Définition de JUIF

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DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : juif, jui-v'

DÉFINITIONS

1
Celui, celle qui appartient au peuple hébreu, au peuple qui habita jadis la Palestine. Un Juif, une Juive (avec une majuscule).
Les Juifs charnels tiennent le milieu entre les chrétiens et les païens : les païens ne connaissent point Dieu, et n'aiment que la terre ; les Juifs connaissent le vrai Dieu, et n'aiment que la terre ; les chrétiens connaissent le vrai Dieu, et n'aiment point la terre
de Blaise PASCAL dans Pensées, XV, 12, édit. HAVET.
Le Juif errant, personnage imaginaire que l'on suppose condamné à errer jusqu'à la fin du monde, pour avoir outragé Jésus portant sa croix, et qui paraît être une représentation populaire de la dispersion du peuple juif.
N'êtes-vous point cet homme De qui l'on parle tant, Que l'Écriture nomme Isaac Juif errant ?
dans Complainte du Juif errant
Je gage que le Juif errant N'a pas fait un plus long voyage [qu'Énée]
de Paul SCARRON dans Virg. I
Chrétien, au voyageur souffrant Tends un verre d'eau sur ta porte ; Je suis, je suis le Juif errant, Qu'un tourbillon toujours emporte
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Juif errant.
Sémantique : Fig. et familièrement. C'est un Juif errant, c'est un homme qui change souvent de demeure, qui voyage sans cesse.
C'est donc un voyageur ? - C'est un vrai Juif errant
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans Chât. en Esp. II, 1
Juif errant, se dit aussi d'un homme qui est toujours par voie et par chemin, qu'on ne trouve jamais chez lui.
2
Celui, celle qui professe la religion judaïque (avec un j minuscule). Un juif est un Français, un Allemand, un Anglais, etc. professant la religion juive.
Secondement, il doit à Jérémie Aaron, Usurier de métier, juif de religion
de Jean-François REGNARD dans le Joueur, III, 4
Voici mon noble aïeul ; Il vécut soixante ans, gardant la foi jurée, Même aux juifs !
de Victor HUGO dans Hernani, III, 6
Être riche comme un juif, être fort riche.
Un marchand nouvellement arrivé et plus riche qu'un juif
de Alain René LESAGE dans Guzm. d'Alfar. I, 4
3
Sémantique : Fig. et familièrement. Celui qui prête à usure ou qui vend exorbitamment cher, et, en général, quiconque cherche à gagner de l'argent avec âpreté.
Il y a longtemps que je n'ai vu le jeune Sanche : c'est un jeune homme affamé de gagner et bien juif, à mon gré
de Gui PATIN dans Lett. t. II, p. 186
Comment diable ! quel juif, quel arabe est-ce là ? c'est plus qu'au denier quatre
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Avare, II, 1
Adieu juif, le plus juif qui soit dans tout Paris
de Jean-François REGNARD dans le Joueur, II, 14
Les arabes ! les juifs ! ouf ! ouf ! je n'en puis plus ; Ose-t-on égorger les gens de cette sorte ? Pour enterrer ma femme exiger vingt écus ! J'aimerais presque autant qu'elle ne fût pas morte
de PONS dans (de Verdun).
4
Nom qu'on donne quelquefois au squale-marteau, poisson.
5
Nature : Adj. Juif, juive, qui appartient aux Juifs. Le peuple juif.
Année juive, année lunaire de 354 jours. L'année religieuse des Juifs commençait à l'équinoxe du printemps.
À la juive, Nature : loc. adv. À la manière des Juifs, quant aux moeurs et aux costumes.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Ensi firent Giwui quant il unt Deu jugié ; Vilment l'unt escrié, batu e coleié
dans Th. le mart. 46
2
XIIIe s.
Si fu jadis par maint prophete Ceste incarnacion retraite, Et par Juïs et par paiens
dans la Rose, 19365
Il me conta que il ot une grande desputaison [discussion] de Juis et de clers au moustier de Clygni
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 198
En gage à juif, à lombard, ne à nule autre maniere de gent
dans Liv. des mét. 100
3
XVIe s.
Juifs en pasques, Mores en nopces, chrestiens en plaidoyers Despendent leurs deniers
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 290

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. juzieu, jusieu ; catal. jueu ; espagn. judio ; portug. judeo ; ital. giudeo ; du lat. judaeus. Judaea, la Judée, est le pays des enfants de Juda ; Juda est un des fils de Jacob, et son nom vient d'une racine hébraïque signifiant célébrer, confesser.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
JUIF. - ÉTYM. Ajoutez : D'après M. d'Arbois de Jubainville (Revue celtique, t. II, p. 129), la forme juif, ne pouvant venir directement du latin judaeus, suppose un bas-latin judévus (syncope du d, et changement d'e en i et de v en f) ; cette supposition est corroborée par le breton armoricain juzev.

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