L'oeuvre Chansons de Pierre Jean de BÉRANGER

Ecrit par Pierre Jean de BÉRANGER

Date : 1812

Citations de "Chansons"

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COUCHESi, par nous abrité, Il s'endort sur la couche De l'hospitalité
COUCHETTEMais le plus heureux des maris, En quittant sa couchette, Demain se pavanera
COUDOYERLa décence même y babille, Et par la gaîté qui prend feu, Se laisse coudoyer un peu
COUDREJe l'ai vue heureuse et parée ; Elle cousait, chantait, lisait
COULERS'il faut mon sang pour la victoire, Agnès, tout mon sang coulera
COULEURJe dois vaincre, j'ai de ma belle Et les chiffres et la couleur
COULEUR... Qui pouvait répondre Que le ciel.... N'eût point vu sur la tour de Londre Flotter en fin les trois couleurs !
COULEURQuand secouerai-je la poussière Qui ternit ses nobles couleurs ?
COULEURM. Judas .... soutient avec chaleur Qu'il n'a joué qu'un seul rôle Et n'a pris qu'une couleur
COULISSENous n'irons plus dans les coulisses Brailler en choeur à l'opéra
COULISSEGrands réformateurs, Piliers de coulisses
COUPDu vin vieux d'un hôte aimable Il faut boire à petits coups
COUPTandis que.... coup sur coup, Pour ma santé je bois beaucoup
COUPEChez l'étranger la mort l'atteint ; Qu'il dut trouver sa coupe amère !
COUPE-CHOUXAh ! préférez à leur audace [de Voltaire et des siens] L'esprit d'un frère coupe-choux
COUPERCoupons court Aux erreurs de la jeunesse
COUPLEDe ce couple qui s'aime Livrons la vie au sarcasme des cours
COUPLETDenys, sur moi fais donc vite un couplet
COURVous êtes bien en cour ? Pourvoyez-nous d'une riche abbaye
COURJe vais au palais d'une altesse Et j'achète un habit de cour
COURIRNous promettons pour cette grâce De sauter pour les gens en place, De courir sur les malheureux
COURIRÀ courir les fillettes.... Il s'est couvert de dettes
COURONNEBelles, vous portez à quinze ans La couronne de l'innocence
COURSSur un ruisseau rapide Vers la France entraîné, Il s'assied l'oeil humide Et le front incliné ; Dans ces champs qu'il regrette, Il sait qu'en peu de jours, Ces flots que rien n'arrête Promèneront leur cours
COURSIERLe sang remonte à son front qui grisonne, Le vieux coursier a senti l'aiguillon
COURT, COURTECoupons, morbleu, coupons court Aux erreurs de la jeunesse
COURTIERDe tout Cythère Sois le courtier : On paiera bien ton ministère
COURTOISIEPenses-tu que par courtoisie Le monde entier te fasse accueil ?
COUSSINSur les coussins où la douleur l'enchaîne, Quel mal, dis-tu, vous fait ce roi des rois ?
COUSU, UEAux pieds de prélats cousus d'or Charles dit son confiteor
COUVERTMais, que vois-je ! de bons amis Que rassemble un couvert bien mis
CRACHATIls ont des titres, et, je crois, Des crachats et même des croix
CRAMPONNERCet homme est-il bien de ma race [Juifs] ? .... à mes fils comme il se cramponne !
CRAVATEVous figurez-vous Ce diable habillé d'écarlate ? Bossu, louche et roux ; Un serpent lui sert de cravate ; Il a le nez crochu
CRÉDITMais nous avons là vingt bouteilles, Et le traiteur nous fait crédit
CRÉDITMon hôte à crédit me traite ; J'ai bonne chère et vin vieux
CRÉERNotre esprit qu'Amour seconde, Au coin du feu crée un monde Qu'un doux ciel toujours féconde, Où s'aimer tient lieu de bien
CRÉNEAUGrâce à mes créneaux, à mes arsenaux, Je puis au préfet Dire un peu son fait
CRÊTEJe franchirais ces monts à crête immense, Où je crois voir nos vieux drapeaux flottants
CREUSETTon art [l'alchimie] est sûr ; le Pactole et Jouvence Dans le creuset vont marier leurs flots
CREVERIl [Satan] jure, il grimace, il se tord, Il crève comme un hérétique
CRIN'entend-on pas le qui-vive des gardes, Qui se mêle au cri des verrous ?
CRIERLes bigots, par rancune, Au sorcier criaient tous
CRIERC'est le vent, me dites-vous, Qui fait crier la serrure
CRIMEGourmands, cessez de nous donner La carte de votre dîner ; Tant de gens qui sont au régime Ont droit de vous en faire un crime
CRISTALDans un beau palais de cristal, Hélas ! Urgande est retirée
CRISTALQue de cristaux, de bronzes, de colonnes ! Tributs de l'amour à l'amour
CROISERNous nous aimions sans nous connaître ; Nos baisers se croisaient dans l'air
CROIXSouvent ce lâche effronté Porte l'habit militaire Avec la croix au côté
CROIXMon fils le baron, Quoiqu'un peu poltron, Veut avoir des croix ; Il en aura trois
CROQUANTBien qu'après coup tous ces croquants Osent me traiter d'antiquaille
CROQUE-MITAINEToi .... Prends l'arme de ce héros ; Puis, en vrai croque-mitaine, Tu feras peur aux marmots
CROQUERIl eût de la pomme d'Ève, Ah ! Croqué jusqu'au dernier pepin
CROQUERTurpin d'abord trouve lui-même Coeur de vingt ans non profané ; Mais un bon moine de Télème Le croque à l'instant sous son né
CROULERN'est-ce que quand la maison croule Qu'on permet de crier au feu ?
CROUPIRMais à l'homme on crie en tout lieu, Qu'il s'agite, Ou croupisse au gîte, Tu nais, bonjour, tu meurs, adieu
CRUMoi, gai comme un dieu sans nectar, Au vin du cru je me résigne
CUEILLETTEOui, d'abord vivant de nos miettes, Il [l'homme] prit de nous [singes] l'art des cueillettes
CUISANT, ANTEUn mal cuisant déchire ma poitrine, Ma faible voix s'éteint dans les douleurs
CUISANT, ANTEMes bons amis, du sort et de l'envie On brave ainsi les traits cuisants
CUISTRENul front sinistre ; Propos de cuistre, Airs de ministre N'y sont point permis
CUL ou CUQuoi ! vivrez-vous donc toujours, Vieux petits culs nus d'amours ?
