Définition de ?TER

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : meur ; plusieurs prononcent meurs', en faisant sentir l's, ce n'est pas une bonne prononciation ; l'

DÉFINITIONS

1
Habitudes considérées par rapport au bien ou au mal dans la conduite de la vie. De mauvaises moeurs.
La France devant [avant] ces orages, Pleine de moeurs et de courages Qu'on ne pouvait assez louer
de François de MALHERBE dans II, 4
Enfin chez les chrétiens les moeurs sont innocentes
Ô temps, ô moeurs ! j'ai beau crier, Tout le monde se fait payer
La réformation des moeurs
La science des choses extérieures ne me consolera pas de l'ignorance de la morale au temps d'affliction ; mais la science des moeurs me consolera toujours de l'ignorance des sciences extérieures
de Blaise PASCAL dans ib. VI, 41
L'Église fera une assemblée d'hommes dont les moeurs extérieures soient si pures, qu'elles confondent les moeurs des païens
Jouissez de votre dépense, sans en faire une plus grande, qui serait superflue et contre les bonnes moeurs dont nous faisons profession
D'où lui viennent [à l'esprit] ces règles immuables qui dirigent le raisonnement, qui forment les moeurs, par lesquelles il découvre les proportions secrètes des figures et des monuments ?
Vous ne l'avez pas [la foi].... c'est pourquoi tout tombe en ruine dans vos moeurs
Nos fausses pénitences qui ne sont suivies d'aucun changement de nos moeurs
Ce sont de jeunes gens dont les moeurs sont assez réglées
de LOURD. dans Pensées, t. II, p. 370
Ses moeurs avaient toujours été telles que les forment un grand attachement à l'étude et l'heureuse privation du commerce du monde
Il est vrai que ce vol [du calcul des infiniment petits] ne peut avoir été que très subtil, et qu'il ne faudrait pas d'autre preuve d'un grand génie que de l'avoir fait ; mais enfin il vaut mieux ne l'avoir pas fait, et par rapport au génie, et par rapport aux moeurs
Les moeurs publiques devenues des scandales publics
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Motifs de conv.
Il ne faut pas être étonné, si les législateurs de Lacédémone et de la Chine confondirent les lois, les moeurs et les manières ; c'est que les moeurs représentent les lois, et les manières représentent les moeurs
Il y a cette différence entre les lois et les moeurs, que les lois règlent plus les actions du citoyen, et que les moeurs règlent plus les actions de l'homme
Il [Brutus] changera de moeurs en changeant de fortune
Caton forma tes moeurs, Caton seul est ton père
Gouvernant sans conquête, et régnant par les moeurs
Avant que de parler de moeurs, commençons par déterminer les différentes idées qu'on attache à ce terme ; car, loin d'avoir des synonymes, il admet plusieurs acceptions : dans la plus générale, il signifie les habitudes naturelles ou acquises pour le bien et le mal
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Consid. moeurs, ch. 1
Les moeurs, en parlant d'un particulier et de sa vie privée, ne signifient autre chose que la pratique des vertus morales, ou le dérèglement de la conduite, suivant que ce terme est pris en bien ou en mal
Je désigne ces actions de l'être intelligent par les termes d'actions morales ou, plus brièvement, par celui de moeurs, pour les distinguer des actions purement machinales et de celles qui n'ont pas une liaison sensible avec la pratique ou le bonheur
de Charles BONNET dans Oeuv. mêlées, t. XVIII, p. 325, dans POUGENS
Certificat de vie et de moeurs, de vie et moeurs, de bonne vie et moeurs, certificat attestant qu'il n'y a rien à reprocher à une telle personne.
Faire information de vie et moeurs, se dit de l'autorité judiciaire ou autre qui prend des informations sur la conduite d'une personne.
2
Nature : Absolument. Moeurs se dit pour bonnes moeurs. N'avoir point de moeurs, en avoir de mauvaises. Un homme, une femme sans moeurs.
Les moeurs sans épithète s'entendent toujours des bonnes moeurs
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Consid. moeurs, ch. 1
La sainteté, la paix, les moeurs vont disparaître
On n'est rien sans les moeurs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pélopides, II, 2
Pesez, monsieur, ce mot de moeurs ; j'ose vous dire que ni ma famille, ni mes amis, ni la famille des Calas, ni celle des Sirven, ni la petite-fille du grand Corneille ne m'accuseront de manquer de moeurs
Cet homme a des moeurs, c'est-à-dire il est sage, de conduite régulière.
Dans un sens plus restreint, avoir des moeurs, être d'une conduite régulière par rapport aux femmes.
Je connaîtrais un homme qui a des moeurs entre cent mille débauchés
Le vice auprès des moeurs n'est jamais sans effroi
3
Il se dit de la manière de vivre, des usages, coutumes, préjugés, qui varient chez les différents peuples et dans les différents siècles. Autres temps, autres moeurs.
Il est bon de savoir quelque chose des moeurs de divers peuples, afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'ont coutume de faire ceux qui n'ont rien vu
La corruption de la raison paraît par tant de différentes et extravagantes moeurs
Cette maxime, la plus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes, que chacun suive les moeurs de son pays
de Blaise PASCAL dans ib. III, 8
Des siècles, des pays étudiez les moeurs
Les moeurs, plus que les lois, font et caractérisent une nation
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuvr. t. VI, p. 59
Les amateurs de l'antiquité, ceux qui se plaisent à comparer les génies des nations, verront avec plaisir combien les moeurs, les usages du temps de Mahomet, d'Abubeker, d'Omar ressemblaient aux moeurs antiques dont Homère a été le peintre fidèle
Aux moeurs de l'Occident laissons cette bassesse
Étudiez nos moeurs avant de les blâmer ; Ces moeurs sont vos devoirs : il faut s'y conformer
Les moeurs consistent dans la conformité d'un grand nombre de volontés
Cela est, n'est pas dans les moeurs de telle nation, c'est-à-dire cela est, n'est pas conforme aux usages de telle nation.
Cette intempérance qui n'est plus même de nos moeurs
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Noël.
4
Les habitudes, les inclinations des individus. Cet homme a des moeurs simples, des moeurs douces.
Il était prêtre par son zèle, par la gravité de ses moeurs, par l'innocence de sa vie
Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses moeurs
Que votre âme et vos moeurs, peintes dans vos ouvrages, N'offrent jamais de vous que de nobles images
5
Les moeurs des animaux, les habitudes naturelles des différentes espèces d'animaux, les habitudes qui résultent de leur instinct.
Si un observateur aussi exact que M. de Manoncour ne nous avait pas fait connaître les moeurs de cet oiseau, il ne serait guère possible de le reconnaître à la simple inspection pour un fourmilier
6
Sémantique : Terme de poétique. Ce qui est conforme aux habitudes morales des pays, des lieux, des personnages qui figurent dans un poëme, dans une pièce de théâtre, etc. (on dit aujourd'hui plus souvent couleur locale). Les moeurs sont bien gardées dans cette tragédie, dans ce poëme. Vous savez en quel état se trouvait la scène française, lorsqu'il [Corneille] commença à travailler.... les auteurs aussi ignorants que les spectateurs, la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance, point de moeurs, point de caractères, RAC., Disc. à l'Acad. franç. On appellerait fausses les moeurs d'un poëme dans lequel un auteur aurait transféré aux Romains les usages, les coutumes, le culte religieux et tous les préjugés des Grecs, Mercure, 1717, janv. p. 31.
Cette pièce de Thompson, qui devait nous transporter dans les moeurs poétiques du moyen âge, qui devait montrer un roi d'Angleterre à la croisade, sous les murs de Ptolémaïs....
de VILLEMAIN dans Littér. Tabl. du XVIIIe siècle, 2e partie, 2e leçon.
Sémantique : Terme de peinture. Le costume, les usages des différents temps, des différents lieux. Les moeurs sont bien observées dans ce tableau.
7
Sémantique : Terme de rhétorique. La partie de l'éloquence qui a pour objet de gagner la confiance des auditeurs.
Dans la rhétorique, la probité, la modestie, la bienveillance et la prudence, voilà les moeurs que l'orateur doit constamment montrer, et ce sont là les moeurs considérées dans l'orateur ; mais on doit les considérer aussi dans l'auditeur : si l'art prescrit à l'orateur de connaître les moeurs de ceux à qui il parle, c'est afin de proportionner son discours à leur intelligence, à leurs sentiments, de remuer les passions qui leur sont le plus familières
de BATTEUX dans Éléments de littérature.
Sémantique : Terme de musique. Partie de la musique grecque qui en fixait les convenances et l'utilité.

