Définition de RACINE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ra-si-n'

DÉFINITIONS

1
Partie inférieure d'un végétal plongée le plus ordinairement dans la terre, qui croît toujours en sens contraire de la tige, et sert tant à fixer la plante au sol qu'à pomper sa nourriture. Racine pivotante, à base unique, ramifiée ou non, s'enfonçant verticalement dans le sol ; racine à base multiple, fibreuse quand le faisceau qui part du collet se compose de filets minces, noueuse quand les fibres se renflent de distance en distance, tubéreuse quand les fibres sont très renflées à leur milieu ; racine adventive, naissant non du collet mais de la tige ; racine aérienne, racine adventive naissant loin du sol ; racine accessoire, racine naissant des tiges rampantes sur le sol ou sur un corps quelconque. Pousser de profondes racines. Jeter des racines.
Duhamel planta un arbre les branches en terre et les racines en l'air, il vit alors les racines métamorphosées en branches et les branches en racines
de SENNEBIER dans Ess. art d'obs. t. I, p. 327, dans POUGENS
Sémantique : Fig.
Le ciel même peut-il réparer les ruines De cet arbre [race de David] séché jusque dans ses racines ?
Sémantique : Terme de palais. Fruits pendants par les racines, par racines, récoltes qui sont encore sur pied, qui n'ont point encore été coupées.
Les récoltes pendantes par les racines, et les fruits des arbres non encore recueillis, sont immeubles
dans Code Nap. art. 250
Sémantique : Fig. Prendre racine, jeter racine, se fixer, s'arrêter.
Et comme si mes pieds eussent jeté racine, J'ai resté quelque temps immobile....
Le fleuriste a un jardin dans le faubourg ; il y court au lever du soleil, et il en revient à son coucher ; vous le voyez planté et qui a pris racine au milieu de ses tulipes
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Pour moi, qui n'ai point pris racine sur la terre, Je m'en vais sans effort, comme l'herbe légère Qu'enlève le souffle du soir
Sémantique : Familièrement. Prendre racine en un lieu, s'y établir, et aussi faire des visites trop longues et importunes.
Son suffisant valet avec sa bonne mine Dans la chambre prochaine a, je crois, pris racine
Cette Mme Artus a pris ici racine
Prendre racine, se dit aussi de ce qui se fixe, de ce qui devient invétéré.
Ce que j'extirpe au loin dans ma cour prend racine
La tige du péché prendra racine en eux sans qu'ils le connaissent
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Ecclésiastiq. III, 30
D'abord le docteur grave qui l'a inventée [une opinion probable] l'expose au monde, et la jette comme une semence pour prendre racine
Il y a tant de liaison entre la spéculation et la pratique, que, quand l'une a pris racine, vous ne faites plus difficulté de permettre l'autre sans déguisement
de Blaise PASCAL dans ib. XII
Sémantique : Fig. Jeter des racines, s'attacher fortement.
Plus vous différez, plus vous jetez de profondes racines dans le crime
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Délai.
2
Racine de certains arbres dont on fait des ouvrages d'ébénisterie et de tour. Une boîte en racine de buis. Voilà une belle racine.
3
Certaines plantes dans lesquelles ce qu'il y a de bon à manger est ce qui vient en terre. Racines alimentaires. Les carottes, les navets, les betteraves sont des racines. Faire cuire des racines. Potage aux racines.
4
Nom donné, en pharmacie, à certaines racines qui ont des propriétés médicinales.
Je connais la vertu de la moindre racine, Je suis par mon savoir dieu de la médecine
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Sonnet, Apollon à Daphné.
Ils se vantèrent de chasser ces diables avec des exorcismes et une racine nommée barath
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Philos. Hérode, pharisiens.
Racines apéritives majeures, celles d'ache, d'asperge, de fenouil, de persil et du petit houx ; racines apéritives mineures, celles de chien-dent, de câprier, de garance, d'éryngion et d'ononis.
5
Racine du Brésil, l'ipécacuana.
Racine d'or, la racine du pigamon tubéreux, appelée aussi racine jaune.
Racine de Colombo, racine amère qui vient de Ceylan.
6
Sémantique : Terme de teinture. Synonyme de racinage.
Sous la racine seule, on doit aussi entendre l'écorce, feuille de noyer et coque de noix, qui sont trois ingrédients provenant du même arbre, et qui servent tous à la couleur du fauve