CUPIDONTrois douzaines de Cupidons Qu'une actrice a mis sur la paille
CUVEPrès de la cuve qui bouillonne On voit s'égayer le vieillard
CUVERPeins-nous ses feux [de Tibère] qu'en secret tu redoutes, Quand sur ton sein il cuve son nectar
CYGNEJ'ai pris femme noble aux doux yeux, Aux mains blanches, au cou de cygne
CYGNEMais il ne faut pas qu'on ignore Qu'en chantant le cygne a fini
DAISDe l'homme inculte il adoucit la vie, Et sous le dais montre au doigt les tyrans
DAMASLe vois-tu bien [le bonheur] là-bas, là-bas, Là-bas, là-bas, c'est en Asie ? Roi, pour sceptre il porte un damas Dont il use à sa fantaisie
DAMOCLÈSDe Damoclès l'épée est bien connue ; En songe, à table, il m'a semblé la voir ; Sous cette épée et menaçante et nue Denys l'ancien me forçait à m'asseoir
DANSERHeureux villageois, dansons
DANSERTandis qu'à mes yeux la belle Chante et danse à ses chansons
DANSERChers enfants, chantez, dansez, Votre âge Échappe à l'orage
DEEh quoi ! j'apprends que l'on critique Le de qui précède mon nom
DÉBARQUEREn Bourgogne je débarquai, Pour la chanson climat propice ; Nous trouvons, buvant sur le quai, Le vieux mari de ma nourrice
DÉBORDERPour l'étouffer [la liberté] en vain la tyrannie Fait signe au nord de déborder sur nous
DÉBOUCHÉL'ennui les tuait [des nègres] par vingtaine ; Peste, dit-il [le négrier], quel débouché !
DÉBRISQuoi ! ces monuments chéris, Histoire De notre gloire, S'écrouleraient en débris ?
DÉBUTPour le théâtre ayant quitté l'aiguille, à mon début Craignant quelque rebut
DÉCÈSPour recoudre à fond mes goussets, J'aurais dû prendre à son décès Les aiguilles de mon grand-père [un tailleur]
DÉCHARNÉ, ÉESon coursier décharné De loin chez nous l'a ramené
DÉCHIFFRERQuittez la lyre, ô ma muse ! Et déchiffrez ce mandat
DÉCHIFFRERQu'importe à moi que mon nom sur la pierre Soit déchiffré par un futur savant ?
DÉCHIRERUn mal cuisant déchire ma poitrine
DÉCLINLa princesse avait une dame, Dame d'honneur, fleur au déclin
DÉCLINSoleil si doux au déclin de l'automne !
DÉCOLORERLes ans font-ils neiger sur nous, à nos yeux tout se décolore
DÉCORERDe nouveaux noms la France se décore ; à l'aigle éteint nous redevons des pleurs
DÉDALEJ'ai trop bravé nos tribunaux ; Dans leurs dédales infernaux, J'entends Cerbère et ne vois point Minos
DEDANSUn coffre et rien dedans, Eh gai c'est la richesse Du gros Roger Bontemps
DÉDICACEOn lit dans une dédicace Qu'en latin il citait Horace
DÉESSEEst-ce bien vous, vous que je vis si belle Quand tout un peuple, entourant votre char.... De nos respects, de nos cris d'allégresse, De votre gloire et de votre beauté, Vous marchiez fière ; oui, vous étiez déesse, Déesse de la liberté
DÉFAIT, AITEJ'ai vu sa parure enfantine Plaire par ce qui lui manquait, Ruban perdu, boucle défaite ; Elle était bien, la voilà mieux
DÉFAUTLindor par son audace Met la ruse en défaut
DÉFIMars enfin comble nos misères ; Des rois nous payons les défis
DÉFONCÉ, ÉEPouffant de rire à voir couler sa vie Comme le vin d'un tonneau défoncé
DÉFOURNERDes gens enfournent ; D'autres défournent ; Aux broches tournent Veau, boeuf et mouton
DÉFROQUEFripier, vite que l'on me donne La défroque d'un chambellan
DÉFUNT, UNTEVierge défunte, une soeur grise Aux portes des cieux rencontra Une beauté leste et bien mise
DÉGALONNERTous, dégalonnant leurs costumes, Vont au nouveau chef de l'État De l'aigle mort vendre les plumes
DÉGOÛTMon parrain, dès qu'il l'eut apprise [cette histoire], Me prédit le dégoût du vin
DÉIFIERVous rampiez tous, ô rois qu'on déifie !
DÉLABRÉ, ÉEQuand la goutte l'accable Sur un lit délabré
DÉLASSERAutour de moi, sous l'ombrage, Accourez vous délasser
DÉLIVRERMonsieur Loyal, délivrez-moi quittance ; Vive le roi, voilà dix mille francs
DÉLOGERNon, dit la voix, plus de fêtes ; Esprits, vite délogeons
DÉMAGOGIEPuis j'irais pour démagogie En prison terminer l'orgie
DEMANDEROn rit du fou qui sur sa lyre Chante à la porte en demandant
DÉNICHERDans nos bois souvent dès l'aurore, J'ai déniché de frais appas
DÉNIGRANT, ANTEÇà, mesdames les dénigrantes, Si cet honneur vient la trouver....
DENTDe le frapper je suis las, Mais dans ses dents monsieur gronde
DÉPENSEQu'une autre écrive la dépense.... Je veux que mon maître de danse...
DÉPENSERPour dépenser sa vie en peu d'instants.... Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans !
DÉPÉRIRL'État n'a point dépéri, Je reviens gras et fleuri
DÉPOUILLEDans les changements qui surviennent Les dépouilles nous appartiennent
DÉRIDERLa gaîté qu'il savait répandre Eût déridé le front d'un roi
DÉSENIVRERTout roi que la peur désenivre Nous prodigue aussi les joujoux
DÉSERTERLa liberté déserte avec ses armes
DÉSERTEURExempt d'impôt, déserteur de phalange [non inscrit dans la garde nationale], Je suis pourtant assez bon citoyen
DÉSHABILLERSeigneurs, banquiers et notaires La feront encor briller ; Puis encor des mousquetaires Viendront la déshabiller
DÉSHÉRITERPuis ma chanson favorite Aux guerriers qu'on déshérite Ferait chérir le hameau
DESSEINLanterne en main, dans l'Athènes moderne Chercher un homme est un dessein fort beau
DESSOUSD'abord ils [les noirs] ne savent qu'en dire [des marionnettes] ; Ils se regardent en dessous
DESSOUSHommes noirs, d'où sortezvous ? Nous sortons de dessous terre
DÉTESTABLEBéni sois-tu, vin détestable ! Pour moi tu n'es point redoutable
DÉTONNERPour Batyle aux fraîches couleurs Quand Anacréon détonne [il s'agit des amours grecs]
DÉTRESSEVous qu'afflige la détresse, Croyez que plus d'un héros Dans le soulier qui le blesse Peut regretter ses sabots
DÉVIERVous dont le char dévie Après un cours heureux
DÉVOLU, UELes honneurs me sont dévolus, J'ai cinquante écus
DÉVORERGens que l'avarice dévore, Pour votre or soudain j'ai frémi
DIABLEÀ moins de douze couplets, Au diable une chansonnette !
