde Et l'oeil obscurci par Bacchus, Jupin a cru dans notre monde Voir une couronne de plus
JUPINHeureux d'avoir su vous défendre, J'accours des célestes donjons ; Quant à Jupin, je viens d'apprendre Qu'il a foudroyé deux pigeons
JURERMonsieur jure après nous ; Mais à tout qu'il se fasse ; Du livre des époux Il n'est qu'à la préface
JUSPrivés de son jus tout-puissant [le jus de la treille], Nous avons vaincu pour en boire
LAIDEROND'un laidron je deviens l'époux, Priant qu'il ne soit que volage
LAISSEAux maîtres de cérémonies Plaise ordonner que, dès demain, Entrent sans laisse aux Tuileries Les chiens du faubourg St-Germain
LAITRedoutez-le [l'amour] pour mille causes, Bien qu'il vous soit frère de lait
LAITLui qui des muses de l'école N'avait jamais sucé le lait
LAMBEAUQuand la censure à son rocher funeste De ton génie a promis les lambeaux
LANCECe drapeau [tricolore] payait à la France Tout le sang qu'il nous a coûté : Sur le sein de la Liberté Nos fils jouaient avec sa lance
LANCERSon aigle [du drapeau tricolore] est resté dans la poudre, Fatigué de lointains exploits ; Rendons-lui le coq des Gaulois ; Il sut aussi lancer la foudre
LANGECette déité [la liberté] Qui laisse en de vieux langes Le monde emmaillotté
LANIÈREEn refaisant des noeuds à ses lanières, Il [Grippe-Minaud] me poursuit encor d'un oeil sournois
LANTERNELanterne en main, dans l'Athènes moderne, Chercher un homme est un dessein fort beau
LARMEDe l'oeil des rois on a compté les larmes, Les yeux du peuple en ont trop pour cela
LAS, LASSEIl [Napoléon] fatigua la victoire à le suivre ; Elle était lasse, il ne l'attendit pas
LEÇONAu ventre toujours fidèle, J'ai pris, suivant ma leçon, Place à dix pas de Villèle [le ministre], à quinze de d'Argenson [le député de l'opposition]
LEÇONUn ministre qui s'irrite Quand on lui fait la leçon
LÉGITIMITÉCombien d'agents illégitimes Servent la légitimité ?
LÉOPARDDe l'Anglais aucun [de mes aïeux] dans nos villes N'introduisit le léopard
LESTELeste et joyeux je montais six étages ; Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans !
LESTEMon cortége, au lieu de prier, Chante là mes vers les plus lestes
LESTERD'une liqueur nouvelle Lestons-nous sur ce bord
LETTREDe ne rien prendre à la lettre Nos juges ont fait serment
LEVERLui-même à table et sans suppôt Sur chaque muid levait un pot D'impôt
LIARDQu'un ramoneur y vende [à Paris] Mon buste pour six liards
LIBÉRAL, ALECet observateur moral Parfois se dit journaliste Et tranche du libéral
LIBERTÉDe quel éclat brillaient dans la bataille Ces habits bleus par la victoire usés ! La Liberté mêlait à la mitraille Des fers rompus et des sceptres brisés
LIBERTÉEst-ce bien vous, vous que je vis si belle, Quand tout un peuple, entourant votre char, Vous saluait du nom de l'immortelle Dont votre main brandissait l'étendard ? ....Oui, vous étiez déesse, Déesse de la Liberté
LIENos fils bien gras, bien dispos, Naîtront parmi les pots, Le front taché de lie
LIERREUnis parfois le lierre Aux roses de la volupté
LILASAu détour d'une eau qui chemine, à flots purs sous de frais lilas, Vous avez vu notre chaumine
LIMEN'ayant pu mordre sur la lime, Le hideux serpent l'avala
LIMERLes jeunes gens me disent : tout chemine ; à petit bruit chacun lime ses fers ; La presse éclaire, et le gaz illumine
LIMITROPHECe n'est point pays limitrophe [St-Domingue], Mais le mal fait tant de progrès ; Princes, vengez ce bon Christophe, Roi digne de tant de regrets
LINCEULArtiste, poëte, savant, à la gloire en vain on s'attache ; C'est un linceul que trop souvent La postérité nous arrache
LIREBerger, sur cet azur tranquille De lire on te croit le secret
LISCes juges, ces pairs avilis Qui te prédisent des merveilles [au duc de Bordeaux], De mon temps juraient que les lis Seraient le butin des abeilles [armoiries des Napoléons]
LISLorsqu'aux yeux du peuple que j'aime Je ceignis les lis éclatants
LISTEDes Anacréons j'ai la liste ; Ils encombrent ville et faubourgs
LISTEIls vont grossir la liste Des gens....
