Définition de GLAIVE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : glê-v'

DÉFINITIONS

1
Épée tranchante (usité surtout en poésie et dans le style soutenu).
J'ignore si de Dieu l'ange se dévoilant Est venu lui montrer un glaive étincelant
Quand l'arrêt du destin eut, durant quelques jours, à tant de cruautés permis un libre cours, Et que des assassins, fatigués de leurs crimes, Les glaives émoussés manquèrent de victimes
Dans l'Écriture, celui qui frappera du glaive périra par le glaive.
Sémantique : Fig.
Il étale à son tour des revers équitables Par qui les grands sont confondus ; Et les glaives qu'il tient pendus Sur les plus fortunés coupables, Sont d'autant plus inévitables Que leurs coups sont moins attendus
Glaive du Seigneur, quel coup vous venez de frapper [la mort de la reine] ! toute la terre en est étonnée
Le glaive qui a tranché les jours de la reine est encore levé sur nos têtes ; nos péchés en ont affilé le tranchant fatal : le glaive que je tiens en main, dit le Seigneur notre Dieu, est aiguisé et poli ; il est aiguisé afin qu'il perce ; il est poli et limé afin qu'il brille
En acceptant le glaive de douleur, dont Siméon lui prédit que son âme sera percée
de Louis BOURDALOUE dans Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 179
De quel glaive de douleur son âme ne fut-elle pas percée ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panég. Magd.
2
La guerre, les combats. Le glaive peut seul décider entre ces deux rivaux.
3
Le droit de vie et de mort. Le souverain a la puissance du glaive. Le glaive des lois. Le glaive de la vengeance. Le glaive temporel, la justice séculière.
Contre qui s'armer, contre qui tirer le glaive de la justice ?
de PATRU dans Plaid. 7
Puisqu'il permet l'exercice de la puissance du glaive dans les matières de la religion et de la conscience
Qu'à la fureur du glaive on le livre avec elle
Le meurtre de Calas, commis dans Toulouse avec le glaive de la justice le 9 mars 1762, est un des plus singuliers événements qui méritent l'attention de notre âge et de la postérité
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Polit. et législ. Tolér. Hist. de la mort de Calas.
Anciennement. Droit de glaive, droit de connaître des crimes qui méritent la peine de mort, ou une autre peine afflictive.
4
Le glaive spirituel, la juridiction de l'Église, le pouvoir qu'a l'Église d'excommunier.
Qu'elle est forte cette Église, et que redoutable est le glaive que le Fils de Dieu lui a mis dans la main ! mais c'est un glaive spirituel dont les superbes et les incrédules ne ressentent pas le double tranchant
En un autre sens.
Le feu est allumé, l'encens est prêt, le glaive est tiré ; le glaive est la parole qui sépare l'âme d'avec elle-même, pour l'attacher uniquement à son Dieu
5
Le glaive de la parole, le pouvoir de l'éloquence.
Ce n'est pas ma faute si sa parole [de J. J. Rousseau], puissante comme le glaive et comme le feu, agitait les âmes de ses contemporains
de VILLEMAIN dans Littér. fr. 18e s. 2e partie, 2e leçon.
D'un autre Sinaï fais flamboyer la cime, Retrempe au feu du ciel la parole sublime, Ce glaive de l'esprit émoussé par le temps
6
Sémantique : Terme d'antiquité romaine. La profession de gladiateur. Condamner au glaive.
7
Terme du moyen âge. Lance.
Glaive courtois, lance sans fer tranchant.
Le traité des chevaliers de la Table ronde dit que les chevaliers ne portaient nulles épées, fors glaives courtois, qui étaient de sapin ou d'if, avec courts fers, sans être tranchants ni émoulus
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans sur Joinville, p. 169, dans LACURNE
8
L'espadon, poisson.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
De cest glaive, de cest esfrei Parla chascuns mult endreit sei
de Benoît de Sainte-Maure dans V. 6073
Kar reis Aigrouz od ses Daneis A fait cest gleive [carnage] de Franceis
de Benoît de Sainte-Maure dans V. 16922
2
XIIIe s.
Tous ces que tu ne conois, soupeçonne que il soient ti ennemi.... se il porte glaive [lance], va à sa destre, et se il porte espée, va à senestre
Et portoient un glaive vert à un long fier [fer] de Bohaigne
de H. DE VALENC. dans VII
Outre le pont de fer s'est li bers arestus, Dist à ses compaignons : de Dieu aiés vertus ; Ancui ferons grans glaives des cuivers mescreüs, Nous lor torrons [enlèverons] les testes aus brans d'acier molus
dans Ch. d'Ant. VIII, 233
Là fu navré [blessé] mons Hugue d'Escos de trois glaives [lances] au visage, et monseigneur Raoul et monseigneur Ferri de Loupey d'un glaive parmi les espaules
3
XIVe s.
Quant il orent emploié leurs glaives, il sachierent leurs espées et commencerent à ferir à destre et à senestre
dans Modus, ms. f° 299, dans LACURNE
4
XVe s.
.... Et se consuivirent sur les heaumes et se donnerent grands horions ; et passerent outre et porterent leurs glaives toutes droites
5
XVIe s.
Un glaive, comme l'on dist, ou couteau Fait tenir l'autre en son fourreau
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 431

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. glai, glay, glavi, glazi ; portug. glavio ; ital. gladio ; du latin gladius. Glaive avait généralement le sens de lance, comme étant l'arme par excellence des chevaliers, et, figurément, le sens de carnage.

Synonymes de GLAIVE

Termes proches de GLAIVE