Définition de SOURDRE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sour-dr'

DÉFINITIONS

1
En parlant des eaux, sortir de terre. L'eau sourd.
Que dirai-je des bains que produit le sein de la terre pour une infinité de maladies, et des eaux chaudes qui sourdent aux rives de la mer ?
de François de MALHERBE dans Traité des bienf. de Senèque, IV, 5
Là sourdait une eau qui avait la propriété de rajeunir : c'est ce qu'on appelle encore aujourd'hui la fontaine de Jouvence
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, II, p. 176
On trouve des eaux douces le long de la mer, en remontant vers Gaza ; il suffit de creuser avec la main dans le sable pour faire sourdre au bord même de la vague une eau fraîche
2
Se dresser, s'agiter.
Nous entendrons.... Ces millions de morts, moisson du Fils de l'homme, Sourdre confusément dans leurs sépulcres, comme Le grain dans le sillon
Sémantique : Fig.
Entre le Clerc et son ami Coras, Deux grands auteurs rimant de compagnie, N'a pas longtemps sourdirent grands débats Sur le propos de leur Iphigénie
de Jean RACINE dans Épigr. I
3
Sémantique : Fig. Sortir, résulter. C'est une affaire dont on a vu sourdre mille inconvénients.
De cette grâce [faite à Fleury de monter dans le carrosse du roi] sourdit une dispute de préférence et de préséance
4
Sémantique : Terme de marine. Se disait d'un nuage s'élevant à l'horizon.
Sourdre au vent, se disait d'un navire marchant au plus près du vent.

REMARQUE

1
Buffon a dit sourdissent au présent de l'indicatif ; c'est un barbarisme : Les sources chaudes qui découlent des montagnes, ou sourdissent à l'intérieur des cavités de la terre, Théor. terr. part. hyp. Oeuvr. t. IX, p. 361.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Quant de paiens li surdent les antgardes
dans Ch. de Rol. CCXI
2
XIIe s.
Quant il esguardeit si le hanap tut entur Et vit le vin si truble qu'il en out grant hisdur, Dous iraignes [araignées] vit surdre del funz d'une tenur
dans Th. le mart. 105
Il nel dist pur nul mal, mais en conseil de fei ; Surdre i vit grant peril e mult mortal desrei
dans ib. 41
Aval le capitral, tut entur surstrent dous ordres de male granates
dans Rois, p. 253
3
XIIIe s.
Et i sordoient li bain tuit chaud li plus bel de tout le monde
Bien est droiz qu'il en sorde guerre ; Si n'en doit nus avoir pitié
dans Ren. 18864
Par là, soit esté, soit ivers, S'encorent dui flueves divers, Sordans de diverses fontaines Qui moult sunt de diverses vaines
dans la Rose, 6005
4
XVe s.
Ceste nuyt sourdit une grande tourmente
de Philippe de COMMINES dans III, 5
Dieu luy sourdit ung ennemy qui n'avoit nulle force
de Philippe de COMMINES dans V, 18
Il se leva sur pied et battit tant madame qu'elle ne pouvoit sourdre [se lever]
de LOUIS XI dans Nouv. XXXIX.
5
XVIe s.
Perceant la terre, il en veit sourdre Tages, demi-dieu
de Michel de MONTAIGNE dans I, 45
De ce vice sourdent plusieurs grandes incommoditez
de Michel de MONTAIGNE dans I, 234
Nous ne sentons point le cours des heures en oyant deviser un sage, disert et eloquent vieillard, en la bouche duquel sourt un flux de langage plus doux que miel
de Jacques AMYOT dans Préf. XIV, 42
Il ne s'entremesla point des troubles qui depuis sourdirent entre les Grecs
de Jacques AMYOT dans Timol. 47
Toutes et quantes fois, dit-il, que je frapperay du pied seulement la terre d'Italie, je feray sourdre de toutes parts gens de guerre à pied et à cheval
de Jacques AMYOT dans Pomp. 82

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, sûd ; provenç. sorger, sorzir ; espagn. surgir ; portug. sordir, surdir ; ital. sorgere ; du lat. surgere, de sursum, en haut, et regere, diriger (voy. RÉGIR) ; c'est la contraction de surrigere. Sourdre est la forme française du latin surgere ; surgir a été refait sur le modèle des autres langues romanes.

Synonymes de SOURDRE

Termes proches de SOURDRE