LITDans mon réduit où l'on voit l'indigence Sans m'éveiller assise à mon chevet, Grâce aux amours bercé par l'espérance, D'un lit plus doux je rêve le duvet
LITUn père altier que seul l'intérêt touche, Vous a jetée au lit d'un vieil époux
LIVRÉELes valets, troupe chamarrée, Troquant aujourd'hui leur livrée, Que d'habits bleus nous étalons !
LIVRÉELa liberté !... C'est une bégueule enivrée Qui, dans la rue ou le salon, Pour le moindre bout de galon, Va criant : à bas la livrée !
LOGEMon vieux portier dort dans sa loge
LOGEUn maître fou.... Des loges de Charenton S'est enfui l'autre semaine
LOGEREn moins d'un mois, pour loger ma sagesse, J'ai mis à sec un tonneau de vin vieux
LOGISSi l'on disait : la gaîté vous [les chansons de Béranger] délaisse, Vous répondrez, et pour moi j'en rougis : De notre père accusant la faiblesse, Les plus joyeux sont restés au logis
LOIAu mois de mai j'ai vu Rosette, Et mon coeur a subi ses lois
LOISIROui, ma mie, il faut vous croire, Faisons-nous d'obscurs loisirs
LOTDes erreurs de l'espèce humaine Dieu veut que chacun ait son lot
LOTAu hasard, alors ces matrones [les Parques] Faisant deux lots de notre temps
LOUVREMon appétit s'ouvre, Et mon oeil découvre Les portes d'un louvre En tourte arrondi
LOYERLe mariage est un loyer ; On entre en octobre, on sort en janvier
LOYERDix mille francs, dix mille francs d'amende ! Dieu ! quel loyer pour neuf mois de prison !
LUCREBeaucoup de peine et peu de lucre !
LUIREBelle Octavie ! À tes fêtes splendides, Dis-nous, la joie a-t-elle jamais lui ?
LUMIÈREVous applaudissiez aux lumières D'un siècle aveugle et perverti
LUNETTEBonne maman, consolez-vous, Vous lisez encor sans lunettes
LUNETTEBraque tes lunettes, vieux sire [Jupin], Sur le front couronné par nous
LURON, ONNEAuprès de ta femme, sans crainte, Se glisse un chasseur franc luron
LURON, ONNEEn scène, d'abord admirons La grâce de ces deux lurons
LUTIND'un lutin c'est tout l'esprit, C'est un coeur de tourterelle
LUTINEREn vain l'amour qui me lutine Pour m'arrêter tente un effort
LYREQuittez la lyre, ô ma Muse, Et déchiffrez ce mandat ; Vous voyez qu'on vous accuse De plusieurs crimes d'État
MACHINEDe l'univers observant la machine
MAGOTDu peuple magot s'il se raille, à Paris s'il revient grand train....
MAILLOTNos premiers pas sont dégagés Du vieux maillot des préjugés
MAINS'il me trouve en son chemin, Il me frappe dans la main
MAISONLe pain est cher et la misère est grande, Et pour longtemps je dîne à la maison
MAISONPar des cadeaux son altesse m'entraîne Jusqu'à sa petite maison
MAISOND'après mon blason, Je crois ma maison Plus noble, ma foi, Que celle du roi
MAISONAux filles de bonnes maisons Comme il avait su plaire..
MAÎTREOn disait : il [Napoléon de Sainte-Hélène] va paraître ; Par mer il est accouru, L'étranger va voir son maître
MAÎTREVous n'exaltez, maîtres gloutons, Que la gloire des marmitons
MAÎTRESSEVous vieillirez, Ô ma belle maîtresse, Vous vieillirez, et je ne serai plus
MAÎTRESSEJe possède jeune maîtresse Qui va courir bien des dangers
MAÎTRESSEJ'avais vingt ans, une folle maîtresse
MAL, ALEUn mal cuisant déchire ma poitrine
MAL, ALECes bals charmants où les femmes sont reines, J'y meurs, hélas ! j'ai le mal du pays
MAL, ALEQue de mal nous nous donnons Pour tromper des infidèles !
