Définition de OIE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : oî

DÉFINITIONS

1
Espèce d'oiseau aquatique plus gros et plus grand que le canard : l'oie sauvage, anser segetum ; l'oie domestique, anser cinereus, dite absolument oie ; l'oie à cravate, anas canadensis, L. ; l'oie nonnette, la bernache nonnette, anser erythropus, L. Faire rôtir une oie. Garder les oies.
L'oie nous fournit cette plume délicate sur laquelle la mollesse se plaît à reposer, et cette autre plume, instrument de nos pensées, et avec laquelle nous écrivons ici son éloge
La domesticité de l'oie est moins ancienne et moins complète que celle de la poule
Les oies sauvages sont peut-être de tous les oiseaux les plus sauvages et les plus farouches
Les Gaulois, bien instruits du sentier qui mène au Capitole, y montent pendant la nuit ; toutes les sentinelles dormaient, les oies consacrées à Junon veillaient seules ; elles crient : un personnage consulaire, M. Manlius, s'éveille, appelle du secours....
de LÉVESQUE dans Inst. Mém. sc. mor. et pol. t. III, p. 224
Sémantique : Terme d'antiquité romaine. Oies sacrées, les oies qu'on promenait en triomphe tous les ans en mémoire de ce qu'elles avaient donné l'alarme dans l'attaque nocturne des Gaulois.
Tirer l'oie, se dit d'un jeu barbare qui consiste à attacher une oie par le cou, et à y lancer des bâtons jusqu'à ce que le cou ait été rompu.
Fontaubin : Monsieur a l'air.... - Lisette : D'un marinier qui va tirer l'oie
de LEGRAND dans l'Usurier gentilh. SC. 13
Bête comme une oie, qui se laisse plumer sans crier, c'est-à-dire très bête.
On dit de même : n'avoir pas le sens d'une oie.
La paix ! il n'y aura point de paix ; c'est un labyrinthe dont on ne se peut tirer ; ah ! pauvres Français, réjouissez-vous ; car vous n'avez pas le sens d'une oie
Sémantique : Fig. C'est une oie, se dit d'une personne très sotte.
2
Jeu de l'oie, jeu que l'on joue avec des dés sur un carton où des figures d'oie sont placées dans un certain ordre.
Plus, un trou-madame et un damier, avec un jeu de l'oie, renouvelé des Grecs, fort propres à passer le temps lorsqu'on n'a que faire
Le jeu de l'oie vous a renouvelée, comme il l'a été par les Grecs
Mme la Dauphine s'était mise à jouer à l'oie, ne pouvant mieux
J'aime les jeux galants où l'esprit se déploie : C'est, monsieur, par exemple un joli jeu que l'oie
Le jeu de l'oie n'est pas la seule chose qui soit renouvelée des Grecs
de ARNAULT dans Loisirs d'un banni, t. II, p. 45, dans POUGENS
3
Contes de ma mère l'oie, contes dont on amuse les enfants.
Et ne m'émeus non plus.... Que d'un conte d'Urgande et de ma mère l'oie
Qu'aurait-on dit de Virgile, bon Dieu ! si à la descente d'Énée dans l'Italie, il lui avait fait conter par un hôtelier l'histoire de Peau d'âne et des contes de ma mère l'oie ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Dissert. sur Joconde (en 1669)
Sémantique : Fig. Faire des contes de ma mère l'oie, dire des choses où il n'y a nulle apparence de raison et de vérité.
D'après J. Grimm, les contes de la mère l'oie se rattachent à Berthe la fileuse ou Berthe pied d'oie, dite dans le midi la reine Pedauque ; Berthe, Berchta est une divinité germanique.
4
Merde d'oie (on prononce mêr-doi), se dit d'une couleur mêlée de vert. Couleur merde d'oie.
5
Petite-oie, ce qu'on retranche d'une oie quand on l'habille pour la faire rôtir, comme les pieds, les bouts d'aile, le cou, le foie, le gésier. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui un abatis.
Sémantique : Fig. Petite-oie, les bas, le chapeau, et les autres ajustements pour rendre un habillement complet ; ainsi dit par comparaison avec l'abatis d'une volaille.
Ne vous vendrai-je rien ? monsieur, des bas de soie, Des gants en broderie, ou quelque petite-oie ?
de Pierre CORNEILLE dans Galer. du pal. IV, 14
