Définition de COURS

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : kour ; quelques personnes prononcent l's, disant kours', ce qui est mauvais ; l's ne se lie pas : ko

DÉFINITIONS

1
Action de courir, cheminement, progrès, au propre et au figuré.
Que d'un cours si rapide La victoire vous ait ramené dans l'Aulide
C'est pour vous qu'on l'a vu, vainqueur de tant de princes, D'un cours impétueux traverser nos provinces
Un entretien dont le cours m'importune
Et pour trancher le cours de leurs dissensions
Pour rompre le cours à toutes les dépenses
Il faut, dis-je, pour rompre à toute chose cours....
Il a arrêté le cours d'une corruption publique
La violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre.... La violence n'a qu'un cours borné par l'ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu'elle attaque
de Blaise PASCAL dans ib. 12
Quand ce grand Dieu a choisi quelqu'un pour être l'instrument de ses desseins, rien n'en arrête le cours
Hé quoi ! votre courroux n'a-t-il pas eu son cours ?
J'ai cru que votre amour allait finir son cours
De mes inimitiés le cours est achevé
Des exemples qui arrêtent le cours de l'iniquité
Toutes ses passions reprirent leurs cours
Interrompre le cours d'une chose, l'arrêter, l'empêcher.
Les plaisirs dont jamais le moindre remords n'a interrompu le cours
C'est ce qui nous apprend parfaitement la dépendance perpétuelle où nous sommes de Dieu, puisque, s'il en interrompt tant soit peu le cours, la sécheresse survient nécessairement
De combien de soupirs interrompant le cours, Ai-je évité vos yeux que je cherchais toujours !
Je te vis.... Toujours de ma fureur interrompre le cours
Mais un trouble importun vient, depuis quelques jours, De mes prospérités interrompre le cours
Sémantique : Terme de marine. Voyage de long cours, par opposition au cabotage qui se fait sans presque quitter la côte, tandis qu'on s'en éloigne tous les jours dans le voyage de long cours.
On est généralement plus longtemps à se rendre de Dunkerque à Cette que de Nantes à Terre-Neuve ; mais, quelle que soit la durée du voyage, le premier est nommé cabotage ou grand cabotage, et l'autre long cours
Les deux souris s'embarquent dans un vaisseau qui allait faire un voyage de long cours
Capitaine au long cours, celui qui commande les navires qui font le long cours.
Sémantique : Terme de filature. L'allée et la venue de la navette, dans les fabriques de soie.
2
Mouvement réel ou apparent des astres.
Que puisses-tu, grand soleil de nos jours, Faire sans fin le même cours !
de François de MALHERBE dans III, 4
Je n'entends point le cours du ciel ni des planètes
L'astre qui commence son cours
de Jean RACINE dans Hymne.
Son char vide [du soleil] faisait son cours ordinaire
3
Mouvement d'écoulement, et aussi étendue que parcourt le fleuve, etc. Cette rivière a un cours rapide. Les rivières ne sont guère navigables que dans la dernière moitié de leur cours.
Une rivière dont le cours, Image d'un sommeil doux, paisible et tranquille, Lui fit croire d'abord ce trajet fort facile
Les bateaux qui suivent le cours d'une rivière
de René DESCARTES dans Monde, 10
Les paroles de Mentor étaient semblables à ces paroles enchantées qui calment la mer irritée, font taire les vents et les flots, et suspendent le cours des fleuves
Le commerce est comme certaines sources ; si vous voulez détourner leur cours, vous les faites tarir
Sur un ruisseau rapide Vers la France entraîné, Il s'assied l'oeil humide Et le front incliné ; Dans ces champs qu'il regrette, Il sait qu'en peu de jours, Ces flots que rien n'arrête Promèneront leur cours
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Exilé.
Un cours d'eau, un ruisseau, une rivière. Les grands cours d'eau qui traversent l'Amérique méridionale.
Donner cours à l'eau, lui procurer de l'écoulement.