MAL, ALESur les coussins où la douleur l'enchaîne, Quel mal, dis-tu, vous fait ce roi des rois ?
MALIN, MALIGNEQuoiqu'il fût impossible D'avoir l'air plus malin
MAMANL'amour a peur des grand'mamans
MAMANBonne maman, consolez-vous, Prenez un bâton de vieillesse
MANDATQuittez la lyre, ô ma Muse, Et déchiffrez ce mandat
MANDILLEDe fleurs j'ai garni sa mandille [de Béranger] ; Pauvres pécheurs, priez pour moi !
MANGERMangeons gaîment l'argent de mon tombeau
MANGERMaint vieux parent me répète Que je mange ce que j'ai
MANIÉRÉ, ÉEFi des coquettes maniérées !
MANSARDEDans la mansarde, me voilà, Me voilà pauvre balayeuse
MANTEAUL'hiver.... Étend son manteau de glace Sur nos champs et nos cités
MANUSCRIT, ITEQu'un ministre qui s'irrite Quand on lui fait la leçon, Lise tout bas ma chanson, Qui lui parvient manuscrite
MARAUDEURChez Vénus j'entre en maraudeur ; C'est tout fruit vert que j'en rapporte
MARBRIERGrâce au ciseau du marbrier, Une couronne de laurier Va d'orgueil enivrer mes restes
MARCHÉS'il est un plaisir qu'il n'ait pas, C'est qu'au marché ce plaisir manque
MARCHERConscrits, au pas, Marchez au pas
MARIÉ, ÉEMa soeur est-elle mariée ? Avez-vous vu de nos garçons La foule, aux noces conviée, La célébrer dans leurs chansons ?
MARIERAu pampre tu [France] peux marier Olive, épi, rose et laurier
MARMAILLETrois douzaines de Cupidons Hier mendiaient, et la marmaille Les poursuivait de gais lardons
MARMITONDes lois de table L'ordre équitable De tout coupable Fait un marmiton
MARMOTPuis en vrai croque-mitaine, Tu feras peur aux marmots
MARMOTNous n'avons, accablés de maux, Pour nous, ton père et six marinots, Rien que ta bêche et ma quenouille
MAROTTELe ciel nous dote D'une marotte Tour à tour grave et quinteuse et falote
MARQUERVa, mon fils, garde ta candeur ; Et que ton étoile ne marque Par l'éclat ni par la grandeur
MARQUISVers son vieux castel Ce noble mortel Marche en brandissant Son sabre innocent ; Chapeau bas ! chapeau bas ! Gloire au marquis de Carabas
MARRAINEQuoi ! la gloire fut en personne Leur marraine un jour de combat [des généraux à qui Napoléon donnait un titre] ?
MARTEAULe marteau de la tyrannie Sur les autels rive nos fers
MARTINETNotre empereur portait longue férule, Puis est venu le martinet royal
MARTYRELisette, dont l'empire S'étend jusqu'à mon vin, J'éprouve le martyre D'en demander en vain
MASQUED'un masque saint ils couvrent leur vengeance ; Rougiraient-ils devant ma probité ?
MATINDes nations aujourd'hui la première, France, ouvre-leur un plus large destin : Pour éveiller le monde à ta lumière, Dieu t'a dit : brille, étoile du matin !
MATRONEAu hasard alors ces matrones [les Parques] Faisant deux lots de notre temps
MAUDIREL'étranger envahit la France, Et je maudis tous ses succès
MAUSSADELe vin s'aigrit dans mon gosier Chez un traiteur maussade
MÉCHANT, ANTEAigles et cygnes, quoi qu'on fasse, Sont toujours de méchants ragoûts
MÉCRÉANT, ANTENotre maire, un peu mécréant, à maint sermon répond : néant
MÉDAILLENostradamus.... a prédit dans ses vers Qu'en l'an deux mil, date qu'on peut débattre, De la médaille on verrait le revers
MÊLERJadis les Parques ont, je gage, Mêlé votre fil et le mien
MÉMOIREJe me souviens, car j'ai bonne mémoire, Du premier jour où je te mis
MÉMOIRELes siècles pour tant de hauts faits N'auront point assez de mémoire
MÉMOIREPuissent ainsi dans la mémoire Nos deux noms se graver un jour !
