Définition de VIOLER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : vi-o-lé

DÉFINITIONS

1
Enfreindre, agir contre.
Esdras, prêtre, se levant, leur dit : Vous avez violé la loi du Seigneur, et vous avez épousé des femmes étrangères
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Esdras, I, X, 10
C'est [ne pas faire rébellion contre les puissances établies] l'ordre de Jésus-Christ et la règle que les chrétiens n'ont jamais violée par aucun attentat
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 4e avert. 2
Il [Jovien] ne put consentir à aucune proposition de rupture, et ne voulut point violer la foi que le malheur du temps l'avait forcé de donner
de Esprit FLÉCHIER dans Hist. de Théodose, II, 65
Je viole en un jour les droits des souverains, Ceux des ambassadeurs et tous ceux des humains
de Jean RACINE dans Andr. v, 4
J'ai violé l'amour conjugal
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. X
La religieuse crainte qu'avaient alors [dans le siége de Jérusalem par Titus] les Juifs de violer la loi, s'ils se défendaient le jour du sabbat
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. VII, p. 92, dans POUGENS
Ne nous rebutons point de ces remarques grammaticales ; la langue ne doit jamais être violée
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. Corn. rem. Héracl. I, 1
Le prétexte manquait pour violer le serment.... le légat n'eut d'autre ressource que de persuader à Ladislas, aux chefs hongrois et aux Polonais, qu'on pouvait violer ses serments
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 89
Ninon Lenclos, qui gardait les dépôts religieusement, tandis que les plus graves personnages les violaient
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Enfer.
L'analogie est ici violée
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. anim. ch. 5
N'outragez pas ainsi la nature, ne violez pas la sainte hospitalité
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lév. d'Éphr. II
Les successeurs de Jean sans Terre ne songèrent qu'à violer les deux chartes que la nécessité lui avait arrachées
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Études hist. II, 5
Il [Destouches] s'était marié en Angleterre avec une personne aimable ; mais ce mariage exigeait alors le secret, et le secret fut violé
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Élog. Destouches.
Violer un asile, violer les droits et les priviléges d'un asile.
Violer une sépulture, la dégrader ou y fouiller dans des intentions coupables.
Les jésuites persécutaient.... la mémoire de Pascal, Arnaud fugitif, les débris de Port-Royal détruit, et les cendres des morts dont on violait les sépultures
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. Avert. d'une éd. des Pens. de Pascal.
[Chez les Grecs] cette vénération profonde pour les tombeaux, et les lois sévères contre ceux qui les violent
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. 8
En un sens analogue et poétiquement, violer une porte, la franchir malgré les interdictions.
Rien ne peut violer la porte inviolable
de Jacques DELILLE dans Parad. perdu, II
2
Faire violence à une femme.
Son fils Sextus [de Tarquin], en violant Lucrèce, fit une chose qui a presque toujours fait chasser les tyrans d'une ville où ils ont commandé
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Rom. 1
Il fut prouvé qu'en brûlant les bourgs de Merindol et de Cabrières, les exécuteurs violèrent jusqu'à des filles de huit à neuf ans entre les bras de leurs mères
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Hist. parl. 19
Nature : Absolument. Les soldats pillèrent et violèrent.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Les castels pris, les citez violées
dans Ch. de Rol. LIV
Il viola le temple Salomon
dans ib. CXVII
2
XIIe s.
Einsi fu sainte iglise hunie e violée ; Ne matines, ne vespres, messe n'i fu chantée
dans Th. le mart. 153
Absalon ne parlad ne poi ne grant à sun frere Amon ; karde cuer le haïd pur sa surur Thamar qu'il out violée
dans Rois, p. 165
3
XIIIe s.
Se aucuns viole les murs de la cite por i mal fere, il doit estre puniz à la volenté le roi
dans Liv. de just. 65
Par mains pechiez te violas ; Mais de coulpe en grace volas, Quant Dieu te volt faire veiller Et repentir et traveiller
de J. DE MEUNG. dans Tr. 880
4
XIVe s.
Le premier homme viola le commandement
de LANFRANC dans f° 1
5
XVe s.
Et ardirent la ville, et violerent l'abbaye
de Jean FROISSART dans I, I, 129
Et cinq eglises arses et violées
de Jean FROISSART dans I, I, 179
6
XVIe s.
Eschauffez de la feste, ils complotterent d'aller violer une maison pudique
de Michel de MONTAIGNE dans I, 345
Tout y fut passé au fil de l'espée, femmes et filles forcées : une entre autres de laquelle la mere ayant racheté par rançon la pudicité, le soldat viola la fille et la foi
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. I, 139

ÉTYMOLOGIE

1
Prov. et esp. violar ; it. violare ; du lat. violare qui a même radical que du grec force, violence.

Synonymes de VIOLER

Termes proches de VIOLER

Phonétiquement proche de VIOLER