Donner cours à ses larmes, les laisser couler.
De ses premiers sanglots laissez passer le cours
Pleurons et gémissons, mes fidèles compagnes ; à nos sanglots donnons un libre cours
Sémantique : Fig. Donner cours à ses transports, à sa fureur.
Et laisse-moi, de grâce, attendant Émilie, Donner un libre cours à ma mélancolie
Je veux pour donner cours à mon ardente haine....
Nos habitudes ouvrent nos organes et donnent aux esprits un cours facile et prompt
de VAUVENARGUES. dans Pénétration.
Prendre son cours, se dit d'une eau qui prend sa pente. Et fig. avoir origine.
Et de là prend son cours mon déplaisir secret
La source d'où la grâce a pris son cours
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Dév. 1
Laisser passer le cours, attendre qu'une eau soit écoulée ; et fig. attendre que quelque chose ait cessé.
Ulysse.... De ce premier torrent laissa passer le cours
Par comparaison avec le cours d'un fleuve, on dit le cours d'une chaîne de montagnes.
L'idée qu'il avait d'établir le véritable cours de la ligne des montagnes qui commence à la mer Noire, va parallèlement au Danube jusqu'au mont St-Gothard et continue jusqu'à la Méditerranée
4
Sémantique : Par analogie. Le cours du sang. Il faut que cette humeur ait son cours.
Je voudrais que du ciel le barbare secours De mon sang dans mon coeur eût arrêté le cours
5
Cours de ventre, diarrhée.
6
Développement, enchaînement. Le cours des saisons, des événements.
Je lui prête mon bras sans engager mon âme ; Je m'abandonne au cours de sa félicité, Tandis que tous mes voeux sont pour la liberté
Les choses quelquefois prennent un autre cours
.... Mon sang rompt le cours du mal que j'avais fait
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 10
J'observe comme vous cent choses tous les jours, Qui pourraient mieux aller prenant un autre cours
Ils ne peuvent prévoir le cours que prendra l'avenir
Ce serait à moi qu'il se faudrait prendre du cours qu'ont pris vos deux lettres
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. quiét. 141
Il n'y a qu'à laisser aller les choses leur cours naturel
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. F. conf.
Il suit le cours des révolutions humaines
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Voc.
Laissant au hasard le cours des siècles et des saisons
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Av. Noël.
Vous ne sauriez.... Conter vos malheurs sans conter mon histoire ; Et lorsque, ce matin, j'en écoutais le cours, Mon coeur vous répondait tous vos mêmes discours
Désormais que ma muse, aussi bien que mes jours, Touche de son déclin l'inévitable cours
de Jean de LA FONTAINE dans Poésies mêlées, LXIX.
Quand on est au cours des plus grandes affaires, rarement tombe-t-on dans certaines petitesses
de VAUVENARGUES. dans Sujétion de l'esprit.
7
Durée. La nuit est au milieu de son cours. Le cours de notre existence. Dans le cours de la guerre.
J'en romprai bien le cours [de sa vie]
Dans le cours d'une seule journée Je suis Héraclius, Léonce et Martian
Mais enfin ce héros, sujet au cours des ans, A trop longtemps vaincu pour vaincre encor longtemps
Tout est vain en l'homme si nous regardons le cours de sa vie mortelle
Puisqu'à l'âge de 99 ans j'ai assez vécu pour connaître les hommes, et que j'ai vu pendant ce cours toute sorte de personnes
de Jean de LA BRUYÈRE dans Théophr. Av. propos.
Dans le cours d'environ trente ans, Marivaux donna sur la scène française et sur la scène italienne environ trente pièces, qu'il partagea à peu près également entre les deux théâtres
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Marivaux.
Cours de la lune, le temps qui s'écoule depuis le premier quartier jusqu'à la pleine lune.
On dit qu'une maladie a son cours quand elle passe inévitablement par certaines périodes.
Je pense qu'il fallait que le mal eût son cours