MÉMOIREMais il [le roi] soldera les mémoires Du pain, du foin et des victoires
MÉNAGER, ÈRECommissaire ! commissaire ! Colin bat sa ménagère
MÉNÉTRIERJe ne suis qu'un vieux bonhomme, Ménétrier du hameau
MÈREJe les entends rire en buvant Chez la mère Simonne
MERVEILLEPour elle, ce n'est pas merveille De troubler l'ordre de mes jours
MESSAGEIl [le pigeon messager] est tombé, las d'un trop long voyage ; Rendons-lui vite et force et liberté ; D'un trafiquant remplit-il le message ? Va-t-il d'amour parler à la beauté ?
MESURERNous qui mesurons la terre à la longueur de nos bras
MÉTÉOREHélas ! rapide météore, Trop vite elle [la sylphide] a fui loin de nous
MICROSCOPEMais vos défauts [des chansons de Béranger] vont être bien sentis ; C'est le ciron vu dans un microscope
MIEMa mie, Ô vous que j'adore, Mais qui vous plaignez toujours....
MIETTEM'est-il tombé des miettes de fortune, Tout bas je dis : ce pain ne m'est pas dû
MIEUXEn attrapant mieux que des puces, On a vu carlins et bassets Caresser Allemands et Russes
MIEUXÀ table trouvant tout au mieux, Je crois qu'un ordre des cieux Tient en haleine la sagesse
MIGNON, ONNEUn essaim de grivois Buvant à leurs mignonnes
MIGRAINERien qu'à voir mousser le champagne, Déjà la migraine le gagne
MIJAURÉEJe préfère à ces mijaurées Ma Jeannette, ma Jeanneton
MINCEAvec son habit un peu mince, Avec son chapeau goudronné, Comme l'honneur de la province Ce Bourguignon [vin de Bourgogne] nous est donné
MINEPlus d'un brun à large poitrine Avait là crédit sur sa mine
MINET, MINETTETu réveilles ta maîtresse, Minette, par tes longs cris
MINISTÈREDe tout Cythère Sois le courtier ; On payera bien ton ministère
MINISTREEncore une étoile qui file ?... Mon enfant, quel éclair sinistre ! C'était l'astre d'un favori Qui se croyait un grand ministre Quand de nos maux il avait ri
MINOISJadis ton maître a fait maintes folies Pour des minois moins friands que le tien
MIRAGETel qu'aux déserts parfois brille un mirage, Aux coeurs vieillis j'offre un doux souvenir
MIROIRDans nos refrains que le passé renaisse ; L'illusion nous rendra son miroir
MITRAILLELa liberté mêlait à la mitraille Des fers rompus et des sceptres brisés
MODEPuiser dans la Bible est de mode ; Prenons-y le sujet d'une ode
MODESTEMa vengeance est bien modeste
MODULERCes jours sont loin, poursuit-elle [la fée], où ton âme comme un clavier modulait tous les airs
MOISSONRappelez-leur que l'aquilon terrible De nos lauriers a détruit vingt moissons
MOISSONNERL'indigence glane chez d'autres, Mais elle moissonnait chez lui [un riche]
MOISSONNEREt si la mort toujours moissonne, [Amour] Ne te lasse pas de semer
MOITIÉPour ton bonheur qu'ils [l'hymen et l'amour] règnent de moitié
MOMUSMomus a pris pour adjoints Des rimeurs d'école ; Des chansons en quatre points Le froid nous désole
MONDED'un bout du monde à l'autre bout L'habit fait tout
MONDEPaix au travail ! paix au sol qu'il féconde ! Que par l'amour les hommes soient unis ! Plus près des cieux qu'ils replacent le monde !
MONDEQui découvrit un nouveau monde ? Un fou, qu'on raillait en tout lieu
MONITEURUn ministre veut m'enrichir, Sans qu'au Moniteur on m'affiche
MONNAIEJe suis un sou de bon aloi ; Mais en secret argentez-moi, Et me voilà fausse monnaie
MONSIEURDe le frapper je suis las ; Mais dans ses dents monsieur gronde....