DIABLEMa filleule, où diable a-t-on pris Le pauvre parrain qu'on vous donne ?
DIABLOTINDiablotins, par ribambelle, Viennent baiser ses pieds nus
DIEUDans mes calculs, Dieu ! quel déboire, Si de ton héros je parlais !
DIMANCHEGrâce à l'or de mon jeune amant, Là tous mes jours sont des dimanches
DÎMED'anciens Gaulois.... Levaient la dîme sur les caves Du maître qui les opprimait
DÎNER ou DÎNÉQuels dînés Les ministres m'ont donnés !
DIRELorsque les yeux chercheront sous les rides Les traits charmants qui m'auront inspiré, Des doux récits les jeunes gens avides Diront : quel fut cet ami tant pleuré ?
DIREAu dire du proverbe ancien L'amitié ne remonte guère ; Bon petit-fils, je n'en crois rien Quand je pense à vous, ma grand'mère
DISCORDDans nos discords j'ai fait plus d'un naufrage, Sans fuir jamais la France et son beau ciel
DISCORDProscrit jadis, la naissante Amérique Nous le rendit après nos longs discords
DISPARAÎTREEncore une étoile qui file, Qui file, file et disparaît
DISPARAÎTREJ'ai plongé cent peuples fameux Dans un abîme de ténèbres Où vous disparaîtrez comme eux
DISTANCEDes distances l'amour peut rire, L'amitié n'en supporte point
DISTILLERDans les palais et sous le chaume, Moi, dit la soeur, j'ai de mes mains Distillé le miel et le baume Sur les souffrances des humains
DITHYRAMBIQUEJ'entonne sur les troubadours Un chant dithyrambique
DIVORCERPar malheur sa femme était sage ; Mais aussi Robin divorça
DOCILESur une onde tranquille Voguant soir et matin, Ma nacelle est docile Au souffle du destin
DOCTRINAIRELa planète doctrinaire Qui sur Gand brillait Veut servir de luminaire Aux gens de juillet
DODOAu soir des ans doit sembler doux Ce chant qui nous a charmés tous : Dodo, l'enfant do, L'enfant dormira tantôt
DODU, UEComme ils sont dodus et gras, Ces bons citoyens du Maine !
DOIGTD'un oeil moqueur les Grâces infidèles Montrent du doigt mon réduit délaissé
DOIGTAussi plus elle [sa femme] brille, Plus on le montre au doigt
DOIGTMomus en donne [de sa marotte] sur les doigts Du grand que l'on encense
DOIGTMa grand'mère, un soir à sa fête, De vin pur ayant bu deux doigts
DOLÉANCELibéraux, dans vos doléances, Pourquoi donc vous en prendre à moi?
DONJONHeureux d'avoir su vous défendre, J'accours des célestes donjons
DONNERLes dimanches, point ne défends La joie à ces pauvres enfants ; J'aime alors qu'on s'en donne
DON QUICHOTTEDons Quichottes de l'arbitraire, Allons, morbleu, de la valeur !
DORÉ, ÉEQue font ces nains si bien parés Sur des trônes à clous dorés ?
DORERL'opulence a doré Jusqu'à ta couchette
DORMIROui je dormais sur un petit volume Qui me vaudra d'être encore étrillé
DOSSur le dos des gens du village Après boire il cassait les pots
DOSQuoi, volage, prenez-vous donc Pour vous mettre à dos les jésuites.... Coquilles, rosaire et bourdon
DOSQuittons-nous cette ville unique, Nous voyageons Paris à dos
DOTERLe ciel nous dote D'une marotte Tour à tour grave et quinteuse et falote
DOTERL'espérance aux ailes brillantes Sur vous se plaît à voltiger ; De combien de formes riantes Vous dote son prisme léger !
DOUBLERCourons, doublons le pas, Pour le trouver [le bonheur], là-bas, là-bas
DOUCHEAprès un coup de romanée, La douche ayant calmé mes sens, J'ai maudit ma muse obstinée à railler les hommes puissants
DOUILLETTERose en douillette, en fourrure, Ici contre la froidure, Vient m'offrir un doux soutien
DOUTERPar la fortune Athènes détrônée Maudit Philippe et douta de ses dieux
DOUX, DOUCESoleil si doux au déclin de l'automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor
DOUX, DOUCEA Colin toujours alerte, Ne faites pas les yeux doux
DOYENCe chapitre que Momus fonde Chez eux manquera de doyen
DRAGÉEOui d'un baptême de cour Voyez en nous [jésuites] les dragées
DRAPLa princesse, enfin moins superbe, Ouvre au galant ses draps de lin
DRAPEAUViens, mon drapeau, viens, mon espoir ; C'est à toi d'essuyer mes larmes ; D'un guerrier qui verse des pleurs Le ciel entendra la prière : Oui je secouerai la poussière Qui ternit tes nobles couleurs
DRAPEAUOn m'a crié : l'occasion est bonne, Tous les partis rapprochent leurs drapeaux [se réconcilient]
DRELINPauvres fous, battons la campagne ; Que nos grelots tintent soudain ; Comme les beaux mulets d'Espagne, Nous marchons tous drelin dindin
DRESSÉ, ÉEUn festin que Rose apprête, Gaîment par nous est dressé
DROITEt tous vos tendrons Subiront l'honneur Du droit du seigneur
DRÔLEMonsieur Judas est un drôle Qui soutient avec chaleur Qu'il n'a joué qu'un seul rôle
DRÔLEC'était la régence alors ; Et sans hyperbole, Grâce aux plus drôles de corps, La France était folle
DUVETGrâce aux amours, bercé par l'espérance, D'un lit plus doux je rêve le duvet
EAUPour éviter bien des maux, Veut-on suivre ma recette ? Que l'on nage entre deux eaux
ÉBAHI, IEPierrots et paillasses Charment sur les places Le peuple ébahi
ÉBATDeux vieilles disaient tout bas : Belzébuth prend ses ébats
