Définition de ?BURNE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : miin ; l'n se lie : un miin-n ami ; mais quand mien est pris substantivement, l'n ne se lie pas : le

DÉFINITIONS

1
Sémantique : Familièrement, avec un, quelque, ce, cette, et un substantif.
Le ciel contre moi conjuré Voulut que s'accomplît cette aventure mienne
Et d'abord, vous prenant pour ce mien camarade, Mes sens d'aise aveuglés ont fait cette escapade
Il m'est mort un mien frère
Voici le fait : depuis quinze ou vingt ans en cà, Au travers d'un mien pré certain ânon passa
J'ai un mien beau-frère avocat au parlement, locution de la cour
de DE CAILLIÈRES dans 1690
Vous prétendez avoir recours à quelque mienne rhapsodie
2
Sans article, et après le substantif avec lequel il se construit.
Ses intérêts sont miens ; et qui lui fait outrage, S'il ne s'adresse à moi, s'adresse à son image
Thèbes, dessus ma tête apporte la couronne ; Elle est mienne, et le sang par deux fois me la donne
Horace ou Despréaux l'a dit avant nous ; je le crois sur votre parole, mais je l'ai dit comme mien
Elle avait beau séparer son bonheur du mien, je le voyais mien en dépit d'elle
3
Avec l'article défini et sans substantif. Quand vous m'aurez dit votre sentiment, je vous dirai le mien.
Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte
Cet Achille, l'auteur de tes maux et des miens
Les tiens [tes dieux] t'ont commandé le meurtre et la vengeance ; Et le mien, quand ton bras vient de m'assassiner, M'ordonne de te plaindre et de te pardonner
4
Nature : S. m. Le mien, le bien qui m'appartient. Je ne réclame que le mien.
J'y mets du mien, je fais un sacrifice d'argent.
Sémantique : Fig. Je mets du mien, j'ajoute du mien, j'amplifie, j'exagère, je controuve.
Si j'ajoute du mien à son invention, C'est pour peindre nos moeurs, et non point par envie
Voici le fait, quiconque en soit l'auteur ; J'y mets du mien selon les occurrences
de Jean de LA FONTAINE dans Serv.
Tout mon travail consiste à extraire des auteurs anciens ce qui s'y trouve de plus beau, soit pour les faits, soit pour les réflexions, sans presque jamais y rien ajouter du mien
Je vais raconter ingénument comme la chose se passa, sans y rien mettre du mien ; ce qui n'est pas un petit effort pour un historien
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Micromégas, 4
En un autre sens. J'y mets du mien, je fais des concessions.
Je me disais que je n'avais pas été assez patient, assez complaisant, assez caressant, que je pouvais encore vivre heureux dans une amitié très douce en y mettant du mien plus que je n'avais fait
Du mien, de mon côté.
Je risque plus du mien que tu ne fais du tien
5
Le tien et le mien, la propriété.
Le mien et le tien sont les termes les plus communs sur la terre, et nous ne pouvons guère nous en passer
de Louis BOURDALOUE dans 12e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 313
Parmi ces bienheureux on n'entend pas ces termes de mien et de tien
de Louis BOURDALOUE dans ib. t. III, p. 312
Et le mien et le tien, deux frères pointilleux
6
Nature : S. m. pl. Les miens, mes proches, mes alliés, mes partisans. Le sort, pour me nuire, A-, t-il quelqu'un des miens qu'il veuille encor séduire ? CORN. Cinna, V, 3.
Eh ! qui des miens, hors toi, m'ose jamais parler ?
Ah ! grand Dieu ! j'apprends la mort de tous les miens
7
Sémantique : Familièrement. J'ai fait des miennes, j'ai fait des fredaines, j'ai été dissipé.
J'ai fait quelquefois des miennes, oui, Frosine
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Foire de Besons, sc. 16

HISTORIQUE

1
XIe s.
Par num [à condition] d'ocire, i enverrai le men [fils]
dans Ch. de Rol. III
Par ceste barbe et par cest men guernon [moustache]
dans ib. XVII
2
XIIe s.
Cest jour est mout li miens pris abaissez
dans Ronc. 107
Se j'en travail [souffre], je n'en sai qui blasmer, Fors les douz ieus et son simple viaire, Dent li mien sont traï en l'esgarder
dans Couci, II
Tant com [je] fu miens [je m'appartins], [elle] ne me fist se bien non
dans ib. VI
3
XIIIe s.
Seneques dit que li home vesquissent mult en pais, se ces deux paroles mien et tien fussent ostées dou mi [milieu]
Uns miens amis me vint des ersoir acointer....
dans Berte, X
Le commandeur li respondi que il n'avoit denier du mien, et que il ne me congnoissoit
Le roy des Tartarins.... li dit : Cognois-tu ces joiaus ? Et le caiife respondi que oyl : il furent mien
Li mien meïsme [les miens mêmes] me contralient ausi comme un estrange
dans Psautier, f° 80
Aucune foiz me convientil servir autrui malgré mien
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXIX, 12
4
XVIe s.
Viens donc, ami, prendre ce qui est tien, Je suis à toi ; sois doncques du tout mien
Si j'estois mienne [ma maîtresse], et si j'avoy fiance Aux estrangers, je ferois alliance Par mariage à ce vaillant Troyen
de Pierre de RONSARD dans 623
Cette mienne si heureuse fortune
de Vincent CARLOIX dans VI, 37

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, men, menne ; wallon, meune ; namur. menk, fém. mène. Ce mot vient certainement de l'adjectif possessif ; mais on est embarrassé sur le mode de dérivation. Diez y voit l'ancien adjectif possessif mi (de meus) avec la finale en. D'autres admettent que mien est la forme picarde men, diphthonguée à cause qu'elle porte l'accent, que mon, ma ne portent jamais, étant toujours proclitiques ; le picard men est l'équivalent de mon des autres dialectes.
À côté de mien, on disait aussi beaucoup meie, moie, qui viennent directement de meum, meam ; A-il mesaise au monde qu'à la moie compere [y a-t-il malheur au monde qui soit égal au mien] ?
dans Berte, XVIII

Phonétiquement proche de MIEN