MONTERPour tromper leur douleur mortelle, Soudain un théâtre est monté
MOROSEAmis, hier, j'étais faible et morose, L'aimable fée apparaît à mes yeux
MORVEUX, EUSEUn morveux d'officier m'outrage ; Je lui fends !... il vient d'en guérir
MOTNe soufflez mot, retenez votre haleine ; Tremblez, enfants, vous qui jurez parfois
MOUCHARDMais nous qui de maints brocards Poursuivons jusqu'aux mouchards
MOUCHEREn feignant de la moucher, Qu'on éteigne la lumière
MOUILLERTu t'arrêtes, et ma souffrance Semble mouiller tes yeux de pleurs
MOUSSELe désir cherche un lit de mousse, Le monde est loin, l'herbe est si douce
MOUSSERVin.... Tu disparais, et sous nos yeux Mousse un nectar digne des dieux
MOUSTACHERetroussant ma moustache blonde, Sous un uniforme brillant
MOUTONRobert, enfant de mon village, Retourne garder tes moutons
MUGIRL'enfer mugit d'un effroyable rire
MUSCT'ai-je imprégné [mon habit] des flots de musc et d'ambre Qu'un fat exhale en se mirant ?
MUSEJ'ai pris pour passagère La muse des chansons
MUSEJouy déjà gronde ma muse, Dont il soutint les premiers pas
MUSEQuittez la lyre, ô ma muse, Et déchiffrez ce mandat ; Vous voyez qu'on vous accuse De plusieurs crimes d'État
MUSETTEUnissez vos joyeux sons, Musettes Et chansons
MUTIN, INEJ'ai le pied leste et l'oeil mutin, Soldats, voilà Catin
MYOPEL'in-32 trompait l'oeil du myope, Mais vos défauts vont être tous sentis
MYRMIDONMyrmidons, Enfin nous commandons ; Jupiter livre le monde Aux myrmidons
MYSTÈREÉlecteurs, j'ai, sans nul mystère, Fait de bons dîners l'an passé
NACELLEC'est un ballon : voici la banderole, Et la nacelle et le navigateur
NACELLESur une onde tranquille, Voguant soir et matin, Ma nacelle est docile Au souffle du destin
NACELLEQui vient encor saluer la nacelle ? C'est le malheur bénissant la vertu
NAGEVieux bâtiment usé par tous les flots, Il [le monde] s'engloutit ; sauvons-nous à la nage
NAIN, AINED'anciens châteaux s'offraient-ils à mes yeux, Point n'invoquais, à la porte fermée, Pour m'introduire, un nain mystérieux
NAPPEOn peut bien manger sans nappe ; Sur la paille on peut dormir
NARGUEL'amour, l'amitié, le vin Vont égayer ce festin ; Nargue de toute étiquette
NARGUERNarguer les mécontents, Eh gai ! c'est la devise Du gros Roger Bontemps
NASILLARD, ARDEL'un veut guider le corbillard, Et l'autre d'un ton nasillard Me psalmodie une prière
NATAL, ALEC'est l'air natal qui séchera tes larmes
NATIONLes nations, reines par nos conquêtes, Ceignaient de fleurs le front de nos soldats
NATURECombien la nature est féconde En plaisirs ainsi qu'en douleurs !
NAUFRAGEDans nos discords j'ai fait plus d'un naufrage, Sans jamais fuir la France et son doux ciel
NAUFRAGEQu'elle [la patrie] se relève à jamais Du grand naufrage de la Loire
NAVIGATEURIci, que vois-je ? est-ce un aigle qui vole, Et du soleil mesure la hauteur ? C'est un ballon ; voici la banderole, Et la nacelle et le navigateur
NAVIREQu'il va lentement le navire à qui j'ai confié mon sort !
NÉ, NÉEChez un tailleur, mon pauvre et vieux grand-père, Moi nouveau-né, sachez ce qui m'advint
NÉANTNotre maire, un peu mécréant, à maint sermon répond : néant
NECTARQuand des corbeilles de l'automne S'épanche à flots un doux nectar
NEFDès qu'on signale une nef vagabonde, Serait-ce lui [Napoléon] ? disent les potentats ?