ÉBATPuisque le tyran est à bas, Laissez-nous prendre nos ébats
ÉCARLATEGens vêtus d'or et d'écarlate, Pendant un mois chacun vous flatte
ÉCHAFAUDJ'ai cru voir dans un songe horrible Un échafaud dressé pour moi
ÉCHALASLes rois boiront, Tous en rond ; Les lauriers serviront D'échalas à nos vignes
ÉCHANGEAux échanges l'homme s'exerce ; Mais l'impôt barre le chemin
ÉCHANGEROh ! qu'ils sont loin ces jours si regrettés ! J'échangerais ce qu'il me reste à vivre Contre un des mois qu'ici Dieu m'a comptés
ÉCHANGEREnfants, en rêve on dit qu'avec les anges Vous échangez, la nuit, les plus doux mots
ÉCHARPENotre maire tourne à tout vent, D'écharpe il change
ÉCHASSELes échasses de l'étiquette Guindent bien haut un coeur bien bas
ÉCHOReine des flots, sur ta barque rapide, Vole en chantant, au bruit des longs échos ; Les vents sont doux, l'onde est calme et limpide, Le ciel sourit ; vogue, reine des flots
ÉCHODe tant d'échos résonnant jusqu'à nous, Les plus lointains nous semblent les plus doux
ÉCHOPauvres enfants ! l'écho murmure encore L'air qui berça votre premier sommeil
ÉCHOCiel vaste et pur, daigne encor me sourire ; Échos des bois, répétez mes adieux
ÉCHOJe dois trembler ; car moi, qui suis prophète, Je vois de loin l'oubli fondre sur vous ; [Mes vers] De tant d'échos dont la voix vous répète, L'un meurt, puis l'autre, et puis cent, et puis tous
ÉCHOUEROù l'une [nation] échoue une autre recommence, Dieu nous a dit : Peuples je vous attends
ÉCLABOUSSERLe char de l'opulence M'éclabousse en passant
ÉCLAIRERTrop tard sur les malheurs de Nîmes, On éclairerait ta bonté
ÉCLATTout cet éclat dont l'Europe est si fière, Tout ce savoir qui ne la défend pas, S'engloutira dans les flots de poussière Qu'autour de moi vont soulever tes pas
ÉCLATERC'est en éclatant sur nos têtes Que la foudre nous éclaira
ÉCLATERDieu d'un sourire a béni la nature ; Dans leur splendeur les cieux vont éclater ; Reviens, ma voix, faible mais douce et pure : Il est encor de beaux jours à chanter
ÉCLOREVingt ans au plus, bonhomme, attends encore ; L'oeuf éclôra sous un rayon des cieux
ÉCOLEMomus a pris pour adjoints Des rimeurs d'école
ÉCONOMIEMais vivre en tout d'économie, Moins prodiguer et mieux jouir.... Mes amis, ce n'est pas vieillir
ÉCOTHeureux l'écot où la commère Apportait sa pinte et son verre !
ÉCOULER (S')Voisin des champs où mon enfance S'écoula sous un chaume obscur
ÉCRITOIRERappelez-vous que ce jour-là Un beau page tint l'écritoire
ÉCROUELLESLe roi dit : je n'ai qualité Que pour guérir les écrouelles
ÉCULoin de les rendre à ton Crésus, Va boire avec ses cent écus
ÉCUMERLa chambre regorge d'intrus ; Peins-nous l'un de ces bas ventrus, Aux dîners qu'il écume
ÉDIFICEDe souvenir en souvenir J'ai reconstruit mon édifice : Je vais conter, pour en finir, Ce qu'on me dit de ma nourrice
EFFACERDans l'art des vers c'est toi qui fus mon maître ; Je t'effaçai sans te rendre jaloux
EFFACERAchille était poétique, Mais morbleu nous l'effaçons
EFFETTu veux que pour toi je compose Un long roman qui fasse effet
EFFEUILLERL'aimable fée apparaît à mes yeux, Ses doigts distraits effeuillent une rose
EFFEUILLERRoses d'automne, effeuillez-vous pour elle, Tous les amours ne sont pas envolés....
EFFRONTÉ, ÉE,Un diable, cornard effronté, Vilains, ici guette vos belles
ÉGAL, ALEDe ses faits je tiens registre, C'est un homme sans égal
ÉGALITÉMais il parle d'égalité, De mes parchemins il se raille
ÉGOUTD'impurs ruisseaux, gonflés par nos orages, Font déborder cet égout des Tarquins [la cour]
ÉGRILLARD, ARDECes égrillards iraient d'humeur bouffonne Pincer au lit le diable et ses suppôts
ÉGRILLARD, ARDECollé, quoi qu'en disent ces dames, Est un fort honnête égrillard
ÉLECTRISERCombien de fois auprès de la plus belle Dans vos banquets j'ai présidé chez vous ! Là de mon coeur jaillissait l'étincelle Dont la gaîté vous électrisait tous
ÉLITEFaute de vin d'élite, Sabler ceux du canton
EMBALLEREmballez avec tous vos dieux Flore et l'Aurore aux doigts de rose
EMBRASSADEJ'ai ma pipe et vos embrassades, Venez me donner mon congé
ÉMERVEILLÉ, ÉESoudain la terre entend des voix nouvelles, Maint peuple errant s'arrête émerveillé
EMMAILLOTTÉ, ÉECette déité [la Liberté] Qui laisse en de vieux langes Le monde emmaillotté
EMMÉNAGERDans l'une de nos cent bastilles, Lorsque ma muse emménagea
ÉMOIMais triste et seul, quand j'entends rire Tout Paris en joyeux émoi
EMPLETTEDes fleurs de votre teint Où faites-vous emplette ?
EMPLOIJ'ai placé deux de mes frères, Mes trois fils ont de l'emploi
EMPLOIJe languis sous la chaîne Du plus modique emploi
EMPREINT, EINTEUn conquérant, dans sa fortune altière, Se fit un jeu des sceptres et des lois ; Et de ses pieds on peut voir la poussière Empreinte encor sur le bandeau des rois
ENCEINTEDu cerf prêt à forcer l'enceinte, Chasseur, tu fais le fanfaron
ENCENSBrûlons-nous pour une coquette Un encens d'abord accueilli ?