dans Instruct. gén. p. la teinture, 18 mars 1671, art. 219
Couleur fauve, qui se fait avec le racinage.
La racine, écorce de noyer et coque de noix pour le fauve, autrement appellé couleur de racine ou noisette
dans ib. 1671, art. 257
7
Sémantique : Terme de reliure.
Les taches noires qu'impriment à la peau ou la couperose ou le noir de racine
de LESNÉ dans la Reliure, p. 177
La racine est le plus beau marbre qu'on ait imaginé
de LESNÉ dans ib. p. 199
Noir de racine, noir peu coûteux, que quelques ouvriers préparent en mettant de vieilles ferrailles dans un pot de terre avec du vinaigre et de la bière
de LESNÉ dans ib. p. 199
Les bibliothécaires nomment racine la marbrure qui imite les veines des racines d'arbres débitées en planches et polies. Veau racine.
8
Portion d'un organe servant à son implantation dans un autre organe. La racine des dents, des poils, des cheveux, des ongles. La racine de l'ongle est malade.
Ce que je vois de moment en moment me saisit d'épouvante depuis la racine des cheveux jusqu'à l'ongle du petit doigt du pied
Les poils étaient blancs à la racine, et noirs à la pointe
Il [le peintre] a placé la racine des cheveux trop loin des tempes, ce qui donne au front un contour moins agréable et moins de finesse au regard
Sémantique : Terme d'anatomie. Racine d'un membre, la partie de ce membre la plus voisine du tronc.
9
Racine d'un polype, d'un cancer, d'un cor, d'une verrue, prolongement par lesquels ces productions morbides s'enfoncent dans les tissus.
10
Racine d'un nerf, point par lequel un nerf se détache d'un centre nerveux (cerveau ou moelle épinière).
11
Pied d'une montagne.
Les Cordillères, dont les racines bordent, pour ainsi dire, la mer du Sud
Ici, comme le remarque saint Jérôme, on est à la racine du mont Moria, sous les murs du temple
12
Sémantique : Fig. Principe, origine de certaines choses.
Comme si l'on pouvait couper la racine des doutes d'où naissent les procès
de Blaise PASCAL dans Entret. avec M. de Saci.
Toutes ces dispositions [au mensonge et au déguisement], si éloignées de la justice et de la raison, ont une racine naturelle dans son coeur [de l'homme]
Le fond du coeur où il [l'ennui] a des racines naturelles
de Blaise PASCAL dans ib. IV, 2
Chaque petite parcelle du bien que nous possédons tenant dans le fond du coeur par sa racine particulière
Oh que de mon esprit.... Ne puis-je faire ôter les ronces, les épines, Et de défauts sans nombre arracher les racines !
Pour peu qu'on perce ces dehors éclatants, on entrevoit aisément que cette prétendue modération des Romains avait des racines dans une profonds politique
Mais elle [la loi de Moïse sur le pardon] ne touchait point au coeur, et n'allait pas jusqu'à la racine des haines
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Pardon.
Vous verrez la racine de mes honteuses passions encore vivantes au fond de mon âme
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Impén. fin.
Le Seigneur fera sécher la racine de votre orgueilleuse postérité
L'homme qui coupait la racine à tant d'abus ne pouvait manquer d'être haï
13
Sémantique : Terme de grammaire. Dans l'ancien sens grammatical, mot primitif. Les racines de la langue grecque. Le Jardin des racines grecques de Lancelot.
On connaît le liber memorialis à l'usage des écoliers allemands : c'est un petit dictionnaire où les mots latins sont rangés par ordre de racines
de DUMARS. dans Oeuv. t. I, p. 93
Maintenant racine signifie le monosyllabe irréductible auquel on parvient en dépouillant les mots (dans notre système de langues) de leurs préfixes, suffixes et flexions.
Racines prédicatives ou verbales, voy. PRÉDICATIF.
Racines pronominales ou démonstratives, racines indiquant les êtres individuels et la place qu'ils occupent ; de là sont nés les pronoms, les articles et, en partie, les prépositions, les adverbes et les conjonctions.
On distingue la racine et le radical, dans les langues synthétiques, telles que le sanscrit, le grec, le latin, etc. Le mot de racine reste appliqué exclusivement à la racine proprement dite, c'est-à-dire à l'élément irréductible ; celui de radical s'applique à la racine déjà munie de son suffixe de dérivation et prête à recevoir la flexion. Ainsi dans partus (l'accouchement), partu est radical, de la racine par, avec suffixe tu.
14