NEIGERLes ans font-ils neiger sur nous, à nos yeux tout se décolore
NET, ETTE,Si ma conscience est nette, Ma bourse l'est encor plus
NET, ETTE,Oui, chanson, muse, ma fille, J'ai déclaré net Qu'avec Charle et sa famille, On te détrônait
NEUF, EUVEUn page Dénichant enfin à son tour Fille de vingt ans neuve et sage
NEUF, EUVEJe croyais qu'on allait faire Du grand et du neuf
NEZLaissez-moi donc sous ma bannière, Vous, messieurs, qui, le nez au vent, Nobles par votre boutonnière, Encensez tout soleil levant
NIDDéjà l'oiseau butine pour son nid
NIDPour qu'un jour, mignonne, j'aille Où les anges font leurs nids
NIVELERPartout la Providence Veut, en nous protégeant [nous contrebandiers], Niveler l'abondance, Éparpiller l'argent
NIVELEURCharle avait dit : que juillet qui s'écoule Venge mon trône en butte aux niveleurs
NOBLED'après mon blason Je crois ma maison Plus noble, ma foi, Que celle du roi
NOCEMa soeur est-elle mariée ? Avez-vous vu de nos garçons La foule aux noces conviée La célébrer dans leurs chansons ?
NOCELe lendemain l'époux cent fois Raconte à la noce égayée....
NOEUDEn refaisant des noeuds à ses lanières, Il [Grippeminaud] me poursuit encor d'un oeil sournois
NOEUDQue de goguettes ! Que d'amourettes ! Jamais de dettes : Point de noeuds constants
NOIR, OIRESur son navire un capitaine Transportait des noirs au marché
NOMBREConsolons par ce mot-là [tout est perdu, fors l'honneur] Ceux que le nombre accabla
NONNEAux bons coeurs, ajoute la nonne, Quand mes prières s'adressaient, Du riche je portais l'aumône Aux pauvres qui me bénissaient
NORD....Enfin la tyrannie Fait signe au Nord de déborder sur nous
NOTABLEPlus d'un personnage notable Là souvent devient délateur
NOTEQuand sur son règne [de l'usurpateur] on prend des notes
NOTED'un gai refrain, à ce lutrin, Pour qu'on suive la note, De main en main, Jusqu'à demain, Passons-nous la marotte
NOUVELLELe monde sait de mes nouvelles, Mais on y rit de tout cela
NOYERBuvez un peu ; c'est dans le vin qu'on noie L'ennui, l'humeur et les chagrins
NU, NUEGrand Dieu ! que ses formes sont belles [de l'Apollon du Belvédère] ! Surtout les beaux nus que voilà !
NUAGEDu romantisme jeune appui, Descends de tes nuages
NUITLa nuit a ralenti les heures ; Le sommeil s'étend sur Paris
OBSERVATEUR, TRICECet observateur moral Parfois se dit journaliste, Et tranche du libéral
OCCURRENCESi du trône par occurrence Un roi tombait ; que subito On le ramène en son château
OCTROIIl grelottait dans sa coquille, Quand d'un luth je lui fis l'octroi
OCTROYERL'aveu que ma bouche octroya Mit les droits de l'homme à quia
OEILLADEPartout ses yeux, pour m'alarmer, Provoquaient l'oeillade indiscrète
OEUVREJ'ouvre ma bourse à la science occulte, Mon coeur crédule au grand oeuvre a recours
OGREPetits poucets de la littérature, S'il vient un ogre, évitez bien sa dent
OGREL'ogre a dîné ; peuples, payez la carte ; Faites un roi, morbleu ! faites un roi
OISEAUIl découvre aussi l'oiseau rare [la jeune fille] Qu'attendait le roi très chrétien
OISELETPauvre oiselet, j'ai pu trouver un nid
OLYMPEL'outre était pleine : il en sort un Olympe ; Le vin de Chypre a créé tous les dieux
OMBRAGEJe reposais sous l'ombrage, Quand Néris vint m'éveiller
OMBREC'est à l'ombre de l'indigence Que j'ai trouvé la liberté
ONÉREUX, EUSEIl n'avait de goût onéreux Qu'une soif un peu vive