ENCENSERSur un trône l'ennui se carre, Fier d'être encensé par des sots
ENCENSERJ'encense une personne auguste ; Pour toi je ne puis plus chanter
ENCHAÎNEROn te déchire [mon habit], et cet outrage Auprès d'elle [Lise] enchaîne mes pas
ENCHANTERAvant qu'elle enchantât ma vie, Devant moi l'amour s'envolait
ENCOMBRERDes Anacréons j'ai la liste, Ils encombrent ville et faubourgs
ENCORESoleil si doux au déclin de l'automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor, N'espérant pas que la haine pardonne à mes chansons leur trop rapide essor
ENDOLORIRPrends mon bras ; car un long voyage Endolorit tes pieds poudreux
ENDORMEUR, EUSEGraves auteurs, Froids rhéteurs, Tristes prédicateurs, Endormeurs d'auditoires
ENFERMes amis, J'ai soumis L'enfer à ma puissance ; De son obéissance J'ai pour gage certain Un lutin
ENFLERChasseur, tu rapportes ta bête, Et de ton cor enfles le son
ENFOURNERDes gens enfournent, D'autres défournent, Aux broches tournent Veau, boeuf et mouton
ENFUIR (S')Un maître fou qui, dit-on, Fit jadis mainte fredaine, Des loges de Charenton S'est enfui l'autre semaine
ENGAGEANT, ANTEElle attirait les gens Par des airs engageants
ENGOUFFRER (S')Sous ses haillons où s'engouffre la bise, C'est du pain qu'elle attend de nous
ENIVRANT, ANTEVoir, c'est avoir ; allons courir ; Vie errante Est chose enivrante
ENIVRERL'amour, la gloire, le génie Ont trop enivré mes beaux jours
ENIVRERL'Amour alors près de nos mères, Faisant chorus, battait des mains, Rapprochait les coeurs et les verres, Enivrait avec tous les vins
ENIVREREnivrons-nous de poésie, Nos coeurs n'en aimeront que mieux
ENJOLIVERVois-le [ce roi] d'un masque enjoliver sa haine, Pour étouffer notre gloire et nos lois
ENNEMI, IEMais bien que la douleur honore, Que servira d'avoir gémi ? Puisqu'ici nous rions encore, Autant de pris sur l'ennemi
ENNUISur un trône l'ennui se carre, Fier d'être encensé par des sots
ENNUIDu romantisme jeune appui, Descends de tes nuages ; Tes torrents, tes orages Ceignent ton front d'un pâle ennui
ENQUÊTEJ'ai repoussé les enquêtes, Afin de plaire à la cour
ENRHUMÉ, ÉEAu pied du trône une harpe se rouille ; Bardes du sacre, êtes-vous enrhumés ?
ENRHUMERQuoi ! pas un seul petit couplet ! Chansonnier, dis-nous quel est Le mal, qui te consume ? - Amis, il pleut, il pleut, il pleut des lois ; L'air est malsain, j'en perds la voix ; Amis, c'est là, Oui, c'est cela, C'est cela qui m'enrhume
ENSANGLANTERIl est, Sophie, un monstre à l'oeil perfide [la police] Qui de Venise ensanglanta les lois
ENSEIGNE[Le portrait du roi d'Yvetot] C'est l'enseigne d'un cabaret Fameux dans la province
ENTAILLEÀ tout gâteau leur main fait large entaille, Car ils sont grands, même infiniment grands
ENTERRERSi nous t'enterrons, Bel art dramatique, Pour toi nous dirons La messe en musique
ENTONNERM'endormais-je un peu sur ma chaise, Il entonnait la Marseillaise
ENTRAÎNÉ, ÉESur un ruisseau rapide, Vers la France entraîné, Il s'assied l'oeil humide Et le front incliné
ENTRAVESPoint d'entraves à la pensée Par ordonnance de Bacchus
ENTREPour éviter bien des maux, Veut-on suivre ma recette, Que l'on nage entre deux eaux, Et qu'entre deux vins l'on se mette
ENVOLER (S')Trop de gloire nous a nui, Le plaisir s'envole
ENVOYÉ, ÉEDans le sérail comptez combien de têtes Vont saluer les envoyés chrétiens
ÉPANOUIRMais jusqu'à sa dernière aurore En buvant frais s'épanouir, .... Mes amis, ce n'est pas vieillir
ÉPARGNERJe n'épargne rien sur la terre, Je n'épargne rien même aux cieux
ÉPARPILLERPartout la Providence Veut en nous protégeant Niveler l'abondance, Éparpiller l'argent
ÉPELEREn épelant le doux nom de patrie Je tressaillais d'horreur pour l'étranger
ÉPIPrès de la borne où chaque État commence, Aucun épi n'est pur de sang humain
ÉPIDu champ que ton pouvoir féconde [Amour], Vois la mort trancher les épis
ÉPICUREJe disais aux fils d'Épicure : Réveillez par vos joyeux chants Parny....
ÉPICURIEND'un sot à face rubiconde, Ils [nos fils] feront un épicurien
ÉPIGRAMMEFi ! dites-vous ; sous l'épigramme Ces fous rêveurs [Fourier, St-Simon, Enfantin] tombent tous trois
ÉPIGRAMMEPoursuivons de nos épigrammes Ce sexe que j'ai trop aimé
ÉPITAPHEVenez tous, passants, venez lire L'épitaphe que je me ais
ÉQUILIBREL'homme, fier de marcher debout, Vante son équilibre
ÉQUIPAGEDeux fois elle eut équipage, Dentelles et diamants
ÉQUIPAGEN'ayant pas encor d'équipage, Je pars à pied modestement
ÈREDes droits de l'homme ici l'ère féconde S'ouvre et du globe accomplira le tour
ERRANT, ANTEVoir, c'est avoir, allons courir, Vie errante Est chose enivrante
ESCARPINAu vrai bonheur puisqu'il mène, Le sabot vaut bien l'escarpin
ESCLANDRETous les amours y [dans mon gîte] mettent garnison ; En vrais soudards ils y faisaient esclandre
ESCLAVED'anciens Gaulois, pauvres esclaves, Un soir qu'autour d'eux tout dormait, Levaient la dîme sur les caves Du maître qui les opprimait
ESCOMPTERLiberté, gloire, honneur, patrie, Sont des mots qu'on n'escompte point
ESCROCMais un escroc que je chéris Me vole en parlant mariage
ESCULAPEMon Esculape a renversé mon verre ; Plus de gaîté ! mon front se rembrunit
ESPÈCEAssez de monde concourt à propager notre espèce
ESPÉRERJ'espère Que le vin opère ; Oui tout est bien même en prison
ESPRITRevenants, lutins, noirs esprits, Sorciers, malignes influences, à tout croire on m'avait appris
ESPRITAdmis enfin, aurai-je lors, Pour tout esprit, l'esprit de corps ? Il rend le bon sens, quoi qu'on dise, Solidaire de la sottise
ESSORSon âme, hélas trop tôt prenant l'essor, Tel un fruit mûr qu'un jeune enfant dérobe, Nous est ravie....
ESSORN'espérons plus que la haine pardonne à mes chansons leur trop rapide essor
ETQue lui-même [le juge] il chante après boire, La liberté, la gloire, et caetera
ÉTAGELeste et joyeux je montais six étages ; Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans !
ÉTANGPour qu'au loin il abreuve Le sol et l'habitant, Le bon Dieu crée un fleuve ; Ils [les gouvernements qui prohibent] en font un étang
ÉTATTous, dégalonnant leurs costumes, Vont au nouveau chef de l'État De l'aigle mort vendre les plumes
ÉTATPrès de la borne où chaque État commence....
ÉTEINDREÉteignons les lumières, Et rallumons le feu
ÉTIQUETTEL'amour, l'amitié, le vin Vont égayer ce festin ; Nargue de toute étiquette
ÉTOFFEVous taillerez en pleine étoffe ; Vite un congrès....
ÉTOFFETon oeil ne peut se détacher, Philosophe De mince étoffe, Du vieux coq de ton vieux clocher
ÉTOILEEncore une étoile qui file, Qui file, file et disparaît
ÉTOILEBerger, tu dis que notre étoile, Règle nos jours et brille aux cieux
ÉTOILEIls [les maréchaux] préfèrent au cordon bleu De l'honneur l'étoile sacrée
ÉTOILÉ, ÉETout me sourit, les fleurs brillent plus belles, Les jours plus purs, les cieux plus étoilés
ÉTOUFFÉ, ÉEJeté sur cette boule, Laid, chétif et souffrant, Étouffé dans la foule, Faute d'être assez grand
ÉTOUFFERAh ! pour étouffer n'étouffons que de rire
ÉTOUFFEREt d'ailleurs à chaque repas D'étouffer ne tremblez-vous pas ?
ÉTOURDIRIl délassait des longs ouvrages, Du pauvre étourdissait les maux
ÉTRANGER, ÈREL'étranger envahit la France Et je maudis tous ses succès
ÊTREFaire un doux emploi de son être, Mes amis, ce n'est pas vieillir
ÉTRILLÉ, ÉEQui, je dormais sur un petit volume Qui me vaudra d'être encore étrillé
ÉTRIVIÈREJ'ai bien reçu ma part des étrivières ; Grippe-minaud m'en donna pour trois mois [d'emprisonnement]
EUNUQUEMême à ces majestés caduques Il faudrait des peuples d'eunuques
ÉVAPORERQuand le creuset des ordonnances Peut faire évaporer la loi
ÉVEILLERDans mon réduit où l'on voit l'indigence, Sans m'éveiller assise à mon chevet
ÉVERTUER (S')Notre siècle, penseur brutal, Contre Delille s'évertue
EXCELLENCEQu'est ceci ? dit d'un ton dur Une Excellence bretonne
EXERCICEMais pour vous tous, jeunes soldats, J'étais un père à l'exercice
EXILERLes oiseaux que l'hiver exile Reviendront avec le printemps
EXORCISERLa raison nous exorcise ; Esprits, fuyons sans retour
FÂCHÉ, ÉEMes amis, fâché de la peine, Surtout ne tirez pas trop bas
FAÇONMais ce président sans façon Ne pérore ici qu'en chanson
FADEPrès de Rose il n'est point fade, Et n'a rien de freluquet
FAILLIROr la grâce ne peut faillir ; Puisqu'il sème, il doit recueillir
FAIRECausant, riant, faisant des leurs, Les amours suivent sur deux lignes
FAIREViens, Camille, Soupe avec nous, Que nous fassions les fous
FAIRED'un bout du monde à l'autre bout L'habit fait tout
FAIREJ'ai fait plus que maint duc et pair Pour mon pays que j'aime
FAISEUR, EUSEJe fus bercé par tes faiseurs De vers, de chansons, de poëmes
FAISEUR, EUSELe vieux tailleur s'écrie : eh quoi ! ma fille Ne m'a donné qu'un faiseur de chansons ! Mieux jour et nuit vaudrait tenir l'aiguille Que, faible écho, mourir en de vains sons
FAISEUR, EUSEÊtre un faiseur habile De contes graveleux
FAITPour fait d'outrage aux enfants d'Henri Quatre, De par le roi payez dix mille francs
FAITAu fait, que risqué-je ? Au fait, pourquoi pensionner Ma muse indépendante et vraie ?
FAITÀ tes voeux ma raison s'oppose, Un long roman n'est plus mon fait
FAITGrâce à mes créneaux, à mes arsenaux, Je puis au préfet Dire un peu son fait
FAITEn fait de vin, qu'on se montre savant
FALOT, OTEPayant tribut à l'attribut De sa gaîté falote [de Mo mus]
FAMILLEJ'en sais [des chapons] qui sont bons maris, Qui même ont de la famille
FANERPerles, tombez ; fanez-vous, roses ; La voilà laide et tu l'aimes autant
FANFAREAu bruit des lugubres fanfares, Hélas [enfants !] vos yeux se sont ouverts
FANFARON, ONNEDu cerf prêt à forcer l'enceinte, Chasseur, tu fais le fanfaron
FANGEArrachez-moi des fanges de Lutèce ; Sous un beau ciel mes yeux devaient s'ouvrir
FANTAISIEPetit portrait de fantaisie, Mis en tête de mon recueil
FANTÔMEJ'ai d'un géant vu le fantôme immense Sur nos bivouacs fixer un oeil ardent
FARDER[Amours] Vous avez fardé la peinture, Vous affadissez l'opéra
FASTESottise ! amis ; point de folle dépense ; Laissez aux grands le faste des regrets
FATQuoi ! le peu qui lui restait, Frétillon a pu le vendre Pour un fat qui la battait
FAUCILLENe portez plus la faucille Au champ qu'un autre a semé
FAUSSERUn aveugle y chante en faussant La faridondaine
FAUTEUILAinsi j'en juge à votre accueil, Ma chaise n'est pas un fauteuil
FAUX, FAUSSEJ'en fais voir le chaton [d'un jonc], C'est du faux, me dit-on
FÉCOND, ONDEMais, malgré moi, de votre monde, La volupté charme les maux ; Et de la nature féconde L'arbre immense étend ses rameaux
FENÊTRESage mortel, j'ai su par la fenêtre Jeter gaiement l'argent de mon tombeau
FÉODAL, ALEEt toi, peuple animal, Porte encor le bât féodal
FÉODAL, ALEComme aux bons temps féodaux Que les rois soient nos bedeaux
FERMESi quelques alliés sans foi Prétendent que tu tiens à ferme Le trône que tu dis à toi
FÉRULEMon fils, dit-il, tout sceptre est un grand poids, Sois mon second, prends la férule
FÉRULENotre empereur portait longue férule, Puis est venu le martinet royal
FÊTÉ, ÉEMon commerce est mieux fêté à la porte de la Gaîté
FÊTERIl m'embrasse au jour de l'an, Il me fête à la Saint-Jean
FEULa décence même y babille, Et par la gaieté qui prend feu Se laisse coudoyer un peu
FEUCombien le feu tient douce compagnie Au prisonnier, dans les longs soirs d'hiver !
