Définition de VICTOIRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : vi-ktoi-r' ; prononcé vitoire au XVIe siècle, Palsgrave, p. 61

DÉFINITIONS

1
Avantage remporté sur les ennemis dans une bataille, dans un combat.
Sparte, pour qui j'allais de victoire en victoire
Un homme qui a de l'esprit disait l'autre jour à Rennes qu'il n'avait jamais vu, ni entendu parler d'une pleine victoire sur la mer depuis la bataille d'Actium, et que tous les combats s'y passent en coups de canon, en dissipation de vaisseaux que l'on croit avoir coulés à fond, et qui se retrouvent au bout d'un mois
Il avait remporté l'année précédente une victoire signalée sur le général Essex
Je ne vous raconterai pas la suite trop fortunée de ses entreprises [de Cromwell], ni ses fameuses victoires dont la vertu était indignée
Si jamais le prince de Condé parut un homme extraordinaire, s'il parut voir tranquillement toutes choses, c'est dans ces rapides moments d'où dépendent les victoires
Qu'est-ce à dire, à votre avis, que parcourir les provinces par des victoires ? n'est-ce pas porter partout le carnage et la pillerie ?
Un jeune prince du sang qui portait la victoire dans ses yeux
Quelques-uns le félicitant [Pyrrhus] sur sa victoire, il répondit : Si nous en remportons encore une autre pareille, nous sommes ruinés
Et sous le beau nom de victoire Le meurtre usurpe les lauriers
de LAMOTTE dans Odes, t. I, p. 69, dans POUGENS
Quand on lit l'histoire moderne, la victoire de Lépante fait souvenir de celle de Salamine, et on compare don Juan d'Autriche et Colonne à Thémistocle et à Eurybiade
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. hist. Pyrrh. hist. 7
Il [Charles XII, dans sa campagne contre les Moscovites], disait que c'était aller à la chasse plutôt que faire la guerre, et se plaignait de ne point acheter la victoire
2
Il se dit de l'avantage remporté dans un combat singulier.
Trop peu d'honneur pour moi suivrait cette victoire [sur Rodrigue]
Son vainqueur [un coq] sur les toits S'alla percher, et chanter sa victoire
Sémantique : Fig. et familièrement. Chanter victoire, se glorifier du succès.
Toutes les espérances de vendredi [pour un malade] étaient augmentées ; on chantait victoire, la poitrine était dégagée, la tête libre, la fièvre moindre
3
Sémantique : Fig. Triomphe quelconque.
On a vu des chrétiens, après avoir enduré pour l'Évangile de cruels supplices.... s'oublier eux-mêmes à la vue d'un ennemi, et, sur le point de consommer la victoire, céder à un ressentiment, et perdre avec la foi la couronne du martyre
de Louis BOURDALOUE dans Dominic. 21e dim. après la Pentec. Pardon des injures.
Remporter une haute, une grande victoire, faire beaucoup, obtenir beaucoup.
Seigneur, c'est remporter une haute victoire, Que de rendre un amant capable de me croire
Tu ne remportais pas une grande victoire, Perfide, en abusant ce coeur préoccupé, Qui lui-même craignait de se voir détrompé
Gain d'un procès.
Nous avons remporté ce matin une jolie victoire ; c'est en votre nom, ma chère fille, que nous avons combattu et battu vos ennemis
Avantage remporté sur un rival, sur un concurrent, etc.
C'est peu qu'il ait sur moi remporté la victoire
4
Sémantique : Fig. Action de faire céder ses passions, ses sentiments à quelque devoir, à quelque obligation.
Qui veut vaincre est déjà bien près de la victoire ; Se faisant violence, on s'est bientôt dompté, Et rien n'est tant à nous que notre volonté
S'il y a quelques difficultés à surmonter et quelques victoires à remporter sur moi, j'en serai bien dédommagé par l'onction divine qu'on y goûte
de Louis BOURDALOUE dans Dominic. 21e dim. après la Pentec. Pardon des injures.
5
Divinité des païens, représentée sous la figure d'une femme ayant des ailes et tenant une couronne d'une main et une palme de l'autre ; en cette acception il prend un grand V. Statue de la Victoire.
Sémantique : Fig. et par personnification, mais sans V majuscule. Enchaîner la victoire.
Et lorsqu'il est tombé sanglant sur la poussière, Les mains de la victoire ont fermé sa paupière
Avoir le prince de Condé entre ses mains, c'était y avoir la victoire même, qui le suit éternellement dans les combats
6
Pierre de victoire, sorte de talisman chez les anciens peuples scandinaves.
Les talismans ou pierres de victoire des sagas scandinaves n'étaient probablement pas autre chose que des serpentines
de A. DEMMIN dans Journ. offic. 20 fév. 1869, p. 222, 1re col.
7
Victoire de Maestricht, variété d'oeillet.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Averum nus la victorie del champ ?
dans Ch. de Rol. CCLVI
2
XIIe s.
Mis peres [mon père] ad la terre trublée, e la victorie desturbée
dans Rois, p. 49
3
XIIIe s.
[Au jugement dernier] Forche de mort sera perdue, Et sa victoire ier [sera] dont vaincue
de GUI DE CAMBRAI dans Barl. et Jos. p. 52
Ge te di bien que tu ne puez pas longuement durer après ceste victoire que tu auras eue de ceste bataille
dans Merlin, f° 69, verso
Dames si cortoises seront, Que bien nous en aquiteront, Jà n'i querés autres victaires
dans la Rose, 10939
4
XIVe s.
Et tel bien en medecine ce est sanité, en chevalerie vittoire, en edification la maison estre faite
L'exposant regardoit à jouer à la folesuye le jour d'une victoire [réjouissance publique]
5
XVe s.
Las ! s'il plaisoit ore à ma chiere dame, Au mal qui m'entame Envoiier victore [guérison]
de Jean FROISSART dans Poésies mss. p. 237. dans LACURNE
6
XIVe s.
Emporter la victoire
de Jacques AMYOT dans Eumènes, 35

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. et espagn. victoria ; ital. vittoria ; du lat. victoria, de victor, vainqueur, dérivé du radical vic, et tor, qui fait les noms d'agent (voy. VAINCRE).

Synonymes de VICTOIRE

Termes proches de VICTOIRE