ONGUENTLes protestants n'ont pas trouvé D'onguent pour la brûlure
OPÉRERJ'espère Que le vin opère ; Oui, tout est bien, même en prison ; Le vin m'a rendu la raison
ORQue dans l'or mangent les grands ; Il ne faut à deux amants Qu'un seul verre, qu'une assiette
ORMalgré la voix de la sagesse, Je voudrais amasser de l'or
ORJe le dis sans blesser personne, Notre âge n'est pas l'âge d'or
ORACLELa raison, par ses conquêtes, Nous bannit des vieux donjons, Le monde a changé d'oracles, Nos prodiges ont cessé, L'homme fait les miracles ; Notre règne est passé
ORAGEBon vieillard, plaignez ma jeunesse, En butte aux orages des cours
ORANGERAcceptez ces fleurs d'oranger ; Qu'à votre voile on les attache
ORCHESTRE[Mon violon] C'était l'orchestre du village ; Plus de fêtes, plus d'heureux jours
ORDONNANCEPas d'entraves à la pensée Par ordonnance de Bacchus
ORDREJ'ai sur toutes les requêtes Demandé l'ordre du jour
OREILLEDéjà me tirant par l'oreille, L'ambition hâte mes pas
OREILLERRose, partons ; voici l'aurore ; Quitte ces oreillers si doux
OREILLEREn philosophe, hier sur l'oreiller, J'ai mis mon âme en train de babiller
OREILLERPour qui s'épuise à travailler, La mort est un doux oreiller
ORGIESFolle et tendre orgie ! La face rougie, La panse élargie, Là chacun est roi
ORGUEDebraux, dix ans, régna sur la goguette, Mit l'orgue en train et les choeurs des faubourgs
ORIPEAUChamarré de vieux oripeaux, Ce roi, grand avaleur d'impôts, Marche entouré de ses fidèles
ORPHÉERien ne prédit la gloire d'un Orphée à mon berceau qui n'était pas de fleurs
OUBLIMa bonne fée, au seuil du pauvre barde, Oui, vous sonnez la retraite à propos ; Pour compagnon, bientôt dans ma mansarde, J'aurai l'oubli, père et fils du repos
OUBLIEUX, EUSETon sexe faible est oublieux des crimes
OUÏRLa nuit revient son ombre [du ménétrier] : Oyez ces sons lointains
OUVERT, ERTETon sexe faible est oublieux des crimes ; Mais, dans ces murs ouverts à tant de peurs, N'entends-tu pas des ombres de victimes Mêler leurs cris à tes soupirs trompeurs ?
OUVRIRDieu bénira-t-il la vendange Qu'on ouvrira sans violon ?
PACOTILLEIl est minuit ; çà qu'on me suive, Hommes, pacotille et mulets
PACOTILLEJ'ai de la fraude en pacotille, Qu'à la barrière on saisirait
PAILLASSEPierrots et paillasses Charment sur les places Le peuple ébahi
PAILLASSESaute pas à demi, Paillasse, mon ami, Saute pour tout le monde
PAILLEOn peut bien manger sans nappe ; Sur la paille on peut dormir
PAILLESi l'on croyait la canaille, La charte serait de feu Et le monarque de paille
PAILLEDe mon berceau près de bénir la paille, En me créant Dieu m'a dit : ne sois rien
PAILLETrois douzaines de Cupidons Qu'une actrice a mis sur la paille
PAINLe Russe.... Las de pain noir et de gland, Veut manger notre pain blanc
PAIR, AIRESatan dit un jour à ses pairs : On en veut à nos hordes
PAIR, AIREJ'ai fait plus que maint duc et pair Pour mon pays que j'aime
PALAISDans nos palais, où près de la victoire Brillaient les arts, enfants des beaux climats, J'ai vu du nord les peuplades sans gloire De leurs manteaux secouer les frimas
PALMEOui, d'âge en âge, une palme féconde Doit de tes fils protéger les tombeaux
PAMPRESur nos coteaux que le pampre naissant Serve à couronner la victoire
PANPan ! pan ! est-ce ma brune, Pan ! pan ! qui frappe en bas ?
PANSESachez qu'hier, la panse ronde Et l'oeil obscurci par Bacchus, Jupin....
