Définition de SON

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : son, l'n se lie : so-n ami

DÉFINITIONS

1
Il détermine le nom, en y ajoutant une idée de possession. Son père. Sa mère. Ses cousins.
Chacun, à ses périls et fortune, peut croire tout ce qu'il lui plaît
Nul homme n'est à soi-même sa raison, sa lumière, sa sagesse ; si ce n'est peut-être lorsque sa raison est une raison particulière, sa lumière une fausse lueur, sa sagesse une folie
Cette femme qui prenait le temps de demander son masque, lorsqu'elle l'avait sur son visage
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
La peine a ses plaisirs, le péril a ses charmes
Il faut que chaque parti ait son fou, comme autrefois chaque parti avait son chansonnier
Rien de Robert ne me plaît que lui-même ; C'est sa valeur et ses grâces que j'aime
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ce qui plaît aux dames.
Les lacs ont leurs oiseaux, la mer a ses serpents, Et ses poissons ailés et ses poissons rampants
2
Dans des cas rares, où un verbe à l'infinitif donne quelque chose de général à la phrase, on peut mettre son, sa, ses, bien que le verbe principal ne soit pas à la 3e personne.
Je trouve fort triste de vivre et de mourir sans son archevêque
Dans des cas encore plus rares et qui ne sont pas à imiter, son se rapporte à un possesseur vague qui n'est pas nommé.
Le meilleur de tous les biens, s'il y a des biens, c'est le repos, la retraite et un endroit qui soit son domaine
de Jean de LA BRUYÈRE dans De la cour
3
Dans le langage familier, son, sa, ses, joint au verbe sentir, équivaut à l'article.
... pour me l'amener tu t'en vas en personne.... N'envoyer qu'un valet sentirait son mépris
Un vieux renard, mais des plus fins,.... Sentant son renard d'une lieue
La ballade, à mon goût, est une chose fade ; Ce n'en est plus la mode, elle sent son vieux temps
Cela sent son vieillard, qui, pour s'en faire accroire, Cache ses cheveux blancs d'une perruque noire
Comme le vrai mérite a ses prérogatives.... cette phrase, ce comme ne conviennent pas à Pompée ; cela sent trop son rhéteur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. Corn. Rem. Sertor. III, 2
Sa conversation, non moins instructive qu'amusante, ne sentait point son curé de village
4
Posséder son Homère, son Cicéron, ses auteurs anciens, connaître bien Homère, Cicéron, les auteurs anciens, etc.
Il savait Rabelais et son saint Augustin
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Marseill. et Lyon.
Il n'avait en littérature qu'une légère superficie, il ne savait que son Ovide
On dit de même : il possède bien son arithmétique.
Pontchartrain était appliqué, sachant bien sa marine, assez travailleur
5
Quelquefois son, sa, ses a une signification méprisante et de reproche.
M. Burnet me passe tous les faits que j'ai rapportés sur la réforme anglicane et sur son Cranmer, aussi bien que sur ses autres héros, sans en contredire aucun
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Déf. Var. 1er disc. 31
6
Son, sa, ses, placés devant les adverbes comparatifs, forment un superlatif. Son plus riche habit. Sa moins belle robe.
7
Son, quoique masculin, se dit au féminin devant un nom commençant par une voyelle ou une h muette : son âme, son épée, son héroïne. Ce solécisme, qui est passé dans l'usage, n'était pas commis par nos aïeux, qui disaient en élidant l'a comme dans l'article : s'ame, s'espée ; ce n'est qu'au XIVe siècle qu'il a commencé à s'introduire.

REMARQUE

1
1. La règle générale est d'employer l'adjectif son, sa, ses, lorsqu'on parle des personnes ou des choses personnifiées, c'est-à-dire auxquelles on attribue des vues et une volonté. Hors ces cas, il vaut mieux employer en. Au lieu de dire : Le soin qu'on apporte au travail empêche de sentir sa fatigue ; dites : d'en sentir la fatigue. Cependant ce n'est point une loi grammaticale qui y oblige, c'est la clarté et l'élégance, et plus d'une fois les écrivains s'en sont départis.
J'ai honte de ma vie, et je hais son usage, Depuis que je la dois aux effets de ta rage
On ne peut d'ailleurs qu'user de son, sa, ses quand le nom est en complément indirect, comme ici : Lysidas [parlant de sa pièce] : Tous ceux qui étaient là doivent venir à sa première représentation
2
2. Pour l'emploi de son, sa, ses avec chacun, voy. CHACUN, Rem. 1.

