Définition de TERREUR
Prononciation : tèr-reur
DÉFINITIONS
1
Crainte violente que l'on ressent.Cet Achille de qui la pique Faisait aux braves d'Ilion La terreur que fait en Afrique Aux troupeaux l'assaut d'un lion
de François de MALHERBE dans III, 1
Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient, Leur courage renaît, et leurs terreurs s'oublient
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 3
La vouloir mettre [la religion] dans l'esprit et dans le coeur par la force et par les menaces, ce n'est pas y mettre la religion, mais la terreur
La terreur et la désertion se met dans leurs troupes
Dans le camp du prince de Condé, on ne connaît point les vaines terreurs qui fatiguent et rebutent plus que les véritables
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
J'ai conçu pour mon crime une juste terreur
de Jean RACINE dans Phèd. I, 3
Il a répandu sur nos armées un esprit de terreur et de vertige
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Mot. de conv.
Vous avez pris de vaines terreurs, lui répondit l'empereur [Alexandre Sévère]
L'auteur a cru remplir par ce moyen un des deux grands objets que les Grecs regardaient comme le but de la tragédie, la terreur
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Élog. Crébillon.
[Ce Romain qui menaçait de secouer, en déroulant sa toge, les fléaux de la guerre] il était seul, il tenait en ses mains une grande destinée, il portait la terreur
de MIRAB. dans Collection, t. III, p. 320
Terreur panique, voy. PANIQUE.
2
La terreur de quelque chose, la terreur que quelque chose inspire.La terreur de son nom rendra nos villes fortes
de François de MALHERBE dans II, 1
Et, ce que n'avait pu la terreur du supplice....
de Pierre CORNEILLE dans Hor. v, 3
En faisant dire à notre conscience : j'ai péché, il y répand avec empire la terreur de ses jugements
de Louis BOURDALOUE dans 9e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 154
Si vous ne sentez pas assez toute la terreur et l'étendue de cette vérité, souffrez que je vous en développe les conséquences
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Tiéd. 2
Il remplit tout de la terreur de son nom, se dit d'un conquérant dont le nom répand de la terreur partout.
3
Sémantique : Fig. Objet d'épouvante.Rodrigue maintenant est notre unique appui.... Le soutien de Castille et la terreur du Maure
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 2
Vous avez vu M. de Bâville, la terreur du Languedoc
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 2 oct. 1689
Les Gaulois d'Italie, que leurs guerres continuelles et leurs victoires fréquentes rendaient la terreur des Romains
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 8
Le Parthe, des Romains comme moi la terreur
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
Son trône [de la Pologne] vacant par la mort d'un roi qui avait été la terreur des infidèles
Un roi [Frédéric II] qui est la terreur des postillons comme de l'Autriche, et qui fait tout en poste
Il est la terreur des coupables, se dit d'un juge sévère.
4
La terreur, se dit absolument de l'époque de la Révolution française pendant laquelle le tribunal révolutionnaire et l'échafaud furent en permanence.Les hommes sensés n'imputeront jamais à la philosophie les horreurs commises en son nom sous le régime de la terreur
de GRÉGOIRE dans Instit. Mém. sc. mor. et pol. IV, p. 70
Les effroyables immolations de la terreur et les stériles agitations du directoire
de LANFREY dans Hist. de Nap. t. III, ch. 4
La terreur blanche, se dit des massacres que firent les royalistes dans le Midi après la chute de Robespierre, et en 1815 sous la Restauration.
REMARQUE
1
Terreur, joint aux adjectifs possessifs, se dit de celui qui craint, et non de celui qui est craint : leur terreur signifie la terreur qu'ils ressentent, et non la terreur qu'ils inspirent.HISTORIQUE
1
XIVe s.Que il voulsissent de celles terreurs delivrer la chose publique
de Pierre BERCHEURE dans f° 36
Une soubdaine terreur
de Pierre BERCHEURE dans f° 59, verso.
2
XVIe s.Il faut que quelques uns soyent chastiez rudement, à fin que cela apporte terreur aux autres
S'appelans les bras de la patrie, les gardiens des armes et la terreur des ennemis
Il leur faudroit si peu de bon succès pour mettre en terreur toute la chrestienté, que desja j'apprehende un tel inconvenient
ÉTYMOLOGIE
1
Prov. et esp. terror ; ital. terrore ; du lat. terrorem, terrere, faire trembler, que les étymologistes rattachent au sanscrit tras, trembler.