FEUSoldat bientôt, courant au feu, Je perdis une jambe en route
FEUILLÉEDes oiseaux la troupe éveillée Nous appelle sous la feuillée
FEUILLETTEBons vivants que met en goguette Le vin d'une vieille feuillette
FÈVEGrâce à la fève, je suis roi ; Nous le voulons, versez à boire !
FICHERÀ tout jeu le sort nous triche, Mais enfin est-on gris, On s'en fiche
FIDÈLELes souvenirs me sont restés fidèles
FIDÈLEChamarré de vieux oripeaux, Ce roi, grand avaleur d'impôts, Marche entouré de ses fidèles
FIÈVREDepuis huit mois, vos airs de république Donnent la fièvre à tout bon courtisan
FIÉVREUX, EUSEFiévreux, buvez votre tisane, Laissez-nous fêter notre ami
FIFRETous indépendants nous naissons Au bruit du fifre et des chansons
FILPrès des femmes que sommes-nous ? Des pantins qu'on ballotte ; Messieurs, sautez, faites les fous Au gré de leur marotte ; Le plus lourd et le plus subtil Font la danse complète ; Et Dieu pourtant n'a mis qu'un fil à chaque marionnette
FILL'amitié.... Ne sera plus un froid discours Dont l'infortune rompt le fil
FILERTout en filant votre lin, Écoutez-moi bien, ma fille
FILEREncore une étoile qui file, Qui file, file et disparaît
FILLEQuand des filles naissent chez vous Pour le plaisir de ce monde, Dites-moi, messieurs les époux, Pourquoi chacun de vous gronde
FILLETaisez-vous, Vous sentez le vin et la fille
FILLETTEÀ courir les fillettes.... Il s'est couvert de dettes
FILLETTEIl a pour guide une fillette
FINIRFinissez-en, nos frères de Belgique ; Faites un roi, morbleu ! finissez-en
FINIRMais il ne faut pas qu'on ignore Qu'en chantant le cygne a fini
FIXERFille qui la peut faire entendre [cette chanson] Doit fixer les plus inconstants
FIXERNotre patrie, Où se fixent pour toujours Les plaisirs et l'industrie, Les beaux-arts et les amours
FLACONÀ longs flots puisez l'allégresse Dans ces flacons d'un vin mousseux
FLASQUETa muse en masque Est lourde et flasque
FLÉTRI, IEJamais la tendre volupté N'approcha d'une âme flétrie
FLÉTRIRCes guerriers Dont l'hiver le plus terrible A seul flétri les lauriers
FLEURFleur de vingt ans, vertu parfaite, Vous rajeunira, sur ma foi
FLEURToutes fragiles fleurs, sitôt mortes que nées
FLEURDes fleurs de votre teint Où faites-vous emplette ?
FLEURI, IEL'État n'a point dépéri, Je reviens gras et fleuri
FLOTReine des flots, sur ta barque rapide Vogue en chantant, au bruit des longs échos ; Les vents sont doux, l'onde est calme et limpide ; Le ciel sourit : vogue, reine des flots
FLOT....Imprégné des flots de musc et d'ambre Qu'un fat exhale en se mirant
FLOTÀ longs flots puisez l'allégresse Dans ces flacons d'un vin mousseux
FLOTTANT, ANTEJe reviendrai, poursuit-elle, et ton âme Ira franchir tous ces mondes flottants, Tout cet azur, tous ces globes de flamme, Que Dieu sema sur la route du temps
FOIMais de la maison, ma foi, Le plus beau lit fut pour moi
FOILe jour où j'obtins sa foi [de ma femme], Un sénateur vint chez moi
FOINFoin des mécontents ! Comme balayeuse on me loge, Depuis quarante ans, Dans le château, près de l'horloge
FOIRERends-lui [au vaudeville], s'il se peut, le cortége Qu'à la foire il a fait briller
FOISIl était une fois un roi et une reine qui.... Enfants, il était une fois Une fée appelée Urgande
FOISONNERMes jeunes rivaux, ma chère, Ont un ciel si gai ! Chez eux la rose foisonne, Chez moi le souci
FOLIEJ'entends au loin l'archet de la Folie ; Ô mes amis, prolongez d'heureux jours
FOLIEJadis ton maître a fait mainte folie Pour des minois moins friands que le tien
FOLLET, ETTETout y retrace mon enfance, Oui tout jusqu'à ces feux follets
FONDREUn gourmand dans son assiette Fond le bien de ses aïeux
FONDSDans les fonds de peur d'une crise, Il veut que les Grecs soient déçus
FORBANIl faut des rameurs sur les bancs Et des muets aux rois forbans
FORÇATMes amis, de votre galère Un forçat vient de se sauver
FORMATL'humble format sut plaire à cette classe Sur qui les arts sèment trop peu de fleurs
FORT, ORTEDire : quel honneur vous me faites ! Messieurs, vous êtes trop honnêtes ; Ou quelque chose d'aussi fort
FORT, ORTEDe la halle on dirait deux forts : Peut-être ce sont des milords
FORT, ORTELorsque l'ennui pénètre dans mon fort, Priez pour moi : je suis mort, je suis mort
FOSSEVotre tombeau sera pompeux, sans doute ; J'aurai sous l'herbe une fosse à l'écart
FOSSÉQu'ils [nos fils] chantent à perdre haleine Sur le bord du grand fossé
FOSSOYEURÀ ma porte, la fossoyeuse Frappe ; adieu messieurs les humains
FOU ou FOL, FOLLELa liberté, c'est, monseigneur, Une femme folle d'honneur
FOU ou FOL, FOLLEOubliant tout jusqu'à leurs chaînes, Nos gens poussent des rires fous
FOU ou FOL, FOLLEMais pourquoi sur ma couchette Rêver à ce jeune fou ?