Sémantique : Terme de mathématique. Nombre qui, multiplié par lui-même une ou plusieurs fois, en produit un autre. 5 est une racine de 625, parce qu'en le multipliant trois fois par lui-même, 5x5x5x5, on produit 625. Racine quatrième, racine cinquième, etc., nombre qui, multiplié trois fois, quatre fois par lui-même, donne le nombre proposé.
Au lieu de racine deuxième, racine troisième, on dit racine carrée, racine cubique.
Je m'étais donné à la philosophie, croyant y trouver le repos que Newton appelle rem prorsus substantialem ; mais je vis que la racine carrée du cube des révolutions des planètes et les carrés de leurs distances faisaient encore des ennemis
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. Courte réponse.
On appelait racines sourdes, les racines carrées ou cubiques des nombres qui ne sont ni carrés ni cubiques ; on les nomme aujourd'hui irrationnelles ou incommensurables.
Sémantique : Terme d'algèbre. Nom qu'on donne aux valeurs des quantités inconnues qui entrent dans les équations au-dessus du premier degré.
15
Sémantique : Terme d'astronomie. Époque ou instant d'où on commence à compter les mouvements des planètes.
16
Racine de bryone, espèce de coquille.
17
Sémantique : Terme de minéralogie. Racine d'émeraude, prase.
18
Sémantique : Terme de pêche. Filament transparent et très résistant, pour monter les hameçons destinés à prendre de gros poissons d'eau douce ; on dit aussi crin de Florence ; ces crins sont de la soie qu'on obtient en rompant le ver à soie vivant par le milieu et en étirant la matière soyeuse qu'il contient, et qui se sèche à l'air en un gros fil.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Et si port ci [je porte ici] tel racine auvec mi
dans Raoul de C. 267
Moult y a poi [peu de] feme sans visse Et sans racine d'avarisse
dans Brut, v. 1931
Mius [mieux] voelent vivre de racines, Comme bestes en salvecines
dans ib. V. 237
2
XIIIe s.
Car pieça c'on dist ce proverbe : De pute racine pute herbe
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 696
Se tu veus la racine cube d'aucun nombre querre....
dans Comput, f° 15
Et envie est tele racine, Où touz li max prenent orine [origine]
dans Ren. 185
Covoitise est racine de tos maus
dans Liv. de jost. 10
L'en apele coisins [cousins] ces qui sunt d'une meisme racine
dans ib. 230
Et par cel jugement apert il clerement que bois, tant comme il tient à racine, est heritages
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXVII, 13
3
XIVe s.
Et pour ce dit l'en que le sanc des freres est un, et la racine une, et teles choses
Et universelment la racine et la cause de toutes les differences dessus dites est que....
de Nicolas ORESME dans ib. 64
4
XVe s.
Et pour ce que vous sachiez veritablement le commencement et la racine de cette guerre et dont elle se meut
5
XVIe s.
Il estoit sujet à une grande douleur au-dessous de la racine des cheveux
Seiche racine, de l'arbre la ruyne
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. II, 83
Ung a toute proprieté de nombre ; car il est parfaict comme 6 ; il est lineal, quarré, cube, solide, racine carrée, racine cube, racine de racine
de DE LA ROCHE dans Arismetique, f° 1
Racine de nombre est ung nombre qui, multiplié en soy une foys ou plusieurs, produit precisement le nombre dont il est racine ; et doyt-on sçavoir qu'il sont infinies especes de racines ; car aulcunes sont racines quarrées qui sont appelées racines secondes ; aulcunes sont racines cubiques qui s'appellent racines tierces ; aulcunes sont racines de racines qui sont dictes racines quartes ; ne plus avant sont entrés les anciens pour la souffisance d'icelles aux raysons d'arismetique et de geometrie ; mais les modernes sont entrés plus parfond en la mer des nombres, et ont trouvé racines quintes, sextes, septimes, etc. jusques ad infinitum
de DE LA ROCHE dans ib. f° 29, verso
Tant de sang que les rois espanchent à ruisseaux S'exalle en douce pluie et en fontaines d'eaux, Qui, coulantes aux pieds de ces plantes divines, Donnent de prendre vie et de croistre aux racines

ÉTYMOLOGIE

1
Picard, rachaine ; wallon, resseinn, carotte ; provenç. racina, razina ; du bas-latin radicina, diminutif du lat. radix, racine, de même radical que le grec ; anc. scand. rôt ; angl. root ; goth. vaurts ; all. Wurzel ; kymri, gwraidd ; bas-bret. grizien. L'ancienne langue avait raïz, tiré du lat. radicem.

Synonymes de RACINE

Termes proches de RACINE