Il faut que le reste [du mal] ait son cours, et nous comptons sur trois semaines
8
Enseignement suivi sur une matière. Suivre un cours de chimie, d'algèbre, de littérature.
Apprenez, ma fille ; faites votre cours [de médecine]
Outre les leçons publiques, M. Chirac faisait chez lui des cours particuliers
Traité spécial sur un enseignement. Ce professeur a publié un cours de philosophie.
Études universitaires. Ce jeune homme a fini ses cours.
Ancien terme de jurisprudence. Recueil de lois, de canons. Cours civil. Cours canonique.
9
Circulation, crédit. Cette monnaie n'a plus cours. Donner cours forcé aux billets, obliger de les recevoir comme argent.
Une monnaie de cuivre qui avait cours il y a deux mille ans
Semblable à une monnaie qui n'a point de cours
de JA BRUY. dans I
Sémantique : Par extension, se dit des écrits ou idées qui ont circulation et crédit.
Plusieurs copies qui eurent cours par la ville
Ces ouvrages [de parti] ont cela de particulier qu'ils ne méritent ni le cours prodigieux qu'ils ont pendant un certain temps, ni le profond oubli où ils tombent
Les choses qui ont cours [qui sont usuelles]
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
Un ouvrage qui n'ait nul cours [nulle vogue]
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Jusqu'à ce qu'ils aient vu le cours que l'ouvrage aura dans le monde
Les erreurs qui ont aujourd'hui cours dans le monde
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Myst. Visit.
Il m'apprend un jargon qui a cours dans l'Europe
En général la satire a peu de cours dans les grandes villes
Donner cours à une monnaie, à un papier ; et, par extension, donner cours à un bruit, à une opinion.
Le commerce de tant de peuples divers, autrefois étrangers les uns aux autres, et depuis réunis sous la domination romaine, a été un des principaux moyens dont la Providence se soit servie pour donner cours à l'Évangile
Les manières polies donnent cours au mérite
10
Sémantique : Terme de commerce. Valeur sur le marché. Acheter des marchandises au cours de la place ou du marché.
Rien n'eut cours ni crédit
Sémantique : Fig.
C'est le cours du marché des affaires humaines
La vertu.... Se transforme aux humeurs, suit le cours du marché
11
Sémantique : Terme de bourse. Le cours est ouvert. Le cours du change, de la rente, des obligations. Les cours sont élevés, les fonds sont en hausse.
Puisque le change, dans son cours, éprouve nécessairement des hausses et des baisses alternatives, il est évident que les marchands, tour à tour, donneront tantôt une plus grande somme pour une plus petite, tantôt une plus petite pour une plus grande
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Comm. gouv. I, 17
Cours moyen, cours également distant du plus haut et du plus bas de la bourse courante Acheter de la rente au cours moyen.
12
L'étendue d'une chose en longueur. Une tapisserie de dix mètres de cours.
13
Sémantique : Terme d'architecture. Cours de plinthe, plinthe de pierre ou de plâtre continuée dans les murs de face, à l'effet de marquer la continuation des étages.
Cours de pannes, réunion de toutes les pannes pour faire la longueur du comble.
Cours d'assise, rang continu de pierres dans une bâtisse.
14
Lieu agréable qui est un rendez-vous pour se promener à certaines heures à cheval ou en voiture, et qui est ordinairement en dehors de la ville. Au XVIIe siècle, le cours du mardi gras se tenait au bout du faubourg St-Antoine.
Hyde-Park, comme on sait, est le cours de Londres
Il se promène avec des femmes à la plaine ou au cours
de Jean de LA BRUYÈRE dans VII
En revenant à Paris, nous trouvâmes au cours presque toutes les filles de qualité à marier
Nom de promenades publiques dans des villes.
15
Sémantique : Terme de liturgie. Cours ecclésiastique, heures canoniales ou bréviaire.