FOU ou FOL, FOLLEOui, noir ou blanc, soyons le fou du roi
FOUDREL'air était calme et du dieu de la guerre Elle [la paix] étouffait les foudres assoupis
FOUDREPuis, quand ce trône [celui de Charles X] ose brandir son foudre, De vieux fusils l'abattent en trois jours
FOUDROYERQuant à Jupin, je viens d'apprendre Qu'il a foudroyé deux pigeons
FOUETTERFouette, cocher ! dit la sagesse, Et me voilà sur le chemin
FOULEJeté sur cette boule, Laid, chétif et souffrant, Étouffé dans la foule, Faute d'être assez grand
FOULERHennis d'orgueil, ô mon coursier fidèle, Et foule aux pieds les peuples et les rois
FOURNEAUDans son fourneau rien qu'il [le chimiste] ne jette
FOURNISSEURQue le neuf ou le vieux vous tente, Il sera votre fournisseur : Robin vend sa nièce et sa tante
FOURRERIl laisse fourrer aux grâces Des fleurs sous son capuchon
FOURRERLe clergé, remis en train, En prison pourrait peut-être Fourrer l'auteur du Lutrin
FOURRURERose en douillette, en fourrure, Ici contre la froidure, Vient m'offrir un doux soutien
FOYEROn dit qu'en ses foyers Il recueillit nos frères, Vaincus et prisonniers
FRAIS, FRAÎCHEÀ verser frais m'invitant, Un vieil ami de la table Me tend son verre en chantant
FRANC, FRANCHEQu'on ait craint son franc parler [de la presse] Dans la chambre et l'antichambre ; Riez-en avec moi
FRANCHIRJe reviendrai, poursuit-elle, et ton âme Ira franchir tous ces mondes flottants, Tout cet azur, tous ces globes de flamme, Que Dieu sema sur la route du temps
FRATERNISERLa presse abat les murs de la patrie, Et Dieu nous dit : peuples, fraternisez
FRAUDEJ'ai de la fraude en pacotille Qu'à la barrière on saisirait
FRAUDERFraudant eau-de-vie et tabac
FRELUQUETPrès de Rose il n'est point fade, Et n'a rien de freluquet
FRÉTILLONMa frétillon, Cette fille Qui frétille, N'a pourtant qu'un cotillon
FRIAND, ANDEJadis ton maître a fait mainte folie Pour des minois moins friands que le tien
FRIMASCet ange.... M'apparut jetant la pâture Aux oiseaux un jour de frimas
FRIPON, ONNEÀ ma fille il fait l'amour Et joue avec la friponne
FRIPON, ONNEDeux fois elle eut équipage, Dentelles et diamants, Et deux fois mit tout en gage Pour quelques fripons d'amants
FRISSONNERLe récit, quand la nuit est noire, Fait frissonner les assistants
FRIVOLEJe veux, pour vous, prendre un ton moins frivole : Corinne, il fut des anges révoltés ; Dieu sur leur front fait tomber sa parole, Et dans l'abîme ils sont précipités
FROID, OIDEL'hiver, dit-elle, a soufflé sur ta tête ; Cherche un abri pour tes soirs longs et froids
FROIDQuel est sur moi le froid qui tombe ? C'est le froid du soir de mes jours
FROIDAh ! l'homme en vain se rejette en arrière Lorsque son pied sent le froid du cercueil
FROIDDes chansons en quatre points Le froid nous désole
FRONDERJ'aime à fronder les préjugés gothiques, Et les cordons de toutes les couleurs
FRONDEURLa richesse que des frondeurs Dédaignent et pour cause
FRONTReine du monde, ô France, ô ma patrie, Soulève enfin ton front cicatrisé
FRONTIÈRESeul il [le drapeau tricolore] peut voiler nos malheurs ; Déployons-le sur la frontière
FROTTERMais le plus heureux des maris, En quittant sa couchette, Demain se pavanera, Et les mains se frottera
FUSTIGERApparaissez, plaisirs de mon bel âge, Que d'un coup d'aile a fustigés le temps
GAGEVingt fois pour vous [plaisirs] j'ai mis ma montre en gage
GAGNERGrâce aux beaux esprits de notre âge, L'ennui nous gagne assez souvent
GAI, GAIEGai ! gai ! serrons nos rangs, Espérance De la France ; Gai ! gai ! serrons nos rangs, En avant, Gaulois et Francs !
GAIETÉ ou GAÎTÉCe pauvre diable ainsi parlant Mettait en gaieté tout l'hospice
GAIETÉ ou GAÎTÉVerre en main, Jean le vigneron Chantait les gaietés de Piron
GAILLARD, ARDEAu lieu de fades épigrammes Qu'il aiguise un propos gaillard
GAILLARDISEQu'on chante et l'on dise Quelque gaillardise Qui nous scandalise En nous égayant
GALAJ'étais en habit de gala
GALANT, ANTEÀ votre bourse un galant mausolée Pourrait coûter vingt mille francs et plus
GALÈREMes amis, de votre galère Un forçat vient de se sauver
GALONQu'un valet change ses galons Sans changer d'antichambre
GALONLa liberté.... C'est une bégueule enivrée Qui, dans la rue ou le salon, Pour le moindre bout de galon, Va criant : à bas la livrée !
GALOUBETLe plus grave ordonne à l'instant Vingt galoubets pour mon escorte
GARDEPoint n'est besoin de la garde Qu'appelle en vain le portier
GARDELa garde et les amours Se chamaillaient toujours
GARDEJupin.... Ta cour de justice éternelle A-t-elle eu ses gardes des sceaux ?
GARNIRGarnissant sa quenouille immense, Clotho lui dit : oui, travaillons
GARNISONMais de mon gîte on s'empare, on le pille ; Tous les amours y mettent garnison
GASTRONOMEMais nos fils, pesants gastronomes, Boiront et ne chanteront point
GÂTEAUIl me reste un gâteau de fête ; Demain nous aurons du pain noir
GÂTEAUÀ tout gâteau leur main fait large entaille, Car ils sont grands, même infiniment grands
GAUCHIRUn ministre veut m'enrichir, Sans que l'honneur ait à gauchir
GAUDRIOLEAh ! la muse de Collé, C'est la gaudriole ô gué ! C'est la gaudriole !
GAUDRIOLELa gaudriole qu'on exile Doit refleurir sur son terrain
GAULOIS, OISEGai ! gai ! serrons nos rangs, Espérance De la France, Gai ! gai ! serrons nos rangs, En avant, Gaulois et Francs
GAZLa presse éclaire, et le gaz illumine, Et la vapeur vole aplanir les mers
GÉANT, ANTEJ'ai d'un géant vu le fantôme immense Sur nos bivouacs fixer un oeil ardent ; Il s'écriait : mon règne recommence ; Et de sa hache il montrait l'occident ; Du roi des Huns c'était l'ombre immortelle
GÉANT, ANTEPérisse enfin le géant des batailles [Napoléon] ! Disaient les rois : peuples, accourez tous
GÊNEC'est chez nous [singes] qu'à vivre sans gêne S'instruisit le grand Diogène
GÊNEDiogène, sous ton manteau, Libre et content, je ris et bois sans gêne

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