Définition de ?PIGASTRALGIE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ou-tré

DÉFINITIONS

1
Porter les choses au-delà de la mesure.
On se divertit à voir outrer cette mode jusqu'à la folie
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29
Vous avez outré les beaux sentiments
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 215
Ne croyez jamais rien de bon de ceux qui outrent la vertu
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. XI, 60
Les autres consistoires ont eu beau, aussi bien que lui, outrer la matière, jusqu'à dire que la peinture et la sculpture étaient des arts défendus de Dieu
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. XI, § 1
Des excès de Luther qui outrait la grâce, qui l'eût cru ? on a passé aux excès des semi-pélagiens qui l'affaiblissent
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. XV, § 122
Il était à propos d'outrer un peu les personnages pour les empêcher de se reconnaître
de Jean RACINE dans Plaid. Préf.
Ils outrent toutes choses, les bonnes et les mauvaises
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Elle voulut mal à propos outrer la vengeance
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 11
J'avoue que j'ai extrêmement outré le caractère de jolie femme ; mais vous avez outré aussi celui de grand homme
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Dial. des morts, Alexandre et Phryné.
Elle [la secte des stoïciens] n'outrait que les choses dans lesquelles il y a de la grandeur
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Espr. XXIV, 10
....Mais on outre les choses, C'est donner à des riens les plus horribles causes
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans le Méch. IV, 4
Il ne faut rien outrer, quand on veut être sage
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Phil. marié, I, 4
Rien n'est plus aisé que d'outrer la nature ; rien n'est plus difficile que de l'imiter
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Anciens et modernes.
Il est difficile aux hommes de ne pas outrer ce qui est bien
de VAUVENARGUES. dans Des saillies.
Un maître impatient de faire fortune outre presque toujours la mesure de leurs travaux [des nègres]
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XI, 22
Nature : Absolument. Il ne faut jamais outrer.
2
Exagérer.
On aura sans doute outré les rapports qu'on vous aura faits ; les termes que vous soulignez sont incroyables
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Maupertuis, 9 août 1740
Sans avoir les bonnes qualités de son père [le régent], elle [la duchesse de Berry] en outrait tous les vices
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuvr. t. V, p. 203
3
Surcharger de travail. Outrer des domestiques.
Outrer un cheval, le pousser au delà de ses forces.
Alexandre ayant changé de cheval, après en avoir outré plusieurs en cette journée
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. 279
4
Offenser grièvement, pousser à bout.
Parce qu'il outrera de plus en plus la reine, et qu'il outrera, de plus, ceux qui l'approchent
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans Mém. II, liv. III, p. 451, dans POUGENS
Ce manque de parole m'a outrée contre lui
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 juill. 1686
5
S'outrer, Nature : v. réfl. Se fatiguer à l'excès.
L'impossibilité disparaît à son âme [de l'homme] ; Combien fait-il de voeux, combien fait-il de pas, S'outrant pour acquérir des biens et de la gloire !
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 25
Parlons de votre santé.... ménagez votre poitrine ; ne vous outrez pas sur l'écriture [ne vous fatiguez pas à écrire]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans déc. 1688

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Il ont le premier baile [clôture] outré [passé], Clos de fossez et de palis
dans Lai de l'ombre
Et Dant Primaut si fu tant gros, Qu'il ne pot le pertuis outrer
dans Ren. 4407
Renart ne fet pas grant sejor, Ainz saut sor la creste del for : Là se quati, li chien l'outrerent, Le flair perdirent, sel passerent
dans ib. 8117
S'ensi flerent [frappent] li autre, nostre gent est outrée [perdue], Et Antioche prise, et la terre gastée
dans Ch. d'Ant. IV, 807
Puisque son champion aureit esté outré en champ, et que le champion en sereit perdu....
dans Ass. de J. I, 249
2
XIVe s.
Pour tant qu'au samedi se veulent reposer Pour le jour du sabbat, alerent ordener Qu'au dimenche devoient ceste besongne oultrer
dans Guesclin. 9504
3
XVIe s.
L'artillerie adonques s'est montrée, Mais une piece est rompue et oultrée, Dont il advint trop merveilleux dommaige
de Jean des Mares ou Des Marets, dit Jean MAROT dans V, 92
Picqué et oultré jusques au vif d'une offense
de Michel de MONTAIGNE dans II, 115
Adonc Solon se prit incontinent à frapper sa teste, et à faire et dire tout ce qu'ont accoustumé ceulx qui sont oultrez de douleur
de Jacques AMYOT dans Solon, 9
Il prit son espée à deux mains, et, en dressant la poincte contre son estomac, se laissa tomber dessus de son hault, sans faire autre demonstration de douleur, sinon qu'il jetta un soupir, à quoy ceux de dehors recogneurent bien qu'il s'estoit oultré
de Jacques AMYOT dans Othon, 24
Outré de lassitude
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Vie, XVI
Outré de depit et de colere
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. XLVI
Les jeunes gens outrent ordinairement les louanges ou les blasmes qu'ils donnent
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. XLVIII
Et les quatre furent si oultrez [battus], qu'il les fallut mener le lendemain en une charrette avec le mort au supplice
de Vincent CARLOIX dans VI, 36
....Plus un roy debonnaire Luy veut lascher la bride [au peuple] et moins il est outré, Plus luy-mesmes la serre et sert de son bon gré
de Pierre de RONSARD dans 662
Imitateur d'Achille, alors que l'ire outrée L'enflammoit en sa nef contre le fils d'Atrée
de Pierre de RONSARD dans 664

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. ultrar ; ital. oltrare ; du lat. ultra, outre (voy. OUTRE 2).

Synonymes de OUTRER

Termes proches de OUTRER