PROVERBES

1
Exemple : Les honneurs changent les moeurs, c'est-à-dire un homme dont la fortune s'élève se méconnaît et néglige ses amis qui sont demeurés dans la pauvreté.
Tienne qui voudra pour sentence Que les honneurs changent les moeurs ; Je crois plutôt que les honneurs Mettent les moeurs en évidence
de PONS dans (de Verdun), Réflexion.
2
Exemple : Une fille suit les moeurs de sa mère, c'est-à-dire l'exemple de sa mère la rend sage ou la pousse au désordre.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
La grace Deu vus fist enuindre e coruner ; Pur ce vous devez mult constraindre e guverner, E tute nostre vie en buens murs afermer, Que vus puissiez as autres buens essamples duner
dans Th. le mart. 78
Cil fu bons emperere ; Deus li duna sa grace ; Saint Iglise l'eshauce ; il voit Deu face à face ; Li reis devreit ensivre et ses mors et sa trace
dans ib. 91
2
XIIIe s.
Humles et frans, de boines mours, Très gentix et de grans honors
dans Amadas et Ydoine, ms. 6987
Convenence qui est fete contre bonnes meurs.... ne sunt pas à tenir
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXIV, 24
Qui porroit toutes ces mours traire El cuer à un riche jone home, Hon en feroit bien un preudome
de RUTEBEUF dans 52
Honors muent et varient les mors
dans Prov. ruraus et vulgaus
Tiex [telles] mors avoir doivent et seulent [ont coutume], Qui parfetement amer veulent
dans la Rose, V. 4717
3
XIVe s.
Amisté qui est selon bonnes meurs est amisté selon soy et est permanente et durable
Il congnoist les meurs de son ami et scet en queles choses il se delette
de Nicolas ORESME dans ib. 290
Quant l'en veult user de astrologie pour avoir congnoissance des choses avenir, ce est contre philosophie et aussi contre bonnes meurs
dans le Songe du vergier, I, 186
4
XVe s.
S'en soy meismes [il] ne povoit refrener Les meurs mauvais de sa condicion
de Eustache DESCHAMPS dans Des vertus nécess. au prince.
5
XVIe s.
Les Grecs transporterent ce nom [barbare] aux meurs brutaux et cruelz, appelant toutes nations hors la Grece, barbares

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. mor, s. f. ; du lat. mos, moris, mores, habitude, moeurs, qui se rattache au sanscrit mâ, mesurer, faire.

Synonymes de MOEURS

Termes proches de MOEURS