HISTORIQUE

1
XIe s.
[Il] Descent à pied, alet i est plein curs
dans Ch. de Rol. CCII
2
XIIe s.
El curs del tens e del termine Qui est, qui vient et qui sera
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 1023
Cum li fluies [fleuve] remfle suvent E creist pur la mer dusqu'en som Par les curs de la luneison
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 3022
3
XIIIe s.
Des douze signes par coi li solaus fait son cours
de ALEBRANT dans f° 1
Des testamens ont hui ces deux ordres [les moines mendiants] le cours ; Et si s'en entremetent par commun entre-cours ; Testamens, sepultures leur font si grant secours, Que de quanque il leur fault treuvent ilec recours
Le cours de nostre vie humaine
Gardez-vous del trot ou del cors
dans Fabl. et contes anc. t. II, p. 186
4
XIVe s.
Elle [la monnaie] n'a pas son pris ne son cours par nature, mes par la loi et par ordenance humaine
Et le sors d'ingremanche [nécromancie] scet-elle bien user, Et le cours des esteles scet-elle regarder
dans Baud. de Seb. XII, 730
5
XVe s.
Je savoie bien que encore au temps à venir sera cette haute et noble histoire en grand cours, et y prendront tous nobles et vaillans hommes plaisance et exemple de bien faire
Et au corps ils avoient le cours du ventre dont ils mouroient sans remede
L'escuyer anglois qui venoit là le cours [en courant] pour lui aider, n'y put venir à temps
Il faut que les choses aient leur cours
Mais il convient que je l'endure, Puisque c'est le cours de nature
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 98
.... tant d'ordure y a cours [à la cour] Qu'eureus est cils qui ne la poursuit mie
Douleur advenant à ceux qui suivent la cour. à vostre mort [vous] courez plus que le cours ; Trop me merveil comment vie vous dure
de Eustache DESCHAMPS dans Vie dissipée.
Pour congnoistre selon les espaces des charpenteries, à veoir le cours des tois par un descours seulement, quans milliers de clou et de latte et de tieulle il aura sur un toit
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 394, dans LACURNE
Escoliers qui vuellent estre licentiés en medecine doivent oïr en la dicte science par cinquante six mois ou par six ans à ordinaire et à cours, non comptées les vacations d'entre Saint Pere et la Sainte Crois
dans Ord. des rois de Fr. t. II, p. 70
6
XVIe s.
Diane en l'onde il vaudroit mieux trouver Ou voir Meduze, ou au cours s'esprouver Avecques Atalante....
Mettre en traficque la raison, et donner aux loix cours de marchandise
de Michel de MONTAIGNE dans I, 118
J'avois achevé mon cours [mes études]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 196
On laisse ce vain cours à son auctorité
de Michel de MONTAIGNE dans II, 80
Leur monnoye de fer n'avait point de cours aux autres villes de la Grece
de Jacques AMYOT dans Lyc. 14
Aucunes rivieres ne furent destournées de leurs cours
de Jacques AMYOT dans Fab. 6
La roideur du cours de la riviere
de Jacques AMYOT dans Tim. 42
Ne pouvant demeurer oisif sans rien faire avec un si bon nombre de galeres, il s'en alla en cours, où il prit quelques isles
de Jacques AMYOT dans Lysand. 15
Il envoia quelques galleres et fustes en la mer pour descouvrir ; ceux-là n'eurent pas fait grand cours qu'ils rencontrerent Uluzali

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. cor de ventre ; provenç. cors ; esp. curso ; ital. corso ; du latin cursus, de currere (voy. COURIR).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
COURS. Ajoutez : - REM. J. J. Rousseau écrit couper cours au lieu de couper court, qui est la véritable orthographe. Un avis très important et propre à couper cours au mal qu'on aura pu prévenir, J. J. ROUSS., Lett. au prince de Wirtemberg, 10 nov. 1763. Ce n'est pas couper le cours, c'est couper court, c'est-à-dire couper très court.

Synonymes de COURS

Termes proches de COURS

Phonétiquement proche de COURS