Que vous semble de ma petite-oie ? la trouvez-vous congruente à l'habit ?
À la vérité, nos modes changent de temps en temps ; mais avez-vous pris garde que ces changements ne vont pas tant à l'essentiel des habits qu'aux ajustements et à la petite-oie ?
de BOUHOURS dans Entret. d'Ariste et d'Eug. 2
Sémantique : Fig. Les petites faveurs que les femmes accordent à leurs amants.
Hors de cela, elle lui accorda après deux ou trois conversations ce qu'une fille peut accorder honnêtement à un homme ; et il fut maître de ce que nous appelons en France la petite-oie
de Roger de RABUTIN, Comte de Bussy, dit BUSSY-RABUTIN dans la France galante, p. 305, édit. POITEVIN, 1857
Menu détail, baisers donnés et pris ; La petite-oie ; enfin ce qu'on appelle En bon français les préludes d'amour
de Jean de LA FONTAINE dans Orais.
Sémantique : Par extension, toute sorte de prélude, de diminutif.
Je mettais mon chapeau en garçon qui n'était pas un sot ; enfin j'avais déjà la petite-oie de ce qu'on appelle usage du monde
Cette légère mortification a fait dire à une dévote janséniste, que leur sort était bien digne d'envie, et qu'ils avaient obtenu la petite-oie du martyre
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Destruct. des jésuit. Oeuv. t. V, p. 202, dans POUGENS.
Petite-oie est vieux dans toutes ses acceptions.
6
Patte-d'oie, voy. oie">PATTE-D'OIE, à son rang.
7
Oie noire, synonyme de macreuse.
8
Petite constellation qu'on réunit ordinairement à celle du Renard. Le Renard et l'Oie forment la constellation dite Fleuve du Tigre.
Le Toucan, autre constellation, est appelé Oie d'Amérique, LEGOARANT.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Auwes ne capons
de TAILLIAR dans Recueil, p. 140
2
XIVe s.
Chars de buef, d'oies
de H. DE MONDEV. dans f° 45
Que nulz n'achate oes que en la place ou es champs qui sont entre le ponceau de Roulle du pont de Chaillouau jusques aus faubours de Paris
dans Liv. des mét. 176
3
XVIe s.
C'est toy qui maints de los très amples doues ; Mais endroit moy tu fais cignes les oues
de Clément MAROT dans II, 380
De chacun baril d'auve, sain, oinct, et autres graisses, Arrêt du parlement, 20 sept. 1527. Il est bien mal-aisé que tels esprits croyent aux petites oyes de vostre religion, comme au baptesme des cloches
Verd de gris, merde d'oye, jaune paisle, jaune doré....
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. I, 2
Voilà une bataille avec ses petites oyes [détails]
Je luy appris à tourner les talons en dedans, à cheminer en oye et de pareille gravité
Qui mange de l'oye du roi, en cent ans il en rend la plume
de Vincent CARLOIX dans I, 32
Or ça on plume l'oye sans la faire crier
Se hoyes sont trouvées en prés ou en vignes, en quelque temps que ce soit, ou en terres embloyées ou semées
de LA THAUMASSIÈRE dans Cout. du Berry, p. 328, dans LACURNE
Petite oue [abatis]
de Antoine OUDIN dans Dict.
Petite oue d'habit
de Antoine OUDIN dans ib.

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, oche ; wallon, âwe ; namur. auwe ; anc. espagn. auca ; espagn. mod. et portug. oca ; bas-lat. auca, de avica, dérivé fictif de avis, oiseau. Le nom général avica, oiseau, a été réduit à un sens spécial, comme jumentum, bête de somme, a donné jument.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Oie de mer, nom sur les côtes de Normandie, d'un petit cétacé, ainsi dit à cause de la forme de son museau.
2
Les oies du frère Philippe, les femmes ; locution qui provient d'un conte de La Fontaine, lequel est tiré de Boccace, qui, à son tour, l'a emprunté à une pieuse légende du moyen âge : Un jeune homme élevé loin du monde voit pour la première fois des femmes ; le jeune homme, touché de cette vue, demande ce que c'est ; le vieillard répond : ce sont des oies.

Synonymes de OIE