PANTALONLes anciens préjugés renaissent ; On va quitter les pantalons
PANTINDe leur humeur mélancolique Ils [les noirs] sont tirés par des pantins
PANTINParce qu'il court et va partout [l'homme], Ce pantin se croit libre
PARIVoilà des boxeurs à Paris, Courons vite ouvrir les paris
PARLEROn parlera de sa gloire Sous le chaume bien longtemps
PARLERJ'osais vous parler bataille, Et chanter nos fiers soldats
PARQUETPlus le parquet brille, Plus on fait de faux pas
PARTIl m'enivra de champagne, Et Rose fit lit à part
PARVISSeule à tâtons au parvis Notre-Dame Elle vient hiver comme été
PASPieds nus, sans pain, sourds aux lâches alarmes, Tous à la gloire allaient du même pas
PASConscrits, au pas ; Ne pleurez pas, Marchez au pas
PASSAGEJe pars à pied modestement, Quand de bons vivants au passage M'offrent un déjeuner charmant
PASSAGER, ÈREVoyez, amis, cette barque légère, Elle contient gentille passagère
PASSAGER, ÈREJ'ai pris pour passagère La muse des chansons
PASSERPassez les mots aux rieurs, Les plus gros sont les meilleurs
PASSERÀ tant d'esprit passez la négligence : Ah ! du talent le besoin est l'écueil
PATATI, PATATAEt patati et patata, Prêtons bien l'oreille à ce discours-là
PÂTIRPrès de beauté touchante Mon coeur en vain pâtit
PATRIEReine du monde, ô France, ô ma patrie, Soulève enfin ton front cicatrisé ; Sans qu'à tes yeux leur gloire en soit flétrie, De tes enfants l'étendard s'est brisé
PATRIOTISMEOn siffle le patriotisme ; Ce qu'on sait le mieux c'est compter
PÂTURECet ange [une jeune fille].... M'apparut jetant la pâture Aux oiseaux un jour de frimas
PAUVREJeté sur cette boule, Laid, chétif et souffrant, Étouffé dans la foule, Faute d'être assez grand ; Une plainte touchante De ma bouche sortit ; Le bon Dieu me dit : chante, Chante, pauvre petit !
PAVOISÉ, ÉEMille vaisseaux iront sur l'onde, Chargés de vins, et de fleurs pavoisés
PAYERJ'ai de la rancune de prince ; Mon bon roi, vous me le paierez
PAYSVous que j'appris à pleurer sur la France, Dites surtout aux fils des nouveaux preux Que j'ai chanté la gloire et l'espérance Pour consoler mon pays malheureux
PEAUUn serpent qui fait peau nouvelle, Dès que brille un nouveau printemps....
PÊCHERC'est un ours mal léché, Votre homme ; où l'avez-vous pêché ?
PÉDANTDenys, chassé de Syracuse, à Corinthe se fait pédant
PENSIONNERAu fait, pourquoi pensionner Ma muse indépendante et vraie ?
PERDREÉcoute, mouchard, mon ami, Je suis ton capitaine ; Sois gai pour tromper l'ennemi, Et chante à perdre haleine
PERDREJe sens déjà crouler notre planète ; L'observatoire y perdra ses compas
PÉTILLANT, ANTEElle est fraîche et rondelette ; Son oeil noir est pétillant
PÉTILLERUn chambellan qui de clinquant pétille
PETIOT, IOTESa femme, en s'en moquant tout bas, Me dit : petiot, ne vieillis pas
PEUPLEPeuples, formez une sainte alliance, Et donnez-vous la main
PEUPLEBras, tête et coeur, tout était peuple en lui
PEUPLERPauvres enfants ! de fantômes funèbres Quelque nourrice a peuplé vos esprits
PEUROui, je voudrais qu'elle [ma maîtresse] fût laide, Mais laide à faire peur
PHALANGEFourier nous dit.... Peuple.... Travaille, groupé par phalange, Dans un cercle d'attractions
PHÉNIXUn tribunal impuissant Au bûcher livra l'Émile, Phénix toujours renaissant
PICAprès une suite traîtresse De pics, de repics, de capots
PIÈCEPour gagner la pièce ronde
PIEDPieds nus, sans pain, sourds aux lâches alarmes, Tous à la gloire allaient du même pas
PIEDCe dieu [l'hymen] chez lui, calculant à toute heure, Y laisse enfin l'intérêt prendre pied
PIEDEt je retrouve encore Trois pieds d'un vers charbonnés sur le mur
PIÉDESTALTel vécut sur un piédestal, Qui n'aura jamais de statue
PIERROTPierrots et paillasses Charment sur les places Le peuple ébahi
PIGEONPigeons, vous que la muse antique Attelait au char des amours, Où volez-vous ? Las ! en Belgique Des rentes vous portez le cours
PILLERUn bel esprit, beau de l'esprit qu'il pille
PILOTESachez pourtant, pilotes [ministres] du royaume, Combien j'admire un homme de vertu....

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