Définition de MUER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : mu-é

DÉFINITIONS

1
Nature : V. a. Changer.
Qui de Méduse eût vu jadis la tête Était en roc mué soudainement
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans dans le Dict. de BESCHERELLE.
Usité en ce sens dans le style marotique seulement.
2
Sémantique : Terme de vénerie. Muer sa tête, se dit d'un cerf qui quitte son bois.
3
Nature : V. n. Être dans le temps de la mue.
Un paon muait ; un geai prit son plumage, Puis après se l'accommoda
Voyant muer quelquefois sa peau [du serpent], ils [les hommes] durent croire qu'il rajeunissait
Communément, c'est vers la fin de l'été et en automne que les oiseaux muent
Il y a des chevaux qui muent de corne, cela arrive surtout à ceux qui ont été élevés dans des pays humides et marécageux comme en Hollande
Muer se conjugue avec l'auxiliaire avoir quand on veut exprimer l'acte : l'oiseau a mué hier ; avec l'auxiliaire être quand on veut exprimer l'état : l'oiseau est mué depuis quelques jours.
4
Prendre un certain timbre rauque, en parlant de la voix des jeunes gens qui atteignent la puberté.
Sa voix mue, ou plutôt il la perd
5
Sémantique : Terme d'ancienne musique. Exécuter une muance ; changer de ton, et, par suite, de manière de solfier.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Set cenz chameaux et mil hosturs [autours] muez
dans Ch. de R. III
Li reis Marsile ad la color muée
dans ib. XXXIII
2
XIIe s.
Et de cors et de membres [elle] par fu si avenanz, Qu'onques Dex ne fist homme, tant soit vielz ne crolanz, Se l'osast esgarder, ne li muast talans [désir]
dans Sax. V
3
XIIIe s.
Car ele n'ot nouvele qui en mal ne se mue
dans Berte, LXXX
Note que fort chose est mouer consentement
dans Liv. de just. 184
[Il] plus avoit d'orguel en lui que n'ot Nobugodosor, qui par son orguel fu mués VII ans en bieste
dans Ch. de Rains, p. 98
Li tens qui tote chose mue, Qui tout fait croistre et tout norist, Et qui tout use et tout porrist
dans la Rose, 380
4
XVe s.
Quand le roi Philippe vit les Anglois, le sang lui mua, car il les heoit
Les dieux et les deesses à leur plaisance muoient les hommes en bestes et en oiseaux
Et ceulx là sont incontinent muez d'amour en hayne et de hayne en amour
de Philippe de COMMINES dans I, 16
5
XVIe s.
La voix se mue et grossist si tost que le garçon se rue au jeu d'amour
de Ambroise PARÉ dans VI, 18
La maladie des magneaux [vers à soie] se recognoist à la teste, qui s'enfle lorsqu'ils veulent muer
de Olivier DE SERRES dans 481
Cueur feminin se mue, et prend son cours, Comme la lune estant en son decours
Je fourvoye, je ruse muant de lieu, d'occupation
de Michel de MONTAIGNE dans III, 299
Quand ils [les cerfs] cherchent à se donner du bon temps pour se defaire du mauvais qu'ils ont eu durant l'hiver, la premiere chose qu'ils font, c'est de muer leur teste
de CHARLES IX dans Chasse royale, ch. IV
Muons de chance

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, mouwer ; namur. muwer ; prov. et esp. mudar ; ital. mutare ; du lat. mutare, changer. Mutare est moitare, voy. le terme grec signifiant mutuel, et est de même radical que mutuus (voy. MUTUEL).

Synonymes de MUER

Phonétiquement proche de MUER