HISTORIQUE

1
IXe s.
Si Lodhwigs sagrament que son fradre Karlo jurat, conservat....
dans Serment
Et Karlus meos sendra [mon seigneur], de suo part....
dans ib.
2
Xe s.
Un edre [un lierre] sore sen cheve [tête] Frag. de Valenc. p. 468. Mult laetatus, por que Deus cel edre li donat à sun soueir e à sun repausement
dans ib.
Ne aiet niuls male voluntatem contra sem peer
dans ib. p. 469
Elle ent adunet [abandonne] lo suon element [doctrine]
dans Eulalie
Qu'elle perdesse sa virginitet
dans ib.
Par souue clementia
dans ib.
3
XIe s.
D'icez sons sers [de ces siens serfs]
dans St Alexis, XX
Se [il] mesfeist as homes de sa baillie
dans Lois de Guill. 2
Serez ses hom [son homme] par honur et par bien
dans Ch. de Rol. III
Li reis est fiers, et sis curages pesmes
dans ib. IV
4
XIIe s.
[Que je] Ne puisse assez li [elle] et s'amor servir
dans Couci, XI
5
XIIIe s.
En terre sen fil [son fils] [il] envoia, Qui aveques nous conversa
dans St Graal, V. 2183
En son lit en seant [elle] prist ses heures à dire
dans Berte, XI
Mal lui monstrons semblant que soions si ami
dans ib. LXXI
Et l'apostoles li manda qu'il sermonnast de la croix par s'auctorité
Savés-vous qui estoit s'amie ? la Rose, 835 Dieu, en qui il mist sa fiance, le gardoit touz jours dès s'enfance
6
XIVe s.
Cest os ou son extremité vers la jointure du coude
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 21
Comme il se feist voie parmi la tourbe avecques son espée
de Pierre BERCHEURE dans f° 32, recto
Son ire croissoit
de Pierre BERCHEURE dans f° 40, verso
Il avoit defraudé son esperance
de Pierre BERCHEURE dans f° 24, verso
Et doit icellui pecheur dire tout ce qui peut grever son ame
dans Ménagier, I, 3
7
XVe s.
Du temps de ses feu pere et mere
de LOUIS XI dans Nouv. X
8
XVIe s.
Et ayme mieux en s'amour avoir peine, Que sans s'amour avoir liesse plaine
de Clément MAROT dans II, 375
Sy luy dirois la peine que j'endure Pour son amour, et elle orroit ma plaincte
de Clément MAROT dans I, 376
Ce disant, Dindenault desguainoyt son espée
Il tua son homme en ce mesme combat
de Michel de MONTAIGNE dans III, 296
La foy prend son commencement, accroissement et perfection de la parole
.... que la loy n'a de rien profité à ses observateurs
de Jean CALVIN dans ib. 1045
Au gentilhomme bien né, son estude, exercice et plaisir, doit estre en toutes les vertus
Ainsi qu'on void avenir à une lanterne : car plus sa vitre est claire, plus sa lumiere interieure s'apperçoit
Il commencea à user d'une franchise de parler, qui sentoit plus son accusateur que sa libre defense
de Jacques AMYOT dans Cor. 26

ÉTYMOLOGIE

1
Poit. seun ; picard sin ou sen devant une voyelle, chin, son, che, sa ; provenç. ses, son, au fém. sa ; au plur. siei, sei ; au fém. sas ; cat. sos, son ; espagn. suyo ; ital. suo : du lat. suum ; comparez le grec, et l'allem. sein. Dans l'ancienne langue, ses était le nominatif, son le régime, au sing. masculin ; si le nominatif pluriel, ses le régime pluriel.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
3. Cet adjectif possessif peut se dire avec un substantif composé.
Son contrains-le [de l'Évangile]....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Philos. Déf. de Milord Bolingbroke, XXXII.
2
VIIIe s. Per sa preceptione, pour : per suam praeceptionem (716), dans JUBAINVILLE, De la déclinaison latine en Gaule à l'époque mérovingienne, p. 96.

Synonymes de SON

Phonétiquement proche de SON